Ce chapitre explique comment le roi Priyavrata put jouir de l'opulence de sa condition royale avant de retrouver le parfait savoir. Ce monarque vivait en effet dans le détachement de toute richesse temporelle, mais il s'attacha ensuite à son royaume; toutefois, il parvint finalement à se détacher à nouveau des plaisirs de ce monde pour atteindre ainsi la libération. En entendant ceci, le roi Pariksit fut émerveillé, bien qu'il se demandât comment un bhakta dénué de toute attirance à l'égard du plaisir matériel avait pu par la suite s'y attacher. C'est pourquoi, dans son étonnement, il interrogea Sukadeva Gosvami à ce propos.

En réponse aux questions du roi, Sukadeva Gosvami déclara que le service de dévotion, du fait de sa nature transcendante, ne peut être altéré par aucune influence matérielle. Priyavrata avait reçu le savoir spirituel de Narada; aussi ne désirait-il pas mener une existence matérialiste en jouissant d'un royaume. Il accepta néanmoins le trône à la requête de devas supérieurs comme Brahma et Indra, le souverain du royaume édénique.

Tout se trouve sous la domination de Dieu, la Personne Suprême, le maître souverain, et chacun doit agir en conséquence. Toutes les âmes conditionnées se voient en effet contraintes d'agir sous l'influence des trois gunas, au même titre qu'un taureau qu'on maîtrise en nouant une corde à ses naseaux. C'est pourquoi l'homme civilisé agit dans le cadre de l'institution des varnas et des asramas. Même ceux qui vivent d'une façon matérialiste ne sont pas libres d'agir à leur guise. Chacun est forcé d'accepter le type de corps particulier que lui octroie le Seigneur Suprême, ainsi que les joies et les peines qui lui sont ainsi dévolues. Par suite, même l'homme quittant arbitrairement son foyer pour aller vivre dans la forêt s'attachera à nouveau à l'existence matérielle. On compare la vie de famille à une forteresse où pratiquer la maîtrise des sens. Une fois ceux-ci maîtrisés, on peut indifféremment vivre au foyer ou dans la forêt.

Lorsque Maharaja Priyavrata accepta le trône royal sur l'ordre de Brahma, Manu, son père, quitta la demeure familiale pour aller vivre dans la forêt. Maharaja Priyavrata épousa ensuite Barhismati, la fille de Visvakarma, qui lui donna dix fils: Agnidhra, Idhmajihva, Yajnabahu, Mahavira, Hiranyareta, Ghrtaprstha, Savana, Medhatithi, Vitihotra et Kavi. Il eut également une fille, nommée Urjasvati. Maharaja Priyavrata vécut en compagnie de sa femme et de sa famille pendant des milliers d'années. Notons ici que les sillons creusés par les roues de son char déterminèrent la formation de sept océans et de sept "îles". Parmi les dix fils de Priyavrata, trois -Kavi, Mahavira et Savana- optèrent pour le sannyasa, la quatrième étape de la vie, et les sept autres devinrent les dirigeants des sept "îles". Maharaja Priyavrata eut une seconde femme, qui lui donna trois fils: Uttama, Raivata et Tamasa, qui furent tous élevés au poste de Manu. Sukadeva Gosvami conclut ce chapitre en décrivant la manière dont Maharaja Priyavrata parvint à se libérer.