I
La science de l’âme
La vie procède de la vie

Quelles sont les véritables origines de la vie ? Peut-elle être créée en laboratoire, à partir d'éléments chimiques ? A l'appui des anciens textes sacrés de l'Inde, Śrila Prabhupāda s'entretient de ces questions avec le Dr. Singh.

Śrila Prabhupāda: Une civilisation dominée par la science et la technologie repose tout entière sur le concept erroné voulant que la vie tire son origine de la matière. Mais nous ne pouvons pas accepter un postulat aussi absurde. Car à la vérité, c'est la matière qui procède de la vie, et non pas l'inverse. Voilà la réalité, bien tangible. La science moderne, elle, s'appuie sur des données fausses, et aboutit donc à des calculs et des conclusions également incorrects, en outre causes de souffrance pour les hommes. Ce n'est que lorsque toutes ces erreurs seront redressées que les hommes trouveront le bonheur. Voilà pourquoi nous devons lancer un défi aux hommes de science et réfuter leurs arguments. Sans quoi, ils conduisent l'humanité entière sur des chemins sans issue.
Le corps matériel traverse six étapes: naissance, croissance, mabilisation, reproduction, déclin et mort. Mais la vie qui l'anime au sein même de la matière est de nature éternelle: aucune des transformations du corps ne l'affecte. L'être vivant dans le corps ne se développe puis ne périt qu'en apparence, car à vrai dire, il ne fait rien d'autre qu'assister aux diverses modifications que subit le corps avant d'aboutir à un état où il ne puisse plus être maintenu. Le corps, usé, meurt alors, et l'âme entre dans un nouveau corps, de même qu'on se défait de vieux vêtements pour en revêtir de neufs.
Kṛṣṇa enseigne, dans la Bhagavad-Gītā: "A l'instant de la mort, l'âme prend un corps nouveau, aussi naturellement qu'elle est passée, dans le précédent, de l'enfance à la jeunesse, puis à la vieillesse." (B.g., 11.13). Et encore: antavanta ime deha nityasyoktah sarinah, (B.g.,11.18), ce qui signifie que seuls les corps matériels qu'emprunte l'âme éternelle sont destructibles. Ainsi, le corps matériel est périssable, mais la vie qui l'anime est nitya, éternelle.

Dr. Singh: Les hommes de science ne peuvent percevoir l'âme infinitésimale, c'est pourquoi ils mettent fortement en doute son existence.

Śrila Prabhupāda: Comment pourraient-ils la voir ? Elle est trop ténue pour qu'on l'observe. Qui pourrait prétendre posséder un tel pouvoir de perception, une vision assez sensible pour déceler l'âme ?

Dr. Singh: Ils voudraient cependant obtenir quelque preuve tangible de son existence.

Dr. Singh: Ils voudraient cependant obtenir quelque preuve tangible de son existence.

Śrila Prabhupāda: Et bien, si un homme absorbe, même en quantité négligeable, un poison mortel, il mourra aussitôt. Personne ne peut voir le poison, ni le suivre dans son action; cependant, il n'en agit pas moins. De même, les Vedas nous enseignent que le corps fonctionne, de façon merveilleuse, parce que l'âme, infime étincelle spirituelle, l'habite. Si je me pince, je ressens aussitôt la douleur, car la conscience est partout répandue dans le corps. Mais que l'âme quitte le corps, comme cela se produit au moment du trépas, et vous pourrez le découper en morceaux sans que personne ne proteste. Est-ce à ce point difficile à comprendre ? Ne perçoit-on pas ainsi les effets de la vie ?

Dr. Singh: Très bien pour l'âme, mais que dire de Dieu ?

Śrila Prabhupāda: Menons d'abord à son terme notre réflexion sur l'âme. Elle constitue en quelque sorte un Dieu miniature. Prenez d'abord conscience de la partie et vous pourrez ensuite comprendre le tout. (Śrila Prabhupāda tend alors sa canne vers un arbre mort.) Voyez cet arbre, là-bas, il n'est plus que matière. Autrefois, il produisait des ramilles et des feuilles; plus maintenant. Pourquoi ? Les hommes de science peuvent-ils expliquer ce fait ?

Karandhara: Ils diraient que la composition chimique de l'arbre a changé.

Śrila Prabhupāda: Très bien, mais si la science est tellement avancée dans le domaine de la chimie, qu'elle fournisse à l'arbre les éléments nécessaires pour qu'il produise à nouveau branches et feuilles.

Brahmananda Swami: Si l'on veut faire accepter une théorie, il faut d'abord l'accompagner de preuves. La science devrait alors pouvoir démontrer en laboratoire que la vie tire son origine d'un agrégat d'éléments chimiques.

Śrila Prabhupāda: C'est exact. La méthode dite scientifique procède d'abord par l'observation, puis par l'hypothèse, et enfin par la démonstration. Mais nos hommes de science ne peuvent démontrer jusqu'au bout leurs hypothèses; leur activité se borne donc à observer, puis à tirer plus ou moins hâtivement des conclusions chimériques.
Ils aiment à dire que la vie résulte d'une certaine "formule chimique". Mais tous les composants chimiques qui se trouvaient dans l'arbre encore vivant s'y trouvent toujours. Même l'énergie vitale y est présente. En cet arbre vivent une infinité d'êtres microscopiques tous bel et bien vivants. Nul ne saurait dénier qu'il y a de la vie en cet arbre.

Dr. Singh: Mais où est l'énergie vitale de l'arbre en lui-même ?

Śrila Prabhupāda: Voilà la différence. La force vitale est distincte, individuelle, et l'être distinct qui animait cet arbre l'a quitté. Comment pourrait-on conclure autrement, puisque l'arbre reste mort, bien que tous les éléments nécessaires à la vie y soient encore présents.
Autre exemple: supposons que je quitte l'appartement dans lequel je vis. Même si je n'y habite plus, d'autres êtres —fourmis, araignées, etc.— y restent. Il serait absurde de croire que parce que j'ai quitté cet appartement, aucune vie n'y est plus possible. C'est ma propre vie, à moi en tant qu'être distinct, qui l'a quitté. Les composants chimiques de l'arbre sont ainsi comparables à l'appartement: ils ne constituent qu'un environnement dans lequel évolue la force vitale distincte, l'âme. C'est pourquoi jamais la science ne pourra produire la vie dans ses laboratoires.
Les soi-disant hommes de science prétendent donc que la vie résulte d'éléments chimiques; mais en tout état de cause, ce qu'il importerait vraiment de savoir, c'est la provenance de ces éléments eux-mêmes. Or, nous disons qu'ils procèdent de la vie. Ce qui implique que la force vitale possède des pouvoirs surnaturels. Un oranger, par exemple, produit plusieurs oranges, qui toutes contiennent divers éléments chimiques —acide citrique et autres.
Qu'est-ce qui à produit ces éléments sinon la vie présente dans l'arbre ? Les hommes de science qui basent leurs recherches sur la mesure des éléments chimiques demeurent incapables d'en déterminer l'origine. De même que chaque corps doté de vie produit de nombreux éléments chimiques, l'Etre vivant suprême, Dieu, est la source de tous les éléments chimiques présents dans l'air, dans l'eau, dans l'homme, dans les animaux ou dans la terre. Voilà ce qu'on entend par pouvoirs surnaturels. Aussi demeure-t-il impossible de percer le mystère de l'origine de la vie si l'on n'admet pas l'existence des pouvoirs surnaturels du Seigneur Suprême.

Dr. Singh: Les hommes de science vous répondront qu'ils ne croient pas en l'existence de pouvoirs surnaturels.

Śrila Prabhupāda: Mais ils doivent bien pourtant expliquer l'origine des éléments chimiques. Tout homme peut constater qu'un arbre ordinaire en produit de diverses sortes: ce n'est pas niable.
Mais comment les produit-il ? S'ils ne peuvent répondre à cette question, ils doivent accepter l'idée que la force vitale est dotée de pouvoirs surnaturels. Nul ne saurait expliquer pourquoi ses ongles poussent; cela dépasse l'entendement. En d'autres termes, cette croissance s'opère grâce à une énergie inconcevable, ou acintya-sakti. Or, si cette acintya-sakti est présente dans un être ordinaire, combien plus grande sera-t-elle en Dieu!
Quelle différence y a-t-il entre l'être distinct et Dieu ? Le premier, bien que possédant les mêmes pouvoirs que Dieu, ne peut produire qu'une faible quantité d'éléments chimiques au lieu d'une quantité infinie, comme Lui. L'être distinct produit de l'eau, sous forme d'exsudation, mais en quantité infime; Dieu crée les océans.
L'analyse d'une seule goutte d'eau de mer nous révèle exactement la nature de l'océan. De même, l'être distinct fait partie intégrante de Dieu, dont il constitue un fragment, et l'étudier, c'est commencer à comprendre le Seigneur Suprême. Dieu, disions-nous, possède d'infinis pouvoirs surnaturels, qui agissent aussi merveilleusement que l'électricité dans certaines machines complexes; il suffit de pousser un bouton, et tout se met en marche. De même Dieu a dit: "Que soit la création", et le processus de l'entière création universelle s'amorça. Vus sous ce jour, les mécanismes régissant la nature matérielle sont plutôt faciles à saisir. Tels sont donc les pouvoirs de Dieu: à Son ordre, sur un seul mot, l'entière création entre en mouvement.

Karandhara: Mais les hommes de science prétendent que la vie fut créée selon un processus biochimique.

Śrila Prabhupāda: Et je leur réponds: "Pourquoi donc ne créez-vouss pas la vie à votre tour, si vos connaissances chimiques et biologiques sont tellement avancées ?"

Karandhara: Ils affirment être sur le point d'y parvenir.

Śrila Prabhupāda: Toujours demain, et pas aujourd'hui ! Si les hommes de science sont si familiers avec le processus de la création, et si la vie est bel et bien d'origine biochimique, qu'est-ce qui les empêche de créer dès maintenant la vie dans leurs laboratoires ? Lorsqu'on soulève ce point critique, ils s'empressent d'invoquer le futur. Sornette ! Quelle foi peut-on avoir dans le futur, si brillant soit-il ? Des découvertes toujours à venir ne valent rien, et ,meurs promesses ne sont qu'inepties.

Karandhara: Vraiment, ils prétendent être très proches du moment où ils pourront créer la vie...

Śrila Prabhupāda: N'est-ce pas là encore une autre façon de fuir le présent ? La science doit admettre qu'elle ignore encore tout de l’origine de la vie. Et puisqu'elle remet sans cesse à plus tard cet exploit, c'est que ses connaissances présentes sont imparfaites. C'est absolument comme si je vous devais une très forte somme et vous offrais un chèque postdaté. En homme avisé, vous me demanderiez au moins un peu d'argent liquide, pour avoir une preuve tangible de mon bon vouloir. De même, les biochimistes ne peuvent même produire un seul brin d'herbe, et ils voudraient qu'on croie en leur pouvoir de créer la vie à partir de la matière. Ce n'est pas sérieux. Personne ne met donc en cause leurs assertions sans fondement ? D'autre part, nous avons des preuves que la vie procède de la vie: l'enfant qui naît, vivant, tire son origine de parents eux aussi vivants. Et nous pouvons aussi prouver que la source originelle de toute vie est Kṛṣṇa. Mais quelle preuve ont les hommes de science que la vie procède de la matière ? A-t-on déjà vu un enfant naître d'une pierre? Ils sont incapables de donner forme à leur théorie. C'est pourquoi ils remettent toujours à plus tard sa démonstration.

Karandhara: Les hommes de science ont pour principe de ne considérer que les faits vérifiables par les sens. C'est ce qu'ils appellent "l'intégrité scientifique".

Śrila Prabhupāda: Ils sont ainsi victimes de ce que nous appelons "la philosophie du Professeur Grenouille". Il était une fois une grenouille qui avait vécu toute sa vie au fond d'un puits. Un jour, elle reçut la visite d'un ami qui lui parla de l'océan.
"Mais qu'est-ce donc que cet océan ?" demanda la grenouille.
C'est une très vaste étendue d'eau, répond le visiteur.
Est-il deux fois plus grand que mon puits ?
Oh non, beaucoup plus grand !
Vraiment? Alors dix fois plus grand ?"
Et la grenouille poursuivit longtemps ses estimations, mais comment aurait-elle jamais pu concevoir les dimensions du gigantesque océan ? De même, nos facultés, notre expérience et nos pouvoirs spéculatifs demeurent toujours extrêmement limités. La grenouille prenait pour unité de mesure la taille de son puits, car là s'arrêtaient ses pouvoirs. De même, les hommes de science cherchent à connaître la Vérité Absolue, la Cause de toutes les causes, à l'aide de leurs sens et de leur mental imparfaits; aussi restent-ils condamnés à l'erreur. Et la plus fondamentale réside dans le choix de la méthode inductive. Supposons qu'un "savant" désire par cette méthode déterminer si l'homme est mortel ou non. Il devra nécessairement étudier tous les individus un à un pour vérifier si l'un d'eux ne se trouverait pas immortel. "Je ne peux accepter —se dit-il— l'hypothèse que tous les hommes soient mortels tant que je n'aurai pas vu mourir tous les hommes. Qui sait ? Peut-être en est-il un d'immortel !" Voilà la méthode inductive. La méthode déductive, au contraire, est celle par quoi vous acceptez que l'homme est mortel pour l'avoir appris de votre père, de votre précepteur, ou de votre guru.

Dr. Singh: Il existe donc, pour acquérir la connaissance, deux voies :une ascendante et l'autre descendante.

Śrila Prabhupāda: Oui. Jamais la méthode ascendante ne nous donnera de résultats positifs, car elle utilise pour outil de recherche eux-mêmes imparfaits. Notre choix va donc à la méthode descendante.
On ne peut connaître Dieu par la méthode inductive. Il est d’ailleurs qualifié, pour cette raison, d'adhoksaja, i.e: Il ne peut être connue par les voies de perception directe. Si la science refuse l’existence de Dieu, c'est qu'elle tente de Le percevoir directement. Elle ignore tout de la seule méthode pour Le connaître, qu'enseigne la Bhagavad-Gītā, tad viddhi pranipatena pariprasnena sevaya :
"Il faut chercher à connaître la vérité en approchant un maître spirituel authentique, en s'enquérant d'elle auprès de lui avec soumission et tout en le servant." (B.g.,IV.34)

Dr. Singh: Il existe un journal scientifique, "Nature", qui s'est spécialisé dans les articles traitant des diverses formes de la vie, plantes, animaux, etc. Jamais il n'y est fait mention de Dieu; on n'y traite que des objets naturels.

Śrila Prabhupāda: Nous pouvons bien sûr observer les plantes en tant que produites par la nature, mais la véritable intelligence est celle qui nous fera demander qui a produit la nature.

Dr. Singh: Les savants ont banni cette interrogation de leur pensée.

Śrila Prabhupāda: Quelle sottise ! Lorsqu'on parle de nature, il est tout à fait normal de se demander à qui elle appartient. Vous avez votre propre nature, j'ai la mienne; à qui donc appartient la nature matérielle ?
Par nature, il faut entendre énergie; et dès que nous parlons d'énergie, nous devons supposer que cette énergie a une source.
L'énergie électrique, par exemple, provient d'une centrale, elle ne se manifeste pas d'elle-même. De même, enseignent les Vedas, la nature matérielle émane de Sri Kṛṣṇa et agit sous Sa direction.

Dr. Singh: Voulez-vous dire que la science s'est échafaudée à partir d'un "lieu" intermédiaire, et non pas à partir de l'origine ?

Śrila Prabhupāda: Exactement. Négligeant l'origine, les scientifiques entament leurs recherches à partir de données secondes, sans chercher d'où elles proviennent. Malgré l'étendue de leurs découvertes, ce point leur échappe. Il nous faut donc accepter que la source originelle de toutes choses est Dieu, qu'Il possède toutes puissances surnaturelles. Il l'affirme Lui-même dans la Bhagavad-Gītā, aham sarvasya prabhavo mattah sarvam pravartate: "De tous les mondes, spirituels et matériels, Je suis la source; de Moi tout émane." (B.g., X.8). Nos conclusions ne reposent donc pas sur une foi aveugle; elles sont même les seules vraiment scientifiques. La recherche scientifique moderne a des analogies étroites avec la philosophie du sankhya, qui se donne pour but d'analyser les divers éléments matériels. Le mot sankhya signifie "compter". Comme les philosophes du sankhya, les hommes de science comptent et analysent, jusqu'à un certain point, les divers éléments de la nature; voilà de l'eau, voilà de la terre, de l'air, du feu, etc.

Ils peuvent même analyser le mental, l'intelligence et l'ego. Mais au-delà de l'ego, ils deviennent impuissants. Kṛṣṇa affirme pourtant qu'au-delà de l'ego existe la force vitale, l'âme spirituelle. Mais voilà précisément ce qu'ignorent les hommes de science. Ils en restent à la croyance que la vie n'est qu'une simple combinaison d'éléments matériels. Mais Kṛṣṇa dit clairement dans la Bhagavad-Gītā, apareyam itas tv anyam prakrtim viddhi me param: "Outre cette énergie matérielle, une autre énergie est Mienne, une énergie supérieure, spirituelle." (B.g.,VII.5). L'énergie inférieure est constituée des éléments matériels et l'énergie supérieure des êtres

bhūmir āpo ’nalo vāyuḥ
khaṁ mano buddhir eva ca
ahaṅkāra itīyaṁ me
bhinnā prakṛtir aṣṭadhā

"Terre, eau, feu, air, éther, mental, intelligence et faux ego, ces huit éléments, distincts de Moi-même, constituent Mon énergie inférieure." (B.g., VII.4)
Sri Kṛṣṇa explique, dans ce verset de la Bhagavad-Gītā, que l'air (vayu) trouve son origine en Lui; de même pour l'éther (kha), plus subtil que l'air. Mais encore plus subtil que l'éther est le mental, plus subtile que le mental l'intelligence, et plus subtile que l'intelligence l'âme. Or, de cette hiérarchie, les "savants", qui ne peuvent percevoir que les éléments grossiers, ignorent tout. Ils parlent bien de vayu, de l'air, des gaz, mais nous disent-ils d'où proviennent ces substances ?

Dr. Singh: Ils l'ignorent.

Śrila Prabhupāda: Nous, par contre, connaissons la réponse. Nous savons que les gaz, l'air, proviennent de l'éther (kha), et que l'éther vient du mental, le mental de l'intelligence, et l'intelligence de l'âme, énergie supérieure de Kṛṣṇa.

Dr. Singh: La philosophie du sankhya traite-t-elle des deux énergies, inférieure et supérieure ?

Śrila Prabhupāda: Non. Les philosophes du sankhya ne connaissent pas l'énergie supérieure. Ils se contentent d'analyser les éléments matériels, comme le font aujourd'hui les hommes de science. Les uns comme les autres ignorent tout de l'âme distincte. Leur domaine ne s'étend guère au-delà de l'énergie matérielle de Sri Kṛṣṇa. Mais l'énergie inférieure reste dépourvue de tout pouvoir de création. Seule l'âme, l'énergie supérieure, possède ce pouvoir. Nul n'est en mesure de, créer la vie à partir de la seule matière, et la matière ne saurait procéder d'elle-même. L'homme, l'être vivant peut mélanger l'hydrogène et l'oxygène, produisant ainsi de l'eau Mais la matière en elle-même n'a aucun pouvoir créateur. Si vous placez une bouteille d'hydrogène près d'une bouteille d'oxygène, jamais leurs substances ne se mélangeront d'elles-mêmes; vous, force vitale, énergie supérieure, devrez mélanger les deux gaz, énergies inférieures. Alors seulement pourront-elles se combiner pour former de l'eau.

Cet océan, par exemple, (Śrila Prabhupāda montre l'océan Pacifique) est maintenant très calme. Mais qu'une force supérieure, le vent, intervienne, et il se déchaînera. Ainsi, en l'absence de l'élément supérieur, l'océan n'a aucun pouvoir. Or, il existe une force supérieure au vent, qui elle-même est surpassée par une autre, et ainsi de suite, jusqu'à Kṛṣṇa, la force ultime. Voilà l'objet suprême de toute recherche. Prenons l'exemple d'un train: la locomotive tire un wagon qui à son tour en tire un second, et ainsi de suite, jusqu'à ce que le train entier se meuve. Mais tout commence grâce à l'ingénieur qui met en marche la locomotive, et qui est un être vivant. Et de même, dans le processus créateur de l'univers, Kṛṣṇa produit la première impulsion, qui en entraîne une autre, puis une autre, et ainsi de suite, jusqu'à ce que soit manifestée l'entière création cosmique. La Bhagavad-Gītā enseigne à cet effet, māyādhyaksena prakrtih suyate sa-caracaram: "La nature matérielle agit sous Ma direction, ô fils de Kunti, sous Ma direction elle engendre tous les êtres, mobiles et immobiles. Par Mon ordre, elle est créée puis anéantie, dans un cycle sans fin." (B.g.,IX.10). Et un peu plus loin:

sarva-yoniṣu kaunteya
mūrtayaḥ sambhavanti yāḥ
tāsāṁ Brahmā mahad yonir
ahaṁ bīja-pradaḥ pitā

"Comprends cela, ô fils de Kunti, que toutes espèces vivantes procèdent du sein de la nature matérielle, et que J'en suis le père, qui donne la semence." (B.g.,XIV .4)

Si, par exemple, je sème une graine de banian, tôt ou tard il en sortira un arbre gigantesque, lequel à son tour produira des millions de graines, chacune ayant le pouvoir de produire un autre arbre portant lui aussi des millions de graines, et ainsi de suite. Cependant, qui donne la semence originelle ? Kṛṣṇa, qui est le père.
Malheureusement, la science n'étudie que les causes immédiates; elle reste incapable de remonter jusqu'à la cause première. Car, il existe à tout phénomène deux causes: la cause immédiate et la cause originelle. Or, les Vedas décrivent Kṛṣṇa comme sarvakarana-karanam, "la Cause de toutes les causes", et il est clair que si vous pouvez comprendre la Cause de toutes les causes, tout vous sera alors révélé. Yasmin vijnate sarvam eva vijnatam bhavati: "Lorsqu'on connaît la cause originelle, toutes les autres causes nous sont alors révélées." Bien que les Vedas, lesquels renferment le parfait savoir, dévoilent la cause originelle, la science moderne, qui pourtant se préoccupe à sa façon de cette cause première, n'accepte pas leur conclusion. Elle préfère poursuivre ses vaines recherches, et en rester au niveau de son savoir partiel et imparfait.