SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 26 Les principes
fondamentaux de la nature matérielle.
kartrtvam karanatvam ca
karyatvam ceti laksanam santa-ghora-vimudhatvam iti va syad ahankrteh
L'ahankara, ou le faux ego, se métamorphose pour devenir les devas, les responsables de l'ordre universel. En tant qu'instrument, le faux ego est représenté par les différents sens et organes des sens, et l'union des devas avec les sens donne le jour aux divers objets matériels. Nous produisons d'innombrables objets en ce monde, et ce, au nom du progrès de la civilisation; mais en vérité, cette sorte de progrès n'est qu'une manifestation du faux ego. C'est le faux ego qui produit toute chose matérielle pour en faire des objets de plaisir. L'homme doit donc cesser de se créer de plus en plus de besoins artificiels sous la forme d'objets matériels. Un grand acarya, Narottama Dasa Thakura déplorait le fait que lorsqu'une personne dévie de la pure conscience de Vasudeva, de la conscience de Krsna, il s'empêtre dans les activités matérielles. Les mots exacts qu'il utilise sont les suivants: sat-sanga chadi kainu asate vilasate-karane lagila ye karma-bandha-phansa. "J'ai abandonné mon état de pure conscience parce que je désirais jouir de la manifestation matérielle, éphémère; et c'est ainsi que je me suis pris dans les rets de l'action et de ses suites."
vaikarikad vikurvanan
manas-tattvam ajayata yat-sankalpa-vikalpabhyam vartate kama-sambhavah
Les symptômes du mental sont la détermination et le rejet, qui sont issus de divers types de désirs. Nous aspirons à tout ce qui favorise la satisfaction de nos sens, et nous rejetons tout ce qui s'y oppose. Le mental n'est pas stable aussi longtemps qu'il est matériel; mais il le devient s'il est absorbé en des activités de la Conscience de Krsna. Autrement, tant qu'il demeure au niveau matériel, il ne fait que vagabonder, et toutes ses acceptations et refus sont asat, ou temporaires. Les Ecritures nous enseignent en effet que le mental de celui qui n'est pas établi dans la Conscience de Krsna, ne peut qu'osciller entre l'acceptation et le rejet. Pour aussi avancé que soit un homme d'un point de vue matériel, tant qu'il ne s'établit pas dans la Conscience de Krsna, il ne peut qu'accepter et rejeter sans jamais pouvoir fixer son mental sur un objet particulier.
yad vidur hy aniruddhakhyam
hrsikanam adhisvaram saradendivara-syamam samradhyam yogibhih sanaih
La voie du yoga implique la maîtrise du mental, et le Seigneur du mental est Aniruddha. Les Textes védiques nous apprennent qu'Aniruddha possède quatre bras qui tiennent respectivement le sudarsana-cakra, la conque, la masse et le lotus. Il existe vingt-quatre Formes de Visnu, qui ont chacune un nom différent, et parmi elles, celles de Sankarsana, d'Aniruddha, de Pradyumna et de Vasudeva Se trouvent fort bien décrites dans le Caitanya-caritamrta, où il est dit qu'Aniruddha fait l'objet du culte des yogis. La méditation sur le vide est une invention moderne issue du cerveau fertile de quelque élucubrateur. A dire vrai, la voie du yoga de la méditation, prescrite dans ce verset, doit porter sur la Forme d'Aniruddha. En méditant sur Aniruddha, on peut s'affranchir des perturbations liées aux phénomènes d'acceptation et de rejet. Celui qui fixe ainsi ses pensées sur Aniruddha réalise graduellement Dieu, et approche du niveau de la pure conscience de Krsna, qui représente le but final du yoga.
taijasat tu vikurvanad
buddhi-tattvam abhut sati dravya-sphurana-vijnanam indriyanam anugrahah
L'intelligence est le pouvoir discriminateur qui permet de comprendre les objets, et elle aide les sens à faire un choix. Par suite, elle doit normalement dominer les sens. Somme toute, la perfection de l'intelligence se trouve atteinte lorsqu'on s'établit dans les activités de la Conscience de Krsna. Par un usage approprié de l'intelligence, on développe sa conscience, jusqu'à atteindre le niveau ultime, celui de la conscience de Krsna.
samsayo tha viparyaso
niscayah smrtir eva ca svapa ity ucyate buddher laksanam vrttitah prthak
Le doute compte parmi les fonctions importantes de l'intelligence, car l'acceptation aveugle n'est pas une indication d'intelligence. Par conséquent, le mot samsaya revêt ici une importance particulière; pour développer l'intelligence, il faut d'abord faire preuve d'un certain scepticisme. Toutefois, le doute n'est pas de mise lorsque l'information provient de source avérée. A ce propos, Krsna affirme dans la Bhagavad-gita que le fait de douter des paroles d'une autorité conduit l'homme à sa perte. Tel que l'enseigne le yoga de Patanjali, pramana-viparyaya-vikalpa-nidra-smrtyah: l'intelligence seule permet de saisir les choses dans leur vérité. Elle seule peut donner de comprendre si l'on est ou non différent du corps. L'étude permettant de déterminer si notre identité est spirituelle ou matérielle commence par le doute. Lorsque l'être est à même d'analyser sa véritable position, il découvre alors que son identification avec le corps est erronée. C'est ce qu'on entend par le mot viparyasa. Dès que la fausse identité est décelée, la véritable identité peut alors être perçue. Ce juste entendement est ici décrit comme niscayah, mot qui désigne la connaissance expérimentale éprouvée. Or, ce savoir expérimental ne peut être obtenu qu'après avoir compris ce qu'est la fausse connaissance. Ainsi, par une connaissance éprouvée ou expérimentale, il est possible de comprendre que l'on n'est pas le corps, mais bien une âme spirituelle. Le mot smrti signifie "mémoire", et svapa "sommeil". Ce dernier est aussi nécessaire pour permettre à l'intelligence de bien fonctionner. Sans sommeil, le cerveau ne peut fonctionner correctement. La Bhagavad-gita souligne spécifiquement à ce propos que ceux qui parviennent a manger, dormir et satisfaire les autres besoins du corps en de justes proportions, pratiquent le yoga avec grand succès. Tels sont quelques-uns des aspects de l'étude analytique de l'intelligence telle que menée dans le yoga de Patanjali et dans la philosophie du sankhya énoncée par Kapiladeva dans le Srimad-Bhagavatam.
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