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Les derniers jours d’un néo-zélandais Le 5 janvier 2003 Par ROBYN MCLEAN
Le néozélandais qui demeura auprès de George Harrison pendant sa maladie vient de rompre son silence et a révélé la nature du lien très particulier qui l’unissait au fameux musicien.
Mukunda Goswami, qui habite à Auckland et qui fit découvrir à George Harrison le Mouvement Hare Krishna à Londres en 1969, a accordé une interview exclusive au Sunday Star-Times sur sa solide amitié avec Harrison. « C’était un homme qui vivait intensément sa spiritualité et qui n’avait pas peur de mourir. Il croyait en Dieu » , déclare le moine de 60 ans au crâne rasé. Il demeura toujours près de Harrison pendant ses derniers jours alors que celui-ci luttait contre un cancer du cerveau, de la gorge et du poumon depuis plus d’une année. « Tout le monde recherche le bonheur et (la réincarnation) permet aux gens de trouver un sens ou de l’espoir en sachant qu’il y a quelque chose de meilleur et que la mort n’est pas la fin de tout. L’âme continue de vivre. Ainsi la mort ne devient pas une expérience triste puisqu’une meilleure expérience nous attend. » Il rencontra Harrison en 1969, alors que quelques dévots et lui-même avaient déménagé à Londres depuis les Etats-Unis. Il déclare qu’il possédait « une pensée très profonde et c’était magnifique d’être avec lui ». « Nous étions quelques-uns à quitter San Francisco pour aller en Angleterre. On pourrait dire que nous étions des missionnaires. Nous voulions nous faire connaître au Royaume Uni. L’idée d’aller dans un autre pays avec une langue trop différente ne nous plaisait pas – cela aurait été trop difficile. Quand les dévots retournèrent aux studios Apple des Beatles, Harrison voulut les rencontrer. « Il dit qu’il nous avait vu chanter et était curieux d’en savoir plus sur notre mouvement. » C’était très encourageant de savoir qu’un membre du groupe de musique pop le plus poulaire au monde s’intéressait au mouvement pour la conscience de Krishna. « Nous étions tous des fans des Beatles », déclare le Goswami. Ils avaient une grande influence sur tout le monde à cette époque. C’était plus qu’un groupe de musique. « Je ne pense pas que le fait d’avoir un personnage fameux dans le mouvement ait fait partie d’un plan à aucun moment. Mais cela arrive parfois qu’une personne d’une certaine popularité s’intéresse à nous. » John Lennon manifestait également un certain intérêt pour le mouvement, mais ce fut Harrison qui s’impliqua vraiment et devint, par la suite, un ami de Mukunda Goswami. Il signa solidairement le contrat de bail pour le premier temple du groupe au centre de Londres et aida pendant des années le Goswami et tout le groupe, autant financièrement que grâce à sa renommée. Il accepta de financer l’impression de plusieurs « Livre de Krishna » et écrivit même la préface du livre « Nature Divine », un ouvrage co-écrit par le Goswami. Il leur permit également d’utiliser sa maison à Hamilton Island pour écrire pendant leurs retraites. Harrison commença à intégrer dans ses chansons sa nouvelle passion pour Krishna et en 1969 il produisit le disque The Hare Krishna Mantra. Le Goswami et son groupe chantèrent et jouèrent de différents instruments pour l’enregistrement du disque qui atteignit les plus hautes cotes d’audience au niveau international. Les dévots furent invités quelques fois à l’émission musicale britannique « Top of the Pops », une expérience dont le Goswami se souvient comme d’un moment « quelque peu effrayant », mais que Harrison considérait comme l’un des plus grands frissons de sa vie. « Je pouvais à peine le croire. Il est vraiment très difficile de figurer dans cette émission – c’était comme une bouffée d’air pur », déclara Harrison un jour. En 1982, au cours d’une interview avec le Goswami, Harrison expliqua que son souhait d’en savoir plus sur le mouvement Hare Krishna était parfaitement naturel. « Je pense que c’est quelque chose qui m’accompagne depuis ma vie passée. Tout cela ainsi que votre arrivée en Angleterre n’est qu’une autre pièce du grand puzzle qui devait se compléter pour former une peinture parfaite. « Je pense que si on devait décider de quel côté me ranger, j’imagine que je serais plutôt avec ces gens. Je me sens bien avec chacun d’entre vous, un peu comme si dans nos vies précédentes nous nous connaissions déjà. » Harrison confia un jour au Goswami que vers la fin des années soixante il réalisa que la popularité n’était pas tout. « C’était comme le fait d’arriver tout en haut d’un mur et de se rendre compte qu’il y avait encore tellement de choses de l’autre côté. J’ai senti alors que quelque part c’était mon devoir de me dire « Oh, OK, tu crois peut-être que c’est tout ce dont tu as besoin, d’être riche et fameux, mais en réalité c’est faux. » Selon les articles parus dans les journaux en Décembre 2001, Harrison demanda au Goswami et à son ami dévot Shyamasundara Dasa, de se rendre à Londres pour lui tenir compagnie pendant ses derniers jours et l’aider dans sa transition vers une nouvelle réincarnation. Par égard pour Olivia, l’épouse de Harrison et son fils Dhani, le Goswami souhaite que ces jours restent du domaine de la sphère privée. Certains articles parus à cette époque déclarent que le Goswami et d’autres dévots brûlèrent de l’encens et chantèrent pour Harrison. Après sa mort, ils posèrent des feuilles sacrées sur ses lèvres et ornèrent son corps avec des fleurs d’oranger et l’aspergèrent d’eau sacrée. Les spéculations furent bon train au sujet de ses cendres. Certains articles affirmèrent que le Goswami se rendit en Inde avec la famille de Harrison pour répandre ses cendres dans la Yamuna, une rivière sacrée, à l’endroit où Krishna apparut, au Nord de New Delhi. « Je peux en tout cas vous dire que toutes ces sottises sont fausses ». C’est tout ce que le Goswami dira. Après de nombreuses années consacrées au Mouvement Hare Krishna, le Goswami se rendit en Nouvelle-Zélande il y a de cela quatre ans, pour une semi-retraite et pour se consacrer à l’écriture. Il compte déjà à son actif plusieurs publications et considère que son nouvel emplacement au nord de Auckland est idéal pour y travailler. « En Nouvelle-Zélande les gens ne font pas toute une mise en scène du fait que j’y habite. Je ne me considère pas comme quelqu’un d’important. A mes yeux l’humilité est une vertu et c’est quelque chose que beaucoup de gens apprécient. » Il a tiré quelques leçons de la mort de Harrison et de toute la couverture médiatique qui s’ensuivit. « Cela m’a permis de bien voir à quel point certaines personnes s’intéressent inutilement à la vie des personnages fameux. Cela m’a permis de comprendre pourquoi les gens veulent éviter ce genre de situation. J’imagine qu’il existe des gens qui aiment se trouver sous les projecteurs, mais il y en a d’autres qui ne veulent pas de cela. Quelquefois je me suis demandé à quoi ça ressemblerait d’être fameux. Je sais que je n’aimerais pas que ma vie privée soit étalée au grand jour. Pour rien au monde je ne voudrais ouvrir grand mes portes aux caméras de télévision », déclare le Goswami. Traduit par Alberto. (Suisse) © Copyright. Tous droits réservés.
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