Les yeux pour saisir l'Absolu
"Tu ne peux Me voir avec les yeux qui sont tiens; Je te confère donc les yeux divins par quoi tu pourras contempler Mes inconcevables pouvoirs." (Bhagavad-Gītā, XI.8)
Comment obtenir des yeux qui permettent de voir Dieu ? Comment être conscient de Kṛṣṇa, à chaque instant de l'existence ? Kṛṣṇa Lui-même nous indique le chemin: "De l'eau Je suis la saveur, ô fils de Kunti, du soleil et de la lune la lumière, des mantras védiques la syllabe om. Je suis le son dans l'éther, et dans l'homme l'aptitude." (B.g.,VII.8) Ce verset contient le savoir qui permet de devenir pleinement conscient de Lui, et de le demeurer en toutes les phases de son existence. L'eau, par exemple, est indispensable à tout être vivant. Et pour qui a soif sa saveur est telle que rien ne l'égale, et que nul ne saurait en reproduire artificiellement la pureté. Ainsi la saveur de l'eau nous rappellera Kṛṣṇa. Et comme on ne peut éviter d'en boire chaque jour, on ne pourra oublier Dieu. Telle est la conscience divine. Des neuf différentes voies qui permettent d'entrer en contact avec Dieu, la première prend nom de sravana —l'écoute. Par la lecture de la Bhagavad-Gītā, nous entendons les paroles qu'a prononcées Sri- Kṛṣṇa, et c'est aussi entrer en contact avec Dieu, car Kṛṣṇa est bien Dieu, la Personne Suprême. Plus nous affermirons notre contact avec Dieu par l'écoute des paroles de Kṛṣṇa et de Ses Noms, moins la souillure inhérente à la nature matérielle aura sur nous d'emprise. Nous comprendrons que les vibrations sonores, la lumière, l'eau, et tout ce qui nous entoure, sont Kṛṣṇa. Comment faire alors pour ne pas Le voir ? Et s'il nous est possible de garder ainsi le souvenir de Kṛṣṇa, notre union avec Lui se fera perpétuelle. Entrer au contact de Kṛṣṇa, c'est comme entrer au contact du soleil: là où il brille, nulle souillure n'est possible. Son rayonnement protège de toute maladie celui qui s'y expose. La médecine occidentale recommande la lumière du soleil comme remède à toutes sortes de maux, et les Vedas enjoignent aux malades de rendre un culte au deva du soleil. De même, quand nous entrons au contact de Kṛṣṇa, nos maux sont aussitôt guéris. Chanter Hare Kṛṣṇa nous fait communiquer avec Lui. Nous pouvons aussi Le voir dans le soleil et la lune, L'entendre dans le son et Le goûter dans l'eau. Rien n'est plus vain que d'élaborer des hypothèses sur la nature de Dieu, c'est pourquoi le Śrimad-Bhāgavatam conseille d'abandonner toute forme de spéculation. II conseille plutôt de devenir humble et soumis, en réalisant que nous sommes infimes, mais aussi que la terre sur laquelle nous vivons n'est qu'un point minuscule dans le vaste univers. Une ville comme Paris peut sembler une capitale immense, mais il suffit de savoir que la terre ne constitue qu'un point infime dans l'univers; que sur cette terre la France et Paris sont bien minimes, un point infime sur lequel vivent des millions d'hommes. Voyant ainsi sa petitesse face à la grandeur de l'univers et à celle de Dieu, comment l'homme peut-il se gonfler d'un vain orgueil ? Méfions-nous de la "philosophie de la grenouille". Elle vivait au fond d'un puits. Un jour, elle entendit parler de l'océan, et demanda: "Mais qu'est-ce donc que l'océan ? Une immense étendue d'eau, lui fut-il répondu. Vraiment ? Aurait-il deux fois la taille de ce puits ? Que non ! Il est beaucoup plus grand. Quelle est donc sa dimension ? Est-il dix fois plus grand ?" Ainsi poursuivit la grenouille, sans jamais parvenir à connaître la profondeur et l'étendue de l'océan. Et il en va de même de nos facultés, de notre expérience et de notre agilité mentale; elles trouvent un jour ou l'autre leurs limites, et dans ces limites, ne peuvent donner naissance qu'à des théories "de grenouille". Mais que faire, quand on a délaissé la voie spéculative? Le Śrimad-Bhāgavatam demande que l'on devienne humble et qu'on s'ouvre à l'écoute du message divin, qui peut également être reçu de la Bhagavad-Gītā et des autres Ecritures védiques. Une seule règle impérative: il faut recevoir ce message spirituel d'une âme réalisée, d'un pur dévot du Seigneur. Sri Kṛṣṇa, dans le septième chapitre de la Bhagavad-Gītā, indique d'autres façons de Le percevoir à chaque instant: "De la terre Je suis le parfum originel, et du feu la chaleur, Je suis la vie en tout ce qui vit, et l'ascèse de l'ascète." (B.g., VII.9) Kṛṣṇa seul peut créer les saveurs et les arômes. L'homme à son tour, pourra tenter de les reproduire artificiellement, mais leur qualité sera de beaucoup inférieure à celle des essences naturelles. Ainsi, toutes les fois que nous respirons un parfum ou contemplons quelque beauté de la nature: "Voilà Dieu, voilà Kṛṣṇa!" Et devant toute chose extraordinaire, merveilleuse, ou devant toute manifestation de puissance, "Voilà Kṛṣṇa". De meme, il nous faut voir toute âme, qu'elle habite l'arbre, la plante, l’animal ou l'humain, comme une partie intégrante de Kṛṣṇa, qui anime ces diverses formes matérielles. "Sache-le ô fils de Prthā, Je suis de tous les êtres la semence première. De l'intelligent Je suis l'intelligence, et du puissant la prouesse." (B.g.. VII.10)
On retrouve ici cette évidence, que Kṛṣṇa est la vie de tout ce qui vit. Voilà comment on peut voir Dieu à chaque instant. « Pouvez-vous me montrer Dieu ?" demande-t-on. Certes, Il Semble visible de tant de façons ! Mais que dire à celui qui refuse d’ouvrir les yeux ?
hare kṛṣṇa hare kṛṣṇa kṛṣṇa kṛṣṇa hare hare hare rāma hare rāma rāma rāma hare hare Ce chant ne coûte rien, aucun obstacle ne s'y oppose, et il s'offre à tous, sans distinction de caste, de nationalité ou de race. Chantez et écoutez seulement. Il vous sera alors donné, par la miséricorde de Kṛṣṇa, d'obtenir les yeux pour Le voir partout et toujours.
|