SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 3 CHAPITRE 7 Autres questions de Vidura.
anuvratanam sisyanam
putranam ca dvijottama anaprstam api bruyur guravo dina-vatsalah
Plusieurs sujets méritent d'être appris auprès d'un maître spirituel authentique. Celui-ci voit d'un oeil égal ses partisans, ses disciples et ses fils; il se montre toujours bienveillant envers eux et les entretient constamment des questions spirituelles, même sans en être prié. Telle est la nature d'un maître spirituel authentique. Par ces propos, Vidura invite Maitreya Muni à l'éclairer sur toute question qu'il n'aurait pas soulevée.
tattvanam bhagavams tesam
katidha pratisankramah tatremam ka upasiran ka u svid anuserate
La Brahma-samhita (5.47-48) enseigne que toutes les manifestations matérielles, avec les innombrables univers, apparaissent puis disparaissent avec la respiration de Maha-Visnu allongé en yoga-nidra, ou en sommeil méditatif:
yasyaika-nisvasita-kalam athavalambya Après la dissolution des manifestations matérielles, ni le Seigneur ni Son royaume, situé au-delà de l'Océan Causal, ne disparaissent, pas plus que les habitants de Son royaume, Ses compagnons. Les compagnons du Seigneur sont en nombre infiniment plus élevé que les êtres ayant oublié le Seigneur de par leur contact avec la matière. L'interprétation que donnent les impersonnalistes du mot aham dans les quatre versets originels du Srimad-Bhagavatam (aham evasam evagre...) se trouve ici réfutée. Car le Seigneur et Ses compagnons éternels continuent d'exister après l'annihilation cosmique. La question de Vidura au sujet de ces personnages est une claire indication de l'existence de tout l'entourage du Seigneur comme de Ses biens propres. Ceci est d'ailleurs corroboré dans le Kasi-khanda, que citent Srila Jiva Gosvami et Srila Visvanatha Cakravarti, marchant ainsi sur les traces de Srila Sridhara Svami:
purusasya ca samsthanam
svarupam va parasya ca jnanam ca naigamam yat tad guru-sisya-prayojanam
Les êtres distincts sont, par nature, les serviteurs du Seigneur, lequel peut recevoir d'eux diverses formes de service. Les Ecritures nous révèlent en effet que le Seigneur est le bénéficiaire ultime des fruits de tous les sacrifices et de toutes les austérités, le souverain maître de tout ce qui existe et l'ami de tous les êtres.(1) Voilà Son identité réelle. Et lorsque l'être distinct reconnaît Sa suprématie absolue et agit sur la base de ce savoir, il retrouvre lui-même son identité véritable. Or, pour s'élever à ce niveau de connaissance, l'être distinct a besoin de compagnie spirituelle. Ainsi, le maître spirituel authentique désire que son disciple connaisse la voie du service spirituel offert au Seigneur, et le disciple doit, pour sa part, savoir que c'est auprès d'une âme réalisée qu'il découvrira sa relation éternelle avec Dieu. Celui qui désire disséminer le savoir spirituel doit se retirer de toute activité matérielle en prenant appui sur l'illumination qu'apporte le savoir védique. Voilà le sens profond de ce verset.
(1) bhoktaram yajna-tapasam sarva-loka mahesvaram
nimittani ca tasyeha
proktany anagha-suribhih svato jnanam kutah pumsam bhaktir vairagyam eva va
Nombreux sont les ignares qui prétendent à la réalisation spirituelle sans l'aide d'un maître spirituel. Ils nient la nécessité d'avoir un tel guide, mais se font eux-mêmes précepteurs en propageant la théorie qu'il n'est point besoin de maître spirituel. Il va sans dire que le Srimad-Bhagavatam désapprouve tout à fait leur point de vue. Même le docte et illustre spiritualiste qu'est Vyasadeva eut besoin d'un maître spirituel (Narada), et c'est pour obéir aux directives de celui-ci qu'il prépara cet ouvrage sublime, le Srimad-Bhagavatam. Sri-Caitanya Lui-même, bien qu'il fût Krsna en personne, accepta un maître spirituel; et de même Sri Krsna choisit d'être éclairé par Sandipani Muni. Tous les acaryas et tous les saints personnages du monde ont eu un maître spirituel. Dans la Bhagavad-gita, Arjuna dit à Krsna qu'il L'accepte comme son maître spirituel, bien qu'une telle déclaration formelle ne soit nullement nécessaire. Ainsi, on ne saurait en aucun cas mettre en doute la nécessité d'accepter un maître spirituel. L'unique mise en garde concerne l'authenticité de ce maître: il doit absolument appartenir à une filiation spirituelle reconnue -ce qu'on appelle la voie parampara. Les suris sont de grands érudits, mais ils ne sont pas forcément toujours anagha, ou sans tache. L'anagha-suri sera donc le pur dévot du Seigneur. Quiconque n'est pas un pur bhakta ou aspire à s'établir au même niveau que le Seigneur, ne peut être qualifié d'anagha-suri. Les purs dévots du Seigneur ont rédigé de nombreux textes de connaissance en prenant pour fondement diverses Ecritures reconnues. A la requête de Sri Caitanya Mahaprabhu, Srila Rupa Gosvami et ses assistants ont écrit plusieurs ouvrages destinés à guider l'aspirant bhakta, et quiconque désire avec le plus grand sérieux s'élever au niveau de pur bhakta doit tirer parti de ces écrits.
etan me prcchatah prasnan
hareh karma-vivitsaya bruhi me jnasya mitratvad ajaya nasta-caksusah
Vidura a formulé toutes sortes de questions en vue de comprendre les principes qui régissent le service d'amour absolu offert au Seigneur. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita (II.41), le service de dévotion est unique, en sorte que le mental du bhakta ne se disperse pas au gré des nombreuses voies de l'incertitude. Tel était donc le but de Vidura: s'établir dans un service où l'on s'absorbe sans détour. S'il revendique l'amitié de Maitreya Muni, ce n'est pas parce qu'il est son fils, mais bien plutôt parce que le grand sage est l'ami véritable de tous ceux qui ont perdu leur vision spirituelle au contact de la matière.
sarve vedas ca yajnas ca
tapo danani canagha jivabhaya-pradanasya na kurviran kalam api
Le plus haut degré de perfection en matière de bienfaisance consiste à conférer aux hommes l'immunité contre les maux de l'existence matérielle. Or, ceci ne peut être accompli que par la pratique du service de dévotion offert au Seigneur. Un tel savoir est incomparable. Ni l'étude des Vedas, ni l'accomplissement de sacrifices, ni une large distribution de dons charitables, même si on les réunit tous ensemble, ne peuvent conférer l'immunité qu'assure le service de dévotion contre les souffrances matérielles, ou ne serait-ce qu'une fraction de cette immunité. De plus, la bienveillance de Maitreya ne profitera pas seulement à Vidura; vu sa nature universelle, elle contribuera à libérer tous les autres êtres, à toutes les époques. Ainsi Maitreya est-il immortel.
sri-suka uvaca
sa ittham aprsta-purana-kalpah kuru-pradhanena muni-pradhanah pravrddha-harso bhagavat-kathayam sancoditas tam prahasann ivaha
Ainsi le meilleur des sages, toujours empressé de dépeindre les gloires du Seigneur Suprême, entreprit-il, à la requête de Vidura, de narrer les récits puraniques. Il se sentit profondément vivifié de pouvoir ainsi évoquer les Divertissements sublimes du Seigneur.
Les grands sages érudits de la qualité de Maitreya Muni se montrent toujours très enthousiastes à dépeindre les Activités spirituelles et absolues du Seigneur. Invité par Vidura à prendre la parole, Maitreya Muni laissa apparaître un sourire, car il éprouvait une profonde félicité spirituelle. Ainsi s'achèvent les enseignements de Bhaktivedanta sur le septième chapitre du troisième Chant du Srimad-Bhagavatam, intitulé: "Autres questions de Vidura".
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |