A la découverte de la science de l'âme

Le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa est destiné à sauver l'humanité de sa mort spirituelle. Nos dirigeants aveugles n'ayant aucune idée du but de la vie, à savoir la réalisation spirituelle et le rétablissement de notre relation oubliée avec Dieu, fourvoient aujourd'hui la société. Le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa se propose donc d'éclairer l'humanité sur cette question primordiale.

Selon la civilisation védique, la perfection de la vie consiste à réaliser notre relation avec Kṛṣṇa, ou Dieu. La Bhagavad-Gītā, reconnue par tous les maîtres de la spiritualité comme la quintessence de tout le savoir védique, nous permet de comprendre que non seulement l'homme, mais tous les êtres vivants font partie intégrante de Dieu. Or, la partie se doit de servir le tout de même que les jambes, les mains, les doigts et les oreilles servent le corps entier. En tant qu'êtres distincts, faisant partie intégrante de Dieu, il va donc de notre devoir de Le servir.

En fait, nous sommes toujours en train de rendre service à quelqu'un, famille, nation ou société; et celui qui n'a personne à servir élèvera parfois un chien ou un chat pour s'en faire le serviteur. Tout cela prouve que notre position naturelle et originelle est celle de serviteur; or, malgré tous nos efforts, nous demeurons insatisfaits, tout comme la personne que nous servons. Au niveau matériel, il n'y a que frustration, et cela du fait que le service offert est mal orienté. Celui qui veut soigner un arbre, par exemple, doit en arroser la racine, et non les feuilles ou les branches, ce qui serait peine perdue. De même, si on sert Dieu, la Personne Suprême, toutes Ses parties intégrantes seront du coup satisfaites. Par suite, le service que l'on offre au Seigneur inclut toutes les oeuvres de bienfaisance, toutes formes d'aide à la société, à la famille et à la nation.

Il va du devoir de tout homme de comprendre sa position originelle en relation avec Dieu, et d'agir en conséquence. Celui qui y parvient aura atteint la perfection de l'existence. Cependant, il arrive parfois qu'un sentiment de défi nous porte à dire: "Dieu n'existe pas !", ou bien "Je suis Dieu !" ou encore "Peu m'importe Dieu !", mais ce ne sont là que paroles gratuites. Dieu existe et on peut Le voir à chaque instant. Mais si nous choisissons d'ignorer Dieu au cours de notre vie, alors Il Se présentera à nous sous les traits cruels de la mort. Ainsi devrons-nous inévitablement Lui faire face sous une forme ou une autre. Dieu, la Personne Suprême, existe sous divers aspects car Il est la racine première de l'entière manifestation cosmique. Dans un sens, il nous est impossible de Lui échapper.

Ce Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa n'a rien du fanatisme religieux aveugle ni d'une révolte amenée par quelque jeune parvenu. Il se veut plutôt l'approche scientifique et authentique du problème de notre dépendance éternelle vis-à-vis de Dieu, Personne Absolue et bénéficiaire suprême de toutes choses. La Conscience de Kṛṣṇa enseigne l'art de rétablir cette relation éternelle et la manière de nous acquitter de nos devoirs envers Lui. Ce Mouvement nous permet ainsi d'atteindre la plus haute perfection qui soit en cette vie humaine.

Nous devons toujours garder en mémoire que l'âme spirituelle ne revêt cette forme humaine qu'après une évolution de plusieurs millions d'années par le biais de transmigrations successives. Cette forme de vie particulière nous donne de résoudre plus facilement la question économique que dans les formes inférieures, animales. Les porcs, chiens, chameaux, ânes et autres doivent faire face à des problèmes économiques aussi importants que les nôtres, mais ces animaux les résolvent, eux, de façon rudimentaire, tandis que l'homme, de par les lois de la nature, peut sans mal combler tous ses besoins.

Et pourquoi l'homme se voit-il ainsi favorisé par rapport à l'animal ? Pourquoi un fonctionnaire haut placé jouit-il de plus grands privilèges qu'un simple employé de bureau ? Pour la simple raison qu'il a des responsabilités plus importantes. De même, les devoirs qui échoient à l'homme sont d'une nature plus élevée que ceux de l'animal, qui n'a d'autre souci que de remplir son estomac. Mais par le jeu des lois de la nature, la civilisation actuelle qui réduit l'homme au rang animal, n'est parvenue qu'à rendre plus complexe le problème de l'estomac vide. Lorsqu'au nom de la spiritualité, nous approchons certains de ces animaux savants, ils répondent qu'ils ne désirent que travailler pour satisfaire leur estomac et qu'il est tout à fait inutile de s'enquérir de Dieu. Or, malgré leur désir intense de s'acharner au travail, ils doivent toujours faire face au problème du chômage et à nombre d'autres difficultés que leur imposent les lois de la nature; mais ils n'en continuent pas moins à nier le besoin de reconnaître que Dieu existe.

Cette forme humaine ne nous est pas donnée pour que nous peinions comme les porcs ou les chiens, mais bien pour nous permettre d'atteindre la plus grande perfection de la vie. Et si nous n'aspirons pas à cette perfection, alors, de par les lois de la nature, nous serons obligés de travailler "à la sueur de notre front". A la conclusion de cet âge, le kali-yuga, l'homme sera contraint de travailler comme une bête de somme pour quelques miettes de pain. Cette évolution a déjà commencé et la nécessité d'un labeur plus important pour un salaire moindre va croître d'année en année. Pourtant, l'homme n'est pas destiné à peiner comme l'animal, mais s'il ne remplit pas les devoirs que lui confère la forme humaine, il sera obligé de par les lois de la nature, de transmigrer dans les espèces inférieures. La Bhagavad-Gītā explique d'ailleurs avec force détails comment l'âme qui renaît dans ce monde matériel reçoit un corps et des sens qui lui permettent de jouir de la matière, selon son inclination.

La Bhagavad-Gītā nous enseigne par ailleurs que ceux qui échouent dans leur tentative d'approcher Dieu —en d'autres mots, ceux qui ne réussissent pas pleinement dans la conscience de Kṛṣṇa obtiendront de renaître dans une famille de haute condition, matérielle ou spirituelle. Et s'il en est ainsi des candidats malheureux qui échouent, que dire de ceux qui atteignent effectivement au succès désiré ? Ainsi, tout effort, même inachevé, pour retourner à Dieu, nous assure de renaître dans des conditions favorables. Les familles de spiritualistes et les familles riches sont toutes deux propices à l'élévation spirituelle car dans ces conditions on aura plus facilement l'opportunité de reprendre la progression là où elle s'interrompit dans la vie antérieure. En effet, pour qui se consacre à la réalisation spirituelle, l'atmosphère qui règne au sein de telles familles favorise le développement de la connaissance spirituelle.

La Bhagavad-Gītā rappelle donc aux hommes de bonne naissance que leur heureuse fortune est le fruit de leurs activités dévotionnelles passées. Malheureusement, égarés par māyā, ou l'illusion, ces êtres privilégiés ne manifestent pas d'intérêt pour la Bhagavad-Gītā.

Le fait de naître au sein d'une famille aisée résout au départ le problème de la nourriture et permet par la suite une vie relativement plus facile et plus confortable. De telles conditions favorisent le progrès de la réalisation spirituelle. Hélas, sous l'influence de cet âge de fer —l'ère des machines et des hommes-robots—, les fils de familles riches se tournent vers le plaisir des sens et oublient ainsi la grande opportunité qui leur est offerte d'éclairer leur vision spirituelle. Par conséquent, même ces situations idéales seront ruinées de par les lois de la nature tout comme Lankā, la ville d'or, fut anéantie sous le règne du démoniaque Ravana.

La Bhagavad-Gītā est une étude préliminaire à la science spirituelle de la conscience de Kṛṣṇa et tous les chefs d'Etat responsables ont le devoir de s'y référer pour tracer leurs programmes économiques ou autres. Nous ne devons pas résoudre les problèmes économiques sur des bases instables; au contraire, nous sommes censés apporter une solution définitive aux problèmes ultimes que nous imposent les lois de la nature. A moins qu'elle n'évolue spirituellement, une civilisation reste statique. L'âme anime le corps, et l'ensemble, corps et âme, anime le monde. Nous nous préoccupons du corps mais nous ignorons tout de l'âme qui le fait vivre et se mouvoir. En effet, s'il n'est touché par l'esprit, le corps demeure inerte, privé de vie.
Le corps humain est un excellent véhicule qui nous permet d'accéder à la vie éternelle, tel un vaisseau, rare et précieux, qui nous permet de franchir l'océan d'ignorance de l'existence matérielle. Sur ce bateau, on bénéficie de l'aide d'un capitaine expérimenté —le maître spirituel—, et grâce à Dieu, il vogue par vent favorable. Qui refuserait donc, avec tous ces atouts, une telle opportunité de traverser l'océan d'ignorance ? Celui qui néglige pareille occasion, sachons bien qu'il commet tout simplement un suicide. Il est certainement très confortable de voyager en wagon de première classe, mais si le train ne s'en va pas dans la bonne direction, à quoi bon un compartiment climatisé ? La civilisation moderne se préoccupe trop du corps matériel et de son confort, et personne ne connaît le vrai but du voyage de la vie qui est de retourner à Dieu. Ne nous contentons pas de rester assis dans un compartiment confortable; il faut aussi s'assurer que le véhicule roule dans la bonne direction. Se consacrer au bien-être du corps matériel n'apporte, à longue échéance, aucun bienfait véritable s'il en coûte d'oublier le côté primordial et indispensable de l'existence: retrouver notre identité spirituelle perdue. Ce vaisseau qu'est la forme humaine est conçu de telle sorte qu'il doit se diriger vers un but spirituel. Malheureusement, cinq lourdes chaînes, comme une ancre, retiennent ce corps à une conscience matérielle :
l'attachement au corps matériel, dû à l'ignorance des réalités spirituelles;
l'attachement aux proches, dû aux liens corporels;
l'attachement à la terre natale et aux biens matériels —maison, mobilier, immeubles, propriétés, papiers importants, etc.;
l'attachement à la science matérialiste, laquelle demeure toujours confuse par manque de lumière spirituelle;
l'attachement aux coutumes religieuses, aux rites, sans pour autant connaître Dieu, la Personne Suprême, ni Ses dévots, qui sont la raison même du caractère sacré de ces pratiques.

La Bhagavad-Gītā dépeint en détail ces attachements qui, comme une ancre, retiennent prisonnier le vaisseau du corps humain. Le quinzième chapitre les compare à un arbre banian solidement fixé au sol et dont les racines s'enfoncent toujours plus profondément dans la terre; il est très difficile de déraciner un arbre aussi puissant, mais le Seigneur Suprême préconise le processus suivant :

"De cet arbre, nul ne peut, en ce monde, percevoir la forme exacte. Nul n'en peut voir la fin, le commencement ni la base. Mais il faut, avec détermination, trancher du glaive du détachement ce banian aux puissantes racines, chercher le lieu d'où, une fois qu'on l'a atteint, il n'est pas de retour. Puis là, s'abandonner à la Personne Suprême, Dieu, de qui tout a commencé, et en qui tout demeure depuis des temps immémoriaux." (B.g.,XV .3-4)

Ni les savants ni les philosophes, ceux qui s'adonnent à la spéculation intellectuelle, ne sont encore parvenus à aucune conclusion quant à la nature de l'univers; tout au plus ont-ils avancé diverses théories. Certains disent qu'il est réel, d'autres n'y voient qu'un rêve et pour d'autres encore, il est éternel. Ainsi les érudits de ce monde professent-ils diverses opinions, mais il n'en demeure pas moins qu'aucun savant ou théoricien n'a encore découvert l'origine ou les limites du cosmos. Aucun d'entre eux ne peut expliquer sa création, ni le principe par lequel il se maintient dans l'espace. Au mieux, ils proposent quelques lois théoriques comme la loi de la gravitation, mais ce ne sont là que théories. Et parce que personne ne connaît vraiment la vérité, chacun s'empresse de promouvoir sa propre théorie pour se gagner quelque gloire. Quoi qu'il en soit, il demeure que ce monde matériel n'est qu'un lieu de souffrance et que personne ne peut triompher de ces maux en se contentant d'avancer des hypothèses. Selon le Seigneur Suprême, qui connaît toute Sa création dans les moindres détails, il y va de notre plus grand intérêt que de désirer quitter cette existence misérable. Nous devons donc nous détacher de toute chose matérielle. Et pour s'accomoder au mieux de cette existence axée sur la matière, nous devons la spiritualiser. Le fer, bien que différent du feu, peut, à son contact, changer de nature. Il présentera alors les mêmes caractéristiques que le feu. Pareillement, c'est en s'absorbant dans les activités spirituelles, et non par l'inaction, qu'on peut se détacher des activités matérielles. L'inaction est l'aspect négatif de l'action matérielle, mais l'action spirituelle représente non seulement la négation de l'action matérielle, mais surtout le réveil de notre vie réelle. Nous devrions brûler du désir de connaître la vie éternelle, l'existence spirituelle au niveau du brahman, de l'Absolu. La Bhagavad-Gītā décrit le royaume du Brahman comme le pays éternel d'où nul ne revient jamais, le royaume de Dieu.
Il sera tout aussi vain de chercher l'origine de notre présence en ce monde que de s'interroger sur la cause de notre conditionnement par la matière. Il devrait nous suffire de savoir que, pour une raison ou une autre, cette existence se poursuit depuis des temps immémoriaux et que nous avons maintenant devoir de nous abandonner au Seigneur Suprême, Cause première de toutes les causes. La Bhagavad-Gītā dépeint ainsi les qualités requises pour retourner au royaume de Dieu:

"L'homme libre d'illusion, d'orgueil et de rapports faux, l'homme qui comprend l'éternel, qui triomphe de la concupiscence et de la dualité des joies et des peines, et qui connaît la voie de l'abandon à la Personne Suprême, celui-là atteint cet éternel royaume." (B.g., XV.5)

Ainsi, celui qui est convaincu de son identité spirituelle et libre de toute conception matérielle de l'existence, qui s'est affranchi de toute illusion et transcende l'influence des guṇas, qui cherche sans relâche à saisir la connaissance spirituelle et qui s'est complètement détaché du plaisir des sens, celui-là peut retourner à Dieu. On le nomme amudha, par opposition au mudha, le sot et ignare, car la dualité des joies et des peines ne l'affecte plus.

La Bhagavad-Gītā décrit le royaume de Dieu en ces termes:
"Ce royaume suprême, le Mien, ni le soleil, ni la lune, ni la force électrique ne l'éclairent. Pour qui l'atteint, point de retour en ce monde." (B.g.,XV.6)

Bien que tous les endroits de la création fassent partie du royaume de Dieu, que le Seigneur soit le possesseur suprême de toutes planètes, il existe néanmoins une demeure qui Lui appartient personnellement et qui est complètement différente de l'univers dans lequel nous vivons maintenant. On l'appelle parāmam, ou demeure suprême. Sur cette terre, chaque pays connaît un niveau de vie différent et de même, parmi les innombrables planètes disséminées dans tout l'univers certaines sont dites supérieures et d'autres inférieures. Toutes, cependant, se trouvent sous la dépendance de l'énergie externe, de la nature matérielle, et requièrent les rayons du soleil ou la lumière du feu puisque l'univers matériel est un lieu où règnent les ténèbres. Mais, au-delà de cet univers, se trouve le monde spirituel, régi par l'énergie supérieure de Dieu, et que les Upanisads décrivent ainsi:

"Ce monde n'a pas besoin de soleil, de lune ou d'étoiles et il n'est pas éclairé non plus par l'électricité ou le feu sous une forme quelconque. Un reflet de cette lumière spirituelle illumine tous les univers matériels, et parce que cette nature supérieure est en elle-même toujours lumineuse, on peut remarquer qu'une certaine lumière brille même au plus profond de la nuit."

Cette nature spirituelle, le Seigneur nous la dépeint Lui-même dans le Harivamsa:

"L'éblouissante lumière du brahman —l'Absolu impersonnel— illumine toute existence, matérielle et spirituelle. Mais comprends, ô Bhārata, que cette radiance du brahman est l'éclat de Mon Corps."

La Brahmā-saṁhitā vient elle aussi confirmer cette conclusion. On ne doit pas penser que l'on peut atteindre cette demeure par des moyens matériels, comme par exemple, un vaisseau spatial, mais sachons pour sûr que celui qui gagne la demeure spirituelle de Kṛṣṇa peut y jouir sans interruption d'une félicité spirituelle et éternelle. En tant qu'êtres faillibles, nous pouvons connaître deux formes d'existence: l'existence matérielle tout entière marquée par la souffrance causée par la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort, et l'existence spirituelle toute d'éternité, de félicité et de connaissance. Dans la première, nous sommes dominés par une conception matérielle de l'existence, liée au corps et au mental, mais dans la seconde nous pouvons constamment savourer la compagnie spirituelle et enchanteresse de l'Etre Divin, sans que rien ne puisse alors briser cette relation.

Le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa s'efforce donc de faire bénéficier l'humanité entière de cette spiritualité. Actuellement, notre conscience matérielle nous lie à une conception de la vie vouée au plaisir des sens, mais cette conception peut être instantanément transformée par le service de dévotion offert à Kṛṣṇa, par la conscience de Kṛṣṇa. Si nous adoptons les principes de la dévotion, nous pouvons transcender cette vision matérielle de l'existence et nous libérer des influences de la vertu, de la passion et de l'ignorance, serions-nous même engagés dans des activités matérielles variées. Tout homme, quelle que soit son occupation, peut tirer le plus grand bienfait de la lecture de Back to Godhead et des autres ouvrages publiés par le Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa. Ces textes aident l'homme à trancher les racines du banian inébranlable de l'existence matérielle. Ils ont le pouvoir de nous conduire graduellement vers le renoncement de tout ce qu'implique cette conception matérielle, et de nous faire goûter en toute circonstance le nectar spirituel. Mais seule la pratique du service de dévotion permet d'atteindre cette perfection. Par le fait d'un tel service, on peut atteindre la libération en cette vie même. La plupart des démarches spirituelles sont teintées de matérialisme, mais le pur service de dévotion, lui, transcende toute souillure matérielle. Ceux qui désirent retourner à Dieu n'ont simplement qu'à adopter les principes du Mouvement pour la Conscience de Kṛṣṇa et fixer leur conscience sur les pieds pareils-au-lotus de Kṛṣṇa, le Seigneur Suprême.