AUGUSTE COMTE
(1798-1857)

HAYAGRIVA: Comte est le fondateur français du positivisme. Selon lui, la théologie ne traite que du coeur, c'est-à-dire des sentiments, et la métaphysique que de l'intellect. Le positivisme, par contre, réconcilierait les deux. Il écrit dans A General View of Positivism: « La doctrine fondamentale du positivisme… veut que le coeur l'emporte sur l'intellect. L'intellect doit se vouer exclusivement aux problèmes que propose le coeur, l'ultime object consistant à satisfaire adéquatement nos différents besoins. »

SRILA PRABHUPADA: La Bhagavad-Gita (3:42) nous permet de comprendre qu'au-delà des sens se trouvent le mental, l'intelligence (ou l'intellect) et l'âme. L'âme est le principe originel de toutes les activités, qui se manifestent de façon toujours plus grossière. Ainsi classe-t-on les divers niveaux de savoir et d'entendement: 1) les activités grossières du corps, 2) les fonctions subtiles du mental, 3) celles plus subtiles encore de l'intellect, 4) les activités spirituelles [de l'âme].

SYAMASUNDAR: Comte croit que la théologie, la métaphysique et le positivisme constituent 3 stades d'évolution sociale vers la perfection. D'abord, au stade théologique, l'homme évolue du polythéisme au monothéisme. Parvenu au second stade, celui de la métaphysique, il abandonne ceux-ci pour accorder toute sa confiance aux forces impersonnelles: la gravité, la causalité, etc.

SRILA PRABHUPADA: Voilà une philosophie imparfaite. Du niveau personnel, il s'agit d'atteindre la Personne Suprême, Dieu. Comment la loi de la gravité pourrait-elle vous sauver? C'est une énergie de Dieu, une loi de la Nature. Or, qui dit loi dit législateur.

SYAMASUNDAR: Comte avance que l'homme primitif vénère les formes personnelles de la Nature, pour leur préférer des formes impersonnelles lorsqu'il devient plus sophistiqué.

SRILA PRABHUPADA: C'est plutôt l'inverse. L'aspect personnel est supérieur. Bien sûr, si on ne connaît pas Dieu, l’Être Suprême, c'est une autre affaire. Les sots cherchent à vénérer l'impersonnel. Par nature, l'homme primitif désire adorer une personne. Ignorant tout de cette personne, les gens se tournent par frustration vers l'impersonnalisme. D'un point de vue philosophique, nous la connaissons, car ce Dieu personnel nous dit: « Me voici. » Lorsqu'Il est présent, Il démontre Sa divinité et Sa suprématie. Ceux qui Le voient rédigent des livres à Sa gloire. À titre d’exemple, quand Vyâsadéva vit Krishna, Il délaissa tout autre écrit pour retracer Ses activités dans le Srimad-Bhagavatam. Il savait, grâce à sa méditation et son savoir probant, que Krishna était Dieu. Celui qui ne connaît pas Krishna se tournera peut-être vers l'impersonnalisme.

SYAMASUNDAR:Comte estime qu'au-delà du stade métaphysique se trouve le stade positiviste, où l'être humain renonce aux explications théologiques et métaphysiques afin d'acquérir une connaissance positive. Il se révèle alors à même d'établir les faits et d'accumuler les données scientifiques.

SRILA PRABHUPADA: Nous ne partageons pas son avis. La science ne surpasse pas la métaphysique; au contraire, le vrai savoir scientifique s'avère de nature métaphysique.

SYAMASUNDAR: Comte soutient que plus nous découvrons de faits, grâce à la science, plus celle-ci devient complexe. Ainsi la science progresse-t-elle vers le stade positif.

SRILA PRABHUPADA: Disons plutôt qu'elle devient plus superficielle. Découvrir la Cause première: ainsi se définit la connaissance parfaite. La perception sensorielle est considérée comme scientifique, mais les Védas stipulent qu'elle s'avère trompeuse; de plus, elle ne jouit d'aucune autonomie. Citons un exemple: tu peux me voir à l'instant, mais en l'absence du soleil, tu en serais incapable. Ta vue dépend donc du soleil, dont tu n’es pas la source. Cet astre fut créé selon le dessein d'une tierce personne, dessein sur lequel repose ta vue, qui ne jouit ainsi d'aucune valeur intrinsèque.

SYAMASUNDAR: Comte considère la sociologie, science du comportement humain et des relations sociales, comme la plus complexe des sciences, car son entendement repose sur toutes les autres sciences.

SRILA PRABHUPADA: La sociologie n'est pas un don de Comte mais de Krishna, qui la définit ainsi dans la Bhagavad-Gita (4:13) :

catur-varnyam maya srstam guna-karma-vibhagasah
tasya kartaram api mam viddhy akartaram avyayam

« J'ai créé les 4 divisions de la société en fonction des 3 gunas et des activités qui s’y rattachent. Mais sache que bien que J’en sois le créateur, Je demeure non agissant, car Je suis immuable. » Telle est la sociologie parfaite. Si vous essayez d'inventer quelque régime social, il ne pourra qu'être imparfait puisque vous l’êtes vous-même. Aucune paix ne s'ensuivra. Les groupes humains sont certes nécessaires; ils doivent toutefois reposer sur un fondement scientifique. Krishna affirme avoir créé les varnas; il faut donc accepter ce système tel qu'il est. Les différentes divisions de la société doivent œuvrer pour maintenir l'ordre social. Il ne s'agit pas d'inventer arbitrairement des divisions au sein de la société. Cela ne pourrait que semer le trouble et la confusion.

HAYAGRIVA: Comte estime que l'effort scientifique de l'humanité en vue d'améliorer la Nature s'avère plus désirable qu'une foi passive en Dieu. Il écrit: « Même les lois du système solaire sont loin d'être parfaites... L'imperfection croissante de l'économie naturelle stimule fortement toutes nos facultés morales, intellectuelles, ou pratiques... Le concept de l'humain devenant, sans peur ou vantardise, l'arbitre dans une certaine mesure de sa propre destinée satisfait davantage que l'ancienne croyance en la Providence, laquelle implique notre passivité. »

SRILA PRABHUPADA: Ses propos révèlent son ignorance absolue de Dieu. Il n'est pas question ici de passivité. Dieu est le Maître ultime de tout, et quoiqu'Il puisse agir à travers divers agents, la décision finale Lui appartient. Sis dans le cœur de chacun, Il est témoin des activités de l'âme individuelle. Sans Sa sanction, nul ne peut rien. De Lui vient l'intelligence, mais aussi l'oubli. Par la grâce de Dieu, nous pouvons nous souvenir d'activités très anciennes. Quoi qu'il en soit, Dieu demeure l'ultime. L’humain ne saurait être indépendant, ses actions naissant des 3 modes d’influence de la Nature matérielle.

prakrteh kriyamanani gunaih karmani sarvasah
ahankara-vimudhatma kartaham iti manyate)

« Sous l'influence des 3 gunas, l'âme égarée par le faux ego croit être l'auteur de ses actes, alors qu'en réalité, ils sont accomplis par la Nature. » (Bhagavad-Gita 3:27) L'Âme Suprême, sise dans le coeur de chaque être et dans chaque atome.

SYAMASUNDAR: Comte pense que les réformes sociales sont surtout implantées par amour. Sa devise : « L'Amour pour principe, l'Ordre pour base et le Progrès pour but. »

SRILA PRABHUPADA: Il ignore malheureusement quel est ce but; il ne fait qu'élaborer diverses théories. Vishnu incarne ce but. Le Srîmad-Bhâgavatam (7.5.31) dit :

na te viduh svartha-gatim hi visnum durasaya ye bahir-artha-maninah
andha yathandhair upaniyamanas te 'pisa-tantryam uru-damni baddhah

« Les êtres hantés par le désir de jouir de l'existence matérielle, et ayant dès lors accepté pour maître ou pour guru un autre aveugle également attaché aux objets des sens, ne peuvent comprendre que le but de la vie consiste à retourner dans leur demeure originelle pour y servir Dieu, Vishnou. De même que des aveugles guidés par un autre aveugle s'écartent du chemin et tombent dans un ravin, les matérialistes qui se laissent guider par d'autres matérialistes se voient liés par les cordes très robustes de l'action intéressée et poursuivent sans fin leur existence matérielle, assujettis aux trois formes de souffrances. » À moins de connaître le but, toutes nos grandes théories ne sauraient nous aider. Toute œuvre humanitaire qui rate l'essentiel – Krishna – ne peut qu'échouer.

HAYAGRIVA: Comte s'accorderait avec Protagoras pour dire: « L'homme est la mesure de toutes choses.» Il écrit: «L'Univers doit être étudié non pour lui-même, mais pour le bien de l'homme ou plutôt de l'humanité. Étudier dans un autre esprit serait non seulement immoral, mais aussi hautement irrationnel. »

SRILA PRABHUPADA: L'être humain devrait aspirer à comprendre la Vérité Absolue: telle est notre conviction. L'intelligence humaine fut conçue pour la quête de la source ultime de toute chose. Il serait vain de chercher à améliorer la condition matérielle de l'humanité. Tout être vivant est destiné à connaître une certaine part de joies et de peines. En vertu de nos actes passés, nous acquérons un corps spécifique soumis au plaisir comme à la douleur. On n'y peut rien. Qu'on appelle cela destinée ou fatalisme, le fait demeure que le sort de chaque humain est ainsi prédestiné, sans qu'il n'y puisse rien. Son intelligence peut toutefois modifier sa position par rapport à Dieu. L'homme a présentement oublié Dieu et la relation qui les unit. La vie humaine a pour fin de changer cette situation. Sa situation économique est déjà prédestinée et ne peut être modifiée. Ce que confirme aussi le Srimad-Bhagavatam. La pratique du service de dévotion peut changer notre destin. Sinon, notre sort est prédestiné.

HAYAGRIVA: Comte établit la distinction suivante entre l'athéisme et le positivisme: «L'athéisme, même sous un angle intellectuel, s'avère une forme très imparfaite d'émancipation, car il tend à prolonger indéfiniment le stade métaphysique en continuant de chercher de nouvelles solutions aux problèmes théologiques, au lieu d'écarter toute recherche inaccessible à cause de son inutilité absolue... Le vrai esprit positiviste consiste à étudier le comment plutôt que le pourquoi.» En d'autres mots, puisqu'on ne trouvera jamais de réponses aux questions religieuses, mieux vaut les oublier.

SRILA PRABHUPADA: Comment l'humain oublierait-il? Quand il ne croit pas en Dieu, Celui-ci Se présente à lui sous les traits de la Mort. Comment l’être humain neutraliserait-il la mort? La Bhagavad-Gita nous fait comprendre que Dieu revêt l'apparence de la mort aux yeux des athées; ainsi les convainc-t-Il de Son existence. Personne ne peut s'y soustraire ou acquérir quelque indépendance par la spéculation athée.

HAYAGRIVA: Comte met le perfectionnement moral et intellectuel sur le même pied que le progrès matériel. Il écrit donc: «La nation qui n'a point cherché à s'améliorer matériellement n'éprouvera guère d'intérêt pour le perfectionnement moral ou mental.»

SRILA PRABHUPADA: Le perfectionnement matériel ne repose en fait sur aucune norme établie. Certaines conditions matérielles pourront satisfaire quelques individus, mais non tous. La question qui se pose ici sera donc: «Quel devrait être le standard de vie matérielle? La civilisation védique dénombre quatre nécessités matérielles, communes aux règnes humain et animal: manger, dormir, s'accoupler et se défendre. Les normes varient toutefois selon les différentes cultures.

SYAMASUNDAR: Comte estime que nous devons nous occuper uniquement d'informations vérifiables à l'aide d'expériences ou de démonstrations.

SRILA PRABHUPADA: Comment les planètes flottent-elles alors dans l'espace? Quelle serait l'explication scientifique de ce phénomène? Qui a conçu l'agencement cosmique? Si les scientifiques l'ignorent, que vaut donc leur science? Ne pouvant répondre à de telles questions, ils prétendent qu'elles ne méritent pas de réponse.

SYAMASUNDAR: Comte estime qu'un tel savoir n'est guère utile.

SRILA PRABHUPADA: Mais le savoir se traduit précisément par la quête de la source de toute chose, y compris la connaissance. Vous ne voyez qu'une partie des actions et réactions d'un être dont vous ignorez cependant l'identité. Vous ne pouvez donc prétendre être des hommes de savoir.

SYAMASUNDAR: Comte s'intéresse au savoir qui traite des phénomènes sensibles, savoir qu'on peut utiliser de façon aussi directe que scientifique.

SRILA PRABHUPADA: Vous pouvez naturellement percevoir la croissance d'un arbre, mais l'être en quête de savoir désirera en connaître la source. Celui qui n'en sait rien ou qu'une telle chose dépasse dira: «Qu'importe.» Mais si vous aspirez vraiment au savoir, cela importe. Il est certes pratique de savoir d'où vient l'arbre. Nous comprenons qu'il procède d'une graine, mais d'où vient celle-ci? Pourquoi et de qui reçoit-elle tant de pouvoir ?

SYAMASUNDAR: Est-il utile de le savoir ?

SRILA PRABHUPADA: Oui. Bien sûr, l'insensé n'a que faire de telles connaissances. Lui ne voit rien d'utile dans toutes ces données scientifiques. Or, il s'avère absolument essentiel pour le vrai homme de science de connaître l'origine des choses. Seul le sot osera dire qu'un tel savoir est inutile. Le scientifique cherche à découvrir la cause des choses, qu'un tel savoir soit utile ou non dans l'immédiat. Les connaissances supérieures n'ont aucune valeur pour l'homme moyen qui, en ce Kali-youga, n’est guère sensé. Aussi pense-t-il: «Pourquoi perdre son temps à chercher Dieu?» L'insensé ne prête guère d'importance à la quête de Dieu, mais le savant lui accorde la plus haute importance.

HAYAGRIVA: Comte estime que c'est l'ouvrier, le sudra, qui serait le plus apte à être l'arbitre du positivisme, non le savant ou le philosophe. Il écrit: «Les occupations des ouvriers de toute évidence contribuent davantage aux vues philosophiques que celles de la classe moyenne, puisqu'elles ne les absorbent pas au point d'entraver la continuité de la pensée, même durant les heures de labeur.»

SRILA PRABHUPADA: Comment l'ouvrier se ferait-il arbitre? Tout ouvrier requiert un administrateur qui le dirige. Nous constatons d'ailleurs qu'il existe dans les pays communistes une classe administrative et une classe ouvrière. S'il en est ainsi, que peut faire l'ouvrier pour nous? Il demeure toujours subordonné à quelque administrateur.

HAYAGRIVA: Comte désirait former des clubs d'ouvriers dédiés à la philosophie du positivisme. Ceux-ci « remplaceraient provisoirement l'Église d'antan, ou plutôt paveraient la voie de l'édifice religieux du nouveau culte, le culte de l'humanité. »

SRILA PRABHUPADA: Sa conception de l'humanité n'est guère évidente. Qu'entend-il par «humanité»? Que connaît de l'humanité la classe ouvrière? Si par «humanité» il entend tous les êtres humains, il doit néanmoins admettre que chacun d'eux possède une certaine individualité. Même si l'on considère l'humanité comme un tout homogène, comment expliquer l'individualité ?

HAYAGRIVA: Il soutient, comme les communistes le font généralement, que tous les hommes sont fondamentalement les mêmes relativement à l'État.

SRILA PRABHUPADA: En effet, puisqu'ils sont tous soumis aux lois de l'État, mais non leurs pensées, leurs émotions ou leur volonté qui s'avèrent différentes chez chacun. Comment alors seraient-ils un? Bien sûr, tous les humains ont deux bras, deux jambes et une tête, mais le cerveau opère différemment selon l'individu. Impossible donc d'ajuster ces différences en vue de réconcilier l'humanité en un tout. Tous ne peuvent être entièrement d'accord. Chacun a ses préférences même quand il s'agit de manger, dormir, s'accoupler et se défendre. Que dire alors du domaine de la pensée, des émotions et de la volonté ? En cherchant à imposer l'uniformité, vous provoquerez le mécontentement.

HAYAGRIVA: Comte estimait que le positivisme et le communisme – alors au stade de la formation – pouvaient aller main dans la main. Il écrit: «Le positivisme n'a rien à craindre du communisme; au contraire, il sera vraisemblablement accepté par la plupart des communistes appartenant à la classe ouvrière...»

SRILA PRABHUPADA: Il cite la classe ouvrière, mais il oublie la classe administrative. Il désire une société sans classes qu'il ne veut peuplée que d'ouvriers. Alors qu'en réalité ces derniers ont besoin d'être dirigés, au même titre que les jambes et les mains qui doivent être guidées par le cerveau. Ce qui est bien naturel. La classe ouvrière doit nécessairement se placer sous la tutelle de quelqu'un.

HAYAGRIVA: Quant aux différentes qualités des femmes et des hommes, Comte écrit: «Il ne fait aucun doute que l'homme excelle la femme dans tous les domaines de la force – physique, intellectuelle ou pratique – suivant une loi générale qui prévaut dans tout le règne animal... S'il n'était question que d'aimer... les femmes régneraient en maître.»

SRILA PRABHUPADA: Il s'agit là d'une distinction naturelle entre hommes et femmes et qu'on ne saurait faire disparaître. La femme, comme l'homme, est destinée à certaines activités. On peut chercher à modifier artificiellement cette situation, qui ne saurait l'être fondamentalement. À titre d’exemple c’est la femme, et non l’homme, qui tombe enceinte. Qu'y peut-on changer ?

HAYAGRIVA: Il en conclut donc que la femme est moralement supérieure à l'homme, puisqu'elle est dominée par l'amour. Il voit la femme comme «la prêtresse naturelle de l'humanité. Elle personnifie dans sa forme la plus pure le principe d'amour sur lequel repose l'unité de notre nature.»

SRILA PRABHUPADA: C'est son imagination qui parle. Une femme malavisée peut s’avérer dangereuse; il ne saurait être alors question d'amour. Selon l'entendement védique, la femme et l'enfant sont sur un pied d'égalité; tous deux doivent être protégés par l'homme. Durant l’enfance, la femme est protégée par son père, puis dans sa jeunesse par son mari et enfin dans la vieillesse, par ses fils parvenus à maturité. On ne doit jamais accorder d'indépendance à la femme; il s'agit plutôt de la protéger. Ainsi son affection naturelle pour son père, son mari et ses enfants s'épanouira aisément. Aussi la relation homme / femme doit-elle être établie de façon très harmonieuse afin que tous deux puissent remplir leur vrai rôle : coopérer dans la spiritualité. La femme doit voir au confort de son mari qui, par son dur labeur, doit aussi veiller à celui de son épouse. Ainsi satisfaits, leur vie spirituelle s'épanouira. L'homme est censé travailler dur et la femme doit apporter confort et amour au foyer. Ainsi homme et femme peuvent-ils s'unir pour évoluer sur le plan spirituel.

HAYAGRIVA: Comte estime que l'amour pour Dieu est incompatible avec l'amour de ses semblables et qu'il a toujours empiété sur l'amour de l'homme pour la femme. Il écrit: « C’était un sacrilège pour le chevalier d'aimer sa dame plus que son Dieu, de sorte que les sentiments les plus raffinés de la nature masculine furent réprimés par la foi religieuse de l'homme. La femme n'est donc guère intéressée à perpétuer l'ancien système [religieux]; les instincts mêmes qui caractérisent la nature féminine les porteront bientôt à l'abandonner.»

SRILA PRABHUPADA: Les femmes sont généralement attirées par une vie de confort au foyer. Ainsi le veut leur nature. Spirituellement parlant, elles ne sont guère évoluées ou intéressées. Mais que l'homme soit porté sur la spiritualité et que la femme l'assiste – qu'elle soit sa mère, son épouse ou sa fille – et tous deux progresseront sur la voie spirituelle. Elle doit cependant demeurer subordonnée; lui doit par contre progresser sur le plan spirituel. Du fait qu’elle l’aide, la femme partage les gains spirituels de l'homme.

HAYAGRIVA: Voyant surtout la femme comme la compagne de l'homme, Comte écrit: «Le premier aspect donc sous lequel le positivisme considère la femme sera simplement comme une compagne pour l'homme, indépendamment de ses devoirs maternels... Pour une amitié parfaite, la différence de sexes s'avère essentielle, excluant toute possibilité de rivalité.»

SRILA PRABHUPADA: Le corps requiert une certaine satisfaction sexuelle. La femme doit non seulement procurer le plaisir sexuel à son époux, elle doit aussi apprêter des mets appétissants. Lorsqu'il rentre d'une dure journée de travail, l'homme doit recevoir de bons petits plats, diverses commodités et plaisirs sexuels. Alors le foyer deviendra un lieu de bonheur où les deux conjoints vivront dans la satisfaction. Ils pourront dès lors parfaire leur entendement spirituel, lequel représente leur vraie raison d'être. La vie humaine a pour but l'évolution spirituelle; il convient d'ailleurs de savoir avant tout que l'âme est au fondement même de la vie matérielle, le corps étant créé à partir de l'âme. Quoique la femme soit généralement de moindre intelligence, homme et femme doivent acquérir cet entendement. Avec l'aide de son époux, la femme pourra développer une intelligence supérieure. L'Histoire védique nous offre d'ailleurs l'exemple de Kapiladéva transmettant un enseignement spirituel à Sa mère, Dévahouti. Qu'elle soit mère, fille ou épouse, la femme pourra acquérir le savoir auprès de son fils, son père ou son époux, à condition qu'elle demeure soumise. Les Purânas nous offrent l'exemple de Shiva répondant aux questions de Parvati sur la spiritualité. La femme procure divers plaisirs destinés à satisfaire la langue, l'estomac et les organes génitaux et reçoit en échange l'enseignement spirituel quand elle fait preuve de soumission. Une telle coopération sera source d'évolution.

HAYAGRIVA: Comte juge qu'aux prémices du positivisme tout au moins, la femme doit remplacer Dieu comme object d'amour et d'affection de l'homme. Aussi écrit-il: « Dès l'enfance, chacun d'entre nous apprendra à voir le sexe de la femme comme la principale source de bonheur et de mieux-être humains, fût-ce dans la vie privée ou publique... En un mot, l'homme s'agenouillera devant la femme, et devant elle seule... la considérant comme la plus parfaite personnification de l'humanité... Le culte de la femme, lorsqu'il assumera une forme plus systématique, sera apprécié en soi comme un nouvel instrument de bonheur et de croissance morale... Le culte de la femme remplit cette condition et s'avère d'une plus grande efficacité que l'adoration de Dieu. »

SRILA PRABHUPADA: C'est le devoir de l'homme de protéger la femme et de subvenir à ses besoins et à son confort, non de l'adorer. Déifier la femme n'est certes pas une proposition très judicieuse. L'homme serait alors mené par le bout du nez. Toute adoration est exclusivement réservée à Dieu. Il est toutefois désirerable que l'homme et la femme coopèrent dans l'adoration de Dieu. Non pas que l'on doive adorer l'homme ou la femme comme Dieu. Parfois, l'affection se révèle si intense que quelqu’un peut en venir à voir une autre personne comme Dieu : il s'agit là d'une forme de sentimentalisme. Dieu est différent des femmes et des hommes, lesquels ne sont que des êtres vivants censés L’adorer. La femme doit toujours assister l'homme dans tous les domaines de sa vie religieuse, sociale et familiale. Tel est le véritable avantage de la vie conjugale.

HAYAGRIVA: Comte écrit encore: «Tout l'effet du culte positiviste consistera à faire ressentir nettement à l'homme combien la synthèse fondée sur l'amour de l'humanité est supérieure à celle reposant sur l'amour pour Dieu.»

SRILA PRABHUPADA: L'amour de l'humanité s'exprime en élevant celle-ci au niveau où les gens pourront comprendre le vrai but de la vie. On ne sert guère l'humanité en la gardant dans les ténèbres. Il faut au contraire éclairer autrui à l'aide du savoir, savoir qui culmine dans la compréhension de Dieu, de la relation qui nous unit à Lui et des activités qui en découlent. Voilà une véritable œuvre humanitaire. L'humanité doit être informée de la nature du corps et de l'âme, ainsi que des besoins et de la destinée de l'âme. Ainsi pouvons-nous vraiment servir la race humaine, et non en encourageant ses tendances animales.