Quant au mot mauna, il signifie "silence". A moins d'observer le silence, on ne peut se concentrer pleinement sur les Divertissements et les Activités du Seigneur. Cela ne veut pas dire que l'on fait le voeu de mauna parce qu'on est stupide ou qu'on ne sait pas bien parler. Au contraire, on observe le silence de manière à ne pas être dérangé par autrui. Canakya Pandita affirme qu'un insencé peut sembler très intelligent tant qu'il ne parle pas. Un individu se juge aux paroles qui sortent de sa bouche. Le silence artificiel d'un svami impersonnaliste indique qu'il n'a rien à dire; tout ce qu'il veut, c'est mendier. Mais le silence observé par Kardama Muni n'est pas du tout de la même nature, car il était devenu silencieux pour s'affranchir de tout propos inepte.
On désigne d'ailleurs quelqu'un du nom de muni lorsqu'il sait rester grave et ne dit pas de bêtises. Maharaja Ambarisa est, à cet égard, un excellent exemple: chaque fois qu'il parlait, c'était pour décrire les Divertissements du Seigneur. Le mauna consiste à s'abstenir de tout propos inepte et à employer la parole pour narrer les Divertissements du Seigneur. Ainsi peut-on chanter et écouter les gloires du Seigneur de façon à parfaire son existence. Le mot vratam, lui, indique que l'on doit formuler un voeu dans l'esprit défini par la Bhagavad-gita: amanitvam adambhitvam, c'est-à-dire sans désir d'être honoré et sans s'enorgueillir de sa position matérielle. Il est également fait mention d'ahimsa, la non-violence. On compte en tout dix-huit principes à suivre permettant d'acquérir le savoir et d'atteindre la perfection, et à travers son voeu, Kardama Muni adopta tous ces principes de réalisation spirituelle.
(Srimad-Bhagavatam 3.24.42 - Teneur et portée)