Quatrième chapitre.
Le savoir spirituel et absolu.
VERSET 36
TRADUCTION Quand bien même tu serais le plus vil des pécheurs, une fois embarqué sur le vaisseau du savoir spirituel, tu franchiras l'océan de la souffrance. TENEUR ET PORTEE Lutter pour l'existence nous enlise toujours plus profondément dans l'océan de l'ignorance. Mais comprendre clairement notre lien originel avec Krsna nous sauve de ce péril extrême. L'univers matériel est parfois comparé à un feu dévorant, d'autres fois à un océan de nescience. En plein océan, même le plus puissant nageur doit mener une lutte épuisante pour survivre. Il verra son sauveur en qui l'arrachera des flots. De même, la connaissance parfaite reçue de Dieu, la conscience de Krsna, simple et sublime, sera notre "canot de sauvetage".
VERSET 37
TRADUCTION Semblable au feu ardent qui convertit le bois en cendres, ô Arjuna, le brasier du savoir réduit en cendres toutes les suites des actions matérielles. TENEUR ET PORTEE Dans ce verset, la connaissance du moi spirituel et de l'Ame Suprême est comparée à un feu qui consume non seulement les conséquences de nos actes coupables, mais encore celles de nos actes vertueux, les réduisant toutes en cendres. Car tous nos actes ont des effets, qui se manifestent à divers degrés: certains sont en voie d'être engendrés par nos actes présents, d'autres nous accablent en ce moment, d'autres sont sur le point de nous atteindre et d'autres ne sont pas encore manifestés. Mais la connaissance de notre nature réelle les réduit tous en cendres. Ce que les Vedas confirment: "L'on vainc alors les conséquences de tous nos actes, coupables ou vertueux."
VERSET 38
TRADUCTION Rien, en ce monde, d'aussi pur et sublime que le savoir absolu. Fruit mûr de tous les yogas, celui qui le possède trouve, au moment voulu, en lui-même la joie. TENEUR ET PORTEE Par "savoir absolu", nous désignons un savoir qui transcende la connaissance matérielle. Rien n'est aussi pur, aussi sublime qu'un tel savoir. De même que l'ignorance nous a emprisonnés dans la matière, ce savoir, fruit mûr de la dévotion, nous en libérera. Une fois acquis ce savoir, plus besoin de chercher ailleurs la paix: on la trouve en soi. En d'autres mots, et telle sera, nous le verrons, la conclusion finale de la Bhagavad-gita, c'est dans la conscience de Krsna que la connaissance et la paix atteignent leur apogée.
VERSET 39
TRADUCTION L'homme de foi baigné dans le savoir absolu, et maître de ses sens, connaît bientôt la plus haute paix spirituelle. TENEUR ET PORTEE Celui qui a une foi ferme en l'existence de Krsna peut acquérir le savoir absolu. Qu'est-ce que la foi? C'est savoir, en toute certitude, que le seul fait d'observer les principes de la conscience de Krsna permet d'atteindre la plus haute perfection. Et cette foi, on l'acquiert en servant le Seigneur avec dévotion ainsi qu'en chantant et récitant le maha-mantra: hare krsna hare krsna krsna krsna hare harequi lave le coeur de toutes ses impuretés. Outre cette foi, il faut également obtenir la domination des sens; grâce à ces deux facteurs, on pourra devenir, sans délai, conscient de Krsna.
VERSET 40
TRADUCTION Mais les ignorants et les incroyants, qui doutent des Ecrits sacrés, ne peuvent devenir conscients de Dieu. Pour celui qui doute, il n'est de bonheur ni dans cette vie, en ce monde, ni dans la suivante. TENEUR ET PORTEE La Bhagavad-gita est la plus précieuse de toutes les Ecritures révélées. Mais certains, plus proches de l'animal que de l'homme, n'ont aucune foi en les Ecritures, aucune connaissance des principes qu'elles révèlent. Parfois même, ils en ont connaissance, sont même capables d'en citer des passages, mais en vérité, ils n'accordent à leurs enseignements aucune validité. Ou bien encore, ils ont foi en les Ecritures, en la Bhagavad-gita par exemple, mais ne reconnaissent ni n'adorent Dieu, Sri Krsna. Aussi n'en est-il aucun parmi eux qui parvienne à suivre jusqu'au bout les principes de la conscience de Krsna, s'il les adopte un jour. Tous devront retourner à la vie matérielle. Ceux qui mettent continuellement en doute les Ecritures ne feront jamais aucun progrès spirituel. Quant à ceux qui rejettent Dieu et Son enseignement, ils ne trouveront le bonheur ni dans cette vie, ni dans les autres. Ils ne connaîtront aucune joie véritable, même infime. Pour bénéficier pleinement des Ecritures, il faut en suivre les principes avec foi, et par là, s'élever jusqu'à la connaissance pure, qui seule pourra nous hausser jusqu'à la conscience spirituelle. En d'autres termes, ceux qui doutent des Ecritures ne peuvent faire un seul pas vers la libération spirituelle. Pour l'atteindre, il n'existe nulle alternative que marcher sur les traces des grands acaryas d'une filiation spirituelle authentique.
VERSET 41
TRADUCTION Celui dont le savoir spirituel a déraciné les doutes, et qui, ayant renoncé aux fruits de ses actes, s'est établi fermement dans la conscience de son moi réel celui-là, ô conquérant des richesses, demeure libre des chaînes de l'action. TENEUR ET PORTEE Celui qui applique, dans sa vie, l'enseignement de la Bhagavad-gita, tel ,qu'il fut donné par le Seigneur Lui-même, verra tous ses doutes balayés par le savoir spirituel. Partie intégrante de Dieu, absorbé en Lui, en pleine conscience de Krsna, il pourra reprendre conscience de son moi véritable et transcender la loi du karma,
VERSET 42
TRADUCTION Il te faut, armé du glaive du savoir, trancher les doutes que l'ignorance a fait germer en ton coeur. Fort de l'arme du yoga, ô descendant de Bharata, lève-toi et combats. TENEUR ET PORTEE Le chapitre que nous étudions décrit le sanatana-yoga, la fonction éternelle de l'être. Ce yoga comprend deux formes de sacrifices: l'abandon de toute possession matérielle et l'approfondissement, purement spirituel, du moi véritable. S'il n'est pas motivé par la quête de la réalisation spirituelle, le sacrifice de nos biens n'est qu'un acte matériel. Au contraire, qu'on l'accomplisse dans un but spirituel, que l'on serve Krsna avec amour, et il sera parfait. Au niveau spirituel également, nous trouvons deux formes d'activités l'une consacrée à la compréhension de notre nature et de notre position par rapport à Dieu, l'autre orientée vers la connaissance de la vérité sur Dieu, la Personne Suprême. Qui étudie la Bhagavad-gita dans son intégralité, telle qu'elle est, parviendra sans difficulté à assimiler la connaissance spirituelle sous ces deux aspects. C'est sans difficulté qu'il comprendra la nature spirituelle de l'être -partie intégrante de Dieu et, par suite, la nature absolue des Actes du Seigneur. Au début du chapitre, le Seigneur Lui-même a parlé de Ses Activités absolues. Mais l'incroyant qui, en dépit d'un tel enseignement, ne reconnaît pas la vraie nature de Krsna, ne comprend pas qu'il est Dieu, la Personne Suprême et Eternelle, toute de connaissance et de félicité absolues, doit être considéré comme le plus grand des sots, utilisant au plus mal l'indépendance partielle que lui a accordée le Seigneur. Cette ignorance, cette sottise, ne sont pourtant pas définitives; il pourra s'en défaire s'il en vient, progressivement, à accepter de suivre les principes de la conscience de Krsna. La conscience de Dieu se ranime peu à peu, par l'offrande des sacrifices aux devas et au Brahman, par le vœu de continence, par des restrictions dans la vie conjugale et familiale, par la maîtrise des sens, par la pratique des yogas des pouvoirs, par l'austérité, le don de ses biens matériels, l'étude des Vedas et le respect du varnasrama-dharma. Toutes ces activités représentent des sacrifices et reposent sur des règles déterminées, mais leur vraie valeur vient de ce qu'elles ont pour but la réalisation spirituelle. Qui vise cet objectif a parfaitement compris la Bhagavad-gita; au contraire, qui doute de l'authenticité de Krsna, comme de la valeur spirituelle de Ses paroles, devra connaître la dégradation. Il convient donc d'étudier la Bhagavad-gita, ou tout autre texte sacré, sous la conduite d'un maître spirituel authentique, avec une attitude de service et de soumission. On qualifie d'authentique un maître spirituel s'il appartient à une succession disciplique remontant à l'origine des temps, à Krsna Lui-même, s'il ne s'écarte en rien des instructions du Seigneur, telles qu'elles furent données, il y a des millions d'années, au deva du soleil, et par qui elles furent ensuite transmises aux hommes de la Terre. Il est donc indispensable de suivre le sentier tracé par la Bhagavad-gita, selon les directives données dans l'ouvrage lui-même, et de se méfier des faux maîtres qui, Pour leur seule gloriole, éloignent autrui de la voie véritable. Le Seigneur est, sans l'ombre d'un doute, la Personne Suprême, et Ses Actes transcendent la matière. Celui qui a compris cela se voit libéré des griffes de la matière dès qu'il commence à étudier la Bhagavad-gita. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le quatrième chapitre de la Srimad-Bhagavad-gita, intitulé: "Le savoir spirituel et absolu ".
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