SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3
CHAPITRE 19

La mise à mort de
l'asura Hiranyaksa.

VERSET 21

bahubhir yaksa-raksobhih
patty-asva-ratha-kunjaraih
atatayibhir utsrsta
himsra vaco tivaisasah

TRADUCTION

Des hordes de Yaksas et de Raksasas, certains à pied d'autres à cheval, à dos d'éléphant ou encore sur des chars, lançaient des cris de guerre cruels et sauvages.

VERSET 22

praduskrtanam mayanam
asurinam vinasayat
sudarsanastram bhagavan
prayunkta dayitam tri-pat

TRADUCTION

Le Seigneur, véritable bénéficiaire de tous les sacrifices, lança alors Son très cher Sudarsana, capable de dissiper les forces magiques déployées par l'asura.

TENEUR ET PORTEE

Certains parmi les plus grands yogis et asuras peuvent parfois acomplir des prouesses magiques du fait de leurs pouvoirs surnaturels, mais en présence du sudarsana-cakra lancé par le Seigneur, toute cette magie est réduite à néant. La querelle qui opposa Durvasa Muni à Maharaja Ambarisa en est un exemple pratique. Durvasa Muni désirait déployer ses nombreux talents de magicien, mais lorsque apparut le sudarsana-cakra, lui-même en fut effrayé et s'envola vers différentes planètes pour y chercher refuge.

Notre verset désigne le Seigneur par les mots tri-pat, ce qui indique qu'Il est le bénéficiaire de trois sortes de sacrifices. La Bhagavad-gita confirme d'ailleurs à ce propos qu'Il est le bénéficiaire de tous sacrifices, pénitences et austérités. Les trois sortes de yajnas sont donc destinées à accroître Son plaisir. Comme l'enseigne encore la Bhagavad-gita, il existe des sacrifices de biens, des sacrifices de méditation et des sacrifices de spéculation philosophique. Or, tous ceux qui empruntent les voies du jnana, du yoga et du karma doivent finalement se tourner vers le Seigneur Suprême, puisqu'Il est le bénéficiaire ultime de toute chose: vasudevah sarvam iti. Et c'est là la perfection de tous les sacrifices.

VERSET 23

tada diteh samabhavat
sahasa hrdi vepathuh
smarantya bhartur adesam
stanac casrk prasusruve

TRADUCTION

A ce moment même, un frisson parcourut soudain le coeur de Diti, la mère d'Hiranyaksa. Elle se rappela alors les paroles de son époux, Kasyapa, et du sang coula de ses seins.

TENEUR ET PORTEE

Quand vint la dernière heure d'Hiranyaksa, sa mère, Diti, se rappela ce que son époux lui avait dit: ses fils seraient des asuras, mais ils auraient la fortune d'être anéantis par le Seigneur Suprême en personne. Par la grâce du Seigneur, ce souvenir lui revenait, et de ses seins se mit à couler du sang plutôt que du lait. Il arrive souvent que du lait s'égoutte de la poitrine d'une mère transportée d'affection pour ses fils. Mais pour la mère de l'asura, le sang ne put se transformer en lait, et s'échappa donc tel quel de ses seins. En effet, c'est à partir du sang que se forme le lait, mais il est bénéfique de boire du lait et non du sang, bien que tous deux soient d'essence identique. Ce principe s'applique également au lait de la vache.

VERSET 24

vinastasu sva-mayasu
bhuyas cavrajya kesavam
rusopaguhamano mum
dadrse vasthitam bahih

TRADUCTION

Voyant ses pouvoirs magiques dissipés, l'asura, fou de rage, se présenta à nouveau devant la Personne Souveraine, Kesava, et chercha à l'étreindre de ses deux bras pour Le broyer. Mais à sa grande surprise, il vit que le Seigneur s'était échappé de l'étau formé par ses bras.

TENEUR ET PORTEE

Le Seigneur est ici nommé Kesava pour rappeler qu'au début de la création Il fit périr le monstre Kesi. Mais Kesava est aussi un Nom de Krsna, l'origine de tous les avataras; ainsi que le confirme la Brahma-samhita, Govinda, le Seigneur Suprême, la Cause de toutes les causes, existe de façon simultanée dans chacune de Ses émanations et avataras.

Le fait que l'asura ait voulu se saisir du Seigneur Suprême mérite notre attention. Il désirait L'étreindre de ses deux bras, croyant qu'il pourrait, au moyen de ses pouvoirs matériels, capturer l'Absolu dans cet étau limité. Il ignorait que Dieu est à la fois plus grand que le plus grand et plus petit que le plus petit. Nul ne peut se saisir du Seigneur Suprême ni Le mettre sous sa coupe, mais les êtres démoniaques s'efforcent constamment de "mesurer" Sa grandeur. Du fait de Sa puissance inconcevable, le Seigneur peut manifester la forme universelle, comme l'explique la Bhagavad-gita, et tout à la fois demeurer dans le coffret où Ses dévots L'adorent sous la forme d'une murti. Nombre de bhaktas gardent en effet une statuette du Seigneur dans un petit coffret, ce qui leur permet de L'emporter avec eux partout où ils se rendent; ainsi peuvent-ils chaque matin faire acte d'adoration envers le Seigneur, installé dans Son coffret. Kesava, ou Krsna, Seigneur Suprême et Personne Souveraine, n'est en rien limité par nos estimations ou nos calculs. Il peut demeurer auprès de Son dévot dans la Forme qui lui convient; mais il faut savoir qu'aucune somme d'activités démoniaques ne permet de Le connaître.

VERSET 25

tam mustibhir vinighnantam
vajra-sarair adhoksajah
karena karna-mule han
yatha tvastram marut-patih

TRADUCTION

Le monstre entreprit alors de marteler le Seigneur de ses poings d'acier, mais Adhoksaja le gifla aussitôt à la base de l'oreille, tout comme Indra, le maître des Maruts, avait frappé le démoniaque Vrtra.

TENEUR ET PORTEE

Dans ce verset, le Seigneur est décrit comme adhoksaja, en ce qu'Il échappe à tout moyen de mesure matériel. Aksaja indique la perception de nos sens et le mot adhoksaja signifie ''ce qui est hors de la portée de nos sens''.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare