La prakriti, le purusa et la conscience.

CHAPITRE 13

Le treizième chapitre de la Gîtâ traite des différences et des rapports entre le corps, l’âme distincte et l’Âme Suprême (Paramâtmâ). On appelle le corps « le champ d’action » (ksetra) de l’âme; il est formé de vingt-quatre éléments matériels. L’âme qui habite le corps est appelée « le connaissant du champ d’action » (ksetra-jña). Les symptômes de vie et toute activité en l’Univers matériel sont dus à l’interaction de l’âme avec la matière. Au-delà du connaissant du champ d’action (l’âme distincte ou ksetra-jña), on découvre l’Âme Suprême, le connaissant, ou ksetra-jña, suprême sis dans tous les corps. Bien qu’une, l’Âme Suprême apparaît séparément dans tous les corps (comme le soleil apparaît simultanément, par reflet, dans plusieurs réservoirs d’eau). Elle accompagne éternellement l’âme distincte en tant que témoin, consentant et soutien intérieur. D’entre ces deux «connaissants du champ d’action», le jîva (l’âme distincte infinitésimale) s’avère faillible, étant soumise à l’influence polluante et illusoire de la matière, alors que l’Âme Suprême est infaillible, car imperméable à toute influence matérielle. Ce chapitre conclut que quiconque peut analytiquement comprendre que l’entière manifestation cosmique résulte de l’union de l’âme avec les éléments matériels, et qu’au-delà Se trouve l’Âme Suprême, cette personne est digne de la libération.

Au début du chapitre, Arjuna s’enquiert de six choses : la nature matérielle (prakriti), le bénéficiaire (purusa), le champ d’action (ksetra), le connaissant du champ d’action (ksetra-jña), le savoir (jñâna) et l’objet du savoir (jñeya) (1). Krishna définit le ksetra et le ksetra-jña comme le corps et l’âme, respectivement (2). Puis, Il affirme être le connaissant dans tous les corps, pour ensuite définir le savoir comme la compréhension des trois (le corps, l’âme distincte et l’Âme Suprême) (3). Puis, Il énumère les vingt-quatre éléments matériels qui constituent le champ d’action, représenté par le corps (4-7). Il dénombre ensuite les items qui constituent le procédé de l’acquisition du savoir, procédé non différent de l’émancipation spirituellle par quoi l’âme incarnée est libérée de l’esclavage de la matière (8-12). Krishna décrit ensuite « ce qu’on peut connaître » (jñeya): l’Âme Suprême qui existe partout, dans le mobile comme dans l’immobile. Bien qu’Elle semble divisée, l’Âme Suprême est Une; soutien de tous les êtres, Elle transcende les gunas, ou influences de la nature (bien qu’Elle en soit maître) et dépasse le pouvoir de perception et d’entendement des sens matériels (13-19). Vient alors une description de la prakriti (la nature matérielle, formée des trois gunas) et du purusa (l’être vivant), suivie d’un exposé de la cause et de la nature de l’empêtrement du jîva dans la matière (20-24). Les deux versets suivants mentionnent différents modes de réalisation de l’Âme Suprême : les dhyâna, sânkhya et karma-yogas, ainsi que celui du savoir reçu auprès d’autorités (25-26).

Aux derniers versets, Krishna S’étend sur le thème essentiel du chapitre : les rapports entre la matière, l’âme distincte et l’Âme Suprême. Toute action, nous dit-Il, résulte de l’union du ksetra et du ksetra-jña (le corps et l’âme), au-delà desquels est l’Âme Suprême. Celle-ci et l’âme distincte sont toutes deux éternelles et transcendantales au corps (27-34). En guise de conclusion, Krishna déclare que celui (ou celle) qui, à la lumière de la connaissance, voit ce qui distingue le corps de l’âme, et qui comprend la voie par quoi l’âme se libère du corps, « atteint le but suprême. » (35)


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare