VERSET 1Le Seigneur Bienheureux dit : Maintenant écoute, ô fils de Prtha. Voici de quelle manière, pleinement conscient de Moi dans la pratique du yoga, ton mental à Moi lié, tu Me connaîtras tout entier, sans plus le moindre doute.
VERSETS 2-3Dans sa totalité, Je te la révélerai, cette connaissance et du phénomène et du noumène, hors de quoi il n'est rien qui reste à connaître. Parmi des milliers d'hommes, un seul, peut-être, recherchera la perfection, et parmi ceux qui l'atteignent, rare celui qui Me connaît en vérité.
VERSET 4Terre, eau, feu, air, éther, mental, intelligence et faux ego, ces huit éléments, distincts de Moi-même, constituent Mon énergie inférieure.
VERSET 5O Arjuna aux-bras-puissants, outre cette énergie inférieure, une autre énergie est Mienne, une énergie supérieure, spirituelle ; les êtres vivants, qui luttent avec la nature matérielle et par quoi l'univers subsiste, la constituent.
VERSET 6De toutes choses en ce monde, matérielles comme spirituelles, sache que Je suis l'Origine et la Fin.
VERSETS 7-8Nulle vérité ne M'est supérieure, ô conquérant des richesses. Tout sur Moi repose, comme des perles sur un fil. De l'eau Je suis la saveur, ô fils de Kunti, du soleil et de la lune la lumière, des mantras védiques la syllabe om. Je suis le son dans l'éther, et dans l'homme l'aptitude.
VERSET 9De la terre Je suis le parfum originel, et du feu la chaleur. Je suis la vie en tout ce qui vit, et l'ascèse de l'ascète.
VERSETS 10-11Sache-le, ô fils de Prtha, Je suis de tous les êtres la Semence première. De l'intelligent Je suis l'intelligence, et du puissant la prouesse. Je suis la force du fort exempt de désir et de passion. Je suis, ô prince des Bharatas, l'union charnelle qui n'enfreint pas les principes de la religion.
VERSETS 12-13Tout état de l'être, qu'il relève de la Vertu, de la Passion ou de l'Ignorance, n'est qu'une manifestation de Mon énergie. En un sens, Je suis tout ; jamais, cependant, Je ne perds Mon individualité. Comprends qu'aux gunas Je ne suis pas soumis. Egaré par les trois gunas [Vertu, Passion et Ignorance], l'Univers entier ignore qui Je suis, Moi le Suprême, l'Intarissable, qui transcende ces influences matérielles.
VERSET 14L'énergie que constituent les trois gunas, cette énergie divine, la Mienne, on ne peut, sans mal, la dépasser. Mais qui s'abandonne à Moi en franchit facilement les limites.
VERSET 15Les sots, les derniers des hommes, ceux dont le savoir est dérobé par l'illusion, les démoniaques,-ces mécréants ne s'abandonnent pas à Moi.
VERSET 16De quatre ordres, ô Arjuna, les vertueux qui avec dévotion Me servent : le malheureux, le curieux, l'homme qui poursuit la richesse et celui qui désire connaître l'Absolu, ô prince des Bharatas.
VERSET 17De tous, supérieur est le sage parfait au savoir, que le service de dévotion pur unit à Moi. Je lui suis très cher, comme il M'est aussi très cher.
VERSETS 18-19Tous ces bhaktas sont certes des âmes magnanimes, mais celui qui Me connaît, Je considère qu'il vit en Moi. Absorbé dans Mon service absolu, il vient à Moi. Après de nombreuses renaissances, lorsqu'il sait que Je suis tout ce qui est, la Cause de toutes les causes, l'homme au vrai savoir s'abandonne à Moi. Rare un tel mahatma.
VERSETS 20-21Ceux dont le mental est déformé par les désirs matériels se vouent aux devas ; ils suivent, chacun selon leur nature, les divers rites propres à leur culte. J'habite le coeur de chacun en tant qu'Ame Suprême. Et dès qu'un homme désire rendre un culte aux devas, c'est Moi qui affermis sa foi et lui permets ainsi de se vouer au deva qu'il a choisi.
VERSETS 22-24Plein de cette foi, il demande au deva certaines faveurs, et voit ses désirs comblés. Mais en réalité, ces bienfaits viennent de Moi seul. Les hommes à l'intelligence brève rendent un culte aux devas ; éphémères et limités sont les fruits de leur adoration. Qui se voue aux devas atteint leurs planètes, quand Mes dévots, cependant, certes, atteignent Ma planète, la suprême. Les hommes sans intelligence, ne Me connaissant point, croient que J'emprunte cette Forme, cette personnalité. Leur ignorance les empêche de connaître Ma nature, suprême et immuable.
VERSET 25Je ne Me montre jamais aux sots ni aux insensés ; par Ma puissance interne [yoga-maya], Je suis pour eux voilé. Ce monde égaré ne Me connaît donc point, Moi le Non-né, l'Impérissable.
VERSET 26Parce que Je suis Dieu, la Personne Suprême, ô Arjuna, Je sais tout du passé, du présent et de l'avenir. Je connais aussi tous les êtres ; mais Moi, nul ne Me connaît.
VERSET 27O descendant de Bharata, ô vainqueur des ennemis, tous les êtres naissent dans l'illusion, ballottés par les dualités du désir et de l'aversion.
VERSET 28Mais les hommes libres de ces dualités, fruits de l'illusion, les hommes qui, dans leurs vies passées comme dans cette vie, furent vertueux, les hommes en qui le péché a pris fin, ceux-là Me servent avec détermination.
VERSET 29Par le service de dévotion, ils prennent refuge en Moi, ces hommes d'intelligence qui s'appliquent à s'affranchir de la vieillesse et de la mort. En vérité, ils sont au niveau du brahman : ils possèdent entière la connaissance des actes, spirituels ou matériels.
VERSET 30Qui Me connaît comme le Seigneur Suprême, Principe même de la manifestation matérielle, Source des devas et Maître de tous sacrifice, peut, le mental fixe, même à l'instant de mourir, Me saisir et Me connaître encore.
FIN DU SEPTIÈME CHAPITRE