SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 26

Description des planètes
infernales.

VERSET 36

yas tv iha va adhyabhimatir ahankrtis tiryak-preksanah sarvato
bhivisanki artha-vyaya-nasa-cintaya parisusyamana-hrdaya-vadano
nirvrtim anavagato graha ivartham abhiraksati sa capi pretya tad-
utpadanotkarsana-samraksana-samala-grahah sucimukhe narake
nipatati yatra ha vitta-graham papa-purusam dharmaraja-purusa
vayaka iva sarvato ngesu sutraih parivayanti.

TRADUCTION

L'homme fier de ses richesses en ce monde ou dans cette vie songe constamment: "Je suis si riche; qui pourrait m'égaler?" Sa vision en est déformée, et il craint toujours qu'on s'empare de son bien; en vérité, il suspecte même ses supérieurs. Son visage et son coeur se dessèchent à la pensée de perdre ses richesses, à tel point qu'il a toujours l'air d'un fantôme misérable. Il n'a aucun moyen de trouver le véritable bonheur, et ignore totalement ce que c'est que d'être dénué d'angoisse. A cause des péchés qu'il commet pour gagner de l'argent, accroître ses gains et les protéger, il doit aller dans l'enfer du nom de Sucimukha, où les serviteurs de Yamaraja le châtieront en cousant des fils à travers tout son corps, à la façon de tisserands fabriquant une toile.

TENEUR ET PORTEE

Dès qu'une personne possède plus de richesses que nécessaire, elle devient à coup sûr très fière. Telle est la situation des hommes de la civilisation moderne. Selon la culture védique, les brahmanas ne doivent rien posséder, tandis que les ksatriyas possèdent, eux, des richesses, mais à seule fin d'accomplir des sacrifices et de se livrer à d'autres activités nobles prescrites par les Vedas. Le vaisya gagne également de l'argent par des voies honnêtes -au moyen de l'agriculture, de la protection de la vache et du commerce. Cependant, si un sudra touche de l'argent, il le dépensera à tort et à travers, sans discernement aucun, ou alors il l'accumulera simplement, sans l'utiliser. Du fait qu'il ne se trouve dans cet âge aucun brahmana, ksatriya ou vaisya dignes de ce nom, presque tous les hommes comptent parmi les sudras (kalau sudra-sambhavah). C'est ainsi que la mentalité sudra nuit considérablement à la civilisation moderne. En effet, le sudra ne sait pas comment utiliser l'argent pour le service d'amour transcendantal du Seigneur. On appelle aussi l'argent laksmi, et Laksmi demeure toujours au service de Narayana. En conséquence, l'argent, en toute circonstance, doit être utilisé pour servir Narayana. Chacun devrait utiliser son argent pour contribuer à l'expansion de ce grand Mouvement transcendantal pour la Conscience de Krsna. Si l'on ne dépense pas son argent de cette façon et si on en accumule plus qu'il n'est nécessaire, on s'enorgueillira à coup sûr de ses possessions illégales car, en fait, l'argent appartient à Krsna; le Seigneur déclare en effet dans la Bhagavad-gita (V.29): bhoktaram yajna-tapasam sarva-loka-mahesvaram -"Je suis le véritable bénéficiaire de tous les sacrifices et de toutes les austérités, le maître et possesseur de tous les astres." Par suite, rien n'appartient à personne, si ce n'est à Krsna, et celui qui détient plus d'argent qu'il n'en a besoin doit le dépenser pour Krsna. S'il n'agit pas ainsi, il s'enorgueillira de ce qu'il croit lui appartenir, et devra être châtié lors de sa prochaine vie, ainsi que l'explique ce verset.

VERSET 37

evam vidha naraka yamalaye santi satasah sahasrasas tesu sarvesu ca
sarva evadharma-vartino ye kecid ihodita anuditas cavani-pate
paryayena visanti tathaiva dharmanuvartina itaratra iha tu punar-
bhave ta ubhaya-sesabhyam nivisanti.

TRADUCTION

Le royaume de Yamaraja compte des centaines et des milliers de planètes infernales, et tous les êtres impies que j'ai mentionnés, de même que ceux dont j'ai omis de parler, rejoignent tous, l'une ou l'autre de ces planètes selon leur degré d'impiété. A l'opposé, les êtres vertueux atteignent d'autres systèmes planétaires -ceux où vivent les devas. Néanmoins, ô roi, qu'ils soient pieux ou impies, tous sont ramenés sur terre une fois que les fruits de leurs actes vertueux ou pécheurs sont consommés.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset correspond aux premières instructions données par Krsna dans la Bhagavad-gita: tatha dehantara-praptih -dans cet univers matériel, chacun passe simplement d'un corps à un autre sur différents systèmes planétaires. Urdhvam gacchanti satva-stha: ceux que gouverne la vertu sont élevés jusqu'aux planètes édéniques. Adho gacchanti tamasah: ceux qui baignent profondément dans l'ignorance se retrouvent sur les planètes infernales. Les uns comme les autres, cependant, sont sujets à la répétition des naissances et des morts. La Bhagavad-gita stipule d'ailleurs que même les plus vertueux reviennent sur terre une fois terminée leur période de jouissance dans les systèmes planétaires supérieurs (ksine punye martya-lokam visanti). En conséquence, se rendre d'une planète à une autre ne résout pas les problèmes de l'existence. Ceux-ci ne seront résolus que lorsque nous n'aurons plus à revêtir un corps matériel, ce qui n'est possible qu'en devenant conscient de Krsna. Toujours dans la Bhagavad-gita (IV.9) Krsna déclare à ce propos:

janma karma ca me divyam
evam yo vetti tattvatah
tyaktva deham punar janma
naiti mam eti so rjuna

"Celui, ô Arjuna, qui connaît l'absolu de Mon Avènement et de Mes Actes n'aura plus à renaître dans l'univers matériel; quittant son corps, il entre dans Mon royaume éternel." Voilà la perfection de l'existence et la solution réelle à tous les problèmes. Nous ne devrions pas aspirer à atteindre les systèmes planétaires supérieurs édéniques, et nous ne devrions pas non plus agir de manière à être entraînés vers les planètes infernales. Toute la raison d'être de l'univers matériel est de nous amener à retrouver notre identité spirituelle et de nous permettre de retourner à Dieu, dans notre demeure originelle. La méthode très simple qui permet d'y parvenir est prescrite par le Seigneur Lui-même: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja. Il ne faut être ni pieux ni impie; il faut devenir un bhakta, et s'abandonner aux pieds pareils-au-lotus de Krsna. Cet abandon est également très aisé, et même un enfant en est capable. Man-mana bhava mad-bhakto mad-yaji mam namas-kuru: il suffit de penser à Krsna en chantant ou en récitant:

hare krsna hare krsna krsna krsna hare hare
hare rama hare rama rama rama hare hare

Il faut devenir un dévot de Krsna, L'adorer et Lui rendre notre hommage. C'est ainsi que tous nos actes doivent être dédiés au service de Krsna.

VERSET 38

nivrtti-laksana-marga adav eva vyakhyatah etavan evanda-koso yas
caturdasadha puranesu vikalpita upagiyate yat tad bhagavato
narayanasya saksan maha-purusasya sthavistham rupam atmamaya-
gunamayam anuvarnitam adrtah pathati srnoti sravayati sa upageyam
bhagavatah paramatmano grahyam api sraddha-bhakti-visuddha-
buddhir veda.

TRADUCTION

Au début [dans le deuxième et le troisième Chants], j'ai déjà expliqué comment l'on peut progresser sur la voie de la libération. Les Puranas décrivent le vaste ensemble que représente l'univers comme un oeuf divisé en quatorze parties. Cette forme gigantesque est considérée comme représentant le Corps externe de Dieu, créé par Son énergie et Ses attributs propres; on la désigne généralement sous le nom de virata-rupa. Quiconque lit la description de cette forme externe du Seigneur avec une grande foi, en entend parler ou en explique la nature à autrui afin de propager le bhagavata-dharma, ou la Conscience de Krsna, verra peu à peu croître sa foi et sa dévotion en la conscience spirituelle, la conscience de Krsna. Bien que le développement de cette conscience soit chose très ardue, ce processus permet de se purifier et de s'éveiller graduellement à la Vérité Suprême et Absolue.

TENEUR ET PORTEE

Le Mouvement pour la Conscience de Krsna se consacre à la publication du Srimad-Bhagavatam, spécialement expliqué de manière à le rendre compréhensible pour les hommes de cette civilisation moderne et à leur permettre de s'éveiller à leur conscience originelle. Privé de cette conscience, ils sont plongés dans les ténèbres les plus complètes. Qu'il se rende sur les systèmes planétaires supérieurs ou sur les planètes infernales, l'être vivant ne fait que perdre son temps. Tout le monde devrait donc prêter l'oreille aux enseignements du Srimad-Bhagavatam sur la position universelle de la forme virata du Seigneur. Cela aidera tout un chacun à se délivrer de la condition matérielle et à s'élever graduellement jusqu'à la voie de la libération, afin de retourner à Dieu, dans sa demeure originelle.

VERSET 39

srutva sthulam tatha suksmam
rupam bhagavato yatih
sthule nirjitam atmanam
sanaih suksmam dhiya nayed iti

TRADUCTION

On nomme yati ou bhakta celui qui s'intéresse à la libération, en emprunte la voie et se détache de la vie conditionnée. Il doit d'abord dominer son mental en méditant sur la virata-rupa, la gigantesque forme universelle du Seigneur, puis graduellement diriger ses pensées vers la Forme spirituelle de Krsna [sac-cid-ananda-vigraha] après avoir entendu la description de ces deux formes. C'est ainsi que le mental se fixe en samadhi. Grâce au service de dévotion, on peut alors réaliser la Forme spirituelle du Seigneur, qui représente le but ultime des bhaktas, et faire ainsi de sa vie une véritable réussite.

TENEUR ET PORTEE

Les Ecritures enseignent: mahat-sevam dvaram ahur vimukteh -celui qui désire progresser sur la voie de la libération doit rechercher la compagnie de mahatmas, de bhaktas libérés, car à leur contact il a toutes les chances d'entendre, de décrire et de glorifier le Nom, la Forme, les Attributs de Dieu, la Personne Suprême; tout ce qui se rapporte ainsi au Seigneur est présenté dans le Srimad-Bhagavatam. Quiconque s'enchaîne à l'existence matérielle doit éternellement subir la répétition des naissances et des morts. Toutefois, celui qui désire se libérer de ce joug doit se joindre à l'Association Internationale pour la Conscience de Krsna; là, il aura l'occasion d'entendre le Srimad-Bhagavatam des lèvres de bhaktas, et lui-même pourra aussi l'expliquer afin de propager la conscience de Krsna.

VERSET 40

bhu-dvipa-varsa-sarid-adri-nabhah-samudra-
patala-din-naraka-bhagana-loka-samstha
gita maya tava nrpadbhutam isvarasya
sthulam vapuh sakala-jiva-nikaya-dhama

TRADUCTION

O roi, j'ai maintenant décrit pour toi cette planète qu'est la Terre, de même que d'autres systèmes planétaires, avec leurs divisions [varsas], leurs rivières et leurs montagnes. Je t'ai également dépeint l'espace, les océans, les systèmes planétaires inférieurs, les directions, les systèmes planétaires infernaux et les étoiles. Tout cela constitue la virata-rupa, la gigantesque forme matérielle du Seigneur, en qui reposent tous les êtres. J'ai ainsi défini le merveilleux déploiement du Corps externe de Dieu.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le vingt-sixième chapitre du cinquième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Description des planètes infernales".

FIN DU CINQUIÈME CHANT

Achevé au Temple du Panca-tattva, à Honolulu, le 5 juin 1975.

Dans son Gaudiya-bhasya, Sa Divine Grâce Bhaktisiddhanta Sarasvati Gosvami Maharaja Prabhupada nous fournit quelques explications complémentaires concernant Sri Rsabhadeva. En voici la traduction:

Les doctes érudits qui possèdent une connaissance parfaite de tous les Textes védiques s'accordent pour dire que les manifestations de Dieu, la Personne Suprême, sont innombrables. Ces avataras se divisent en deux groupes, appelés prabhava et vaibhava. Selon les Ecritures, les avataras dits prabhavas se divisent à leur tour en deux autres groupes -ceux qu'on qualifie d'éternels et ceux qui ne sont pas décrits en détail. Dans le cinquième Chant du Srimad-Bhagavatam, les chapitres trois à six inclus parlaient de Rsabhadeva, mais sans fournir une description détaillée de Ses activités spirituelles, si bien qu'on Le considère comme appartenant au second groupe des prabhavas avataras. Le Srimad-Bhagavatam (1.3.13) déclare à Son sujet:

astame merudevyam tu
nabher jata urukramah
darsayan vartma dhiranam
sarvasrama-namaskrtam

"La huitième manifestation (avatara) de Visnu fut Rsabha Maharaja, fils du roi Nabhi (le fils d'Agnidhra) et de son épouse Merudevi. Il traça le sentier de la perfection, qui mène au niveau de paramahamsa et qu'honorent tous ceux qui suivent le varnasrama-dharma." Rsabhadeva est donc Dieu, la Personne Suprême, et Son Corps est purement spirituel (sac-cid-ananda-vigraha). On peut dès lors se demander comment il se fait qu'Il déféquait et urinait. Le gaudiya vedanta acarya qu'était Vidyabhusana a répondu à cette question dans son ouvrage intitulé Siddhanta-ratna (première partie, versets 65 à 68). Des hommes imparfaits attirent l'attention sur le fait que Rsabhadeva déféquait et urinait, et en font un objet d'étude pour les abhaktas qui n'entendent rien à la condition spirituelle d'un corps divin. Dans ce cinquième Chant du Srimad-Bhagavatam (5.6.11), la condition d'illusion et d'égarement des matérialistes de l'âge où nous vivons se trouve d'ailleurs parfaitement décrite. Ailleurs dans le cinquième Chant (5.5.19), Rsabhadeva déclare Lui-même: idam sariram mama durvibhavyam -"Les matérialistes ne peuvent concevoir Mon Corps." C'est ce que confirme Sri Krsna dans la Bhagavad-gita (IX.11):

avajananti mam mudha
manusim tanum asritam
param bhavam ajananto
mama bhuta-mahesvaram

"Les sots Me dénigrent lorsque, sous la forme humaine, Je descends en ce monde. Ils ne savent rien de Ma nature spirituelle et absolue, ni de Ma suprématie totale." La Forme humaine de Dieu est extrêmement difficile à comprendre; en fait pour un homme du commun, elle est inconcevable. C'est pourquoi Rsabhadeva a directement expliqué que Son propre Corps appartenait au plan spirituel. Ceci étant, Sri Rsabhadeva n'a pas vraiment uriné et déféqué. Même si apparemment Il a semblé le faire, ces actes étaient de nature transcendantale, et aucun homme ordinaire ne saurait les imiter. Le Srimad-Bhagavatam n'ajoute-t-il pas que les excréments et l'urine de Rsabhadeva produisaient un parfum divin? On peut toujours chercher à imiter Rsabhadeva, mais qui pourrait se vanter que ses propres excréments embaument l'atmosphère?

En conséquence, les activités de Rsabhadeva ne corroborent pas ce que prétendent certains hommes connus sous le nom d'arhat, qui se présentent parfois comme des disciples de Rsabhadeva. Comment pourraient-ils être Ses disciples alors qu'ils agissent à l'encontre des principes védiques? Sukadeva Gosvami a rapporté qu'après avoir entendu la description des caractéristiques de Rsabhadeva, le roi de Konka, de Venka et de Kutaka inventa une religion du nom d'arhat. Or, les principes régissant cette religion n'étaient pas en accord avec les principes védiques, et ils sont donc qualifiés de pasanda-dharma. Les membres de la communauté arhat considèrent comme matérielles les activités de Rsabhadeva. Celui-ci est pourtant un avatara, une manifestation du Seigneur Suprême; Il participe donc de la transcendance, et personne ne peut se comparer à Lui.

De par Ses activités, Rsabhadeva Se révéla être Lui-même Dieu, la Personne Suprême. Comme l'enseigne le Srimad-Bhagavatam (davanalas tad vanam alelihanah saha tena dadaha), au terme de Ses Divertissements, Son Corps fut réduit en cendres dans un grand incendie qui ravagea toute une forêt. (S.B.,5.6.8) De la même façon, Rsabhadeva réduisit en cendres l'ignorance des hommes. Il présenta toutes les caractéristiques d'un paramahamsa lorsqu'Il instruisit Ses fils. Toutefois, répétons-le, les principes observés par la communauté arhat ne correspondent en rien à Ses enseignements.

Srila Baladeva Vidyabhusana fait observer que le huitième Chant du Srimad-Bhagavatam nous fournit une autre description de Rsabhadeva, mais qu'il s'agit là d'un Rsabhadeva autre que Celui qui est décrit dans le cinquième Chant.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare