SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 5 Prahlada Maharaja,
le saint fils d'Hiranyakasipu.
tatheti guru-putroktam
anujnayedam abravit dharmo hy asyopadestavyo rajnam yo grha-medhinam
Hiranyakasipu désirait que Prahlada Maharaja reçoive une formation politique de roi pour diriger le royaume, le pays ou le monde, et non qu'il soit éduqué dans le renoncement en vue du sannyasa. Le mot dharma ne s'applique pas ici à une quelconque appartenance religieuse. Il est clairement dit: dharmo hy asyopadestavyo rajnam yo grha-medhinam. Il existe deux sortes de familles royales -l'une dont les membres ne s'intéressent qu'à la vie de famille et l'autre composée de rajarsis, des rois qui sont de puissants dirigeants mais aussi de grands saints. Prahlada Maharaja désirait devenir un rajarsi, alors qu'Hiranyakasipu voulait le voir devenir un monarque attaché aux plaisirs des sens (grha-medhinam). C'est pourquoi la société des aryas s'appuie sur le varnasrama-dharma, qui permet à chacun d'être éduqué compte tenu de sa position sociale, c'est-à-dire selon son varna (brahmana, ksatriya, vaisya ou sudra) et selon son asrama (brahmacarya, grhastha, vanaprastha et sannyasa). Le bhakta purifié par le service de dévotion se trouve toujours au niveau transcendantal, hors d'atteinte des attributs matériels. Prahlada Maharaja et Hiranyakasipu divergeaient donc dans leur façon de penser: ce dernier voulait que son fils restât attaché à la matière, alors qu'il transcendait déjà les gunas. Tant qu'une personne subit l'ascendant de la nature matérielle, ses devoirs diffèrent de ceux de l'homme affranchi de ce joug. Le Srimad-Bhagavatam définit le véritable dharma, ou devoir de l'être (dharmam tu saksad bhagavat-pranitam). Ainsi que Dharmaraja, ou Yamaraja, l'expliquait à ses messagers, l'être vivant a une identité spirituelle, de sorte que son occupation naturelle est également spirituelle. Le véritable dharma est celui que préconise la Bhagavad-gita: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja. Il faut renoncer à toute occupation matérielle, de la même façon que l'on doit renoncer à son corps matériel. Quels que soient notre occupation et les devoirs qu'elle nous impose, même dans le cadre de l'institution du varnasrama nous devons y renoncer pour nous acquitter de notre fonction spirituelle. Sri Caitanya Mahaprabhu définit également notre véritable dharma, notre devoir premier: jivera svarupa haya-krsnera nitya-dasa -chaque être vivant est destiné à servir éternellement Krsna. Voilà notre devoir réel.
dharmam artham ca kamam ca
nitaram canupurvasah prahradayocatu rajan prasritavanataya ca
Quatre voies d'action s'offrent à l'homme, qui aboutissent à la libération: dharma, artha, kama et moksa. Pour progresser, l'homme doit adopter une certaine pratique religieuse, et, à partir de là, s'efforcer d'améliorer sa situation économique de manière à pouvoir satisfaire les désirs de ses sens dans le cadre des règles et des principes établis par la religion. Il devient alors plus facile pour lui de se libérer du joug de la matière. C'est là ce que prescrivent les Vedas. Et quand un être se situe à un niveau supérieur à dharma, artha, kama et moksa, il devient un bhakta. Il est alors parvenu au niveau d'où l'on est assuré de ne pas retomber dans l'existence matérielle (yad gatva na nivartante). Ainsi que l'explique la Bhagavad-gita, si quelqu'un transcende ces quatre voies d'action et devient réellement libéré, il s'engage alors dans la voie du service de dévotion. Là, il est assuré de ne pas retomber dans l'existence matérielle.
yatha tri-vargam gurubhir
atmane upasiksitam na sadhu mene tac-chiksam dvandvaramopavarnitam
L'univers tout entier est attiré par un mode de vie matérialiste. De fait, on pourrait dire que 99,9 pour cent de la population des trois mondes se désintéresse de la libération ou de l'éducation spirituelle. Seuls les dévots du Seigneur, à la tête desquels brillent d'aussi nobles personnalités que Prahlada Maharaja et Narada Muni, s'intéressent réellement à la véritable éducation spirituelle. Nul ne peut saisir les principes de la religion s'il demeure au niveau matériel. Il est donc nécessaire de s'inspirer de l'exemple des importantes personnalités dont nous venons de parler. Comme le déclare le Srimad-Bhagavatam (6.3.20):
yadacaryah paravrtto
grhamedhiya-karmasu vayasyair balakais tatra sopahutah krta-ksanaih
A l'heure du repas, lorsque les précepteurs s'absentaient de la classe, les élèves appelaient Prahlada Maharaja pour qu'il vienne jouer avec eux. Cependant, comme nous le verrons dans les versets qui suivent, Prahlada Maharaja n'avait guère envie de s'amuser. Il désirait plutôt utiliser chaque instant pour progresser dans la conscience de Krsna. C'est pourquoi, comme l'indiquent dans ce verset les mots krta-ksanaih, dès qu'une occasion se présentait à lui de prêcher la conscience de Krsna, Prahlada Maharaja employait son temps comme nous allons le voir.
atha tan slaksnaya vaca
pratyahuya maha-budhah uvaca vidvams tan-nistham krpaya prahasann iva
Le fait que Prahlada Maharaja souriait est très révélateur. Les autres élèves étaient très versés dans l'art de jouir de l'existence matérielle par le truchement de la religion intéressée, de la poursuite des richesses et de la satisfaction des sens; mais cela faisait rire Prahlada Maharaja, qui savait très bien que le vrai bonheur ne se trouve pas là, mais plutôt dans le développement de la conscience de Krsna. Le devoir de ceux qui marchent sur les traces de Prahlada Maharaja est d'enseigner au monde entier comment devenir conscient de Krsna et, par là, être véritablement heureux. Les gens à l'esprit matérialiste se conforment à ce qu'on appelle la religion; ils cherchent ainsi à obtenir des bénédictions qui leur permettront d'améliorer leur situation économique et de jouir de ce monde matériel en satisfaisant leurs sens. Mais les bhaktas comme Prahlada Maharaja se rient de leur stupidité en les voyant s'affairer tout au long d'une existence éphémère, sans la moindre connaissance de la transmigration de l'âme d'un corps à un autre. Les matérialistes s'acharnent à obtenir des biens éphémères, tandis que les êtres qui ont progressé dans le savoir spirituel, comme Prahlada Maharaja, n'éprouvent pas la moindre attirance pour un mode de vie matérialiste. Au lieu de cela, ils désirent être élevés à une vie éternelle de connaissance et de félicité. Or, comme Krsna Se montre toujours compatissant envers les âmes déchues, Ses serviteurs, ceux qu'on appelle les dévots de Krsna, se préoccupent également d'instruire l'humanité tout entière dans la conscience de Krsna. Les bhaktas perçoivent clairement l'erreur du matérialisme, et c'est pourquoi ils en sourient, considérant cette voie comme tout à fait vaine. Poussés par la compassion, néanmoins, ces bhaktas prêchent le message de la Bhagavad-gita partout dans le monde.
te tu tad-gauravat sarve
tyakta-krida-paricchadah bala adusita-dhiyo dvandvarameritehitaih
paryupasata rajendra
Les mots bala adusita-dhiyah indiquent que les enfants, tous d'âge tendre, n'étaient pas aussi pollués que leurs pères par le matérialisme. En conséquence, tirant parti de l'innocence de ses camarades de classe, Prahlada Maharaja leur enseigna l'importance de la vie spirituelle et la vanité de l'existence matérielle. Bien que les précepteurs Sanda et Amarka instruisaient tous leurs élèves dans les voies matérialistes de la religion intéressée, de la poursuite des richesses et de la satisfaction des sens, les jeunes garçons n'étaient pas encore trop gâtés. C'est donc avec une attention soutenue qu'ils écoutaient Prahlada Maharaja leur parler de la conscience de Krsna. Au sein de notre Mouvement pour la Conscience de Krsna, le guru-kula joue un rôle d'une extrême importance dans nos activités, car dès leur plus jeune âge, les garçons sont instruits dans la conscience de Krsna. Ils s'affermissent ainsi au plus profond de leur coeur, de telle sorte qu'il y a bien peu de chance pour qu'ils soient vaincus par les modes d'influence de la nature matérielle une fois qu'ils auront atteint l'âge mûr. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le cinquième chapitre du septième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé. "Prahlada Maharaja, le saint fils d'Hiranyakasipu''.
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