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Mercredi le 14 août, 2002

"Imagine"(John Lennon)
Pour écouter.

Imaginez que le ciel n’existe pas
Il suffit d’essayer
Pas d’enfer sous la terre
Au-dessus, que le ciel
Imaginez tout le monde
Qui ne vit que pour le moment présent

Imaginez : aucun pays
Ce n’est pas difficile
Aucune raison de tuer ou de mourir
Aucune religion non plus
Imaginez tout le monde
Qui vit en paix

Imaginez la vie sans possessions
Je me demande si vous le pouvez
Aucun besoin d’envie, aucune famine
Une grande fraternité humaine
Imaginez tout le monde
Qui partage un même monde

Vous pouvez me traîter de rêveur
Mais je ne suis pas le seul
J’espère qu’un jour vous vous joindrez à nous
Et que le monde ne fera qu’un.

La première fois que j’ai entendu Imagine de John Lennon, je dois avouer que le texte de cette chanson m’a laissé perplexe. "Imagine there's no heaven..." C’était osé, déroutant: imaginer que le paradis n’existe pas... pourquoi? Comment un tel concept pouvait-il s’avérer utile? Qu’avait bien pu penser John Lennon en écrivant cette chanson?

Je crois qu’il est inutile de chercher midi à quatorze heures. Il suffit de regarder autour de soi pour réaliser que tous et chacun ont leur propre théorie à propos de Dieu et du paradis. Les Chrétiens affirment que « Jésus est le seul chemin ! » et que leur religion est la seule véritable connaissance transmise par Dieu et établie par saint Pierre. Les Juifs, de leur côté, revendiquent le statut de « peuple élu » (Israël signifie ‘mon peuple’) et les Musulmans veulent imposer Allah et Mahomet en tant qu’autorités suprêmes. Et tous sont prêts à mourir pour leur vérité absolue...

Mais le paradis n’est pas un cadeau qu’on se mérite par le combat ou la guerre, ni par la prière d’ailleurs. Parlons justement du ciel: où se situe donc le paradis? Supposons que vous mourez: où allez-vous? Vous ne pourriez même pas vous rendre sur Mars ou Neptune, que dire d’aller au ciel? À moins de croire qu’un ange, ou Dieu lui-même, ou Krishna, ou Jésus ou Mahomet ne vienne personnellement vous chercher - votre vie ayant été exceptionnelle, celle d’un saint ou d’une sainte...

D’autre part, le Bouddhisme et l’Hindouisme nous rappellent que l’éternité, c’est maintenant et que le paradis, auquel se réfère John, est en fait lié au concept du karma yoga, une récompense qui se mérite par de bonnes actions accomplies au cours d’une vie. Ce concept a été élaboré surtout pour les gens de moindre intelligence qui ont absolument besoin d’une récompense pour les guider et les motiver à mener une vie de bonté et de vertu. Ce n’est pas ce que l’on peut qualifier d’« amour inconditionnel ». On est prêt à aimer Dieu et son prochain, mais à condition de pouvoir obtenir un billet pour le Disneyland de Dieu, ou le paradis.

Il est primordial de se rappeler que John et Yoko dès 1968-1969 flirtaient déjà avec la philosophie hindouiste et bouddhiste. Quand j’ai rencontré John au cours du célèbre Bed-in de Montréal, tous deux suivaient un régime zen macrobiotique, avaient fréquenté le Maharishi et le Mouvement pour la Conscience de Krishna.

Contrairement au Chrétien qui veut aller au ciel en mourant, le Bouddhiste accepte lui de reprendre naissance en ce monde tant et aussi longtemps que l’humanité souffrira. Son salut personnel importe peu. La tradition veut que le Dalaï Lama actuel ait laissé une lettre avant de mourir, et c’est par cette même lettre que les moines ont pu le retrouver dans cette incarnation présente. Le jeune Orgyen Trinlay Dorje, 17e Karmapada, qui a quitté le Tibet récemment pour aller rejoindre le Dalaï Lama en Inde avait fait la même chose avant de quitter son corps dans sa vie précédente. Dans cette même lettre, il précisait où et quand il reviendrait en ce monde, consciemment. Celui qui absorbe la connaissance et chemine vers la réalisation de soi atteint cet état que les Chrétiens nomment « état de grâce » et dans cet état, peu importe où, quand, avec qui et dans quelle religion l’âme se situe. Le paradis, c’est ce que nous faisons de notre vie, maintenant. C’est un état de grâce universel, d’amour inconditionnel et non une récompense future, un lieu de délices à la Disneyworld spirituel. Et John chante: “Imagine there’s no heaven… above us only sky”, finie l’interprétation sectaire et raciste d’un paradis pour Chrétiens, pour Juifs, pour Musulmans ou Témoins de Jéhovah. Les Manuscrits de la Mer Morte nous rappellent aussi que la pensée chrétienne originelle est similaire dans son essence, que le paradis et l’éternité sont avant tout atteints dans le moment présent, en totale harmonie avec l’univers qui nous entoure. Ainsi, et ainsi seulement, peut-on comprendre qu’un « ciel » caché dans l’espace importe peu. Le paradis est possible maintenant, ici, quand l’âme s'unit avec Dieu et avec Sa création. Rappelons-nous que la Bible nous dit que « Dieu est partout ». Ainsi, quand vous accueillez Dieu et son amour inconditionnel en vous, vous êtes au Paradis. Que peut-on espérer de plus? Un siège aux premières loges, sur un nuage?

“Imagine there's no heaven”, résume bien la pensée zen de John: il faut laisser de côté nos conceptions sectaires et nos arguments racistes afin d’essayer de prouver au reste des humains la suprématie de notre religion. Il faut réunifier notre famille. En français, j’appelle mon père « papa » et mon frère en Angleterre l’appelle ‘Dad’ - nous parlons pourtant de la même personne.

“Imagine there's no heaven... above us only sky” Que doit-on faire alors? La réponse est toute simple... Il nous faut devenir meilleurs, maintenant - pas pour demain ou pour une récompense future à venir dans l’éternité, mais tout de suite, afin de travailler ensemble à rendre ce monde habitable, à en faire un paradis terrestre. Nous savons tous que ce monde est temporaire et qu’ici, le bonheur et le malheur se côtoient et alternent sans cesse. Le jour est-il pour autant l’ennemi de la nuit? L’hiver, l’ennemi de l’été? Ce n’est que le rythme des saisons inhérent à ce monde éphémère.

John Lennon propose donc que nous cessions d’attendre en espérant un cadeau futur et que nous agissions tout de suite, dans ce corps de matière, sur cette planète. Il nous demande de ne pas jouer notre vie sur des peut-être, ou sur un avenir probable, un ciel de plaisirs ou simplement par peur d’une damnation éternelle. John nous propose de vivre pleinement notre présent, de créer le paradis ici et maintenant par l’amour inconditionnel. Ainsi, que nous mourions ou non, nous y serons déjà!

Il est dit dans les Ecritures védiques que le monde matériel est une partie du monde spirituel. Nous sommes en quelque sorte déjà dans le monde spirituel, car tout appartient à Krishna. Ce n'est qu'une question de conscience et pour mieux comprendre il suffit de réciter le maha-mantra: Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare

Dans le monde spirituel, marcher, c'est danser; parler, c'est chanter! Voilà la Conscience de Krishna: chanter, danser et festoyer. Une vie meilleure: maintenant!

Écrit par Murari dasa.

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