VERSET 1Qu'est-ce que le brahman ? Qu'est-ce que le moi, l'atma ? Qu'est-ce que le karma ? Qu'entendre par la manifestation matérielle, et que sont les devas ? O mon Seigneur, ô Personne Suprême, dis-le moi, je T'en prie.
VERSET 2Oú, et comment, vit-Il dans le corps, le Maître du sacrifice, ô Madhusudana ? Et comment, au moment de la mort, celui qui Te sert avec amour Te connaîtra-t-il ?
VERSET 3Le Seigneur Suprême dit : On appelle Brahman l'être spirituel, impérissable ; le moi est sa nature éternelle, et le karma, ou l'action matérielle, les actes qui engendrent et déterminent les corps successifs qu'il revêt.
VERSETS 4-5La manifestation matérielle est en permanente mutation, et l'univers, avec tous ses devas, constitue la forme universelle du Seigneur Suprême ; et Je suis ce Seigneur, le Maître du sacrifice, qui en tant qu'Ame Suprême, habite dans le coeur de chaque être incarné. Quiconque, au trépas, à l'instant même de quitter le corps, se souvient de Moi seul, atteint aussitôt Ma Demeure, n'en doute pas.
VERSET 6Car, certes, ô fils de Kunti, ce sont les pensées, les souvenirs de l'être à l'instant de quitter le corps qui déterminent sa condition future.
VERSET 7Ainsi, ô Arjuna, en Moi, Krsna, en Ma Forme personnelle, absorbe toujours tes pensées, sans faillir à combattre, comme doit le faire un ksatriya. Me dédiant tes actes, tournant vers Moi ton mental et ton intelligence, sans nul doute tu viendras à Moi.
VERSETS 8-9Celui qui toujours se souvient de Moi, le Seigneur Suprême, et sur Moi médite, sans s'écarter de la voie, celui-là, ô Partha, sans nul doute vient à Moi. Il faut méditer sur le Seigneur Suprême en tant que l'Etre omniscient, le plus ancien, le Maître et Soutien de tout, qui, plus ténu encore que le plus ténu, est inconcevable, au-delà de l'intelligence matérielle, et toujours demeure une personne. Resplendissant comme le soleil, Il transcende ce monde de ténèbres.
VERSET 10Qui, à l'instant de la mort, fixe entre les sourcils son air vital et, avec la dévotion la plus profonde, s'absorbe dans le souvenir du Seigneur Suprême, ira certes à Lui.
VERSETS 11-12Les grands sages du renoncement, versés dans les Vedas, et qui prononcent l'omkara, pénètrent dans le Brahman. Je vais maintenant t'instruire dans cette voie de salut, qui requiert la continence. Car, le yoga consiste à se détacher de toute activité des sens. C'est en fermant les portes des sens, en gardant le mental fixé sur le coeur et en maintenant l'air vital au sommet de la tête que l'on s'y établit.
VERSET 13Ainsi établi dans le yoga, et prononçant la syllabe sacrée om, suprême alliance de lettres, celui qui, à l'instant de quitter le corps, pense à Moi, Dieu, la Personne Suprême, celui-là, sans nul doute, atteindra les planètes spirituelles.
VERSETS 14-15Parce que constamment absorbé dans le service de dévotion, celui qui toujours se souvient de Moi, sans écart, M'atteint sans peine, ô fils de Prtha. Quand ils M'ont atteint, les yogis imbus de dévotion, ces nobles âmes, s'étant par là élevés à la plus haute perfection, jamais plus ne reviennent en ce monde transitoire, oú règne la souffrance.
VERSET 16-17Toutes les planètes de l'univers, de la plus évoluée à la plus basse, sont lieux de souffrance, oú se succèdent la naissance et la mort. Mais pour l'âme qui atteint Mon Royaume, ô fils de Kunti, il n'est plus de renaissance. Un jour de Brahma vaut mille des âges que connaissent les hommes ; et autant sa nuit.
VERSET 18Avec le jour de Brahma naissent toutes les variétés d'êtres; et que vienne sa nuit, toutes sont annihilées.
VERSETS 19-20Sans fin, jour après jour, renaît le jour, ô Partha, et chaque fois, des myriades d'êtres sont ramenés à l'existence. Sans fin, nuit après nuit, tombe la nuit, et avec elle, les êtres, dans l'anéantissement, sans qu'ils rien n'y puissent. Il existe cependant un autre monde, lui éternel, au-delà des deux états, manifesté et non manifesté, de la matière. Monde suprême, qui jamais ne périt ; quand tout en l'Univers matériel est dissout, lui demeure intact.
VERSET 21On le dit non manifesté et impérissable ce Royaume suprême, but ultime ; pour qui l'atteint, point de retour. Ce monde, c'est Ma Demeure Absolue.
VERSET 22La dévotion pure permet seule d'atteindre Dieu, le Seigneur Suprême, plus grand que tous. Bien qu'Il ne quitte jamais Son Royaume, Il pénètre en toute chose, et tout en Lui repose.
VERSETS 23-24Les moments oú l'on part de ce monde pour n'y plus revenir, ceux aussi oú l'on part et revient, laisse-Moi maintenant te les décrire, ô meilleur des Bharatas. Qui connaît le Brahman Suprême quitte ce monde à un moment propice, à la lumière du jour et sous le signe du deva du feu, durant les quinze jours oú croît la lune et les six mois oú le soleil passe au septentrion.
VERSET 25Qu'il parte la nuit, dans la fumée, durant le déclin de lune ou dans les six mois qui voient le soleil passer au sud, qu'il atteigne l'astre lunaire, et le yogi devra encore en ce monde revenir.
VERSETS 26-27Il existe, selon les Vedas, deux façons de quitter ce monde: dans les ténèbres ou dans la lumière. L'une est la voie du retour, et l'autre du non-retour. O fils de Prtha, ils ne s'égarent jamais, les bhaktas qui connaissent ces deux voies. Sois donc, ô Arjuna, toujours ferme dans la dévotion.
VERSET 28L'étude des Vedas, les sacrifices, les austérités, les actes charitables, la recherche philosophique et l'action intéressée : celui qui choisit la voie du service de dévotion n'est en rien privé de leurs fruits ; et, à la fin, il gagne le Royaume absolu.
FIN DU HUITIÈME