SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 6
CHAPITRE 1

La vie d'Ajamila.

VERSET 11

sri-badarayanir uvaca
karmana karma-nirharo
na hy atyantika isyate
avidvad-adhikaritvat
prayascittam vimarsanam

TRADUCTION

Sukadeva Gosvami, le fils de Vedavyasa, répondit:
O roi, puisque les actions destinées à neutraliser les péchés sont également de nature intéressée, elles ne peuvent délivrer leur auteur de sa tendance à vouloir jouir du fruit de ses actes. Aussi, ceux qui se soumettent aux règles de l'expiation se montrent dépourvus de toute intelligence; pour tout dire, ils sont plongés dans l'ignorance. A moins d'être libéré de ces ténèbres, tout effort destiné à neutraliser une action au moyen d'une autre restera vain, car on ne peut extirper ses désirs de la sorte. Par suite, même un homme apparemment vertueux aura sans aucun doute tendance à commettre des actes impies. C'est pourquoi la véritable expiation réside dans l'illumination que confère le parfait savoir, le Vedanta, par lequel on peut comprendre la Vérité Suprême et Absolue.

TENEUR ET PORTEE

Sukadeva Gosvami, le guru, a mis à l'épreuve Pariksit Maharaja, et il est manifeste que le roi a réussi la première partie de l'examen en rejetant la voie de l'expiation, car elle relève de l'action intéressée. Maintenant, Sukadeva Gosvami suggère de recourir à la connaissance spéculative; s'élevant du niveau du karma-kanda à celui du jnana-kanda, il déclare que la véritable expiation réside dans la connaissance parfaite (prayascittam vimarsanam). Le mot vimarsana indique le développement du savoir spéculatif. Dans la Bhagavad-gita (VII.15), Krsna compare les karmis, qui sont dénués de savoir, à des ânes.

na mam duskrtino mudhah
prapadyante naradhamah
mayayapahrta-jnana
asuram bhavam asritah

"Les sots, les derniers des hommes, ceux dont le savoir est dérobé par l'illusion, les démoniaques, —ces mécréants ne s'abandonnent pas à Moi." Ainsi, les karmis se livrant à des actes pécheurs et ignorant le véritable but de l'existence sont qualifiés de mudhas, c'est-à-dire d'ânes. Cependant, Krsna traite également du vimarsana dans la Bhagavad-gita (XV.15): vedais ca sarvair aham eva vedyah —l'étude des Vedas vise à la compréhension de Dieu, la Personne Suprême. Celui qui étudie le Vedanta mais n'y gagne que de progresser un peu dans la connaissance spéculative, sans pour autant atteindre à la connaissance du Seigneur Suprême, demeure toujours un mudha. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita (VII.19), c'est lorsqu'on en vient à connaître Krsna et à s'abandonner à Lui que l'on accède au savoir véritable (bahunam janmanam ante jnanavan mam prapadyate). Quiconque désire devenir érudit et s'affranchir de toute souillure matérielle doit donc chercher à comprendre qui est Krsna, car c'est ainsi qu'on se libère aussitôt de l'enchaînement aux actes matériels, vertueux ou impies.

VERSET 12

nasnatah pathyam evannam
vyadhayo bhibhavanti hi
evam niyamakrd rajan
sanaih ksemaya kalpate

TRADUCTION

O roi, si un malade suit le régime à base d'aliments sains et purs que lui prescrit son médecin, il guérit peu à peu, si bien que la maladie n'a plus d'emprise sur lui. De même, celui qui se conforme aux principes régulateurs de la connaissance progresse graduellement jusqu'à être débarrassé de toute souillure matérielle.

TENEUR ET PORTEE

On se purifie peu à peu par le développement du savoir, même spéculatif, et par l'observance stricte des principes régulateurs prescrits par les sastras et expliqués dans le verset suivant. En conséquence, le niveau du jnana, ou du savoir spéculatif, est plus élevé que celui du karma, ou de l'action intéressée. Au niveau du karma, on a toutes les chances de déchoir jusqu'à sombrer dans des conditions de vie infernales, tandis que le jnani, lui, échappe à cet enfer, mais sans pour autant être totalement guéri de l'infection matérielle. La difficulté réside dans le fait qu'au niveau du jnana on se croit libéré et devenu Narayana, ou Bhagavan, ce qui est une autre phase de l'ignorance.

ye nye ravindaksa vimukta-maninas
tvayy asta-bhavad avisuddha-buddhayah
aruhya krcchrena param padam tatah
patanty adho nadrta-yusmad-anghrayah
(S.B.,10.2.32)

Du fait qu'il est la proie de l'ignorance, celui qui a recours à la spéculation intellectuelle s'estime libéré de toute souillure matérielle, alors qu'en fait il n'en est rien. Même si quelqu'un s'élève jusqu'au niveau du brahma-jnana, de la connaissance du Brahman, il n'en déchoit pas moins pour ne pas s'être réfugié aux pieds pareils-au-lotus de Krsna. Néanmoins, les jnanis savent au moins distinguer la vertu de l'impiété, et ils agissent avec force précautions selon les injonctions des sastras.

VERSET 13-14

tapasa brahmacaryena
samena ca damena ca
tyagena satya-saucabhyam
yamena niyamena va

deha-vag-buddhijam dhira
dharmajnah sraddhayanvitah
ksipanty agham mahad api
venu-gulmam ivanalah

TRADUCTION

Celui qui désire concentrer ses pensées doit faire voeu de célibat et ne pas rompre ce voeu; il doit se soumettre à l'austérité qui consiste à renoncer en toute conscience aux plaisirs des sens. Il lui faut ensuite devenir maître de son mental et de ses sens, faire des dons charitables, faire preuve de véracité, de propreté et de non-violence, observer les principes régulateurs et chanter de façon régulière le Saint Nom du Seigneur. Ce faisant, l'être sobre et croyant qui connaît les principes de la religion se voit temporairement purifié de toutes les fautes qu'il a commises physiquement, verbalement ou mentalement. Ces péchés sont comparables aux feuilles desséchées des plantes poussant au pied d'un bambou: même si elles sont consumées par le feu, leurs racines demeurent et sont à même de repousser à la première occasion.

TENEUR ET PORTEE

Le Smrti-sastra explique comme suit le mot tapah: manasas cendriyanam ca aikagryam paramam tapah —"La parfaite maîtrise du mental et des sens, ainsi que leur totale concentration sur un type d'activité donné, constitue ce qu'on appelle le tapah." Or, notre Mouvement pour la Conscience de Krsna enseigne à tous la manière de concentrer son mental sur le service de dévotion. Telle est la plus haute forme de tapah.

Le brahmacarya, ou célibat, comporte huit aspects: ne pas penser aux femmes, ne pas parler d'activités sexuelles, ne pas s'attarder auprès des femmes, ne pas les regarder avec concupiscence, ne pas échanger de propos intimes avec elles, ne pas envisager de se livrer à l'acte sexuel, ne pas chercher à avoir de relations sexuelles avec les femmes, et enfin, ne pas se livrer à proprement parler à l'union charnelle. Il ne faut même pas penser aux femmes ou les regarder, et encore moins leur parler; voilà ce qu'est le brahmacarya de premier ordre. Si un brahmacari ou un sannyasi échangent des propos avec une femme en un lieu solitaire, ils auront la possibilité d'avoir des rapports sexuels sans que personne n'en ait connaissance. C'est pourquoi un véritable brahmacari adopte un comportement radicalement opposé. Le parfait brahmacari peut très facilement être maître de son mental et de ses sens, faire des dons charitables, dire la vérité, et ainsi de suite. Toutefois il faut commencer par acquérir la maîtrise de la langue et réglementer l'absorption de nourriture.

Celui qui adopte la voie du service de dévotion, ou bhakti-marga, doit strictement en observer les règles en restant tout d'abord maître de sa langue (sevon-mukhe hi jihvadau svayam eva sphuraty adah). Cette maîtrise de la langue (jihva) peut être obtenue en récitant le maha-mantra Hare Krsna, en ne parlant d'aucun sujet autre que ceux qui concernent Krsna, et en ne prenant aucune nourriture qui n'a pas d'abord été offerte à Krsna. Si l'on parvient à maîtriser ainsi sa langue, le brahmacarya, de même que les autres principes de purification, suivront automatiquement.

Le prochain verset explique que la voie du service de dévotion est parfaite en tout point, et donc supérieure à celles de l'action intéressée et du développement de la connaissance. Citant les Vedas, Srila Viraraghava Acarya explique que l'austérité implique l'observance de jeûnes aussi complets que possible (tapasanasakena). Srila Rupa Gosvami a d'ailleurs également enseigné que l'atyahara, c'est-à-dire, le fait de trop manger, représente un obstacle sur la voie du progrès spirituel. Krsna Lui-même n'affirme-t-Il pas dans la Bhagavad-gita (VI.17):

yuktahara-viharasya
yukta-cestasya karmasu
yukta-svapnavabodhasya
yogo bhavati duhkha-ha

"Qui garde la mesure dans le manger et le dormir, dans le travail et la détente, peut par la pratique du yoga, adoucir les souffrances de l'existence matérielle."

Dans le quatorzième verset, le mot dhirah, signifiant "ceux qui ne sont troublés en aucune circonstance", est particulièrement important. Krsna enseigne en effet à Arjuna dans la Bhagavad-gita (II.14):

matra-sparsas tu kaunteya
sitosna-sukha-duhkha-dah
agamapayino nityas
tams titiksasva bharata

Ephémères, joies et peines, comme étés et hivers, vont et viennent, ô fils de Kunti. Elles ne sont dues qu'à la rencontre des sens avec la matière, ô descendant de Bharata, et il faut apprendre à les tolérer, sans en être affecté." Dans l'existence matérielle, l'être vivant est sujet à de nombreux tourments (adhyatmika, adhidaivika et adhibhautika), et celui qui a appris à les tolérer en toutes circonstances est appelé dhira.

VERSET 15

kecit kevalaya bhaktya
vasudeva-parayanah
agham dhunvanti kartsnyena
niharam iva bhaskarah

TRADUCTION

Seuls les êtres rares qui se consacrent complètement au service de dévotion pur offert à Krsna peuvent extirper les mauvaises herbes du péché de telle sorte qu'elles ne puissent plus repousser. Et ils y parviennent par le seul fait de pratiquer le service de dévotion, tout comme le soleil, de ses rayons, peut dissiper le brouillard en un rien de temps.

TENEUR ET PORTEE

Dans le verset précédent, Sukadeva Gosvami utilise comme élément de comparaison les plantes au feuillage desséché qui poussent au pied des bambous: même si elles sont complètement réduites en cendres, elles risquent de repousser du fait que leurs racines se trouvent encore dans le sol. De même, parce que la racine des désirs pécheurs n'est pas encore détruite dans le coeur de celui qui poursuit la connaissance sans avoir d'attirance pour le service de dévotion, il est fort possible que ces désirs impurs se manifestent à nouveau. Comme l'enseigne le Srimad-Bhagavatam (10.14.4):

sreyah-srtim bhaktim udasya te vibho
klisyanti ye kevala-bodha-labdhaye

Les théoriciens qui se donnent beaucoup de mal pour acquérir une compréhension détaillée de l'univers matériel en distinguant les actes impies des actes de vertu, mais qui ne sont pas établis dans le service de dévotion, demeurent enclins à l'action matérielle. Ils peuvent ainsi déchoir et être impliqués dans divers actes intéressés. Toutefois, si quelqu'un s'attache au service de dévotion, ses désirs de jouissance matérielle se dissipent automatiquement, sans qu'il ait à déployer d'efforts particuliers dans ce sens. Bhaktih paresanubhavo viraktir anyatra ca: lorsqu'on progresse dans la Conscience de Krsna, les activités matérielles, coupables ou vertueuses, perdent naturellement tout attrait. Voilà ce qui révèle la conscience de Krsna chez une personne. Les actes de vertu de même que les actes impies relèvent en fait de l'ignorance, car en tant que serviteur éternel de Krsna, l'être distinct n'a nul besoin d'agir en vue de sa propre satisfaction. Par suite, dès qu'on s'est rétabli au niveau du service de dévotion, on voit disparaître son attachement aux actes impies ou vertueux, pour ne plus se soucier que de satisfaire Krsna. Cette voie de la bhakti, du service de dévotion offert à Krsna (vasudeva parayana), libère la personne qui s'y engage des conséquences matérielles de tous ses actes.

Du fait que Maharaja Pariksit était un grand bhakta, les réponses de son guru, Sukadeva Gosvami, à propos du karma-kanda et du jnana-kanda ne pouvaient le satisfaire. C'est pourquoi Sukadeva Gosvami, connaissant très bien le coeur de son disciple, finit par lui parler de la félicité spirituelle et absolue qui s'attache au service de dévotion. Le mot kecit, utilisé dans le présent verset, signifie "quelques personnes, mais pas toutes". En effet, tout le monde ne peut pas devenir conscient de Krsna. Comme l'explique Krsna Lui-même dans la Bhagavad-gita (VII.3):

manusyanam sahasresu
kascid yatati siddhaye
yatatam api siddhanam
kascin mam vetti tattvatah

"Parmi des milliers d'hommes, un seul, peut-être, recherchera la perfection, et, parmi ceux qui l'atteignent, rare est celui qui Me connaît en vérité." Il n'y a quasiment personne qui connaisse vraiment Krsna, car on ne peut Le saisir par l'intermédiaire des actes de piété, pas plus d'ailleurs que par l'accession au niveau le plus élevé de la connaissance spéculative. En fait, le savoir suprême est celui qui se rapporte à Krsna. Les hommes dépourvus d'intelligence qui ne connaissent pas Krsna sont grossièrement orgueilleux de leur personne, du fait qu'ils se croient libérés ou devenus eux-mêmes Krsna ou Narayana. Voilà bien l'ignorance.

Pour souligner la pureté de la bhakti, du service de dévotion, Srila Rupa Gosvami écrit dans son Bhakti-rasamrta-sindhu (1.1.11):

anyabhilasita-sunyam
jnana-karmady-anavrtam
anukulyena krsnanusilanam
bhaktir uttama

"On doit servir le Seigneur Suprême, Sri Krsna, d'une façon qui Lui soit agréable, avec un amour et une dévotion purement spirituels, en s'abstenant d'y mêler les motifs qui relèvent de l'intérêt personnel et de la spéculation intellectuelle, et de rechercher par là quelque récompense matérielle. Telle est la pure bhakti, la dévotion parfaite." Il explique encore que la bhakti, est klesa-ghni subhada, ce qui signifie que si nous adoptons le service de dévotion, tout labeur inutile et toute souffrance matérielle prennent fin, et notre existence prend un tour des plus heureux. En outre, la bhakti possède une telle puissance qu'on la désigne également par les mots moksa-laghutakrt, ce qui signifie qu'elle réduit l'importance de la libération.

Les abhaktas doivent subir diverses tribulations matérielles du fait de leur tendance à commettre des actes intéressés répréhensibles. Sous l'influence de l'ignorance, le désir de pécher persiste dans leur coeur. Ces actes pécheurs peuvent être divisés en trois catégories: pataka, maha-pataka et atipataka, ou encore en deux groupes: prarabdha et aprarabdha. Le premier groupe (prarabdha) désigne les fautes pour lesquelles nous souffrons à l'heure actuelle, alors que le second (aprarabdha) se rapporte à celles pour lesquelles nous devrons souffrir plus tard. Ainsi, lorsque la semence (bija) des conséquences de nos fautes n'a pas encore fructifié, elles sont dites aprarabdha. Ces graines du péché demeurent imperceptibles, mais elles sont innombrables, et nul ne peut déterminer à quand remonte leur apparition. C'est à cause de ces semences impures ayant déjà fructifié (prarabdha) qu'une personne naît au sein d'une famille de basse condition ou endure divers autres maux.

Cependant, lorsqu'on adopte le service de dévotion, toutes les phases de la vie pécheresse —prarabdha, aprarabdha et bija— sont anéanties. Dans le Srimad-Bhagavatam (11.14.19), Sri Krsna dit à Uddhava:

yathagnih susamrddharcih
karoty edhamsi bhasmasat
tatha mad-visaya bhaktir
uddhavainamsi krtsnasah

"Mon cher Uddhava, le service de dévotion offert à Ma Personne est comparable à un brasier capable de réduire en cendres tout le combustible qu'on lui présente sous forme d'actes répréhensibles." Un autre passage du Srimad-Bhagavatam (3.33.6) explique comment le service de dévotion réduit à néant toutes les conséquences d'une existence pécheresse; il s'agit d'un verset rapportant les paroles de Devahuti, alors que son fils, Sri Kapiladeva, l'instruisait dans la science du service de dévotion:

yan-namadheya-sravananukirtanad
yat-prahvanad yat-smaranad api kvacit
svado pi sadyah savanaya kalpate
kutah punas te bhagavan nu darsanat

"Bien-aimé Seigneur, si quelqu'un, fût-il issu d'une famille de mangeurs de chiens, écoute et chante Tes gloires de façon répétée, s'il T'offre ses respects et se souvient de Toi, il s'élève aussitôt au-dessus du rang de brahmana, et il est dès lors digne d'accomplir des sacrifices. Que dire, donc, de celui qui T'a vu directement?"

De son côté, le Padma Purana enseigne que ceux dont le coeur reste constamment attaché au service de dévotion offert à Visnu se voient aussitôt affranchis de toutes les conséquences de leur vie pécheresse. Ces réactions se manifestent généralement en quatre phases; certaines sont prêtes à porter leurs fruits, d'autres affectent la forme de semence, d'autres sont encore non manifestées, et les dernières ont déjà cours. Or, le service de dévotion réduit aussitôt à néant toutes ces réactions dues à nos fautes. Lorsque le service de dévotion habite le coeur d'une personne, aucun désir d'agir de façon répréhensible n'y a plus sa place. La vie pécheresse résulte de l'ignorance, c'est-à-dire de l'oubli de notre position naturelle et éternelle de serviteur de Dieu; mais dès qu'une personne devient pleinement consciente de Krsna, elle réalise qu'elle est l'éternel serviteur de Krsna.

A cet égard, Srila Jiva Gosvami fait observer que la bhakti comporte deux divisions: celle du service de dévotion qui se poursuit de façon ininterrompue avec foi et amour (santata), et celle du service de dévotion qui n'est pas continu et ne se manifeste que par intervalles (kadacitki). Le premier (santata) se subdivise à son tour en deux catégories: le service accompli avec un léger attachement, et le service de dévotion spontané. Le second (kadacitki), se subdivise encore en trois catégories: le service de dévotion où l'on a presque de l'attachement (ragabhasamayi), le service de dévotion dénué d'amour spontané mais marqué d'un goût pour l'activité naturelle qui consiste à servir (ragabhasa-sunya-svarupa-bhuta), et le service de dévotion à peine manifesté (abhasa-rupa). Or, en ce qui concerne l'expiation (prayascitta), une légère manifestation du service de dévotion suffit à en faire disparaître le besoin. Par suite, l'expiation est certes inutile pour qui a réussi à manifester une affection spontanée pour le Seigneur, et même de l'attachement et de l'amour pour Lui —autant de signes de progrès sur la voie du kadacitki. Même au niveau de l'abhasa-rupa bhakti, toutes les suites de nos fautes sont extirpées et réduites à néant. Selon Srila Jiva Gosvami, le mot kartsnyena signifie que même si l'on a le désir de commettre des actions répréhensibles, les racines de ce désir sont détruites par la simple apparition de l'abhasa-rupa bhakti. L'exemple du soleil (bhaskara) est tout à fait approprié à cet égard. L'aspect abhasa de la bhakti peut être comparé aux premières lueurs de l'aube et l'amas de nos actes pécheurs au brouillard. Puisque le brouillard ne s'étend pas sur l'ensemble du ciel, le soleil n'a qu'à montrer ses premiers rayons pour qu'aussitôt celui-ci se dissipe. Dans le même ordre d'idée, celui qui a ne serait-ce qu'un faible contact avec le service de dévotion voit aussitôt disparaître tout le brouillard de sa vie pécheresse.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare