L'Upadesamrita L’enseignement de Rūpa Gosvāmī
VERSET 5
kṛṣṇeti yasya giri taṁ manasādriyeta dīkṣāsti cet praṇatibhiś ca bhajantam īśam śuśrūṣayā bhajana-vijñam ananyam anya- nindādi-śūnya-hṛdam īpsita-saṅga-labdhyā TRADUCTION
L'on doit honorer en pensée le bhakta qui chante les Saints Noms du Seigneur, Śrī Kṛṣṇa, et offrir son humble hommage à celui qui, ayant reçu l'initiation spirituelle, fait acte d'adoration envers la Mūrti. Quant au pur bhakta, hautement établi dans la pratique indéfectible du service de dévotion, au coeur parfaitement purifié de toute inclination à dénigrer autrui, de celui-là il faut rechercher la compagnie, et le servir avec foi.
TENEUR ET PORTEE Afin d'appliquer intelligemment les six principes d'échange d'affection décrits dans le quatrième verset, il convient d'abord de choisir avec discernement les personnes avec qui on les établira. Aussi Śrīla Rūpa Gosvāmī nous conseille-t-il d'agir avec chaque Vaiṣṇavas en tenant compte de sa position respective. Il nous enseigne dans ce verset quels rapports établir avec les trois sortes de bhaktas —le kaniṣṭha-adhikārī, madhyama-adhikārī et l’uttama-adhikārī. Le kaniṣṭha-adhikàri est le néophyte qui a reçu du maître spirituel l'initiation au hari-nāma, aux Saints Noms de Kṛṣṇa, et qui s'efforce de les chanter. Il faut respecter par la pensée un tel bhakta, dit kaniṣṭha-vaiṣṇava. Le madhyama-adhikārī, lui, a reçu de son maître l'inititiation spirituelle et gagne ainsi d'être par lui pleinement engagé dans le service d'amour sublime offert au Seigneur. Il faut le voir comme étant situé au niveau intermédiaire du service de dévotion. Quant à l'uttama-adhikārī, il est le plus haut des bhaktas. Sa haute réalisation du service de dévotion fait qu'il n'éprouve nul intérêt à dénigrer autrui; son coeur est d'une pureté parfaite, il a atteint le niveau où la conscience de Kṛṣṇa est sans mélange. Selon Śrīla Rūpa Gosvāmī, il faut désirer surtout la compagnie d'un tel mahā-bhāgavata, ou parfait Vaiṣṇavas, et le service de sa personne. Le stade de kaniṣṭha-adhikārī, au niveau le plus bas du service de dévotion, et mu seulement par l'adoration de la Mūrti dans le temple, doit être quitté rapidement. Le onzième Chant du Śrīmad-Bhāgavatam (11.2.47) décrit le kaniṣṭha-vaiṣṇavas de la façon suivante:
arcāyām eva haraye pūjāṁ yaḥ śraddhayehate na tad-bhakteṣu cānyeṣu sa bhaktaḥ prākṛtaḥ smṛtaḥ « Celui qui avec foi s'engage dans l'adoration de la Mūrti du temple, mais ignore comment se comporter envers les bhaktas et les hommes dans leur masse, porte le nom de prākṛta-bhakta, ou kaniṣṭha-adhikāri. »" (S.B., XI. 2.4 7) Il faut donc s'élever de ce niveau à celui de madhyama-adhikārī, que définit également le Śrīmad-Bhāgavatam (11.2.46):
īśvare tad-adhīneṣu bāliśeṣu dviṣatsu ca prema-maitrī-kṛpopekṣā yaḥ karoti sa madhyamaḥ «Le madhyama-adhikārī est le bhakta qui adore Dieu, la Personne Suprême, faisant de Lui l'Objet ultime de son amour, qui se lie d'amitié avec les dévots du Seigneur, qui montre de la compassion envers les innocents et évite ceux dont la nature est envieuse.» (S.B., XI.2.46). Śrīla Rūpa Gosvāmī, donc, nous enseigne dans ce verset quel comportement adopter envers les différents bhaktas, car c'est là la façon appropriée de cultiver le service de dévotion. L'expérience pratique nous permet de constater qu'il existe différentes sortes de vaisnavas. On distingue les prākṛta-sahajiyās, qui chantent généralement le mahā-mantra Hare Kṛṣṇa mais n'en demeurent pas moins attachés aux femmes, à l'argent et aux substances enivrantes. Malgré le chant des Saints Noms du Seigneur, ils ne sont pas encore entièrement purifiés. Nous devons respecter en pensée de tels bhaktas, mais toujours prendre garde d'éviter leur compagnie. On distingue encore ceux qui. bien qu'innocents, se sont laissés entraîner par de mauvaises fréquentations, et envers qui l'on doit montrer de la bienveillance lorsqu'ils manifestent le désir de recevoir enseignements de purs bhaktas. Mais il va de notre devor d'offrir notre hommage respectueux aux bhaktas néophites qui, initiés par un maître spirituel authentique, s'attachent à exécuter soigneusement ses ordres. Dans notre Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa, la même chance est offerte à tous, sans considération de race, de lignage ou de position sociale. Tous sont en effet invités à se joindre à nous, à partager tranquillement le prasāda avec nous et à entendre parler de Kṛṣṇa. Lorsque nous remarquons qu'une personne manifeste de l'intérêt pour la Conscience de Kṛṣṇa et aspire à être initiée, nous l'acceptons comme disciple et lui donnons à chanter les Saints Noms du Seigneur. Or, dès qu'un néophyte se trouve dûment initié par le maître spirituel, et que sous sa direction il s'engage dans le service de dévotion, on doit l'accepter comme un Vaiṣṇava authentique et lui offrir son hommage comme tel. Parmi un grand nombre de ces Vaiṣṇavas, peut-être en est-il un qui s'absorbe de tout son être dans le service offert au Seigneur, prenant soin d'observer rigoureusement tous les principes régulateurs, de faire le nombre prescrit de tours de japa-malā et de méditer sans cesse sur les moyens de répandre le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa. Celui-là, il faut le considérer comme un uttama-adhikārī, un bhakta hautement évolué, et toujours rechercher sa compagnie. Le processus suivant lequel le bhakta s'attache à Kṛṣṇa se trouve décrit dans le Caitanya-caritāmṛta (Antya 4.192):
dīkṣā-kāle bhakta kare ātma-samarpaṇa sei-kāle kṛṣṇa tāre kare ātma-sama «Lorsqu'au jour de l'initiation le bhakta s'abandonne tout entier au service du Seigneur, Sri Kṛṣṇa., Ce dernier le tient pour aussi haut placé qui Lui-même.» (C.c., Antya 4.192) Quant à l'initiation spirituelle (dīkṣā), Śrīla Jīva Gosvāmī la décrit de la façon suivante:
divyaṁ jñānaṁ yato dadyāt kuryāt pāpasya saṅkṣayam tasmād dīkṣeti sā proktā deśikais tattva-kovidaiḥ «L'initiation spirituelle fait que l'on se détache graduellement des plaisirs matériels pour s'attacher en proportion égale à la vie spirituelle.» (Bhakti-sandarbha, 868) Il nous a été donné d'observer maintes fois ce phénomène, surtout en Europe et en Amérique. De nombreux étudiants venant de familles respectables et aisées ont bientôt fait, au contact de notre Mouvement, de perdre tout attrait pour les plaisirs matériels et montrent bientôt l'ardent désir d'embrasser la vie spirituelle. Bien qu'ils aient appartenu à des familles fort aisées, plusieurs acceptent maintenant de vivre dans des conditions peu confortables. De fait, ils sont prêts, par égard pour Kṛṣṇa, à vivre dans n'importe quelle condition, pourvu que ce soit dans un temple et en compagnie de Vaiṣṇavas. Lorsqu'on se désintéresse à ce point des plaisirs matériels, on devient éligible pour recevoir l'initiation du maître spirituel. Le Śrīmad-Bhāgavatam (6.1.13) enseigne d'ailleurs à ce sujet. traçant ainsi la voie du progrès spirituel: tapasā brahmacaryeṇa śamena ca damena ca, l'être qui désire sérieusement recevoir l'initiation (dīkṣā) doit être prêt à pratiquer l'austérité, la continence et la maîtrise du mental et du corps. Ainsi disposé, et ainsi désireux de se voir éclairé dans le savoir spirituel (divyaṁ jñānam), il se trouve qualifié pour recevoir l'initiation. Les mots Divyaṁ jñānam se traduisent également par l'expression technique tad-vijñāna, dégnant le savoir lié au Suprême. Tad-vijñānārthaṁ sa gurum evābhigacchet, enseignent encore les Ecritures: l'être qui porte un intérêt certain aux questions d'ordre spirituel, touchant à la Vérité Absolue, peut être initié. Celui-là doit alors approcher un maître spirituel pour recevoir de lui l’initiation (dīkṣā); c'est ce que recommande le Śrīmad-Bhāgavatam: tasmād guruṁ prapadyeta jijñāsuḥ śreya uttamam, «Lorsqu'on éprouve un intérêt marqué pour la science spirituelle qui mène à la Vérité Absolue, il faut approcher un maître spirituel.» (S.B., XI.3.21) Nul ne doit cependant accepter un maître spirituel pour ensuite ne pas se conformer à ses instructions, ou s'il désire seulement paraître engagé dans la voie spirituelle, comme il est aujourd'hui devenu de mode. Il faut être jijñāsu, fort désireux de recevoir les enseignements d'un maître spirituel authentique. Enfin, les questions qu'on lui adressera devront porter exclusivement sur la science spirituelle (jijñāsuḥ śreya uttamam). Le mot uttamam (de ut: qui transcende, et tama: les ténèbres matérielles) qualifie le savoir qui se trouve au-delà de la connaissance matérielle. Les hommes sont généralement animés d'un vif intérêt pour ce qui touche aux choses matérielles; aussi font-elles l'objet de toutes leurs interrogations. Mais lorsqu'on perd goût pour les sujets d'ordre matériel et que l'on reporte on intérêt sur des questions d'ordre spirituel, on acquiert qualité pour recevoir l'initiation. Celui qui reçoit ainsi l'initiation d'un maître spirituel authentique et s'engage sérieusement dans le service du Seigneur, on doit le considérer comme un madhyama-adhikārī. Le chant des Saints Noms de Kṛṣṇa est de nature si sublime qu'il confère, à quiconque le pratique en prenant soin d'éviter les dix offenses possibles à son endroit. d'atteindre graduellement à la compréhension du fait qu'il n'existe nulle différence entre le Nom du Seigneur et Sa Personne propre. Envers celui qui atteint ce niveau d'entendement, le bhakta néophyte doit montrer un grand respect. Soyons sûrs — et sans l'ombre d'un doute —, qu'à moins de chanter le Saint Nom du Seigneur sans commettre d'offense, nul ne saurait se donner qualité pour progresser sur la voie de la Conscience de Kṛṣṇa. Le Śrī Caitanya-caritāmṛta (Madhya 22.69) enseigne par ailleurs:
yāhāra komala śraddhā, se 'kaniṣṭha' jana krame krame teṅho bhakta ha-ibe 'uttama' «Celui dont la foi est tendre et maléable, on le dit néophyte. Mais en se pliant progressivement à la méthode prescrite, il s'élèvera jusqu'à devenir un bhakta de premier niveau.» (C.c., Madhya 22.69) Quiconque emprunte la voie dévotionnelle part du stade de néophyte, mais s'il prend soin de chanter ponctuellement le hari-nāma sur son japa-malā, autant de tours que le recommande le maître spirituel, il s'élèvera graduellement au niveau le plus élevé, celui de l’uttama-adhikārī. Parce qu'il n'est pas possible aux occidentaux de se concentrer pendant de longues heures sur la récitation du mahā-mantra, le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa prescrit le chant de seize tours de japa-malā par jour, exigeant ainsi de ses adhérents un effort minimum. Śrīla Bhaktisiddhānta Sarasvatī Ṭhākura affirmait cependant que quiconque ne chante pas quotidiennement un minimum de soixante-quatre tours de japa-malā (ce qui représente environ cent-mille fois le Nom de Dieu) doit être tenu pour déchu (patita). Selon ces normes, nous sommes donc pratiquement tous déchus, mais parce que nous nous efforçons de servir le Seigneur Suprême avec sérieux et sans duplicité, nous pouvons espérer obtenir la miséricorde de Śrī Caitanya Mahāprabhu, qu'on célèbre également du Nom de patita-pāvana, le Libérateur des âmes déchues. Lorsque Śrīla Satyarāja Khān, un grand dévot de Śrī Caitanya Mahāprabhu, s’enquit auprès de Lui des signes à quoi on reconnaît un Vaiṣṇava, le Seigneur lui répondit :
prabhu kahe,—"yāṅra mukhe śuni eka-bāra kṛṣṇa-nāma, sei pūjya,—śreṣṭha sabākāra"
«Un homme qui prononce, même une seule fois, le mot "Kṛṣṇa", doit-être tenu pour le meilleur d'entre la masse des hommes.» (C.c., Madhya 15.106)
"ataeva yāṅra mukhe eka kṛṣṇa-nāma sei ta 'vaiṣṇava, kariha tāṅhāra sammāna" «Celui qui montre de l'intérêt pour le chant du Saint Nom de Kṛṣṇa ou qui en développe le goût par la pratique, il faut le considérer comme un Vaiṣṇava, et lui porter respect comme tel, au moins par la pensée.» (C.c., Madhya 15.111) Un de nos sympathisants, célèbre musicien anglais, a développé un attrait pour le chant des Saints Noms de Kṛṣṇa, qu'on trouve même souvent mentionné dans ses disques. Il garde chez lui des images de Kṛṣṇa, qu'il révère, et rend également son hommage aux bhaktas, dont la mission est de répandre la Conscience de Kṛṣṇa. A tous égards il a une très haute estime pour le Nom et les Actes de Sri Kṛṣṇa.. Aussi lui offrons-nous, et sans réserve, nos respects, car nous voyons de façon pratique cet homme progresser d'un pas certain sur la voie de la Conscience de Kṛṣṇa. Un tel être mérite sans contredit le respect d'autrui. Concluons donc que quiconque cherche à progresser dans la Conscience de Kṛṣṇa en chantant de façon réglée les Saints Noms du seigneur doit toujours être respecté des Vaiṣṇavas. D'un autre côté, nous avons pu constater que certains de nos contemporains, qui passent pour de grands prédicateurs, se sont peu à peu dégradés jusqu'au niveau matériel, pour avoir manqué au chant des Saints Noms du Seigneur. Dans Ses instructions à Sanātana Gosvāmī, Śrī Caitanya Mahāprabhu divisa le service de dévotion en trois formes:
śāstra-yukti nāhi jāne dṛḍha, śraddhāvān 'madhyama-adhikārī' sei mahā-bhāgyavān «Sa connaissance des śāstras n'est pas très profonde, mais il a acquis une foi résolue en le chant du mahā-mantra Hare Kṛṣṇa, et ne dévie jamais du service dévotionnel qui lui a été assigné; il doit être considéré comme un madhyama-adhikārī. Grande est sa fortune.» (C.c., Madhya 22.67) On qualifie le madhyama-adhikārī de śraddhāvān, signifiant par là que sa foi est inébranlable. Et c'est ainsi qu'il trouve qualité pour progresser davantage sur la voie du service de dévotion. Aussi lit-on, toujours dans le Caitanya-caritāmṛta (Madhya 22.64), l'enseignement suivant:
śraddhāvān jana haya bhakti-adhikārī 'uttama', 'madhyama', 'kaniṣṭha'—śraddhā-anusārī
«Selon le degré de foi (śraddhā) qu'il a acquis, on dira d'un bhakta qu'il se situe sur le plan néophyte, intermédiaire ou supérieur du service de dévotion.» (C.c., Madhya 22.64)
'śraddhā'-śabde—viśvāsa kahe sudṛḍha niścaya kṛṣṇe bhakti kaile sarva-karma kṛta haya «Qui pratique le service sublime offert à Kṛṣṇa voit s'accomplir d'elles-mêmes toutes les activités annexes. La foi absolue en cette vérité, foi propice à l'accomplissement du service de dévotion, se nomme, śraddhā.» (C.c., Madhya 22.62) C'est par une telle foi en Kṛṣṇa que débute la Conscience de Kṛṣṇa. Et par ce mot, śraddhā, il faut entendre une foi ferme. Les versets de la Bhagavad-gītā constituent un enseignement avéré, particulièrement approprié aux hommes de foi. Aussi chaque parole qu'y énonce Kṛṣṇa doit-elle être acceptée telle qu'elle est, sans interprétation aucune. Et c'est bien ainsi qu'Arjuna accepta la Bhagavad-gītā; il dit d'ailleurs, après que le Seigneur la lui ait énoncée: sarvam etad ṛtaṁ manye yan māṁ vadasi keśava: «O Kṛṣṇa, tout ce que Tu m'as dit, je l'accepte comme la vérité la plus pure.» (B.g., X.14) Or, c'est là la voie pour comprendre le message de la Bhagavad-gītā, la voie qui relève de la śraddhā. Il ne s'agit certes pas d'accepter, selon sa fantaisie, une partie de la Bhagavad-gītā pour en rejeter une autre. Ce n'est pas là ce qu'on entend par śraddhā. La śraddhā trouve son sens réel dans l'acceptation globale de tous les enseignements de la Bhagavad-gītā, et plus particulièrement de sa conclusion: sarva-dharmān parityajya mām ekaṁ śaraṇaṁ vraja: «Laisse là toute autre forme de religion, et abandonne-toi simplement à Moi.» (B.g., 18.66) Celui qui en vient à développer une foi absolue en cet enseignement voit cette foi (śraddhā) devenir la base même de son progrès dans la vie spirituelle. Qui s'absorbe pleinement dans le chant du mahā-mantra Hare Kṛṣṇa gagne de réaliser peu à peu son identité spirituelle. A celui qui ne chante pas les Saints Noms avec foi, jamais Kṛṣṇa ne Se révèle: sevonmukhe hi jihvādau svayam eva sphuraty adaḥ (B.r.s., 1.2.234). Aucune voie artificielle ne permet de réaliser le Seigneur Suprême. Il faut s'engager avec foi dans le service du Seigneur. Il se pratique d'abord avec la langue (sevonmukhe hi jihvādau), dans ses deux fonctions: l'on doit toujours chanter les Saints Noms du Seigneur et honorer le Kṛṣṇa-prasāda, sans chanter ou manger rien d'autre. Quand le bhakta suit ce sentier avec foi, le Seigneur Suprême Se révèle à lui. Lorsque l'être réalise que sa position est celle d'éternel serviteur de Kṛṣṇa., il se désintéresse alors de tout ce qui n'est pas le service de Kṛṣṇa. Il absorbe dès lors toutes ses pensées en Kṛṣṇa et médite sur les diverses voies pour répandre Ses Saints Noms; il comprend que son unique souci doit être de propager le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa dans le monde entier. Il faut voir celui qui agit de la sorte comme un uttama-adhikārī, et immédiate ment chercher à se lier avec lui selon les six méthodes prescrites dans le verset précédent (dadāti pratigṛhṇāti, etc.). A vrai dire, il faut accepter un tel Vaiṣṇava comme maître spirituel, et lui offrir tout ce que l'on possède, puisque les Ecritures nous enjoignent de tout abandonner au maître spirituel. Le brahmacārī, plus particulièrement, doit demander l'aumône pour ensuite offrir les dons ainsi recueillis à son maître spirituel. Gardons-nous cependant d'imiter les bhaktas avancés, les mahā-bhāgavatas, sans être soi-même parfaitement réalisé, car un tel geste aurait tôt ou tard pour effet notre dégradation. Dans ce verset, Śrīla Rūpa Gosvāmī demande au bhakta d'être assez intelligent pour discerner entre le kaniṣṭha-adhikārī, le madhyama-adhikārī et l’uttama-adhikārī. Un bhakta doit également connaître sa propre position et à aucun moment ne chercher à imiter les bhaktas établis à un niveau supérieur. Śrīla Bhaktivinoda Ṭhākura nous enseigne qu'un uttama-adhikārī se reconnaît à sa capacité d'amener de nombreuses âmes déchues au Vaiṣṇavisme. Corrélativement, nul ne doit devenir maître spirituel s'il n'a d'abord atteint le niveau de l'uttama-adhikārī. Le kaniṣṭha-adhikārī et le madhyama-adhikārī peuvent eux aussi accepter des disciples, mais parce qu'ils se trouveront plus ou moins au même niveau qu'eux, ces derniers, sous direction insuffisante, ne progresseront que très difficilement vers le but ultime. Tout disciple sérieux doit donc veiller à n'accepter pour maître spirituel que l’uttama-adhikārī.
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