Mardi le 10 janvier, 2006
Un dernier adieu.

Samedi dernier avaient lieu les funérailles de ma mère et les membres de ma famille m'ont demandé d'écrire un article et de le présenter lors de la cérémonie religieuse. Voici donc ce texte.

Vous savez tous que je suis un disciple de Krishna alors vous n'êtes pas sans savoir aussi qu'il y a une grande philosophie qui m'habite. Tout en restant terre à terre, je vais passer à travers certaines facettes de cet enseignement ou étude pour enfin en arriver à une conclusion concernant notre mère.

Je vais donc commencer par vous dire que toutes les religions du monde sont d'accord sur un point important. " C'est que nous sommes tous éternels. " Ceci veut donc dire que nous vivions avant notre naissance et qu'il en sera de même après notre mort. Alors si nous sommes éternels ceci veut donc dire que notre mère est toujours vivante, mais à la différence qu'elle n'est plus avec nous.

Aussi certaines personnes croient en Dieu alors que d'autres n'y croient pas. Bien sûr, je suis un disciple de Krishna et donc pour démontrer l'existence de Dieu j'utilise habituellement les dires des Védas, mais voyons ce que dit la Bible à ce sujet. On peut lire dans l'Evangile selon St-Jean, chapitre premier: "Au commencement était le verbe et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu. Tout fut par lui, et sans lui, rien ne fut." Cela explique donc que Dieu existait avant la création. La Bible affirme ici qu'Il est le créateur de tout ce qui existe, et on ne peut rejeter gratuitement les assertions des Védas et de la Bible, Textes qui font autorité en la matière. Nous reconnaissons en Dieu la source de tout ce qui existe. Les fidèles à l'église prient ainsi: "Père donnez-nous aujourd'hui notre pain quotidien" ce qui prouve bien que Dieu doit être le père de tous.

Dieu existe et Sa parole prouve qu'Il est une personne. Dès l'instant que nous acceptons la parole de Dieu, nous devons reconnaître qu'Il est Lui-même une personne. Le fait que nous pouvons parler démontre bien que nous sommes des êtres personnels. Dieu est donc une personne et Il parle. Et s'il parle, il faut en déduire aussi qu'Il peut également entendre, sentir, manger, etc. S'Il ne pouvait entendre, alors, les prières que nous Lui adressons seraient inutiles. Par conséquent, qu'il s'agisse de la Bible pour les chrétiens ou de la Bhagavad-gita pour les disciples de Krishna, il est clair que Dieu, comme nous, est bel et bien une personne.

Il faut comprendre avant tout que le véritable sage -celui qui connaît la nature et du corps et de l'âme- ne se lamente jamais sur l'enveloppe corporelle, morte ou vivante. Le sage ne pleure pas pour le corps mais pour la personne qui habitait ce corps. C'est l'âme qui donne l'énergie au corps pour bouger. Alors il ne faut pas pleurer pour ce corps mais pour l'entité qui était présente dans ce corps et qui était la vraie personne.

Il est facile de comprendre le principe de la réincarnation puisque nous avons tous pris plusieurs corps en cette vie. Nous sommes passés d'un corps de bébé à celui d'un adolescent, nous avons pris ensuite un corps d'adulte et nous prendrons aussi éventuellement le corps d'un vieillard. Alors lorsque notre corps sera trop usé comme ce fut aussi pour celui de notre mère, il sera logique d'en prendre un nouveau, puisque nous en avons pris plusieurs en cette vie même. Cela relève de la science et non de la religion, car la réincarnation est un phénomène naturel.

Notre mère sera dirigée prochainement vers un nouveau corps et elle recommencera une nouvelle vie dans un jeune corps plein d'énergie. Il est dit qu'à l'instant de la mort, l'âme revêt un corps nouveau, l'ancien devenu inutile, de même qu'on se défait de vêtements usés pour en revêtir de neufs. Le corps de notre vieille mère était très usé alors elle en prendra un autre, tout neuf et proportionné à ses désirs.

Lorsqu'on en vient un jour à désirer la mort, comme ce fut le cas pour notre mère, ceci veut dire qu'elle souffrait grandement dans le corps qu'elle habitait. Ceci veut dire aussi qu'elle est mieux en ce moment que lorsqu'elle était dans ce vieux corps usé et douloureux, qui la faisait souffrir constamment. C'est donc un grand soulagement pour elle.

Notre mère a au cours de sa vie très bien accompli son devoir de mère et ce sans compter les joies ni les peines, la perte ni le gain. Elle a su malgré les grandes difficultés garder ensemble ses sept enfants et ce jusqu'à la fin. Elle a su bien partager son amour de mère envers nous tous. Grâce à elle, il a été possible de continuer à se côtoyer tout au cours de notre vie qui sans cet amour pour nous, aurait été une chose impensable. Ce fut donc à notre tour de lui rendre un dernier hommage en étant tous présents à la toute fin de sa vie. On lui a témoigné ainsi qu'il serait possible de continuer de la même manière, après son départ.

Elle était une femme très pieuse, elle a même visité plusieurs lieux de pèlerinage, elle était donc très encline à la spiritualité. Alors ce qu'elle a accompli pour Dieu en cette vie est placé dans son compte spirituel. Dieu, peu importe le nom que nous Lui donnons que ce soit Budhha, Christ, Jéhovah, Allah ou Krishna, n'oublie jamais ce que nous faisons pour Lui. Il est situé dans notre cœur et connaît toutes les offrandes que nous pouvons Lui consacrer. La Bhagavad-gita, dit à ce propos : "A qui marche sur cette voie, aucun effort n'est vain, nul bienfait acquis, n'est jamais perdu." Ceci veut donc dire que suite à ses activités pieuses et sa spiritualité qu'elle prendra une meilleure naissance dans sa prochaine vie.

Dieu lui donnera la possibilité de continuer ce qu'elle a déjà commencé envers Lui et ce, dans une meilleure situation. Les Écritures védiques confirment qu'une personne qui a débuté à servir Dieu, peut aussi renaître dans une famille de sages spiritualistes. Elle recouvre la conscience divine acquise dans sa vie passée, et reprend sa marche vers la perfection qui consiste à retourner dans un monde libre de toute anxiété. Il est certain aussi qu'à la fin d'une future vie notre mère retournera dans le monde spirituel, là où habite Dieu la Personne Suprême.

Alors son avenir est assuré et les portes du monde spirituel s'ouvriront pour elle toutes grandes pour l'accueillir. Il faut donc se réjouir, car sa vie ne fût pas inutile. Dieu n'oubliera jamais ce qu'elle a fait pour Lui et aussi pour ses enfants en accomplissant sérieusement ses devoirs de mère.

Alors il ne faut pas pleurer pour ce corps mais se réjouir que prochainement elle reprendra naissance dans un monde où elle n'aura plus à souffrir de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort.

Si je pourrais vous souhaiter à tous, une grâce, c'est bien celle de ne plus jamais revenir en ce monde mais retourner dans le monde spirituel, là où la souffrance n'existe pas et vers où, se dirige notre mère en ce moment.

Hare Krishna.

Aprakrita dasa