SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 7 CHAPITRE 9 Prahlada apaise Sri
Nrsimhadeva avec des prières.
mauna-vrata-sruta-tapo- dhyayana-sva-dharma-
vyakhya-raho-japa-samadhaya apavargyah prayah param purusa te tv ajitendriyanam varta bhavanty uta na vatra tu dambhikanam
Le Srimad-Bhagavatam (6.1.15) enseigne:
kecit kevalaya bhaktya
"Seuls les êtres rares qui se consacrent complètement au service de dévotion pur offert à Krsna peuvent extirper les mauvaises herbes du péché de telle sorte qu'elles ne puissent plus repousser. Et ils y parviennent par le seul fait de pratiquer le service de dévotion, tout comme le soleil, de ses rayons, peut dissiper le brouillard en un rien de temps." Le véritable but de la vie humaine consiste à se libérer de l'asservissement à la matière. Cette libération peut être obtenue par de nombreuses méthodes (tapasa brahmacaryena samena ca damena ca), mais toutes reposent plus ou moins sur l'austérité (tapasya), qui commence avec le célibat. Sukadeva Cosvami dit que ceux qui se sont tout entiers abandonnés aux pieds pareils-au-lotus de Vasudeva, Krsna (vasudeva-parayana), récoltent automatiquement les fruits de l'observance du silence (mauna), des voeux (vrata) et de toute autre pratique similaire, par le seul accomplissement du service de dévotion. En d'autres termes, ces différentes méthodes ne sont pas très efficaces. Il suffit d'adopter le service de dévotion pour obtenir les mêmes résultats sans aucun mal.vasudeva-parayanah agham dhunvanti kartsnyena niharam iva bhaskarah Le mauna, par exemple, ne consiste pas à cesser de parler purement et simplement. La langue est faite pour parler, même s'il arrive que quelqu'un se taise complètement pour impressionner les masses. Bien des gens observent le silence un certain jour de la semaine. Les vaisnavas, cependant, n'observent pas cette sorte de silence. Le vrai silence, c'est de ne pas dire de bêtises. Ceux qui prennent la parole dans les assemblées, au cours de conférences ou de réunions diverses ne débitent en général que des inepties, ressemblant en cela à des crapauds. C'est ce que Srila Rupa Gosvami exprime par les mots vaco vegam. Celui qui désire dire quelque chose peut se montrer un grand orateur, mais plutôt que de continuer à dire des bêtises, il ferait mieux de garder le silence. Par suite, cette pratique du silence est recommandée à ceux qui aiment beaucoup parler pour ne rien dire. Quiconque n'est pas un bhakta débite nécessairement des inepties car il n'a pas le pouvoir de parler des gloires de Krsna. De la sorte, tout ce qu'il dit est influencé par l'énergie illusoire et comparé au coassement d'une grenouille. En revanche, celui qui parle des gloires du Seigneur n'a pas à garder le silence. Caitanya Mahaprabhu recommande de chanter constamment les gloires du Seigneur, vingt-quatre heures par jour (kirtaniyah sada harih). Dans ce cas, il n'est pas question de rester silencieux (mauna). Les dix méthodes de libération ou de progrès sur la voie de la libération ne sont pas destinées aux bhaktas. Il suffit en effet de pratiquer le service de dévotion offert au Seigneur pour observer du même coup ces dix méthodes (kevalaya bhaktya). Prahlada Maharaja propose que l'on recommande ces pratiques à ceux qui ne peuvent se rendre maîtres de leurs sens (ajitendriya). Toutefois, les bhaktas ont déjà dominé leurs sens; ils sont déjà affranchis de la souillure matérielle (sarvopadhi-vinirmuktam tat-paratvena nirmalam). C'est pourquoi Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura a dit:
dusta mana! tumi kisera vaisnava? pratisthara tare, nirjanera ghare,
Nombreux sont ceux qui aiment chanter le mantra Hare Krsna en un lieu silencieux et retiré, mais pour celui qui ne s'intéresse pas à la prédication et qui ne s'adresse pas constamment aux abhaktas, l'influence des gunas est très difficile à surmonter. Aussi, à moins d'être extrêmement avancé dans la conscience de Krsna, il ne faut pas chercher à imiter Haridasa Thakura, qui n'avait d'autre occupation que de chanter les Saints Noms vingt-quatre heures par jour. Prahlada Maharaja ne rejette pas cette pratique; il la reconnaît comme étant valable, mais en général, à moins de servir activement le Seigneur, elle ne peut à elle seule permettre d'obtenir la libération. On ne peut atteindre la libération en entretenant un vain orgueil.
tava harinama kevala kaitava
rupe ime sad-asati tava veda-srste
bijankurav iva na canyad arupakasya yuktah samaksam ubhayatra vicaksante tvam yogena vahnim iva darusu nanyatah syat
Comme l'expliquaient les versets précédents, bien des soi-disant aspirants à la réalisation spirituelle adoptent les dix méthodes dites mauna-vrata-sruta-tapo-dhyayana-sva-dharma-vyakhya-raho-japa-samadhayah. Elles sont peut-être très attrayantes, mais elles ne permettent pas de saisir réellement la nature véritable de la cause et de l'effet, ni de percevoir la cause originelle de tout ce qui existe (janmady asya yatah). La source originelle de toute chose est Dieu, la Personne Suprême (sarva-karana-karanam), c'est-à-dire, Krsna, le maître suprême; Il a une Forme spirituelle éternelle (isvarah paramah krsnah sac-cid-ananda-vigrahah). Il est la racine de tout ce qui est (bijam mam sarva-bhutanam). La cause de n'importe quelle manifestation est Dieu, la Personne Suprême. On ne peut comprendre cela par la pratique d'un prétendu silence ou par toute autre méthode fabriquée de toutes pièces. On ne peut connaître la cause suprême que par le service de dévotion, ainsi que l'enseigne la Bhagavad-gita (bhaktya mam abhijanati). Dans un autre passage du Srimad-Bhagavatam (11.14.21), le Seigneur déclare personnellement: bhaktyaham ekaya grahyah -on ne peut comprendre la Cause première de toutes les causes, la Personne Suprême, que par la pratique du service de dévotion, et non par quelque forme d'exhibitionnisme.
tvam vayur agnir avanir viyad ambu matrah
pranendriyani hrdayam cid anugrahas ca sarvam tvam eva saguno vigunas ca bhuman nanyat tvad asty api mano-vacasa niruktam
Voici expliqué le concept de l'omniprésence de Dieu, la Personne Suprême, et la façon dont Il pénètre toutes choses en tous lieux. Sarvam khalv idam brahma: tout est Brahman -le Brahman Suprême, Krsna. Rien n'existe sans Lui. Le Seigneur déclare d'ailleurs Lui-même dans la Bhagavad-gita (9.4):
naite guna na gunino mahad-adayo ye
sarve manah prabhrtayah sahadeva-martyah ady-antavanta urugaya vidanti hi tvam evam vimrsya sudhiyo viramanti sabdat
Il est souligné en plusieurs endroits: bhaktya mam abhijanati -seul le service de dévotion permet de comprendre la nature divine du Seigneur Suprême. L'homme intelligent, le bhakta, ne se préoccupe guère des pratiques, mentionnées dans le verset 46 (mauna-vrata-sruta-tapo-dhyayana-sva-dharma). Après avoir accédé à la connaissance du Seigneur Souverain grâce à la pratique du service de dévotion, ces bhaktas ne s'intéressent plus à l'étude des Vedas. Les Vedas eux-mêmes le confirment d'ailleurs en ces termes: kim artha vayam adhyesyamahe kim artha vayam vaksyamahe. "A quoi bon étudier tant d'Ecrits védiques? Et à quoi bon les expliquer de différentes manières? Vayam vaksyamahe. Personne n'a plus besoin d'étudier les Ecritures védiques, ni de les expliquer en recourant à la spéculation philosophique. La Bhagavad-gita (2.52) enseigne également:
yada te moha-kalilam
Lorsqu'on parvient à connaître Dieu, la Personne Suprême, par la pratique du service de dévotion, on cesse d'étudier les Ecritures védiques. Il est également, écrit: aradhito yadi haris tapasa tatah kim -si l'on
peut connaître la Personne Souveraine telle qu'elle est et se vouer à Son service, les rudes austérités, la pénitence et toutes les autres pratiques de ce genre n'ont plus de raison d'être. En revanche, si, après s'être livré à de rudes austérités et avoir fait, pénitence, on ne réalise toujours pas la Personne Divine, ces pratiques sont vaines.
buddhir vyatitarisyati tada gantasi nirvedam srotavyasya srutasya ca
tat te rhattama namah stuti-karma-pujah
karma smrtis caranayoh sravanam kathayam samsevaya tvayi vineti sad-angaya kim bhaktim janah paramahamsa-gatau labheta
Les Vedas nous enjoignent: nayam atma pravacanena labhyo na medhaya na bahuna srutena -nul ne peut connaître Dieu, la Personne Suprême, par la simple étude des Vedas ou l'offrande de prières. Seule la grâce du Seigneur Souverain peut nous permettre de Le connaître. C'est pourquoi la seule méthode qui donne de réaliser Dieu en personne est la bhakti. Le simple fait d'observer les injonctions védiques en vue de comprendre la Vérité Absolu, sans pratiquer la bhakti, ne nous sera d'aucune aide. La voie de la bhakti est comprise par le paramahamsa, celui qui a accepté l'essence de toute chose. Les fruits de la bhakti sont réservés à de tels paramahamsas, et aucune méthode védique autre que le service de dévotion ne permet d'accéder à ce stade. Les autres méthodes, comme le jnana et le yoga, ne peuvent vraiment porter leurs fruits que lorsqu'elles s'accompagnent de la pratique de la bhakti. Lorsque nous parlons de jnana-yoga, de karma-yoga et de dhyana-yoga, le mot yoga sous-entend bhakti. Le bhakti-yoga, ou buddhi-yoga, accompli avec intelligence et en pleine connaissance de cause, représente la seule méthode fructueuse pour retourner à Dieu, en sa demeure originelle. Si quelqu'un désire se libérer des tourments de l'existence matérielle et atteindre rapidement son but, il doit adopter le service de dévotion.
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