15) Il faut chanter le Saint Nom avec humilité.

Explication du verset " trnad api sunicena " du Siksastaka :

Pour toujours chanter le Saint Nom, il faut être plus humble qu'un brin d'herbe sur le chemin et dénué de tout désir d'honneur personnel, mais il faut offrir à autrui tous ses respects. Le dévot qui chante le Saint Nom du Seigneur doit apprendre à être tolérant comme un arbre. Même si on le réprimande, si on le châtie, il ne doit rien répondre en représailles. Car même si l'on abat un arbre, jamais il ne protestera, et même s'il se dessèche et meurt, il ne demandera de l'eau à personne... " Celui qui s'estime plus insignifiant qu'un brin d'herbe, qui se montre plus tolérant qu'un arbre, qui ne prétend à aucun honneur et demeure toujours disposé à présenter ses respects à autrui, celui-là peut très aisément chanter sans cesse le Saint Nom du Seigneur. " Les bras levés, je déclare: " Écoutez-moi tous, je vous prie! Enfilez ce verset sur le fil du Saint Nom et portez-le autour du cou pour toujours vous en souvenir. " L'on doit strictement suivre les principes que le Seigneur Chaitanya donne dans ce verset. Celui qui suit simplement l'exemple du Seigneur et des Goswamis est sûr de parvenir au but ultime de la vie, les pieds pareils-au-lotus de Sri Krishna.

Il est très difficile de pratiquer la tolérance (trnad api sunicena), mais cette qualité se développe automatiquement chez celui qui chante véritablement le mantra Hare Krishna. Celui qui atteint un haut niveau de conscience spirituelle en chantant ce mantra n'a pas besoin de faire un effort séparé pour développer la tolérance, car le dévot voit naturellement apparaître en lui toutes les qualités du seul fait qu'il chante régulièrement le mantra Hare Krishna...

Lorsqu'une personne commence à chanter le maha-mantra, il peut lui arriver de commettre de nombreuses offenses, appelées namabh pour Krishna en chantant le maha-mantra Hare Krishna. Il faut donc le réciter en se conformant aux principes du verset ci-dessus - trnad api sunicena taror api sahisnuna... La récitation est un art très simple, mais il faut le pratiquer sérieusement. C'est pourquoi l'auteur du Chaitanya-Caritamrta, Krishnadasa Kaviraja Goswami, recommande à tous de toujours garder ce verset autour du cou. (C.C. Adi 17.27-28)

Le Vaisnava tolère les insultes d'autrui, car il ne désire que chanter paisiblement le Saint Nom :

[Haridasa Thakura dit à une assemblée d'érudits:] " Vous pouvez tous retourner chez vous tranquilles, sans vous faire de souci parce que j'ai été insulté. Puisse Sri Krishna répandre sur vous tous Ses bénédictions! "

Ces propos de Haridasa Thakura nous permettent de comprendre qu'un pur Vaisnava ne prend jamais au sérieux les insultes de quiconque. C'est d'ailleurs là l'enseignement même de Sri Chaitanya Mahaprabhu :

trnad api sunicena
taror api sahisnuna
amanina manadena
kirtaniyah sada harih

" On doit chanter le Saint Nom du Seigneur en toute humilité, en se considérant moins qu'un fétu de paille sur la route; on doit se montrer plus tolérant que l'arbre, dénué de toute prétention et toujours prêt à offrir à autrui ses respects. C'est dans un tel état d'esprit qu'on peut sans fin chanter le Saint Nom. " Le Vaisnava se montre toujours aussi tolérant et soumis qu'un arbre ou qu'un brin d'herbe. Il tolère les insultes que peut lui adresser autrui, car il ne désire que chanter paisiblement les Saints Noms du Seigneur. (C.C. Antya 3.207)

Sri Chaitanya Mahaprabhu poursuivit: " O Svarupa Damodara et Ramananda Raya, écoutez-Moi vous décrire comment il faut réciter le maha-mantra Hare Krishna pour éveiller très facilement son amour latent pour Krishna. Celui qui s'estime plus insignifiant qu'un brin d'herbe, qui est plus tolérant que l'arbre, qui n'attend aucun honneur personnel mais est toujours prêt à offrir ses respects à autrui, celui-là peut très aisément prononcer sans cesse le Saint Nom du Seigneur. Ce sont là les caractéristiques de celui qui chante le maha-mantra. Bien qu'il soit très élevé, il se juge inférieur à un brin d'herbe et comme l'arbre, il tolère tout de deux façons. Lorsqu'on le coupe, l'arbre ne proteste pas et même lorsqu'il se dessèche, il ne demande de l'eau à personne. L'arbre donne ses fruits, ses fleurs et tout ce qu'il possède à tous sans exception. Il tolère la chaleur torride et les torrents de pluie, mais donne toujours refuge à autrui. Même s'il est le plus hautement réalisé, le Vaisnava demeure humble et montre son respect à tous, car il sait que Krishna réside en leur cœur. Celui qui chante ainsi le Saint Nom de Krishna verra sans aucun doute s'éveiller son amour latent pour Ses pieds pareils-au-lotus. " (C.C. Antya 20.20-26)

L'efficacité du Saint Nom repose aussi sur la qualité de notre sentiment : [Kunti dit à Krishna:] " Il est facile de T'atteindre, ô Seigneur, mais seulement pour l'homme désenchanté de la matière. Car celui qui foule le sentier de la prospérité matérielle, que grise l'ambition d'une naissance noble, de vastes richesses, d'une haute éducation et de traits physiques charmeurs, reste incapable de s'adresser à Ta Grâce avec sincérité. "

La prospérité matérielle se traduit par le fait de naître dans une famille noble et de posséder de grandes richesses, une éducation supérieure et des traits physiques séduisants. Tous les matérialistes brûlent du désir d'acquérir cette prospérité, considérée comme la base de la civilisation matérielle. Mais ces divers atouts éphémères enivrent celui qui les possède, le font s'infatuer d'une vanité trompeuse. Devenu suffisant, voilà qu'il se trouve incapable de s'adresser au Seigneur avec sincérité, de prononcer avec âme Son Saint Nom: " ô Govinda, ô Krishna ". Or, les sastras nous révèlent qu'en prononçant ne serait-ce qu'une fois le Saint Nom du Seigneur, l'on peut s'affranchir d'un plus grand nombre de fautes que l'on n'en pourra jamais commettre. Telle est la puissance du Saint Nom. Et cette assertion ne comporte pas la moindre part d'exagération; cependant, il faut aussi prendre en compte la qualité de notre chant du Saint Nom, qualité que détermine la profondeur de notre sentiment, de notre sincérité. L'homme sans recours peut prononcer le Saint Nom du Seigneur avec force sincérité, celui qui le fait dans un sentiment de grande satisfaction matérielle en demeure incapable. Ainsi, un matérialiste infatué peut, à l'occasion, prononcer le Saint Nom du Seigneur, mais il ne saurait y mettre la qualité qu'il faut. (S.B. 1.8.26)