SRIMAD BHAGAVATAM - CHANT 7 CHAPITRE 15 VERSET 50-51

dravya-suksma-vipakas ca
dhumo ratrir apaksayah
ayanam daksinam somo
darsa osadhi-virudhah

annam reta iti ksmesa
pitr-yanam punar-bhavah
ekaikasyenanupurvam
bhutva bhutveha jayate


TRADUCTION

O roi Yudhisthira, le ghi et les céréales comme l'orge et le sésame offerts en sacrifice se transforment en fumée céleste qui élève l'être successivement jusqu'à des systèmes planétaires comme les royaumes de Dhuma, de Ratri, de Krsnapaksa, de Daksinam et finalement jusqu'à la lune. Toutefois, ceux qui ont accompli des sacrifices redescendent sur la terre pour y devenir des herbes, des plantes, des légumes et des céréales, qui sont mangés par divers êtres vivants, transformés en semence, puis introduits dans le corps de femelles. C'est ainsi qu'on naît et renaît sans fin en ce monde.

TENEUR ET PORTEE

La Bhagavad-gita (9.21) explique ce point particulier:

te tam bhuktva svarga-lokam visalam
ksine punye martya-lokam visanti
evam trayi-dharmam anuprapanna
gatagatam kama-kama labhante

"Quand ceux qui suivent le pravrtti-marga ont joui des plaisirs célestes, ils reviennent sur cette terre mortelle. Un bonheur fragile, tel est donc, après avoir suivi les principes des Vedas, le seul fruit qu'ils récoltent." Suivant le pravrtti-marga, l'être vivant qui désire être élevé jusqu'aux planètes supérieures accomplit régulièrement des sacrifices; le Srimad-Bhagavatam explique ici, comme la Bhagavad-gita, comment il y parvient et en redescend. Il est dit également: traigunya-visaya vedah -"Les Vedas traitent essentiellement des trois modes d'influence de la nature matérielle." Les Vedas, dont trois en particulier, le Sama, le Yajur et le Rk, expliquent clairement ce processus d'ascension aux planètes supérieures, puis de retour ici-bas. Mais Krsna conseille à Arjuna: traigunya-visaya veda nistraigunyo bhavarjuna -il faut transcender ces trois modes d'influence de la nature matérielle, et on se libérera alors du cycle des morts et des renaissances. Sinon, même si l'on a été élevé à un système planétaire supérieur comme Candraloka, il faudra en redescendre (ksine punye martya-lokam visanti). Une fois le bénéfice des activités pieuses consumé, il faut revenir sur cette planète à l'occasion d'une chute de pluie et naître d'abord en tant qu'herbe ou plante, qui sera mangée par divers animaux, mais aussi par des êtres humains, puis transformée en semence. Cette semence est introduite dans un corps de femelle et l'être vivant voit ainsi le jour. Ceux qui reviennent sur terre de cette façon naissent en particulier dans des familles de position élevée telles que les familles de brahmanas.

A ce propos, on peut remarquer que même les prétendus savants modernes qui vont sur la lune ne sont pas à même d'y rester, mais doivent retourner dans leurs laboratoires. Ainsi, que l'on aille sur la lune grâce à des techniques modernes ou par l'accomplissement d'activités pieuses, on est toujours obligé de revenir ici-bas, ce qui est clairement établi dans ce verset et expliqué aussi dans la Bhagavad-gita. La place de l'être sur les planètes supérieures (yanti deva-vrata devan) n'est pas sûre, car il doit retourner à martya-loka. Abrahmabhuvanal lokah punar avartino rjuna: sans même parler de la lune, irait-on à Brahmaloka, il faudrait encore en revenir. Yam prapya na nivartante tad dhama paramam mama: cependant, si l'on retourne dans sa demeure originelle, auprès de Dieu, on n'a plus à revenir dans cet univers matériel.