Septième chapitre.
La connaissance de l'absolu.
VERSET 26
TRADUCTION Parce que Je suis Dieu, la Personne Suprême, ô Arjuna, Je sais tout du passé, du présent et de l'avenir. Je connais aussi tous les êtres; mais Moi, nul ne Me connaît. TENEUR ET PORTEE Ce verset tranche définitivement le dilemme entre personnalisme et impersonnalisme. Si la Forme de Krsna, la Personne Suprême, était maya, c'est-à-dire matérielle, comme le prétendent les impersonnalistes, il faudrait supposer que, semblable à tous les êtres, Il change sans fin de corps et oublie le déroulement de Ses vies passées. En effet, nul être revêtu d'un corps matériel ne peut se rappeler ses vies antérieures, pas plus que prédire son avenir, dans cette vie ou dans l'autre, il ne peut voir le passé, le présent ou le futur; à moins d'être libéré, nul ne le peut. Cependant, Krsna, qui n'appartient pas au commun des mortels, affirme tout savoir du passé, du présent et du futur. Nous avons pu constater, par exemple, dans le quatrième chapitre, qu'il Se rappelle avoir instruit Vivasvan, le deva du soleil, voici des millions d'années. Krsna connaît aussi tous les êtres en même temps, car Il habite le coeur de chacun d'eux. Et pourtant, bien qu'il demeure à l'intérieur de chaque être en tant qu'Ame Suprême, qu'il demeure au-delà de l'univers matériel en tant que Personne Divine et Absolue, les êtres à l'intelligence limitée ne peuvent comprendre qu'il est le Seigneur Suprême, au Corps impérissable. Il est le soleil, que cache le nuage de maya. Nous voyons, dans le ciel, le soleil, les planètes et les étoiles. Mais parfois, les nuages nous les dérobent temporairement. Or, ce voile n'est un voile que pour nos sens imparfaits, car le soleil, la lune et les étoiles ne sont pas vraiment cachés. De même, maya ne peut envelopper le Seigneur Suprême; mais Celui-ci, par Sa puissance interne, n'est pas manifesté aux yeux des hommes de moindre intelligence. Tel qu'expliqué dans le troisième verset de ce chapitre, seuls quelques hommes, entre des millions, tentent de parfaire leur existence; et parmi eux, un seul peut-être parvient à connaître Krsna. Donc, même si on est accompli dans la réalisation du Brahman impersonnel ou de l'omniprésent Paramatma, il demeure impossible, sans conscience de Krsna, de réaliser Bhagavan, Sri Krsna, Dieu, la Personne Suprême.
VERSET 27
TRADUCTION O descendant de Bharata, ô vainqueur des ennemis, tous les êtres naissent dans l'illusion, ballottés par les dualités du désir et de l'aversion. TENEUR ET PORTEE La véritable position, originelle, naturelle et éternelle, de l'être distinct est une position de subordination par rapport au Seigneur Suprême, l'Etre de pur savoir. Lorsqu'on erre, et qu'on se coupe du pur savoir, on tombe alors sous le joug de l'énergie illusoire, qui nous rend incapables de comprendre Dieu, la Personne Suprême. L'énergie illusoire se manifeste dans la dualité du désir et de l'aversion. C'est en effet cette dualité qui pousse l'ignorant à s'identifier au Seigneur Suprême, à envier la divinité absolue de Krsna. Les purs bhaktas, qui ne sont pas souillés, ou illusionnés, ni par le désir, ni par l'aversion, peuvent comprendre que Sri Krsna, le Seigneur, apparaît de par Sa puissance interne; ceux qu'égarent la dualité et l'ignorance continuent de croire que Dieu, la Personne Suprême, est une création des énergies matérielles. Telle est leur infortune. Et, marque de leur aveuglement, ils passent sans fin par le feu, des dualités -honneur et déshonneur, bonheur et malheur, masculin et féminin, bien et mal, joies et peines, et ainsi de suite pensant à chaque fois: "Je suis" l'époux de cette femme; "Je suis" le propriétaire de cette maison; voilà "ma" femme; voilà "ma" maison; voilà "mon" bonheur. Ainsi agissent les dualités illusoires; ceux qu'elles séduisent perdent la tête et deviennent incapables de comprendre Dieu, la Personne Suprême.
VERSET 28
TRADUCTION Mais les hommes libres de ces dualités, fruits de l'illusion, les hommes qui, dans leurs vies passées comme dans cette vie, furent vertueux, les hommes en qui le péché a pris fin, ceux-là Me servent avec détermination. TENEUR ET PORTEE Ce verset touche aux êtres qui se sont qualifiés pour atteindre le niveau spirituel et absolu. Les pécheurs, les athées, les insensés, les fourbes, ont bien du mal à franchir le cap de la dualité, le cap du désir et de l'aversion. Seuls ceux qui ont modelé leur vie sur les principes régulateurs de la vie spirituelle, qui ont agi saintement et détruit les conséquences de tous leurs actes coupables, peuvent embrasser le service de dévotion et s'élever graduellement jusqu'à la pure connaissance de Dieu, la Personne Suprême. Alors seulement, ils pourront s'absorber en méditation parfaite sur le Seigneur Suprême. C'est ainsi qu'on s'élève au niveau spirituel. Et cette élévation est possible pour celui qui vit dans la conscience de Krsna, en compagnie de purs bhaktas, capables de l'arracher aux griffes de l'illusion. Le Srimad-Bhagavatam assure en outre que pour atteindre la libération, il faut se mettre au service des bhaktas, qui parcourent le monde à seule fin d'éveiller les âmes assoupies dans leur conditionnement. Ceux qui, au contraire, vivent au milieu de matérialistes, se préparent un chemin vers l'existence la plus ténébreuse. Quant aux impersonnalistes, ils ignorent qu'en oubliant leur nature éternelle, qui est de servir le Seigneur Suprême, ils violent Sa loi au plus haut point. A moins, donc, de recouvrer sa position naturelle, impossible de comprendre Dieu, l'Etre Souverain, ou de s'absorber pleinement en Son service d'amour.
VERSET 29
TRADUCTION Par le service de dévotion, ils prennent refuge en Moi, ces hommes d'intelligence qui s'appliquent à s'affranchir de la vieillesse et de la mort. En vérité, ils sont au niveau du brahman: ils possèdent entière la connaissance des actes, spirituels ou matériels. TENEUR ET PORTEE La naissance, la maladie, la vieillesse et la mort affectent le corps de matière, mais non l'âme spirituelle. Ainsi, l'être qui obtient un corps spirituel, qui devient un compagnon du Seigneur, destiné à Le servir éternellement, avec amour et dévotion, atteint la parfaite libération. Les Ecritures nous enseignent à réaliser que nous sommes brahman, âme spirituelle. Cette vision, comme l'indique ce verset, participe de l'exercice du service de dévotion; le pur bhakta a atteint le niveau du brahman, le niveau absolu, car il connaît la réalité des actes matériels et spirituels. Quatre types d'êtres impurs, nous l'avons vu, acceptent le service absolu du Seigneur en poursuivant divers buts, qu'ils atteignent; lorsque, par la grâce du Seigneur Suprême, ils sont, au-delà de ces buts, devenus parfaitement conscients de Krsna, ils peuvent alors jouir de Sa compagnie spirituelle. Mais jamais les adorateurs des devas n'atteignent le Seigneur Souverain sur Sa planète suprême. De même, ceux qui ne réalisent que le Brahman impersonnel sont considérés comme d'intelligence moindre, et ne peuvent atteindre Goloka Vrndavana, la planète de Krsna. Au vrai, seuls les êtres agissant dans la conscience de Krsna (mam asritya) sont dignes d'êtres appelés brahman, car ils n'éprouvent aucun doute sur la suprématie de Krsna et font les efforts nécessaires pour atteindre Sa planète. Ceux qui adorent Krsna dans la Forme arca, ou qui, pour se libérer de la matière méditent sur Lui, connaissent également, par Sa grâce, le sens profond des mots brahman, adhibhuta, etc., que Krsna explique dans le chapitre suivant.
VERSET 30
TRADUCTION Qui Me connaît comme le Seigneur Suprême, Principe même de la manifestation matérielle, Source des devas et Maître de tous sacrifice, peut, le mental fixe, même à l'instant de mourir, Me saisir et Me connaître encore. TENEUR ET PORTEE L'être qui agit dans la conscience de Krsna ne peut jamais tout à fait s'écarter de la voie de la réalisation de Dieu, la Personne Suprême. En contact avec cette conscience de Krsna, contact purement spirituel, on en vient à comprendre comment le Seigneur Suprême est le principe qui régit la nature matérielle tout entière, sans excepter les devas. Graduellement, on s'attache à Krsna, si bien qu'au moment de la mort, il est impossible de L'oublier. Alors, naturellement, on atteint à la planète du Seigneur, Goloka Vrndavana. Ce chapitre a expliqué de façon plus précise comment devenir parfaitement conscient de Krsna. Le premier pas dans cette voie consiste à toujours vivre en compagnie des bhaktas, lien purement spirituel qui a le pouvoir de nous mettre en contact direct avec Krsna, dont la grâce nous rend alors capables de comprendre qu'il est Dieu, l'Etre Suprême. A ce point, on connaît simultanément la nature éternelle de l'être distinct, la raison qui lui fait oublier Krsna et, par suite, l'enchaîne aux actes matériels. En effet, celui qui, au contact des bhaktas, ravive sa conscience de Krsna, comprend comment, pour L'avoir oublié, il s'est trouvé conditionné par les lois de la nature matérielle. Il voit également sa forme humaine comme une occasion de raviver sa conscience de Krsna, comprend qu'elle doit être pleinement utilisée à obtenir la miséricorde immotivée du Seigneur Suprême. Nous avons rencontré plusieurs sujets dans ce chapitre: les types d'hommes qui viennent à Krsna, la connaissance du Brahman et du Paramatma, la libération de la naissance, de la maladie et de la mort, et l'adoration du Seigneur Suprême. Toutefois, l'être qui est vraiment avancé dans la conscience de Krsna ne s'attarde pas aux divers moyens de réalisation spirituelle. Il s'absorbe pleinement dans la pratique de la conscience de Krsna et retrouve par là sa condition naturelle et éternelle de serviteur de Dieu. Il trouve alors grande joie à entendre ce qui a trait au Seigneur, à Le glorifier, à Le servir avec un amour et une dévotion purs. Il sait qu'en suivant cette voie, il atteindra tous ses buts, verra tous ses désirs comblés. On désigne cette foi ferme du nom de drdha-vrata, et elle constitue la première étape sur la voie du bhakti-yoga, le sublime service d'amour offert au Seigneur Suprême. Tel est le verdict de tous les Ecrits sacrés. Et ce septième chapitre de la Bhagavad-gita révèle l'essence même de cette conviction, le drdha-vrata. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le septième chapitre de la Srimad-Bhagavad-gita, intitulé. "La connaissance de l'Absolu ".
Fin du Septième Chapitre
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