QUESTIONS ET RÉPONSES

Pour des explications plus élaborées, consultez le(s) verset(s) – et les « teneurs et portées » – cités à la fin de chaque réponse.

CHAPITRE UN

Pourquoi Arjuna décide-t-il de ne pas prendre part à la Bataille de Kuruksetra ? Quand Krishna, à la demande d’Arjuna, mène le chariot de celui-ci entre les deux armées, Arjuna voit ses proches et ses amis assemblés dans les deux camps. Voyant leur esprit belliqueux et leur mort imminente, le Pândava, saisi d’une grande compassion et envahi de chagrin, décide de ne pas combattre. Ignorant le but supérieur de cette guerre (Krishna désire anéantir les légions démoniaques), Arjuna analyse l’entière situation en fonction de son propre intérêt. Ainsi décide-t-il qu’une victoire militaire et un royaume acquis au prix de la vie d’amis et de proches – sans oublier le bien de la société – ne l’intéressent guère (1:21-46).

CHAPITRE DEUX

1. Qu’entend Krishna lorsqu’Il dit à Arjuna : « Bien que tu tiennes de savants discours, tu t’affliges sans raison. » ?

Krishna entend que l’âme éternelle (le soi) est plus importante que le corps de matière temporaire. La compassion d’Arjuna pour ses proches est mal dirigée, puisqu’elle ne vise que leur bien-être physique, éphémère. Identifiant à tort le corps au soi, Arjuna oublie que le vrai soi – l’âme – de par sa nature spirituelle éternelle, ne peut être tué. Seul le corps est sujet à la mort. Ce n’est donc que l’illusion qui incite Arjuna à se lamenter sur la mort des guerriers antagonistes (2:11).

2. Quelle est la nature de l’âme, par opposition au corps ?

L’âme – ou le soi – est éternelle, inaltérable et sans commencement. Elle ne peut être ni détruite ni altérée d’aucune façon, matérielle ou spirituelle. Transcendantale et infinitésimale, elle ne peut être perçue, analysée, mesurée ou appréhendée par les sens ou les instruments de matière. Chaque âme demeure éternellement une entité distincte, individuelle (2:11-30).

3. Qu’est-ce que la transmigration des âmes (réincarnation) ?

Par « transmigration des âmes », on entend le changement de corps. Lorsque sise dans un corps matériel, temporaire, l’âme éternelle, inaltérable, passe de l’enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse. Même au cours de la vie d’un corps particulier, l’âme transmigre. Quand dû à la maladie, la vieillesse ou d’autres circonstances, le corps devient inhabitable pour l’âme, celle-ci le quitte (« meurt ») pour en habiter un nouveau dans la matrice d’une mère et « prendre naissance ». (L’âme qui transmigre ainsi se voit accorder un nouveau corps selon son karma, ses actes passés.) (2:13, 22)

4. Comment Krishna décrit-Il la personne qui « baigne dans la Transcendance » ?

Pleinement consciente de son identité spirituelle, distincte de la matière, cette personne ne s’intéresse guère à la jouissance matérielle. Aussi restreint-elle ses sens et, le mental et l’intelligence fixés sur le Suprême, n’est pas touchée par la dualité matérielle représentée par les joies et peines, ou les pertes et gains. À l’instant de quitter son corps actuel, une telle personne atteint le monde spirituel. (2:54-72)

CHAPITRE TROIS

1. Peut-on se libérer des réactions karmiques en s’abstenant d’agir ?

Non. De par sa nature même, l’âme est toujours active; il lui faut donc agir. Conditionnée par l’existence matérielle, l’âme incarnée est contrainte d’agir par l’influence des trois gunas. On peut s’affranchir des suites du karma, toutefois, en s’engageant activement dans des « œuvres de dévotion », ou karma-yoga. (3:4-8)

2. Qu’est-ce que le karma-yoga ?

Dans son conditionnement, le jîva accomplit des activités égocentriques visant la gratification du corps. Sous la loi du karma, il doit souffrir ou jouir des suites des actions pieuses ou coupables qu’il accomplit dans sa quête de plaisirs des sens. Ces réactions karmiques l’obligent à renaître de façon répétée en l’Univers matériel. Le karma-yoga, ou « l’art d’agir », lui offre le moyen de s’affranchir de cette condition. Dans le cadre du karma-yoga, on exécute son devoir selon les directives des Écritures (les Védas). De telles activités purifient et élèvent leur auteur au niveau où il agira pour la satisfaction de Vishnou (Krishna). L’action désintéressée, accomplie au service du Suprême, n’entraîne aucune réaction matérielle et libère ainsi de l’enlisement dans la matière. (3:1-3, 9-35)

3. Qu’est-ce que Krishna appelle le «dévastateur de la connaissance et de la réalisation spirituelle» ?

La concupiscence (kâma), ou le désir de satisfaire ses sens, qui pousse l’âme conditionnée à s’efforcer de jouir et d’exploiter les objets des sens matériels. Dans sa recherche de jouissance sensorielle, l’âme non libérée se livre aux actes coupables, qui l’enchaînent au cycle des morts et renaissances répétées. Plus elle s’absorbe dans le matérialisme, plus elle oublie sa position spirituelle. Saisissant la vraie nature de l’âme, il faut conquérir la concupiscence, dit Krishna à Arjuna, en maîtrisant les sens. (3:36-43)

CHAPITRE QUATRE

1. Quelle est la nature et la raison de l’avènement de Krishna en l’Univers matériel ?

L’âme conditionnée est contrainte d’assumer une forme matérielle sous la direction de la loi du karma; mais Krishna vient en l’Univers matériel dans Sa forme spirituelle, éternelle par Sa propre volonté. Il apparaît en ce monde dans Sa forme originelle, en tant qu’avatar, chaque fois qu’il faut rétablir les principes de la spiritualité (dharma). Krishna dit que quiconque connaît la nature de Son Avènement et de Ses actes entre dans le royaume spirituel. (4:4-9)

2. Comment le savoir spirituel et absolu nous affranchit-il des réactions karmiques ?

Le « savoir spirituel et absolu », ou la compréhension de la nature non matérielle du soi, nous affranchit des réactions karmiques. En effet, l’être ainsi éclairé cesse toute action intéressée visant les plaisirs des sens, réalisant leur nature aussi temporaire qu’illusoire. En l’absence de l’action intéressée axée sur la jouissance matérielle, aucune suite karmique ne saurait nous enchaîner. (4.18-24, 36-42)

3. Pourquoi et comment approche-t-on un maître spirituel ? Quel est le critère d’un guru authentique ?

Puisque le savoir spirituel est au-delà de la portée de la perception matérielle et de la spéculation empirique, il faut approcher un guru, une personne qui a réalisé la vérité dans une lignée de « succession disciplique » dont Dieu est l’origine. Le disciple approche un guru authentique avec soumission, toujours prêt à le servir et désireux de lui soumettre d’humbles questions sur l’émancipation spirituelle. Lorsque le disciple adopte une telle attitude, le guru lui transmet la science spirituelle. (4:34)

CHAPITRE CINQ

1. Quels sont les traits caractéristiques du karma-yogi ? Quels sont ses réalisations, son mode d’action et sa destination ultime ?

Celui qui s’engage dans le karma-yoga ne s’identifie pas aux activités du corps, du mental et des sens, réalisant sa véritable position au-delà du corps de matière. Réalisant aussi que lui-même – comme tout ce qu’il possède – appartient à Krishna, il emploie son corps, ses sens, son mental et son intellect à Le servir. Agissant ainsi avec détachement et dévotion, au lieu d’agir pour la satisfaction de ses sens, il n’est pas touché par les suites de l’action. De sorte que ses actes, l’élevant à l’illumination totale concernant le soi et le Soi Suprême (Krishna), il avance « d’un pas ferme sur le sentier de la libération. » (5:7-17)

2. Quels sont les traits caractéristiques de l’âme réalisée (« l’humble sage », « l’être libéré », « le parfait yogi » conscient de Krishna, ou qui atteint la réalisation impersonnelle) ?

L’âme réalisée n’est pas illusionnée par l’identification erronée de son vrai soi au corps matériel. Réalisant qu’elle est une infime partie de Dieu, son mental s’affermit car il n’est plus perturbé par le gain ou la perte temporaire de choses matérielles. Établie dans le savoir absolu, elle voit tous les êtres d’un œil égal et œuvre pour leur bien ultime, spirituel. Fermée aux plaisirs matériels, elle goûte «le bonheur intérieur», fixant son mental sur le Suprême. (5:18-28)

3. L’âme réalisée, dit Krishna à Arjuna, « travaille au bien de tous les êtres. » En quoi consistent ses activités ?

À la lumière de la temporalité du corps et de l’éternité du vrai soi, l’âme réalisée juge insuffisantes les œuvres de bienfaisance qui ne visent que le corps. Attribuant la souffrance à une absence de conscience divine, elle œuvre pour transmettre cette conscience à autrui. (5:25)

CHAPITRE SIX

1. À quoi sert la maîtrise du mental dans la pratique du yoga ?

L’âme devient prisonnière de la matière du fait de l’attrait qu’exerce la nature matérielle sur le mental conditionné. Le mental non maîtrisé intensifie l’asservissement de l’âme à la matière. Le but du yoga consiste à maîtriser le mental (à l’aide de l’intelligence) et de le soustraire à son attachement aux objets des sens matériels. Krishna conseille à Arjuna (à la fin du chapitre six et plus loin dans la Gîtâ) de maîtriser le mental en le fixant sur Lui, dans le cadre du service de dévotion (bhakti-yoga). (6:5-7, 26, 36)

2. Qu’est-ce que le dhyâna-yoga ? Comment le pratique-t-on ?

Dhyâna signifie « méditation ». Le dhyâna-yoga (ou en termes plus techniques, l’astânga-yoga – « l’octuple sentier ») est un moyen mécanique de maîtriser le mental et les sens par la restreinte du souffle, la concentration, etc. Ces pratiques culminent dans le samâdhi, ou l’absorption du mental dans l’Absolu, et plus spécifiquement le Paramâtmâ, ou Vishnou dans le cœur. En un lieu retiré, le dhyâna-yogi s’assoit sur un siège approprié, adopte une posture propice à la méditation, le regard fixé sur l’extrémité du nez. Puis, « le mental en paix, maîtrisé, affranchi de la peur, ferme dans le vœu de continence », le yogi médite sur Paramâtmâ, faisant de Lui « le but ultime de sa vie. » (6:10-19, 31)

3. Pourquoi Arjuna rejette-t-il la pratique de la méditation décrite par Krishna ?

Arjuna dit : « Ce yoga que Tu as décrit en peu de mots, je ne vois point comment le mettre en pratique, car le mental est capricieux et instable. » Les conditions requises pour la pratique du dhyâna-yoga (quitter son foyer, trouver un lieu retiré, maîtriser le mental, etc.) paraissent trop difficiles à Arjuna, que dire alors de l’homme moyen. (6: 33-36)

4. Quel yoga Krishna recommande-t-il à Arjuna à la fin de ce chapitre ? Pourquoi ?

Krishna dit : « Et de tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et M’adore en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand et M’est le plus intimement lié. » Krishna prône ainsi le bhakti-yoga, car telle est, selon la Gîtâ, la position naturelle et éternelle (sanâtana-dharma) de l’être vivant. (6: 47)

CHAPITRE SEPT

1. Quelles sont les deux énergies fondamentales de Krishna ainsi que leurs corrélations? Quel est le rapport de Krishna à ces deux énergies ? L’énergie « inférieure » (la matière, ou aparâ prakriti) est constituée de huit éléments bruts et subtils : terre, eau, feu, air, éther, mental, intelligence et faux ego. Ceux-ci forment la « substance » de l’Univers matériel. L’énergie « supérieure » (l’esprit, ou parâ prakriti) est constituée des êtres vivants (jîvas), qui sont qualitativement identiques à Krishna. Sous l’influence de la Nature matérielle, ceux-ci s’identifient à elle et cherchent à dominer et jouir de la matière. Libérés de cette influence, le jîva atteint la libération (mukti). Krishna incarne l’origine et le maître de ces deux énergies. (7:4-7)

2. Quels sont les « mécréants » qui ne s’abandonnent pas à Krishna ? Quels sont les vertueux qui s’abandonnent à Lui ?

1) Les sots (mûdhas), qui peinent comme des bêtes de somme, 2) les narâdhamas, qui adhèrent aux règles et principes de la vie sociale et politique, mais non à ceux de la vie spirituelle, 3) les mâyayâpahrita-jñânîs, dont la vaste science est soumise à l’illusion de mâyâ, et 4) les asuram bhâvam âsritas, les êtres consciemment et délibérément athées, ne s’abandonnent pas à Dieu.

De quatre ordres sont les vertueux qui approchent le Seigneur Suprême : 1) les malheureux, 2) les curieux, 3) ceux et celles qui poursuivent la richesse, 4) les âmes qui désirent connaître la Vérité Absolue. (7:15-18)

3. Pourquoi Krishna critique-t-Il ceux qui rendent un culte aux dévas ?

« Ceux dont le mental est déformé par les désirs matériels » se vouent aux dévas pour obtenir des bienfaits temporels, limités autant qu’éphémères. Ces êtres « à l’intelligence brève » ignorent que Krishna est la source de tels bienfaits et de leur foi en les dévas. (7:20-23)

CHAPITRE HUIT

1. Quelle importance l’instant de la mort revêt-il pour le jîva incarné ?

La qualité de la conscience du jîva détermine sa prochaine naissance : « Car, certes, ce sont les pensées, les souvenirs de l’être à l’instant de quitter le corps qui déterminent sa condition future. » (8:6)

2. Quel conseil Krishna donne-t-Il à Arjuna quant à l’instant de la mort ? Si on l’applique, qu’en résultera-t-il ?

Krishna dit que quiconque quitte son corps en se souvenant de Lui atteint Sa demeure. La qualité de notre conscience à la mort étant influencée par nos actes et notre conscience en cette vie, Krishna conseille à Arjuna de pratiquer Son souvenir tout en accomplissant son devoir d’état. Ainsi « sans nul doute, tu viendras à Moi. » (8:5,7-8)

3. Selon Krishna, comment Arjuna doit-il méditer sur Lui ?

Krishna dit : «Il faut méditer sur le Seigneur Suprême en tant que l’Être omniscient, le plus ancien, le maître et soutien de tout, qui, plus ténu encore que le plus ténu, est inconcevable, au-delà de l’intelligence matérielle, et toujours demeure une personne. Resplendissant comme le soleil, Il transcende ce monde de ténèbres.» (8:9)

4. Quelle est la nature du monde spirituel ? Comment l’atteindre ?

Au-delà de l’Univers matériel, qui connaît un cycle perpétuel de création et de destruction, se trouve le monde spirituel, éternel, « au-delà des deux états, manifesté et non manifesté, de la matière », et qui jamais ne périt. Cette « destination ultime » peut être atteinte, nous dit Krishna, par « la dévotion pure ». Après l’avoir atteinte, on ne revient jamais plus en cet Univers. (8:17-22)

CHAPITRE NEUF

1. Comment Krishna décrit-Il Son lien avec la Création (l’Univers) ?

Krishna est l’origine, le soutien et le maître de l’Univers. Dans un cycle perpétuel, Il manifeste l’Univers matériel et, après une éternité, le résorbe en Lui-même. Lorsque manifestée, l’entière Création repose en Lui, alors qu’Il pénètre simultanément l’Univers à travers Ses multiples énergies. Or, Il n’en demeure pas moins transcendantal, distinct et indépendant dans Sa forme personnelle. Toutes les activités matérielles sont accomplies par la Nature, laquelle agit sous Sa direction suprême. (9: 4-10)

2. Qui sont des « sots » ? Qui sont de « grandes âmes » ?

Les sots sont ces égarés qui, ignorant la nature absolue de Krishna et Sa suprématie totale, dénigrent Sa forme personnelle, « humaine ». Ces égarés « chérissent des vues démoniaques et athées ». À savoir, ils considèrant la forme de Krishna comme matérielle, et donc inférieure à Son aspect impersonnel – Brahman. Les « grandes âmes » sont pleinement conscientes que Krishna est « Dieu, la Personne Suprême » et L’adorent avec dévotion. (9: 11-14)

3. Comment Krishna recommande-t-Il à Arjuna de s’affranchir des réactions karmiques ?

Arjuna s’affranchira des « suites de ses actes, tous, vertueux et coupables », en faisant de Krishna l’objet et le bénéficiaire de toutes ses actions, offrandes et austérités. Bien que Krishna soit impartial, quiconque Le sert avec dévotion « vit en Moi; il est un ami pour Moi, comme Je suis son ami. » (9: 26-29)

CHAPITRE DIX

1. Qui Krishna éclaire-t-Il ?

Ceux qui reconnaissent en Krishna la source de tout s’abandonnent à Lui. À ces âmes empreintes de pure dévotion, Krishna dit à Arjuna: «Je leur donne l’intelligence par quoi ils pourront venir à Moi. Vivant dans leur cœur, et plein pour eux de compassion, Je dissipe, du flambeau lumineux de la connaissance, les ténèbres nées de l’ignorance. » (10:8-11)

2. Quelle leçon Arjuna doit-il tirer de la révélation par Krishna de Ses divines opulences?

3. Après avoir dévoilé Ses opulences, quelle leçon finale Krishna donne-t-Il à Arjuna?

Krishna dit : « Mais à quoi bon, ô Arjuna, tout ce détail ? Car, l’Univers entier, par une simple étincelle de Ma Personne, Je le pénètre et le soutiens. » En d’autres mots, la connaissance de Ses opulences est moins importante que la compréhension que tout existe parce qu’Il pénètre et soutient l’Univers entier, en tant qu’Âme Suprême. (10:42)

CHAPITRE ONZE

1. Qu’est-ce que la forme universelle (visva-rûpa) que Krishna révèle à Arjuna ?

Il s’agit d’une vision gigantesque, terrible – quoique temporaire – de la puissance et de l’opulence de Krishna dans Sa forme cosmique et dans celle, destructive, du Temps. Dans cette vision spectaculaire, Arjuna peut voir « les mondes, bien qu’infinis et innombrables, tous rassemblés en un point unique. » (11: 9-49)

2. Pourquoi Arjuna demande-t-il à Krishna de lui révéler Sa forme universelle ?

Bien qu’il accepte pleinement Krishna comme la Vérité Absolue et l’Origine de tout, Arjuna craint que, dans le futur, certains Le considèrent comme une personne ordinaire. Afin d’établir la divinité de Krishna, il Le prie donc de révéler Sa forme universelle pour démontrer comment Il régit l’Univers, quoiqu’Il conserve néanmoins Son existence distincte. Arjuna prie : « O Personne Suprême, ô Forme souveraine, je Te vois devant moi, tel que Tu es, mais je désire encore voir celle de Tes formes par quoi Tu pénètres dans la manifestation matérielle. » (11:1-3)

3. Après avoir repris Sa forme à deux bras, quelle qualification Krishna cite-t-Il comme condition préalable à la vision et la compréhension de Sa forme «humaine»?

Krishna affirme : « Ce n’est qu’en Me servant avec un amour et une dévotion sans partage qu’on peut Me connaître tel que Je suis, debout devant toi, ô Arjuna, et de même, en vérité, Me voir. Ainsi, et seulement ainsi, pourra-t-on percer le mystère de Ma Personne. » Il ajoute que quiconque s’engage dans un tel service de pure dévotion « certes vient à Moi. » (11: 54-55)

CHAPITRE DOUZE

1. Que répond Krishna à la question d’Arjuna sur la position respective du dévot qui Le sert et de l’impersonnaliste qui vénère Brahman, l’aspect impersonnel de Dieu?

« Celui qui attache sur Ma Forme personnelle son mental, et toujours s’engage dans Mon adoration, plein d’une foi spirituelle ardente, celui-là, Je le tiens pour le plus parfait. » Mais, « pour ceux dont le mental se lie au non-manifesté, à l’aspect impersonnel de l’Absolu, le progrès sera fort pénible. »

Bien que les impersonnalistes L’atteignent éventuellement, la voie qu’ils adoptent s’avère plus difficile car indirecte. Pour le dévot qui fixe son mental sur Krishna, cependant, L’adorant et Le servant avant amour et dévotion, Il est « le libérateur qui bientôt l’arrachera à l’océan des morts et des renaissances. » (12: 1-8)

2. Comment Krishna décrit-Il le dévot qui Lui est « très cher » ?

Affranchi des dualités et des désirs matériels, de toute possessivité, faux ego, angoisse et envie, le dévot « se comporte avec tous en ami bienveillant, dans la joie comme dans la peine reste le même » et avec détermination s’engage dans le service de dévotion, le mental et l’intelligence fixés sur Krishna. » (12: 13-20)

CHAPITRE TREIZE

1. Quels sont les trois sujets dont traite ce chapitre ? Quels sont leurs rapports ?

Le chapitre treize traite du corps matériel, de l’âme et de l’Âme Suprême (Paramâtmâ), ainsi que de leurs rapports. Le corps est formé de vingt-quatre éléments matériels bruts et subtils. On l’appelle ksetra, ou « champ d’action » de l’âme, d’où le nom ksetra-jña, « connaissant du champ » qu’on donne à celle-ci. Le corps ne s’anime que par la présence de l’âme vivante qui l’habite. Au-delà de celle-ci, on découvre l’Âme Suprême, émanation de Krishna qui apparaît simultanément dans tous les corps, accompagnant l’âme distincte en tant que témoin, soutien et guide intérieur. Transcendant les gunas, l’Âme Suprême est le connaissant suprême résidant dans tous les corps. (13: 1-7, 13-35)

2. Qu’apporte la compréhension de ces trois thèmes ?

L’âme conditionnée peut ainsi comprendre (et adopter) la voie de la libération de l’emprise du corps et regagner le monde spirituel. (13:24, 35)

CHAPITRE QUATORZE

1. Que sont les « modes d’influence de la nature matérielle (gunas) » ?

De nature transcendantale, l’être conditionné par la matière n’agit pas moins sous l’influence de la Nature matérielle, divisée selon trois attributs, ou gunas : la Vertu (sattva-guna), la Passion (rajo-guna) et l’Ignorance (tamo-guna). Ces trois modes de conditionnement, opérant individuellement ou collectivement, influent sur la condition psychophysique et les actions du jîva. La Vertu éclaire l’être et conduit à la connaissance de soi et au bonheur. La Passion se caractérise par l’action intéressée inspirée par un désir ardent de jouissance matérielle. Elle n’apporte finalement que souffrances. Ceux qui baignent dans l’Ignorance sont sujets à l’indolence, au sommeil et à la folie. (14: 6-18)

2. Comment l’âme conditionnée peut-elle transcender ces influences ?

« Celui qui tout entier s’absorbe dans le service de dévotion, sans jamais faillir, transcende dès lors les trois gunas et atteint par là le niveau du Brahman. » Puisque le savoir (jñâna) est l’un des éléments de la dévotion, le bhakti-yoga nous éclaire sur les mécanismes des modes d’influence de la Nature, nous permettant ainsi de saisir notre propre position au-delà. Grâce à cette réalisation, nous pouvons transcender ces influences, ce conditionnement. (14: 19, 26)

3. Qu’est-ce que le « niveau du Brahman » ? Que trouve-t-on au-delà ?

« Brahman » signifie « spirituel ». Le niveau du Brahman représente le niveau spirituel préliminaire atteint par le jîva quand il s’affranchit du conditionnement matériel. Établie au niveau du Brahman, la personne qui réalise pleinement son statut spirituel n’est plus préoccupée par les dualités de la matière, qu’elle ne subit d’ailleurs plus désormais. Au-delà du niveau du Brahman, on découvre Krishna, qui déclare : « Je suis le fondement du Brahman impersonnel. » Ayant atteint le plan spirituel, l’âme libérée devient qualifiée pour servir avec dévotion le Brahman Suprême (Parabrahman) : Krishna. (14: 22-27)

CHAPITRE QUINZE

1. Que dit Krishna de la dynamique de la transmigration des âmes ?

Krishna explique à Arjuna que notre conscience – plus particulièrement celle à l’instant de la mort – détermine le type de corps matériel que nous habiterons lors de notre vie future. « Comme l’air emporte les odeurs, l’être vivant, en ce monde, emporte avec lui, d’un corps à un autre, les diverses manières dont il conçoit la vie. » Revêtant un nouveau corps doté d’un réseau particulier de sens, l’être s’applique à jouir d’une gamme propre d’objets des sens. Krishna ajoute que les sots ne sauraient concevoir le processus de la transmigration des âmes, contrairement aux sages. (15: 8-11)

2. Quelle est « la part la plus secrète des Écritures védiques » ?

Il existe deux ordres d’êtres : les « faillibles » (les âmes conditionnées de l’Univers matériel) et les « infaillibles » (les âmes libérées du monde spirituel). Mais au-delà de ceux-là est Krishna, qui soutient les mondes matériels et spirituels. Par conséquent, « le monde et les Védas Le célèbrent comme cette Personne Suprême.» Quiconque Le connaît ainsi, « sa connaissance embrasse tout. » Aussi s’engage-t-il dans le service de dévotion. Ce savoir « est la part la plus secrète des Écritures védiques », dit Krishna. « Qui en saisit la teneur connaîtra la sagesse, et ses efforts le mèneront à la perfection. » (15:16-20)

CHAPITRE SEIZE

1. Qu’est-ce qui distingue les êtres nés de la nature divine de ceux issus de la nature démoniaque ?

Les êtres nés de la nature divine mènent une vie réglée, en harmonie avec les Écritures. Aussi accèdent-ils à la libération. Par contre, ceux issus de la nature démoniaque ne suivent aucune règle, aucun principe, agissant capricieusement en vue de quelque plaisir des sens et violant les préceptes des Écritures. Ils s’enlisent donc davantage dans la matière. (16: 5, 23-24)

2. Quelles sont les qualités divines ?

« Le Seigneur Bienheureux dit : Absence de crainte, purification de l’existence, développement du savoir spirituel, charité, maîtrise de soi, accomplissement des sacrifices, étude des Védas, austérité et simplicité, non-violence, véracité, absence de colère, renoncement, sérénité, aversion pour la critique, compassion, absence de convoitise, douceur, modestie et ferme détermination, vigueur, pardon, force morale, pureté, absence d’envie et de soif des honneurs, – telles sont, ô descendant de Bharata, les qualités spirituelles des hommes de vertu, des hommes nés de la nature divine. » (16:1-3)

3. Quelles sont les caractéristiques des êtres démoniaques ? Quel est leur sort ?

Les démoniaques sont aussi athées que matérialistes. Croyant que le monde n’a ni fondement ni raison d’être, ils sont capricieux et destructeurs. Ayant pour but ultime la satisfaction des sens, ils s’absorbent dans le matériel, l’éphémère. Enchaînés par des milliers de désirs, ils entassent des richesses par voies illicites. Vaniteux, lascifs et impudents, leur angoisse ne connaît pas de fin. Renaissant sous diverses formes de vie inférieures, « peu à peu, ils sombrent dans la condition la plus sinistre. » (16: 6-18)

CHAPITRE DIX-SEPT

1. Quels sont les trois ordres d’aliments, de sacrifices, d’austérité et de charité correspondant aux trois gunas ?

Voir chapitre dix-sept, versets 7 à 22.

2. Quelle différence existe-t-il entre la foi propre aux modes d’influence inférieurs de la Nature (Passion et Ignorance) et celle liée à l’influence de la Vertu ?

Accomplis sous l’influence de la Passion et de l’Ignorance, sacrifices, pénitences et austérités sont inspirés par l’égoïsme et visent des gains matériels comme la richesse, le pouvoir et le prestige. Pratiqués sans foi en le Suprême et contraires aux Écritures, ils ne procurent que des fruits matériels, éphémères; ils sont donc vains. Par contre, les œuvres de foi accomplies sous le signe de la Vertu et selon le devoir et les règles scripturaires ne poursuivent aucun but égoïste ou intéressé. Accomplis pour la satisfaction du Suprême, de tels actes purifient et élèvent leur auteur, peu à peu, jusqu’au niveau de la foi et de la dévotion sans mélange. Cette bhakti se situe au-delà des gunas. (17: 23-28)

CHAPITRE DIX-HUIT

1. Quels sont les trois ordres de savoir, d’actes, d’agissants, d’intelligence, de détermination et de bonheur correspondant aux trois gunas ?

Voir chapitre dix-huit, versets 19 à 40.

2. Quels sont les quatre divisions sociales et les qualités liées à leur mode de travail respectif ? Comment une personne atteint-elle la perfection en œuvrant au sein de la division sociale à laquelle elle appartient ?

Selon les influences matérielles qu’il emprunte, chacun se conforme naturellement à l’une des quatre divisions sociales fondamentales : brahmana (prêtres et précepteurs), kshatriya (administrateurs et hommes de guerre), vaishya (agriculteurs, commerçants, etc.) et sûdra (ouvriers). Krishna énumère ainsi les qualités respectives de chacun de ces groupes sociaux : « Sérénité, maîtrise de soi, austérité, pureté, tolérance, intégrité, sagesse, savoir et piété, - telles sont les qualités qui accompagnent l’acte du brahmana. Héroïsme, puissance, détermination, ingéniosité, courage au combat, générosité, art de régir – telles sont les qualités qui accompagnent l’acte du kshatriya. L’aptitude à la culture des terres, au soin du bétail et au négoce, voilà qui est lié à l’acte du vaishya. Quant au sûdra, il est dans sa nature de servir les autres par son travail. »

En œuvrant selon son devoir social respectif, l’âme conditionnée peut éventuellement transcender les influences de la Nature matérielle et atteindre la perfection spirituelle en offrant les fruits de son travail à Dieu. (18: 41-48)

3. Quelle est, selon Krishna, la seule façon de Le comprendre ? Quel est le résultat d’une telle compréhension ?

Krishna dit: « À travers le service de dévotion, et seulement ainsi, peut-on Me connaître tel que Je suis. Et l’être qui, par une telle dévotion, devient pleinement conscient de Ma Personne, entre alors dans Mon royaume absolu. » (18:55)

4. Quelle est l’ultime instruction de Krishna à Arjuna ?

Krishna dit: « Laisse là toute autre forme de religion et abandonne-toi simplement à Moi. Toutes les suites de tes fautes, Je t’en affranchirai. N’aie nulle crainte. » Krishna conseille ainsi à Arjuna de délaisser toute forme de religion et de devoir (à savoir les karma, jñâna, et dhyâna-yogas, les devoirs socio-religieux, la quête du Brahman et du Paramâtmâ, etc.), pour simplement s’en remettre à Lui et s’engager, en tant que Son pur dévot, dans Son service d’amour spirituel – ce dharma suprême, éternel. Krishna a d’ailleurs décrit la nature de cette pure dévotion au verset précédent: «Emplis toujours de Moi ton mental et deviens Mon dévot, offre-Moi ton hommage, voue-Moi ton adoration, et certes à Moi tu viendras. » (18: 65-66)

5. En concluant le dialogue, que demande Krishna à Arjuna, et que Lui répond celui-ci ?

« O Arjuna, conquérant des richesses, as-tu tout écouté d’un mental parfaitement vigilant ? Tes illusions, ton ignorance, sont-elles à présent dissipées ? »

Arjuna dit : « O cher Krishna, Toi l’Infaillible, mon illusion s’est maintenant évanouie; j’ai, par Ta grâce, recouvré la mémoire. Me voici ferme, affranchi du doute; je suis prêt à agir selon Ta parole. » (18:72-73)


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Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare