4) L'importance respective du chant du Saint Nom et de l'initiation .

Le chant du Saint Nom ne dépend pas de l'initiation :

[Sri Chaitanya dit à Satyaraja:] " Il n'est pas nécessaire de se faire initier ou d'accomplir les activités requises avant l'initiation. Il suffit de prononcer le Saint Nom. Même un homme du plus bas niveau [candala] peut ainsi être délivré. "

Citons à ce propos le Ramarcana-candrika :

vinaiva diksam vipendra
purascaryam vinaiva hi
vinaiva nyasa-vidhina
japa-matrena siddhida

En d'autres termes, le chant du maha-mantra est si puissant qu'il ne dépend pas d'une initiation officielle... L'aptitude à chanter le Saint Nom sans commettre d'offenses ne dépend pas du processus de l'initiation. Bien que l'initiation puisse dépendre du purascarya ou purascarana, le chant du Saint Nom à proprement parler ne dépend pas du purascarya-vidhi, c'est-à-dire des différentes règles. Quiconque chante le Saint Nom une seule fois sans offense atteint le succès total... Il suffit de chanter le Saint Nom pour être aussitôt délivré. (C.C. Madhya 15.108)

Le Saint Nom se suffit à lui-même :

" ...Le simple contact de la langue avec le Saint Nom produit des effets immédiats. L'aptitude à chanter le Saint Nom ne dépend pas de l'initiation, d'activités pieuses, ni des règles du purascarya que l'on suit généralement avant l'initiation. Le Saint Nom n'est pas assujetti à toutes ces activités. Il se suffit à lui-même. " (Padyavali, 29 - cité: C.C. Madhya 15.110)

Qu'il soit initié ou non, quiconque chante le Saint Nom sans offense est un pur Vaisnava et doit être honoré :

[Sri Chaitanya dit à Satyaraja:] " Celui qui chante le mantra Hare Krishna est un Vaisnava; tu dois donc lui présenter tous tes respects. "

Srila Bhaktivinoda Thakura souligne qu'il est particulièrement important pour les gens mariés de servir les Vaisnavas. Qu'un Vaisnava soit ou non initié selon les règles ne doit pas être pris en considération. Une personne peut être initiée et pourtant contaminée par la philosophie Mayavada, tandis que celui qui chante le Saint Nom du Seigneur sans commettre d'offenses ne sera jamais ainsi souillé. Un Vaisnava adéquatement initié peut être imparfait, tandis que celui qui chante le Saint Nom sans commettre d'offenses est absolument parfait. Même s'il semble être un néophyte, il doit être considéré comme un pur Vaisnava dénué de toute souillure. Il est du devoir des gens mariés d'offrir leurs respects à un Vaisnava aussi immaculé. C'est ce qu'affirme ici Sri Chaitanya Mahaprabhu. (C.C. Madhya 15.111)

Même si le chant du Saint Nom suffit pour atteindre la perfection, l'initiation est requise pour notre purification :

Si l'on désire se livrer à l'adoration de la murti, on doit absolument chercher refuge auprès d'un maître spirituel authentique et apprendre l'arcanam avec lui. Il existe de nombreux ouvrages concernant l'arcana, et plus particulièrement le Narada-pañcaratra. À notre époque, il est tout spécialement recommandé de suivre la voie du pañcaratra pour pratiquer l'arcana, l'adoration de la murti dans le temple. En fait, l'arcanam se pratique selon deux voies, celle dite bhagavata et celle dénommée pañcaratriki. Le Srimad-Bhagavatam ne donne aucune recommandation concernant la voie du pañcaratriki, parce qu'au cours du présent Kali-yuga il est possible d'atteindre la perfection par l'intermédiaire de l'écoute, du chant, du souvenir et de l'adoration des pieds pareils-au-lotus du Seigneur... L'objet premier du culte de la murti est de se maintenir dans un état de propreté et de pureté constantes...

L'adoration de la murti ainsi que l'écoute et le chant doivent se poursuivre en même temps... En chantant le Saint Nom du Seigneur, on peut parvenir au niveau de l'amour pour Dieu. On peut certes demander pourquoi il est alors nécessaire d'être initié; la réponse est que même si le chant des Saints Noms suffit à nous faire progresser dans la vie spirituelle jusqu'à atteindre le niveau de l'amour pour Dieu, nous demeurons néanmoins exposés à la souillure matérielle à cause du corps que nous possédons. En conséquence, un accent tout particulier est mis sur l'arcana-vidhi, et il faut régulièrement tirer parti autant de la méthode dite bhagavata que de celle dénommée pañcaratriki. (S.B. 7.5.23-24)

Quoique le chant du Saint Nom soit complet en soi, l'initiation et l'adoration de la murti sont requises pour notre purification :

Celui qui chante le Saint Nom du Seigneur n'a pas besoin de dépendre d'autre chose, car il peut ainsi obtenir immédiatement tous les bienfaits que confère la rencontre ou l'union avec Dieu, la Personne Suprême. On pourrait alors demander pourquoi une personne qui chante le Saint Nom a besoin de recevoir l'initiation ou de se livrer à d'autres activités spirituelles. Mais s'il est exact que celui qui s'absorbe pleinement dans le chant du Saint Nom n'a pas à dépendre de l'initiation, il reste que les dévots ont généralement des habitudes matérielles exécrables dues à l'impureté de leur vie antérieure. Afin de s'en libérer rapidement, il est nécessaire qu'ils participent au culte dans un temple. L'adoration de la murti du Seigneur dans un temple est essentielle pour réduire l'agitation due aux souillures de l'existence conditionnée. Aussi Narada, dans son Pañcaratriki-vidhi, de même que d'autres sages ont parfois souligné que, puisque chaque âme conditionnée a une conception corporelle de l'existence orientée vers le plaisir des sens, pour restreindre cette tendance, les règles de l'adoration de la murti dans le temple sont indispensables. Srila Rupa Goswami explique que le Saint Nom du Seigneur peut être chanté par des âmes libérées, mais la presque totalité des âmes qu'il nous faut initier sont conditionnées. Il est recommandé de chanter le Saint Nom du Seigneur sans commettre d'offenses et selon les principes régulateurs; néanmoins, par suite de leurs mauvaises habitudes d'autrefois, les postulants violent ces règles. En conséquence, les principes régissant le culte de la murti sont eux aussi essentiels. (C.C. Adi 7.76)