SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 2 Hiranyakasipu,
roi des asuras.
bhutendriya-mano-lingan
dehan uccavacan vibhuh bhajaty utsrjati hy anyas tac capi svena tejasa
L'âme conditionnée possède une certaine connaissance, et si elle désire utiliser pleinement ses corps grossier et subtil pour progresser réellement dans la vie, elle peut le faire. C'est pourquoi ce verset explique qu'au moyen de son intelligence élevée (svena tajasa), de la puissance que lui confère le savoir supérieur acquis auprès d'une source autorisée -le maître spirituel (acarya)-, elle peut mettre fin à son existence conditionnée dans un corps matériel pour retourner à Dieu, dans sa demeure originelle. Néanmoins, si elle désire se maintenir dans les ténèbres de cet univers matériel, elle peut aussi le faire. Le Seigneur le confirme en ces termes dans la Bhagavad-gita (9.25):
yanti deva-vrata devan
''Ceux qui vouent leur culte aux devas renaîtront parmi les devas; parmi les spectres et autres esprits ceux qui vivent dans leur culte, parmi les ancêtres les adorateurs des ancêtres; de même, c'est auprès de Moi que vivront Mes dévots.''
La forme humaine est très précieuse. On peut utiliser son corps pour se rendre sur les systèmes planétaires supérieurs, sur Pitrloka, ou pour rester sur ce système planétaire inférieur. Mais on peut également retourner à Dieu, en sa demeure originelle; en tant que l'Ame Suprême, le Seigneur Souverain nous en donne le pouvoir. C'est pourquoi Il dit: mattah smrtir jnanam apohanam ca -''De Moi viennent le souvenir, le savoir et l'oubli.'' Celui qui désire recevoir de Dieu la véritable connaissance peut être délivré de la contrainte de revêtir divers corps matériels. Le Seigneur Se montre disposé à guider celui qui adopte Son service de dévotion et qui s'abandonne à Lui, afin qu'il puisse revenir à Lui, en sa demeure originelle; mais si quelqu'un veut stupidement rester dans les ténèbre, il peut également poursuivre son existence matérielle.
pitrn yanti pitr-vratah bhutani yanti bhutejya yanti mad-yajino pi mam
yaval linganvito hy atma
tavat karma-nibandhanam tato viparyayah kleso maya-yogo nuvartate
L'être vivant est emprisonné dans le corps subtil, composé du mental, de l'intelligence et du faux ego. C'est pourquoi à l'heure de la mort, la disposition du mental est la cause de son prochain corps. La Bhagavad-gita (8.6) le corrobore: yam yam vapi smaran bhavam tyajaty ante kalevaram -à l'instant de la mort, la condition mentale de l'être vivant détermine le prochain corps dans lequel il sera acheminé. S'il résiste aux incitations du mental en l'absorbant dans le service d'amour du Seigneur, ce même mental ne pourra le dégrader. Par suite, le devoir de tout être humain consiste à fixer constamment son mental sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur (sa vai manah krsna-padaravindayoh). Lorsque le mental est ainsi orienté vers les pieds pareils-au-lotus de Krsna, l'itelligence se purifie; elle reçoit alors son inspiration de l'Ame Suprême (dadami buddhi-yogam tam). C'est ainsi que l'être vivant progresse en se libérant peu à peu de l'enchaînement à la matière. L'âme individuelle est sujette aux lois de l'action intéressée, mais l'Ame Suprême, le Paramatma, n'est pas affectée par les activités intéressées de l'âme individuelle. Ainsi que le confirment les Upanisads védiques, le Paramatma et le jivatma, comparés à deux oiseaux, sont tous deux présents dans le corps. Le jivatma connaît jouissance et souffrance en mangeant les fruits de ses actes matériels, tandis que la Paramatma, qui n'est pas sujet à cet asservissement, observe et autorise les activités de l'âme individuelle suivant les désirs de cette dernière.
vitathabhiniveso yam
yad gunesv artha-drg-vacah yatha manorathah svapnah sarvam aindriyakam mrsa
Le bonheur et le malheur issus des activités des sens matériels ne sont pas vraiment réels. C'est pourquoi la Bhagavad-gita (6.21) parle d'un bonheur qui transcende la conception matérielle de l'existence (sukham atyantikam yat tad buddhi-grahyam atindriyam). Lorsque nos sens sont purifiés de la souillure matérielle, ils deviennent atindriyas, transcendants, et lorsque ces sens spirituels sont utilisés au service du maître des sens, Hrsikesa, on peut goûter un véritable bonheur spirituel. Les joies et les peines nées du mental subtil n'ont pas de réalité concrète; ce ne sont que des chimères. Ce n'est donc pas sur le plan du mental qu'il faut chercher le bonheur. La meilleure voie consiste plutôt à absorber le mental dans le service du Seigneur, Hrsikesa, car c'est ainsi qu'on pourra connaître une existence de véritable félicité. Les Vedas nous disent: apama-somam amrta abhuma apsarobhir viharama. Considérant cette assertion, certains désirent se rendre sur les planètes édéniques pour y jouir de la compagnie des jeunes filles qui s'y trouvent et y boire le soma-rasa. Toutefois, ce bonheur imaginaire n'a aucune valeur. La Bhagavad-gita (7.23) le confirme en ces termes: antavat tu phalam tesam tad bhavaty alpa-medhasam -''Les hommes de peu d'intelligence rendent un culte aux devas; éphémères et limités sont les fruits de leur adoration.'' Même si, par l'action intéressée ou le culte des devas, on parvient à s'élever jusqu'aux systèmes planétaires supérieurs pour y jouir de plaisirs matériels, la Bhagavad-gita condamne cette situation en la qualifiant de périssable (antavat). Le bonheur qu'on peut ainsi connaître est comparable à celui qu'on éprouve en étreigant une jeune femme dans un rêve; cela peut être agréable pendant un moment, mais le fondement même de ce plaisir est illusoire. Les joies et les peines chimériques conçues par le mental dans cet univers matériel sont comparées à des rêves, car elles n'ont pas d'existence concrète. Tous les projets pour obtenir le bonheur en utilisant les sens matériels sont dépourvus de fondement réel si bien qu'ils n'ont aucune valeur.
atha nityam anityam va
neha socanti tad-vidah nanyatha sakyate kartum sva-bhavah socatam iti
Selon les philosophes du mimamsa, tout est éternel (nitya) et selon les philosophes du sankhya, tout est transitoire (anitya, ou mithya). Cependant, privés de la véritable connaissance de l'âme (atma), ces philosophes ne peuvent qu'être dans l'égarement et continuer à se plaindre comme des sudras. C'est pourquoi Srila Sukadeva Gosvami dit à Pariksit Maharaja:
srotavyadini rajendra
"Aveugles à la connaissance de la Vérité ultime, les hommes absorbés par la vie matérielle s'intéressent à d'innombrables sujets d'ordre temporel, ô empereur." Les hommes ordinaires se livrant à l'action matérielle s'intéressent en effet à un grand nombre de sujets, car ils n'entendent rien à la prise de conscience de soi. Il faut donc être éduqué dans la science de la réalisation spirituelle pour rester fidèle à ses voeux en toutes circonstances.
nrnam santi sahasrasah apasyatam atma-tattvam grhesu grha-medhinam
lubdhako vipine kascit
paksinam nirmito ntakah vitatya jalam vidadhe tatra tatra pralobhayan
Il s'agit là d'un autre incident tiré des récits historiques.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |