ahuh sariram ratham indriyani
hayan abhisun mana indriyesam
vartmani matra dhisanam ca sutam
sattvam brhad bandhuram isa-srstam

TRADUCTION

Les spiritualistes au profond savoir comparent le corps, conçu selon la volonté de Dieu, la Personne Suprême, à un char. Les chevaux en sont les sens; l'esprit, qui est le maître des sens, en est les rênes; les objets des sens sont les destinations; l'intelligence, le conducteur, et la conscience qui se répand dans le corps entier est la cause de l'asservissement dans ce monde matériel.

TENEUR ET PORTEE

Pour un matérialiste dans l'illusion, le corps, le mental et les sens, voués aux plaisirs de ce monde, sont la cause de son asservissement à la répétition de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Au contraire, le corps, le mental et les sens de l'être au profond savoir spirituel contribuent à sa libération. La Katha Upanisad (1.3.3-4,9) confirme ceci dans les versets suivants:

atmanam rathinam viddhi
sariram ratham eva ca
buddhim tu sarathim viddhi
manah pragraham eva ca

indriyani hayan ahur
visayams tesu gocaranso
dhvanah param apnoti
tad visnoh paramam padam

L'âme est le passager du char du corps, et l'intelligence en est le conducteur; le mental est la détermination à atteindre la destination, les sens sont les chevaux, et les objets des sens participent aussi à cette activité. C'est ainsi qu'il est possible de parvenir à la destination désirée, Visnu, qui est le paramam padam, le but suprême de l'existence. Au stade de l'existence conditionnée, la conscience qui habite le corps est cause de servitude; mais si elle se transforme en conscience de Krsna, cette même conscience permet de retourner dans la demeure originelle, auprès de Dieu.

Le corps humain peut donc être utilisé à deux fins -soit pour s'enfoncer dans les régions les plus sombres de l'ignorance, soit pour aller de l'avant et retourner à Dieu, dans le monde spirituel. Pour retourner à Dieu, il faut suivre la voie du mahat-seva, qui consiste à s'abandonner à un maître spirituel réalisé. Mahat-sevam dvaram ahur vimukteh. Pour parvenir à la libération, il faut se laisser guider par des bhaktas authentiques qui peuvent vraiment transmettre la connaissance parfaite. D'un autre côté, il est dit: tamodvaram yositam sangi-sangam -si notre désir est de rejoindre les régions les plus sombres de l'existence matérielle, nous pouvons demeurer dans la compagnie des hommes attachés aux femmes (yositam sangi-sangam). Le mot yosit signifie "femme". Les êtres trop matérialistes sont attachés aux femmes. Atmanam rathinam viddhi sariram ratham eva ca: le corps est donc comparable à un char ou à un véhicule au moyen duquel on peut aller n'importe où. On peut soit bien conduire, soit conduire à sa fantaisie au risque d'avoir un accident et de verser dans un fossé. En d'autres termes, si l'on suit les directives d'un maître spirituel plein d'expérience, on peut regagner sa demeure originelle, auprès de Dieu; sinon, on sera de nouveau entraîné dans le cycle de la naissance et de la mort. Krsna en personne conseille donc (B.g.,9.3):

asraddadhanah purusa
dharmasyasya parantapa
aprapya mam nivartante
mrtyu-samsara-vartmani

"Les hommes qui, sur la voie du service de dévotion, sont privés de foi, ô vainqueur des ennemis, ne peuvent M'atteindre; ils reviennent naître et mourir en ce monde." Dieu, la Personne Suprême, donne personnellement des instructions quant à la manière de Le rejoindre dans le monde spirituel, mais ceux qui ne daignent pas L'écouter ne retourneront jamais auprès de Lui et poursuivront leur existence misérable dans ce monde de naissances et de morts sans fin (mrtyu-samsara-vartmani).

Les spiritualistes pleins d'expérience conseillent donc de consacrer entièrement son corps à la poursuite du but ultime de la vie (svartha-gatim). L'intérêt véritable ou le vrai but de la vie est de retourner dans sa demeure originelle, auprès de Dieu. Or, un vaste ensemble d'Ecritures védiques, telles que le Vedanta-sutra, les Upanisads, la Bhagavad-gita, le Mahabharata et le Ramayana, sont là pour nous permettre d'y arriver. Il faut tirer des leçons de ces Ecritures védiques et apprendre comment pratiquer le nivrtti-marga: c'est alors que notre vie sera parfaite. Le corps n'a d'importance que tant qu'il est habité par la conscience; autrement il n'est qu'un simple agrégat d'éléments matériels. Pour retourner dans le monde spirituel, il faut donc que notre conscience matérielle se transforme en conscience de Krsna. La conscience d'un être vivant est la cause de son asservissement matériel; cependant, quand elle est purifiée par la pratique du bhakti-yoga, il peut alors comprendre la fausseté de sa désignation (upadhi) en tant qu'Indien, Américain, hindou, musulman, chrétien, et ainsi de suite. Sarvopadhi-vinirmuktam tatparatvena nirmalam. Il faut oublier ces désignations et ne dédier sa conscience qu'au service de Krsna. Ainsi, la vie de celui qui tire parti de ce Mouvement pour la Conscience de Krsna est certainement une réussite.