vyasana-karsita-manah kantaka-sarkara-ksetram pravisann iva sidati.
Celui qui embrasse la vie de famille se doit d'accomplir de nombreux yajnas et autres rites, particulièrement le vivaha-yajna [la célébration du mariage des fils et des filles] et la cérémonie du cordon sacré. Ce sont là des devoirs pénibles qui requièrent d'importants préparatifs de la part du grhastha. On les compare à une grande montagne dont il faut triompher lorsqu'on est attaché aux activités matérielles; celui qui désire mener à bien ces divers rites connaît certainement des douleurs comparables aux entailles qu'épines et cailloux infligent à celui qui tente d'escalader une montagne. Ainsi, l'âme conditionnée souffre sans fin.
Il y a de nombreuses solennités sociales dont il faut s'acquitter pour conserver son prestige dans la société. Diverses célébrations ou cérémonies caractérisent à cet effet différents pays ou types de sociétés. En Inde, le père est censé arranger le mariage de ses enfants. On considère alors qu'il s'est acquitté de toutes ses responsabilités familiales. L'organisation des mariages est chose bien difficile, particulièrement de nos jours où personne n'est plus en mesure d'accomplir les rites ou sacrifices requis, ni de payer pour les cérémonies et les fêtes devant marquer le mariage de ses fils et de ses filles. Il en résulte que les chefs de famille sont affligés lorsqu'ils doivent s'acquitter de ces devoirs sociaux; c'est comme s'ils étaient blessés par des épines et des cailloux pointus. Toutefois, l'attachement matériel est si puissant qu'en dépit de toutes les souffrances qu'il occasionne, on ne peut y renoncer. C'est pourquoi Prahlada Maharaja déclare:
vanam gato yad dharim asrayeta
La vie de famille, avec tout son prétendu confort, peut être comparée à un puits caché au milieu d'un champ. Si quelqu'un tombe dans un puits profond caché par les herbes environnantes, en dépit de tous ses appels à l'aide il y laissera sa vie. C'est pourquoi les spiritualistes très avancés recommandent de ne pas entrer dans le grhastha-asrama. Mieux vaut apprendre l'austérité dans le brahmacarya-asrama et demeurer brahmacari toute sa vie; de cette manière, on n'aura pas à subir les blessures infligées par les épines de la vie matérielle au sein du grhastha-asrama. Le grhastha doit accepter les invitations d'amis et de proches, et suivre divers usages et rites; ce faisant, il se laisse prendre à de telles activités même s'il n'a pas suffisamment de ressources pour les poursuivre. Celui qui désire maintenir un train de vie de grhastha doit travailler très dur pour obtenir l'argent nécessaire; il s'enlise alors dans l'existence matérielle, et doit en subir les piqûres d'épines.