Vivre avec la nature

Le soleil se lève sur un frais matin de printemps à Rome. Śrila Prabhupāda, son secrétaire, Bhagavān Gosvāmī, et quelques-uns de ses disciples, marchent dans les rues étroites de la vieille ville. La douce clarté de l'aurore, leurs pas légers sur les pavés inégaux, la sérénité du moment, tout contraste avec la vie mouvementée que l'on connaît à ces pionniers de la Vérité, ces bâtisseurs d'un nouveau monde, qui, sous la direction de Śrila Prabhupāda, repensent entièrement, à la lumière des Ecritures védiques, le mode de gouvernement, les divisions de la société, l'économie et l'éducation. Les vagues de problèmes, apparemment sans fin, qui agitent la société actuelle puisent leur origine dans une méconnaissance du but et des fonctions naturelles de la vie humaine. Que l'on retourne à ces fonctions, et une totale harmonie régnera entre Dieu, l'homme et la nature.

Śrila Prabhupāda: La culture védique est si essentiellement naturelle qu'elle offre des solutions à tous les problèmes de nos sociétés dénaturées. J'aimerais que tu écrives un livre, Bhagavān, montrant comment la conscience de Kṛṣṇa peut mettre un terme à tous les déboires actuels de l'humanité. Expose-moi donc les grands problèmes de l'heure, et je te donnerai en réponse des ébauches de solutions que tu pourras ensuite développer dans ce livre.

Bhagavān Gosvāmī: L'un des plus grands est la raréfaction croissante, aujourd'hui, des matières premières. Par exemple, nous savons que le monde moderne doit en grande partie son essor industriel et technologique aux possibilités peu coûteuses qu'offrent un grand nombre de produits dérivés du pétrole. Or, au cours du récent conflitsisraélo-arabe, l'Arabie Saoudite, l'un des plus grands exportateurs de pétrole au monde, décida brusquement une hausse des prix, pour contraindre les nations importatrices à l'appuyer dans cette guerre. Il s'avéra que malgré cette hausse exhorbitante, les pays concernés étaient prêts à payer le prix, tans ils considèrent l'or noir comme un besoin vital. Il en résulta une inflation généralisée à l'échelle mondiale.

Śrila Prabhupāda: Ce problème trouve son origine dans un mode de vie purement artificiel, créé par les complexes industriels et urbains. La société ne peut connaître une organisation naturelle qu'au sein de communautés rurales. Si on vit de la terre, de la culture et de l'élevage, dans un cadre sain, on peut aisément combler tous ses besoins sans transports à longues distances, et donc, sans consommer de pétrole.
Tout cela vient d'une tendance maladive des gens à vivre dans un certain confort, au demeurant artificiel et futile. En quoi une automobile rend-elle plus de services qu'un char à boeufs ? Kṛṣṇa et tous les habitants de Son village, lorsqu'ils allèrent de Gokula à Nandagrāma, ils n'eurent pas d'autre moyen de transport. Ces chars permettent de franchir sans peine de vingt à trente-cinq kilomètres par jour, ce qui est très satisfaisant si l'on considère qu'en concentrant ses activités, qu'en vivant dans une communauté autonome, on peut se suffire d'un territoire "restreint". Mais, pour avoir enfanté une civilisation extravagante, l'homme doit maintenant franchir chaque jour des kilomètres et des kilomètres ne serait-ce que pour gagner son pain. A New York, par exemple, j'ai vu des hommes qui, matin et soir, perdent trois ou quatre heures pour se rendre à leur travail, d'abord en bateau, puis en train et finalement en voiture. Des cars, des avions partent chaque jour avec seulement quelques passagers à leur bord. Quelle perte de temps et d'énergie !

Bhagavān Gosvāmī: Mais on utilise également le pétrole pour se chauffer.

Śrila Prabhupāda: Il est facile de se chauffer au bois lorsqu'on vit à la campagne. Où est le problème ?

Bhagavān Gosvāmī: N'est-il pas dit, d'ailleurs, dans le deuxième Chant du Śrimad-Bhāgavatam, que le fait de forer les profondeurs de la terre engendre des déséquilibres qui peuvent aller jusqu'à la faire dévier de son orbite ?

Śrila Prabhupāda: C'est exact. Kṛṣṇa est parfait et complet en Lui-même; de même pour Sa création. Si l'on accapare des ressources naturelles qui ne sont pas destinées à notre usage direct, on rompt par là même l'ordre de l'univers. Un avion ne peut voler que s'il a suffisamment de carburant; il en va ainsi pour les planètes, mais les "savants" n'ont pas encore découvert la subtilité de ces lois. Il n'en demeure pas moins que tout, dans l'univers, est ordonné. Le pétrole que renferme la terre produit des gaz nécessaires à son maintien dans l'espace.

Bhagavān Gosvāmī: Les hommes de science ont en effet constaté que l'orbite de la terre s'est modifiée sensiblement, d'où une fonte plus rapide des glaces polaires anormalement réchauffées.

Dhanānjaya: Pour éviter un déséquilibre certain, on rempli à présent d'eau salée l'espace qu'occupaient les nappes de pétrole.

Śrila Prabhupāda: Mais l'eau salée ne redonnera jamais les gaz produits par le pétrole ! Parce qu'ils ignorent les lois de Dieu lui même les solutions qu'ils donnent à leurs problèmes engendrent de nouveaux déséquilibres. Il ne s'agirait pourtant que de comprenctre que la vie rurale peut grandement réduire, sinon éliminer les besoins en pétrole. La demande baissant, les prix tombent d'eux-mêmes.

Satsvarūpa: Est-ce là une solution idéaliste, ou peut-elle être rare en pratique sans délai ?

Śrila Prabhupāda: Elle est tout à fait réaliste.

Satsvarūpa: Je ne sais pas, mais il me semble qu'on ne pourra plus jamais changer véritablement le cours de la civilisation actuelle.

Śrila Prabhupāda: Mais là n'est pas la question. Nous voulons seulement établir, un peu partout dans le monde, des communautés rurales qui puissent donner aux hommes un exemple parfait de vie paisible et harmonieuse, comme à la Nouvelle-Māyāpura, notre āsrāma en France. On ne peut forcer les gens à adopter notre mode de vie, pas plus qu'on ne peut exiger d'eux qu'ils chantent Hare Kṛṣṇa. Mais nous donnons tout de même l'exemple: nous donnons à tous la possibilité de nous rejoindre.

Bhagavān Gosvāmī: Pour en revenir aux matières premières, nous remarquons qu'un usage immodéré du papier provoque, lui aussi, une crise d'approvisionnement.

Śrila Prabhupāda: Le bois n'est pas le seul matériau dont on puisse tirer le papier. Celui-ci peut être fabriqué à partir d'herbe, de coton et de plusieurs autres fibres. Faites pousser de l'herbe en quantité suffisante pour produire votre papier !

Bhagavān Gosvāmī: On a démontré que la seule publication de l'édition du dimanche du "New-York Times" nécessite l'abattage de 50 hectares de forêt.

Śrila Prabhupāda: Si le papier se fait rare, c'est qu'on publie trop de phrases inutiles. Il suffirait de mettre un terme à ces inepties pour que la crise du papier cesse. On peut également recycler les déchets de papier, mais faut-il se donner tant de peine à seule fin d'imprimer toujours plus d'absurdités ? Parce qu'ils ignorent le but de l'existence, parce qu'ils refusent de devenir conscients de Kṛṣṇa et de respecter les lois qu'Il a instituées, les matérialistes ne peuvent que multiplier les problèmes par leurs actes. Si l'on doit imprimer quelque chose, que ce soit la Bhagavad-Gītā ou des ouvrages d'égale valeur, puisque la vie humaine a pour seule nécessité la réalisation spirituelle. Et d'ailleurs, il n'est pas même indispensable d'imprimer tous ces livres. Parce qu'il s'épargne tout effort inutile, l'homme conscient de Kṛṣṇa a le loisir de se consacrer entièrement à la réalisation spirituelle; et il peut très bien utiliser une partie de ce temps à recopier à la main les livres qu'il veut lire, d'autant plus que cela lui permet de les étudier en même temps. Celui qui désire un livre n'a qu'à le recopier lui-même. C'est une excellente façon d'utiliser son temps.

Bhagavān Gosvāmī: On a enregistré, l'an dernier, 300 000 avortements, dont les deux-tiers pratiqués sur des jeunes filles de moins de vingt ans.

Śrila Prabhupāda: Et on appelle cela le progrès ! Des jeunes filles tombent victimes d'hommes irresponsables qui veulent simplement les exploiter sans avoir à se préoccuper de mariage, et continuent de se croire supérieurs aux animaux. Les contraceptifs sont également le produit d'une société matérialiste athée; mais incapables de maîtriser leurs sens, les hommes ne peuvent plus s'en passer. L'appétit sexuel est particulièrement puissant de treize à trente ans, et quiconque n'a aucune expérience des joies spirituelles, combien plus grandes que les plaisirs matériels, doit se prendre aux pièges que lui tendent les sens, se rejetant ainsi au rang le plus bas. Le vrai but de l'existence leur est tout à fait inconnu; il n'est donc pas surprenant qu'ils s'identifient à leur corps et commettent l'erreur grossière de se croire Américain, Français ou Allemand, blanc ou noir, chrétien ou hindou... Ils ne valent pas mieux, en réalité, que des animaux, car seul le chien se croit un chien. L'âme n'appartient à aucune espèce, à aucun pays; elle demeure purement spirituelle. Et toute la culture védique a justement pour but d'aider l'homme à comprendre qu'il n'appartient pas à ce monde de matière, qu'au contraire, il fait partie intégrante de Dieu, Kṛṣṇa, et qu'il ne peut trouver de bonheur réel qu'en Le servant avec amour et dévotion.

Bhagavān Gosvāmī: Les journaux nous ont appris que l'Inde a récemment fait exploser sa première bombe atomique.

Śrila Prabhupāda: Oui, l'Inde jalouse les nations nucléaires, elle veut les imiter. Peu importe que les Indiens crèvent de faim, le gouvernement veut cette bombe. Je me souviens d'une caricature qui montrait un dirigeant politique face au problème de la faim: "Je connais bien le problème, disait-il, et je ne vois pas comment on pourrait le résoudre, mais à partir de la semaine prochaine, nous aurons la télévision." Quand il y a tant de chômage et tant de terres laissées incultes, pourquoi n'utilisent-ils pas leur argent en bonne logique, à accroître la production agricole ?

Bhagavān Gosvāmi: Tous les pays du monde sont lancés dans la course aux armements nucléaires; des armes atomiques sont pointées sur toutes les grandes villes de la terre. Réalisant le danger, les grandes puissances tentent maintenant d'organiser des conférences internationales pour l'amoindrir.

Śrila Prabhupāda: Là où nul ennemi ne se déclare, il n'y a aucun besoin de telles armes. Il n'est d'ailleurs pas normal qu'une société civilisée se crée tant d'ennemis. Des conflits peuvent toujours exister entre individus, mais la civilisation moderne est si démoniaque qu'elle a réussi à opposer entre elles toutes les nations. Si bien que pour entrer n'importe où, il faut un passeport, un visa, un rapport médical, un certificat de vaccination, un permis de travail, et combien d'autres formalités encore. Les pays modernes n'ont aucun sens de l'honneur et de la coexistence pacifique. La seule chose à laquelle ils excellent vraiment est la guerre ! C'est pourquoi nous enseignons la philosophie védique, brahma-bhutah prasannatma: "Dès qu'on réalise la nature spirituelle de tous les êtres, on devient heureux et paisible." Voilà comment percevoir l'unité de tous les êtres, qui seule nous fera goûter la paix.

Yogesvara: Mais que faire alors de toutes ces réserves d'armes nucléaires constituées partout autour du monde ?

Śrila Prabhupāda: La nature s'en chargera. Les hommes ont voulu rejeter Dieu et ont tout naturellement développé les traits propres au matérialisme: l'envie et la convoitise. Ils se croient maîtres du monde, oubliant que le maître absolu, le possesseur suprême, est Dieu, Sri Kṛṣṇa. Si tous reconnaissaient la suprématie de Dieu, envie et convoitise disparaîtraient, mais ces esprits infirmes sont pleins d'un illusoire sentiment de possession, dont ils ignorent l'extrême danger qu'il représente.

Yogesvara: Est-ce dire qu'il faut s'attendre à une guerre atomique ?

Śrila Prabhupāda: Tous ces athées allégeront le fardeau de la terre en se détruisant eux-mêmes, dans une guerre atomique. Telle sera la nature du prochain conflit international, né de la mentalité pervertie des communistes et des capitalistes.

Yogesvara: Et qu'adviendra-t-il après ce cataclysme ?

Śrila Prabhupāda: Les hommes reprendront conscience de la réalité. Le communisme et le capitalisme sont des tendances naturelles, mais leurs partisans n'en ont pas une vision spirituelle parce qu'ils sont esclaves du matérialisme. On ne saurait nier que le monde est une vaste communauté; c'est l'homme qui le divise en nations, avec des frontières artificielles. Mais plutôt que Lénine, c'est Dieu qu'il faut mettre au centre de l'Etat universel, qu'il faut reconnaître comme chef suprême.
(De chaque côté de la route, on peut voir se dresser des maisons ouvrières aux façades lézardées.)

Śrila Prabhupāda: Ces maisons semblent bien délabrées; les Romains sont-ils pauvres ?

Dhanānjaya: Certains quartiers de la ville sont en effet très misérables.

Śrila Prabhupāda: Mais cependant, je vois qu'ils ont tous une voiture ! Voilà bien un signe d'ignorance. La terre et les vaches font la vraie richesse de l'homme, pas les véhicules à moteur. Procurez-vous de la terre et subvenez vous-mêmes à tous vos besoins. Produisez vos céréales, et vos fibres textiles. Coton et laine pourront être filés et tissés sur place.

Dhanānjaya: Gandhi proposait déjà une réforme sociale de ce genre.

Śrila Prabhupāda: Oui, mais il n'a pas su rendre les gens conscients de Dieu. L'athéisme ne peut engendrer aucun bien; c'est pourquoi, lorsque je correspondais avec lui, j'insistais sur ce point: qu'il devienne conscient de Kṛṣṇa et répande le message de la Bhagavad-Gītā. Mais lui n'en voyait pas la nécessité.
Les communautés rurales conscientes de Kṛṣṇa sont très importantes. En inventant toutes sortes de machines, l'homme a créé le chômage des bras et des cerveaux. De ce chômage naissent des "hippies", qui, pour n'avoir aucune occupation précise, s'intoxiquent et cèdent à toutes leurs impulsions. On doit aussi considérer qu'il y aura toujours des intelligences débiles qui tenteront d'échapper à leurs responsabilités. Il faut donc veiller à ce que tous les membres de la société soient toujours actifs.

Dhanānjaya: Si les travailleurs cherchent à fuir le travail, c'est souvent parce qu'ils se sentent exploités.

Śrila Prabhupāda: Seuls de mauvais dirigeants laissent de tels soupçons germer dans l'esprit de leurs concitoyens. Pour éviter ce genre de défiance, il faut pourvoir aux besoins de tous, en leur procurant la nourriture, le gîte, et toute la protection nécessaire, pour eux et leur famille-. Alors seulement, ils travailleront en paix.
Au Japon, par exemple, où les gens vivent tout de même assez pauvrement, nul ne songe même à quitter son emploi, car il lui assure au moins que sa famille sera nourrie, logée, vêtue, que ses enfants seront instruits, que ses besoins vitaux seront satisfaits.

Bhagavān Gosvāmi: Dans les communautés dont nous parlions, certains produiront céréales, fruits, légumes et autres denrées, d'autres soigneront les vaches et recueilleront leur lait, d'autres encore fabriqueront des vêtements ou construiront des bâtiments. Comment répartir tous ces biens de façon équitable ?

Śrila Prabhupāda: A la base, chacun doit voir tous ses besoins satisfaits par la communauté. Cependant, il est en outre important de comprendre que lorsqu'on devient conscient de Kṛṣṇa, on cesse progressivement d'exagérer ses besoins, jusqu'à ce qu'ils se limitent au minimum. D'où l'importance d'être formé dans la conscience de Kṛṣṇa. Kṛṣṇa Lui-même en fait la promesse: le bhakta peut vivre paisiblement dans n'importe quelles conditions. Et cela, parce que les besoins matériels ont cessé de le préoccuper. Le seul besoin qu'il ressente vraiment est celui de devenir plus conscient de Kṛṣṇa.

Dhanānjaya: Faudra-t-il, une fois ces communautés établies, continuer d'instruire les gens dans les agglomérations urbaines ?

Śrila Prabhupāda: Nous ne voulons pas des villes. Dans l'immédiat, pour des raisons pratiques, nous maintiendrons nos temples urbains, mais éventuellement, nous pourrons envisager leur suppression. Nous devrons évidemment continuer de prêcher dans les villes, mais lorsque les gens verront la vie dans nos communautés rurales, c'est de bon coeur qu'ils se joindront à nous. On est toujours prêt à changer pour mieux !

Dhanānjaya: Les campagnes ne seront-elles pas dévastées si une guerre atomique se déclare ?

Śrila Prabhupāda: Les armes seront pointées sur les centres urbains et les complexes industriels, non sur les champs et les rivières. Durant la dernière guerre, par exemple, en Inde, il était facile de voir que la plupart des bombes explosaient sur Calcutta, et plus particulièrement au centre-ville.

Bhagavān Gosvāmi: C'est en effet autour des villes que se concentre la population et que fleurit l'économie industrielle. Nul ne tient d'ailleurs à détruire la campagne; autrement, de quoi les survivants se nourriraient-ils ?
(Sur un mur de briques, on a écrit en grandes lettres blanches: "NOI VOGLIAMO L'ABORTO!" "Nous voulons l'avortement !")

Yogesvara: Les femmes se révoltent; n'ont-elles pas les mêmes droits que l'homme ?

Śrila Prabhupāda: Tous ont le même droit de servir le Seigneur de leur mieux. Kṛṣṇa dit même dans la Bhagavad-Gītā qu'Il représente le pouvoir d'agir en chaque être. Le problème vient en fait de l'oubli que vivre naturellement implique vivre en harmonie avec les lois de Dieu, en Le servant avec amour et dévotion. L'homme a préféré créer ses propres lois, toutes plus fausses les unes que les autres, et poursuivre ses propres fins, égoïstes et illusoires. Il n'a ainsi développé que l'aspect matériel de l'existence, oubliant totalement les valeurs spirituelles. Ceux qui cherchent l'égalité absolue doivent d'abord raviver leur conscience spirituelle.

Bhagavān Gosvāmī: Véritablement, ni l'homme ni la femme n'ont d'avantage réel l'un sur l'autre, même en termes de réussite matérielle ?

Śrila Prabhupāda: La réussite matérielle n'est pas bien difficile à obtenir. Elle repose essentiellement sur la satisfaction des besoins vitaux de l'homme, dont le plus important est sans doute la nourriture. Or, l'exode rural ne cesse de créer à ce niveau des problèmes majeurs. Il faut vivre de la terre, revenir à la campagne. Le but de l'existence est de vivre avec simplicité afin de pouvoir se consacrer au développement de la conscience spirituelle. Et si l'on applique ce principe fondamental, toute confusion concernant les rôles respectifs de l'homme et de la femme dans la société disparaîtra. L'homme est fait pour les durs travaux, tels les labours, auxquels peuvent l'aider le boeuf et le cheval, et la construction des maisons. La femme, elle, peut traire les vaches, barrater le beurre, garder la maison propre et prendre soin des enfants. En suivant ce mode de vie, il n'est pas bien difficile de combler ses besoins essentiels. Les problèmes ne surviennent qu'au moment où l'on devient matérialiste et qu'on abandonne les activités naturelles de l'homme et de la femme pour un mode de vie sophistiqué et complexe, basé sur la recherche de plaisirs artificiels.
Dans une pièce de théâtre bien connue, on retrouvait justement ce problème des femmes qui voulaient en tout singer les hommes. Mais c'est toujours elles qui devaient enfanter !

Bhagavān Gosvāmī: Cela nous conduit à un autre aspect de la question. Souvent, parce qu'elles ne savent pas comment élever un enfant dans la conscience de Dieu, les femmes considèrent la famille comme un fardeau épuisant, une source d'ennuis. Ignorant la satisfaction qu'on éprouve à voir un enfant grandir en sagesse et en vertu, elles préfèrent devenir "secrétaires" ou travailler en usine.
De façon générale, l'homme oublie qu'il n'est pas fait pour méditer sur ses besoins matériels vingt-quatre heures par jour, mais qu'il doit garder le meilleur de lui-même pour réveiller sa conscience de Kṛṣṇa en étudiant les Ecritures védiques, comme la Bhagavad-Gītā et le Śrimad-Bhāgavatam. A ce niveau, hommes et femmes sont parfaitement égaux. Le sexe relève seulement des apparences extérieures; l'être demeure toujours spirituel, et son devoir est de s'affranchir d'abord de semblables désignations matérielles, pour enfin se délivrer de la naissance et de la mort.

Śrila Prabhupāda: Nous pourrions discuter éternellement des problèmes de notre siècle: il en engendre tant ! Mais tous ont une seule et même solution, qui deviendra évidente lorsqu'on vous verra vivre de façon idéale et exemplaire. Par vos communautés, les gens comprendront ce qu'il faut entendre par organisation parfaite de la société, et en voyant votre valeur morale, intellectuelle et spirituelle, ils voudront abandonner leur vie artificielle pour adopter, eux aussi, la vie sublime qu'offre la Conscience de Kṛṣṇa.