TROISIEME CHAPITRE. Principes de vie et éternité. La loi de l'existence matérielle.
Pour comprendre le cours général de la nature matérielle, il suffit d'observer un simple fruit. Il se développe à partir d'une fleur, puis mûrit; et devient alors jour après jour plus blet, jusqu'à ce qu'il tombe et se décompose dans la terre. Il laisse après lui une graine qui, à son tour, devient un arbre et produit de nombreux autres fruits. Et dans le cours du temps, ceux-ci trouveront le même destin. Le corps de l'homme suit une évolution semblable. l'homme prend sa forme organique dans la matrice d'une mère immédiatement après le rapport sexuel, et grossit peu à peu dans cette matrice. Après sa naissance, il grandit, passe de l'état de nourrisson à celui d'enfant, d'adolescent, d'adulte, puis de vieillard; et finalement, il s'affaiblît et meurt - malgré les espoirs et les rêves de nos romanciers. Il n'existe donc aucune différence entre l'évolution organique de l'homme et celle du fruit. Comme un fruit, l'homme peut laisser après lui des graines - ses enfants - mais le corps de matière qu'il occupe ne peut exister sans fin. Telle est la loi de la nature. Comment pourrait-on ignorer cette loi? Nul savant, aussi habile soit-il, ne peut en changer la rigueur. Nul astronome ne peut non plus changer le cours des planètes; il lui est tout au plus possible de créer des imitations de planètes, les satellites artificiels. Des enfants peuvent en être impressionnés et donner une grande importance aux créateurs de ces satellites, mais l'homme sensé ne devrait-il pas tourner plutôt son attention vers le Créateur des corps célestes véritables tel le soleil, les étoiles et les planètes dont le nombre est si considérable qu'aucun savant ne peut le déterminer? S'il nous faut reconnaître, pour les satellites artificiels, l'existence d'un créateur - Russe ou Américain -, il nous faut également reconnaître un créateur pour les immenses planètes, lui aussi vivant en quelqu'endroit déterminé. S'il est besoin de tant de cerveaux scientifiques pour fabriquer et mettre sur trajectoire orbitale un satellite, quelle doit donc être la perfection du cerveau de celui qui créa les galaxies d'étoiles, qui les maintient sur leur orbite? Parce que leur connaissance du Créateur Suprême est fort limitée, les athées n'ont jamais pu fournir de réponse pertinente à ces arguments. Ils avancent des théories sur la création qui aboutissent à des déclarations telles que: "C'est difficile à comprendre", "Nous ne pouvons le concevoir, mais c'est très possible", "C'est incompréhensible", etc. Simplement, ils sont mal informés. Ils ne font qu'émettre des hypothèses qu'ils appuient sur des inductions fautives. La Bhagavad-gita nous donne au contraire des informations solides et authentiques. Si nous l'acceptons comme d'autorité en la matière, c'est parce qu'elle fut prise comme telle par de grands philosophes de l'Inde tels que Sankaracarya, Sri Ramanujacarya, Sri Madhvacarya, Sri Caitanya Mahaprabhu ... La Bhagavad-gita déclare que toutes les formes (êtres et choses) composant l’Univers matériel sont promises à la décomposition et à la mort. Toute forme matérielle est soumise à la loi des mutations, bien que l'énergie matérielle, globalement, soit conservée. Tout est en puissance éternel, mais dans ce monde, la matière prend forme et suit un processus de transformations successives (naissance, croissance, stabilisation, reproduction, déclin et mort). Tel est le sort de toute chose composée de matière. Les matérialistes ont suggéré l'existence, au-delà de l'Univers matériel, d'une "autre forme", étrange et inconcevable, que ne peuvent percevoir les sens. Ce n'est là qu'une indication du monde spirituel. Le principe de l'âme est beaucoup plus proche, puisqu'il est présent en chaque être. Lorsque l'âme quitte le corps, c'est la vie qui abandonne ce dernier. La particule spirituelle, présente dans le corps de l'enfant, est ce qui lui permet de se développer. Ce développement s'interrompt dès que l'âme s'en va, car ce n'est qu'au contact de l'âme que la matière passe d'une forme à l'autre. L'Univers matériel entier se développe ainsi: émanant de l'énergie de l'Etre Suprême et Absolu, il se manifeste sous des formes gigantesques tel le soleil, la lune, la Terre, etc. Les quatorze systèmes planétaires, que décrivent les Ecrits védiques, sont tous régis par ce même principe, bien qu'ils diffèrent de taille et d'attribut. La force spirituelle crée. Et c'est seulement par sa présence que le développement, le mouvement et la transformation existent dans l'Univers. La vie n'est pas engendrée par une simple réaction chimique comme on l'a prétendu. L'interaction des divers éléments de la matière est mise en mouvement par un être supérieur, lequel crée ainsi les corps destinés à devenir l'habitacle de la force spirituelle. De son propre gré, l'être vivant anime la matière. On a jamais vu de matériaux de construction s'assembler par eux-mêmes pour prendre soudain la forme d'une maison. C'est l'homme qui meut la matière et construit sa maison. La matière n'est qu'une substance inerte, créée en tant que forme par l'âme vivante. Seul le savoir limité évite cette conclusion. La forme gigantesque de l'Univers matériel abuse les ignorants. Il faut plutôt apprendre à discerner, derrière l'immense manifestation, une intelligence suprême. L'Etre doué de cette intelligence est l'Etre Suprême, le Créateur ultime: Sri Krsna, Dieu, la Personne Suprême. Les Ecrits védiques, et en particulier la Bhagavad-gita, nous instruisent de façon décisive au sujet du Créateur. La Bhagavad-gita nie totalement que la vie "vient d'elle-même" grâce au "hasard d'une interaction favorable entre certains éléments physiques et chimiques": sarva-bhutani kaunteya
prakritim yanti mamikam kalpa-ksaye punas tani kalpadau visrjamy aham
prakritim svam avastabhya
mayadhyaksena prakritih
"A la fin d'un âge, ô fils de Kunti, toutes créations matérielles rentrent en Moi, et au début de l'âge suivant, par Ma puissance, Je crée à nouveau. L'Univers matériel tout entier est sous Mon ordre. Par Ma volonté, il est à chaque fois de nouveau manifesté, et c'est toujours par elle qu'à la fin il est anéanti. La nature matérielle agit sous Ma direction, sous Ma direction elle engendre tous les êtres, mobiles et immobiles. Par Mon ordre encore elle est créée puis anéantie, dans un cycle sans fin." (Bg., IX.7-8, 10) Krsna indique ainsi qu'Il est le Maître de tout ce qui est. Pourquoi les savants ne rendent-ils pas la vie à un mort si l'on peut vraiment créer l'énergie vivante dans un laboratoire grâce à "l'interaction de certains éléments physiques et chimiques"? Tout corps humain leur offre pourtant tous les éléments matériels nécessaires. Les hommes de science doivent comprendre définitivement que l'énergie vivante - la force spirituelle - ne peut être engendrée à partir de la matière, quelle que soit la façon dont on la manipule. Elle imprègne la matière sur l'ordre de Dieu, la Personne Suprême. Aujourd'hui, Russes et Américains sont sans doute fort en progrès dans les divers domaines de la technologie, mais hélas infiniment moins dans la science spirituelle. Il leur faudra donc approfondir un jour ou l'autre cette science, s'ils désirent rendre la société humaine parfaite et la diriger vers le Progrès véritable. Les Soviétiques, par ailleurs, ignorent que la philosophie communiste se trouve entièrement décrite dans le Srimad-Bhagavatam, qui enseigne que toutes les richesses existantes -ressources naturelles, agricoles et minières sont offertes par le Créateur ultime, lequel donne à chaque être le droit d'en prendre sa part. Chaque homme, ajoute le Srimad-Bhagavatam, ne doit posséder que ce dont il a besoin pour le bon ordre de son corps. S'il désire plus ou se saisit de plus que ce qui lui est alloué, il en sera puni. Il est même dit que les animaux chiens, chameaux, souris, singes, serpents même, etc. doivent être traités comme nos propres enfants. Nous sommes convaincus qu'aucune nation sur Terre ne peut énoncer le principe d'un communisme véritable aussi parfaitement que le Srimad-Bhagavatam.
Les êtres n'appartenant pas à la race humaine ne peuvent être traités comme des frères et comme des enfants que lorsque l'on a une vision aboutie du Créateur et de la vraie nature de tout être vivant. |