SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7
CHAPITRE 6

Prahlada instruit
ses camarades de classe
démoniaques.

VERSET 26

dharmartha-kama iti yo bhihitas tri-varga
iksa trayi naya-damau vividha ca varta
manye tad etad akhilam nigamasya satyam
svatmarpanam sva-suhrdah paramasya pumsah

TRADUCTION

La religion, la prospérité et la satisfaction des sens cosntituent, dans les Vedas, le tri-varga ou les trois voies qui mènent au salut. Ces trois catégories englobent l'éducation et la réalisation de soi, les rites accomplis suivant les principes védiques, la logique, la science des lois et de la justice, ainsi que les divers moyens de subsistance. Ce sont là les sujets d'étude externes des Vedas, et c'est pourquoi je les regarde comme matériel. Au contraire, je considère comme étant de nature spirituelle l'abandon aux pieds pareils-au-lotus de Sri Visnu.

TENEUR ET PORTEE

Ces instructions de Prahlada Maharaja soulignent la nature spirituelle et absolue du service de dévotion. Ainsi que le confirme la Bhagavad-gita (14.26):

mam ca yo vyabhicarena
bhakti-yogena sevate
sa gunan samatityaitan
brahma-bhuyaya kalpate

"Celui qui tout entier s'absorbe dans le service de dévotion sans jamais faillir, transcende dès lors les trois gunas et atteint par là le niveau du Brahman." Celui qui s'absorbe pleinement dans le service du Seigneur se voit immédiatement élevé au niveau spirituel, appelé brahma-bhuta. Toute forme d'éducation ou d'activité ne relevant pas du brahma-bhuta, de la réalisation spirituelle, doit être considérée comme matérielle, et Prahlada Maharaja déclare que rien de matériel ne peut être la Vérité Absolue, car la Vérité Absolue se situe au niveau spirituel. Krsna le confirme dans la Bhagavad-gita (2.45) lorsqu'Il dit: traigunya-visaya veda nistraigunyo bhavarjuna -"Dépasse, ô Arjuna, les trois gunas, ces influences de la nature matérielle qui font l'objet premier des Vedas." L'action matérielle, même approuvée par les Vedas, ne représente pas le but ultime de l'existence. Ce dernier consiste à se maintenir au niveau spirituel, dans un abandon total à la Personne Suprême, le parama-purusa. Telle est la mission qui incombe à l'être humain. En résumé, disons que les cérémonies et les prescriptions védiques ne doivent pas être négligées, car elles représentent autant de moyens de s'élever jusqu'au niveau spirituel; mais si elles ne conduisent pas celui qui les observe au niveau spirituel, elles ne sont alors que pure perte de temps. C'est ce que confirme le Srimad-Bhagavatam (1.2.8):

dharmah svanusthitah pumsam
visvaksena-kathasu yah
notpadayed yadi ratim
srama eva hi kevalam

"Les occupations, les devoirs de l'homme, accomplis par chacun selon sa position, sont autant d'efforts inutiles s'ils ne suscitent en lui un attrait pour le message du Seigneur Suprême." Si l'on accomplit. très strictement les différents devoirs prescrits par la religion, mais sans parvenir à s'abandonner finalement au Seigneur Suprême, ces pratiques en vue d'atteindre le salut ou de s'élever vers des sphères plus élevées se traduisent par une pure perte de temps et d'énergie.

VERSET 27

jnanam tad etad amalam duravapam aha
narayano nara-sakhah kila naradaya
ekantinam bhagavatas tad akincananam
padaravinda-rajasapluta-dehinam syat

TRADUCTION

Narayana, le Seigneur Souverain, l'ami et le bienfaiteur de tous les êtres, a autrefois révélé ce savoir spirituel au grand saint Narada. Il est extrêmement difficile de saisir cette connaissance confidentielle sans la grâce d'un saint personnage comme Narada, mais quiconque s'en remet à sa filiation spirituelle peut y accéder.

TENEUR ET PORTEE

Ce verset déclare que le savoir confidentiel dont il est ici question est extrêmement difficile à comprendre, mais qu'il devient très facilement accessible à qui trouve refuge auprès d'un pur bhakta. Il est également fait mention de ce savoir impénétrable à la fin de la Bhagavad-gita (18.66), là où le Seigneur déclare: sarva-dharman parityajya mam ekam saranam vraja -"Laisse là toute autre forme de religion et abandonne-toi simplement à Moi." Cette connaissance est un secret extrêmement confidentiel, mais le mystère peut en être percé par quiconque s'approche de Dieu, la Personne Suprême, par l'intermédiaire de l'agent autorisé qu'est le maître spirituel appartenant à la filiation spirituelle de Narada. Prahlada Maharaja voulait ici bien faire comprendre aux fils des asuras que bien que ce savoir ne soit accessible qu'à un saint homme comme Narada, ils ne devaient pas en éprouver de dépit, car celui qui s'en remet à Narada plutôt qu'à des précepteurs matériels peut, lui aussi, comprendre ce savoir; cette compréhension ne dépend pas d'une naissance noble. Il ne fait aucun doute que l'être est pur au niveau spirituel, si bien que quiconque atteint ce niveau par la grâce du maître spirituel peut également comprendre cette connaissance confidentielle.

VERSET 28

srutam etan maya purvam
jnanam vijnana-samyutam
dharmam bhagavatam suddham
naradad deva-darsanat

TRADUCTION

[Prahlada Maharaja poursuivit:]
J'ai reçu cette connaissance du grand saint Narada Muni, qui sans cesse s'absorbe dans le service de dévotion. Ce savoir, qu'on désigne sous le nom de bhagavata-dharma, est tout à fait scientifique. Il repose sur la logique et la philosophie, et il est exempt de toute souillure matérielle.

VERSET 29-30

sri-daitya-putra ucuh
prahrada tvam vayam capi
narte nyam vidmahe gurum
etabhyam guru-putrabhyam
balanam api hisvarau

balasyantahpura-sthasya
mahat-sango duranvayah
chindhi nah samsayam saumya
syac ced visrambha-karanam

TRADUCTION

Les fils des asuras lui répondirent:
Cher Prahlada, ni toi ni nous ne connaissons d'autres précepteurs ou maîtres spirituels que Sanda et Amarka, les fils de Sukracarya. Après tout, nous ne sommes que des enfants, et ceux-ci sont nos maîtres. Plus spécialement encore pour toi, qui vis toujours à l'intérieur du palais, il est très difficile de rencontrer un saint homme. Cher ami, toi si bienveillant, aie la bonté de nous expliquer comment tu as pu entendre les enseignements de Narada? Veuille dissiper nos doutes à cet égard.

Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le sixième chapitre du septième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Prahlada instruit ses camarades de classe démoniaques."


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare