SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 16 Jaya et Vijaya, les deux
gardiens de Vaikuntha, maudits par les sages.
rsaya ucuh
na vayam bhagavan vidmas tava deva cikirsitam krto me nugrahas ceti yad adhyaksah prabhasase
O Seigneur Souverain, nous ne comprenons pas ce que Tu désires de nous, car bien que Tu sois le maître de tous les êtres, Tu parles en notre faveur comme si nous T'avions satisfait.
Les sages pouvaient comprendre que le Seigneur Suprême, situé au-dessus de tous les êtres, parlait comme s'Il avait Lui-même fait quelque chose de mal; aussi leur était-il difficile de saisir le sens de Ses paroles. Néanmoins, ils voyaient bien que si le Seigneur avait fait preuve d'une telle humilité dans Ses dires, c'était à seule fin de leur montrer Sa grâce infinie.
brahmanyasya param daivam
brahmanah kila te prabho vipranam deva-devanam bhagavan atma-daivatam
La Brahma-samhita établit clairement que le Seigneur Suprême est à l'origine de toutes les causes. Il existe sans contredit de nombreux devas, dont Brahma et Siva sont les plus importants. Mais Visnu est le Seigneur de Brahma comme de Siva, et à plus forte raison des brahmanas vivant dans l'univers matériel. Tel que mentionné dans la Bhagavad-gita, le Seigneur Suprême favorise particulièrement les activités accomplies selon les normes de la culture brahmanique, c'est-à-dire sur la base des qualités que sont la maîtrise des sens et du mental, la pureté, la tolérance, la foi dans les Ecritures, ainsi que la connaissance théorique et pratique. Le Seigneur est l'Ame Suprême en chaque être. En outre la Bhagavad-gita affirme qu'il Se trouve à l'origine de toute émanation; Il représente donc également l'origine de Brahma et de Siva.
tvattah sanatano dharmo
raksyate tanubhis tava dharmasya paramo guhyo nirvikaro bhavan matah
Les mots dharmasya paramo guhyah de notre verset indiquent l'essence la plus pure de tous les principes religieux. Ceci est corroboré par la Bhagavad-gita; le dernier conseil que Krsna donne à Arjuna s'énonce en effet comme suit: "Laisse là toute autre forme de religion et abandonne-toi simplement à Moi." Il s'agit là du savoir le plus profond en matière de principes spirituels. Le Srimad-Bhagavatam enseigne également pour sa part que celui qui ne devient pas conscient de Krsna après s'être acquitté de tous ses devoirs religieux doit considérer qu'il a simplement perdu son temps en un vain labeur. Et ici encore, les sages confirment que c'est le Seigneur Suprême, et non pas les devas, qui représente le but ultime de tous les principes religieux. Il est de nombreux propagandistes insensés pour prétendre que l'adoration des devas permet également d'atteindre le but suprême, mais les assertions avérées du Srimad-Bhagavatam et de la Bhagavad-gita n'approuvent pas leurs dires. La Bhagavad-gita précise que celui qui voue un culte à un deva particulier peut atteindre la planète de ce deva, quand seul celui qui adore le Seigneur Suprême peut entrer à Vaikuntha. Certains beaux-parleurs affirment également que quoi qu'on fasse, on finit par atteindre la demeure suprême. du Seigneur Souverain, mais il n'y a rien de plus faux. Le Seigneur est éternel, le serviteur du Seigneur est lui aussi éternel, et la demeure du Seigneur l'est également: tous sont ici qualifiés de sanatana, d'éternel. Par suite, les fruits du service de dévotion ne sont pas éphémères comme l'est l'élévation aux planètes édéniques, qui résulte de l'adoration des devas. Aussi les sages voulaient-ils souligner que même si le Seigneur, dans Sa miséricorde infinie, dit qu'Il porte un culte aux brahmanas et aux vaisnavas, Il doit en fait Lui-même être adoré non seulement par les brahmanas et les vaisnavas, mais aussi par les devas.
taranti hy anjasa mrtyum
nivrtta yad-anugrahat yoginah sa bhavan kim svid anugrhyeta yat paraih
A moins d'obtenir la faveur du Seigneur Suprême, nul ne peut franchir l'océan de l'ignorance, où se succèdent sans fin la naissance et la mort. Ce verset indique d'ailleurs clairement que c'est par la miséricorde du Seigneur Souverain que les yogis se rendent par-delà la nescience. Il existe plusieurs catégories de yogis, parmi lesquels les karma-yogis, les jnana-yogis, les dhyana-yogis, et les bhakti-yogis. Les karmis convoitent particulièrement la faveur des devas, les jnanis désirent se fondre dans la Vérité Suprême et Absolue, et les yogis se contentent d'avoir une vision partielle du Seigneur Suprême dans Sa Forme de Paramatma et de pouvoir finalement se fondre en Lui. Mais les bhaktas, eux, veulent vivre éternellement auprès de Lui pour Le servir. La nature éternelle du Seigneur a déjà été établie, et ceux qui recherchent éternellement Sa faveur sont donc aussi éternels; par conséquent, les yogis dont il est question dans ce verset sont les bhaktas. Par la miséricorde du Seigneur, ceux-ci peuvent transcender sans mal l'ignorance de la naissance et de la mort pour atteindre la demeure éternelle du Seigneur. Dieu ne requiert donc les faveurs de personne, car nul ne Le surpasse ni même ne L'égale. A l'opposé, ce sont tous les autres êtres qui ont besoin de la faveur du Seigneur s'ils veulent acquérir une compréhension profonde de la mission que leur confère la forme humaine.
yam vai vibhutir upayaty anuvelam anyair
artharthibhih sva-sirasa dhrta-pada-renuh dhanyarpitanghri-tulasi-nava-dama-dhamno lokam madhuvrata-pater iva kama-yana
Comme il a déjà été expliqué, tulasi a obtenu les vertus les plus hautes pour avoir été placée aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur. La comparaison qui apparaît dans ce verset est très belle: tout comme le roi des abeilles rôde autour des feuilles de tulasi offertes aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur, Laksmi -la déesse dont les faveurs sont recherchées par les devas, les brahmanas, les vaisnavas et tous les autres êtres- se trouve toujours absorbée dans le service des pieds pareils-au-lotus du Seigneur. Pour conclure, nul ne peut être le bienfaiteur du Seigneur. Chaque être n'est en vérité que le serviteur de Ses serviteurs.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |