3) Le chant du Saint Nom dénué de toute offense.

a) Instructions générales.

Il faut éviter toute offense au Saint Nom :

[Sri Chaitanya dit à Sanatana Goswami:] "... il faut éviter toute offense à l'égard du service de dévotion et du Saint Nom. "

Le onzième [principe] consiste à éviter toute offense dans l'accomplissement du service de dévotion et du chant des Saints Noms. (C.C. Madhya 22.117)

La récitation mécanique du Saint Nom n'est pas aussi puissante que celle sans offense :

Réciter mécaniquement le Saint Nom n'est pas aussi puissant que de le réciter sans commettre d'offenses. (C.C. Adi 10.43)

Quiconque chante le Saint Nom sans commettre d'offense devient aussi propice que le Seigneur :

Quiconque chante les Saints Noms du Seigneur sans commettre la moindre offense devient tout aussi propice que le Seigneur en personne, et l'organisation d'un mouvement universel formé de tels purs bhaktas peut d'un coup transformer le visage défiguré du monde. En fait, seule la propagation du chant des Saints Noms pourra nous protéger des effets de l'âge de Kali. (S.B. 1.16.32-33)

b) Comment parvenir au chant sans offense.

Le chant du mantra Hare Krishna est recommandé même aux personnes qui commettent des offenses, car si elles continuent cette pratique leurs offenses disparaîtront peu à peu. Et en chantant le mantra sans commettre d'offenses, on accroît son amour pour Krishna... Srila Visvanatha Cakravarti Thakura cite ce verset du Padma Purana :

namaparadha-yuktanam
namany eva haranty agham
avisranti-prayuktani
tany evartha-karani ca

Même si au début on chante le mantra Hare Krishna en commettant des offenses, celles-ci s'évanouiront à force de chanter. Papa-ksayas ca bhavati smaratam tam ahar-nisam: en chantant jour et nuit, suivant la recommandation de Sri Chaitanya Mahaprabhu, on se libère des conséquences de toutes ses fautes. (S.B. 6.3.24)

Pour s'affranchir de ses offenses au Saint Nom, il faut chanter sans cesse et offrir humblement des prières à la gloire du Saint Nom :

Lorsqu'on chante ou récite le Saint Nom du Seigneur, il faut soigneusement éviter de commettre dix offenses... Il n'existe aucun moyen de se racheter d'aucune de ces offenses. Il est donc recommandé à la personne qui se rend coupable d'une offense aux pieds pareils-au-lotus du Saint Nom de continuer à le chanter vingt-quatre heures par jour. Le chant constant des Saints Noms finit par nous affranchir de toute offense, après quoi nous pouvons peu à peu nous élever au niveau transcendantal où il est possible de glorifier le Saint Nom dans toute sa pureté et de développer de l'amour pour Dieu, la Personne Suprême.

Même si quelqu'un commet des offenses, il lui est recommandé de continuer à chanter les Saints Noms. Autrement dit, le chant des Saints Noms nous libère de toute offense. Le livre du Nama-kaumudi explique que si quelqu'un commet une offense aux pieds pareils-au-lotus d'un Vaisnava, il doit faire amende honorable auprès de lui afin de recevoir son pardon; de même, si quelqu'un commet une offense en chantant les Saints Noms, il doit s'en remettre au Saint Nom afin d'être ainsi affranchi de sa faute....

Il faut être très humble pour exprimer ses désirs et réciter des prières à la gloire des Saints Noms, telles que: ayi mukta-kulair upasya manam et nivrtta-tarsair upagiyamanad. Il faut réciter des prières comme celles-ci afin de s'affranchir des offenses commises aux pieds pareils-au-lotus du Saint Nom. (S.B. 7.5.23-24)

En développant son attitude de service envers le Seigneur, on peut parvenir à chanter le Saint Nom sans commettre d'offense :

Il est écrit dans le Padma Purana : " Nulle différence ne sépare le Seigneur de Son Saint Nom. Et à ce titre, le Saint Nom possède à la perfection les mêmes attributs de plénitude, de pureté et d'éternité que le Seigneur. Sa résonance n'est pas matérielle, non plus qu'il ne connaît la souillure de la matière. " Celui qui n'a pas purifié ses sens ne pourra donc le chanter sans commettre d'offense; ou, en d'autres mots, les sens souillés par la matière ne peuvent faire vibrer correctement les Saints Noms du maha-mantra. Cependant, la pratique même de ce chant fournit à chacun l'occasion de se purifier et donne de bientôt pouvoir le réaliser sans offense.

Chaitanya Mahaprabhu recommande donc à tout un chacun de chanter le mantra Hare Krishna, afin que soit balayée la poussière qui recouvre son cœur. Car ce n'est qu'une fois le cœur purifié qu'il devient possible de saisir l'importance du Saint Nom. Ceux qui n'éprouvent pas le désir de purifier leur cœur, mais qui souhaitent au contraire voir les choses demeurer ce qu'elles sont, ne pourront jamais goûter les bienfaits sublimes qui s'attachent au chant du mantra Hare Krishna. Par suite, chacun doit être encouragé à développer son attitude de service envers le Seigneur, car un tel sentiment l'aidera à dépouiller son chant de toute offense. C'est ainsi que sous l'égide d'un maître spirituel, le disciple apprend à servir le Seigneur tout en chantant le mantra Hare Krishna. Et sitôt qu'en lui se développe une attitude de service spontané, il devient à même de saisir la nature toute spirituelle des Saints Noms du maha-mantra. (ND, p. 125)

c) Les bienfaits du chant dénué d'offenses.

Le chant dénué d'offenses conduit à la réalisation que le Saint Nom et Dieu sont identiques :

Le chant des Saints Noms de Krishna est de nature si sublime qu'il confère, à quiconque le pratique en prenant soin d'éviter les dix offenses possibles à son endroit, d'atteindre graduellement à la compréhension du fait qu'il n'existe aucune différence entre le Nom du Seigneur et Sa Personne. (Upad., p. 62)

Il faut en venir à comprendre que le Saint Nom de Dieu et le Seigneur Lui-même sont identiques. On ne peut parvenir à cette conclusion à moins d'éviter toute offense en chantant le Saint Nom. Avec notre jugement matériel, nous voyons une différence entre le nom et la substance, mais dans le monde spirituel, l'Absolu est toujours absolu; le Nom, la Forme, la Nature et les Divertissements de l'Absolu ont tous la même valeur que l'Absolu Lui-même. En conséquence, celui qui se considère comme un serviteur éternel du Saint Nom et, dans cet esprit, fait connaître le Saint Nom dans le monde entier sera considéré comme un serviteur éternel de Dieu, la Personne Suprême. Quiconque chante le Saint Nom dans cet esprit, sans commettre d'offenses, sera sans aucun doute élevé au niveau où il pourra comprendre que le Saint Nom et la personne même du Seigneur sont identiques. (C.C. Adi 8.16)

Le chant sans offenses du Saint Nom éveille notre conscience de Krishna et marque le début de la sadhana-bhakti :

La pratique du service de dévotion commence par le chant et l'écoute, et s'appelle sadhana-bhakti. Elle comprend les principes régulateurs qui ont pour but d'éveiller l'être au service et à la dévotion à Krishna. Le cœur de chaque être est pénétré du désir de servir Dieu avec dévotion, mais ce désir est assoupi et le chant sans offense des Saints Noms du Seigneur permet de le réveiller. Cet éveil à la conscience de Krishna marque le début de la sadhana-bhakti, qui se divise en plusieurs parties: la foi, la fréquentation des dévots, l'initiation par le maître spirituel, l'accomplissement du service de dévotion sous la direction d'un maître spirituel, la constance dans le service de dévotion et l'éveil d'un goût pour ce service. Le bhakta s'attache ainsi à Krishna et à Son service et lorsque son attachement s'intensifie, il voit alors naître en lui un amour extatique pour Sa Personne. (C.C. Madhya 19.177)

Le chant sans offense permet de trouver immédiatement refuge aux pieds de Krishna :

[Sri Chaitanya Mahaprabhu conseilla Subuddhi Raya en ces termes:] " Commence par chanter le mantra Hare Krishna et lorsque ton chant sera presque pur, tu ne subiras plus les réactions de tes péchés. Une fois que ton chant sera parfait, tu trouveras refuge aux pieds pareils-au-lotus de Krishna. "

Il existe dix sortes d'offenses à éviter. Au début, celui qui est initié au chant du maha-mantra Hare Krishna commet naturellement de nombreuses offenses. Le dévot doit cependant faire très attention à éviter ces offenses et chanter purement. Cela ne veut pas dire que le maha-mantra Hare Krishna est parfois pur et parfois impur. C'est le récitant qui est impur en raison de la souillure matérielle. Il faut se purifier pour que le Saint Nom ait un effet complet. Chanter le Saint Nom sans offense aidera à trouver immédiatement refuge aux pieds pareils-au-lotus de Krishna. Cela signifie que quiconque chante purement le Saint Nom se trouvera immédiatement élevé au niveau spirituel et absolu. (C.C. Madhya 25.199)

On peut accéder au niveau du bhava grâce au chant sans offense du Saint Nom :

[Saunaka Rsi dit à Suta Goswami:] " Après s'être absorbé dans le chant du Saint Nom du Seigneur, celui dont les poils se sont dressés et les larmes ont jailli sous l'effet de l'extase, mais dont le cœur ne connaît aucune transformation, on le dit avoir un cœur bardé d'acier. "

Tout le processus du développement spirituel tend à cette transformation du cœur de l'être distinct pour ainsi lui permettre de redécouvrir le lien éternel qui l'unit au Seigneur Suprême en tant que Son serviteur, ce qui représente sa position originelle et éternelle. Le progrès dans le service de dévotion et la transformation du cœur se révèlent par le renoncement graduel au plaisir matériel que donne l'impression illusoire de régner en maître sur la nature matérielle, ainsi que par une plus forte inclination à offrir au Seigneur un service d'amour... La pratique réglée du service de dévotion doit absolument susciter un changement du cœur, sans quoi l'on doit tenir ce cœur pour bardé d'acier, car il n'a pas su fondre d'amour même au chant du Saint Nom du Seigneur. N'oublions jamais que l'écoute et le chant représentent les principes de base dans l'accomplissement des devoirs dévotionnels et s'ils sont menés à bien, ils donneront lieu à des manifestations d'extase telles que larmes et hérissement des poils. Tels sont les effets qu'ils produisent naturellement et qui forment les symptômes préliminaires du niveau appelé bhava, l'étape qui précède la perfection du prema, du pur amour pour Dieu.

Selon le Sandarbha, si malgré la pratique assidue du chant et de l'écoute du Saint Nom du Seigneur, cette transformation se fait attendre, nous devons seulement y voir le résultat d'offenses commises. En effet, si depuis le début qu'il pratique le chant du Saint Nom du Seigneur, le bhakta n'a pas bien pris soin d'éviter les dix offenses pouvant être commises à Ses pieds, les signes propres au sentiment de séparation d'avec le Seigneur, soit les larmes et les poils qui se dresent sous l'effet de cette extase, n'apparaîtront certes pas. Le niveau de bhava se manifeste par huit signes purement spirituels, soit la stupeur, la sudation, le hérissement des poils, l'étranglement de la voix, les tremblements, le blémissement, les larmes et enfin l'extase... Le bhava authentique et permanent se manifeste sans équivoque dans l'anéantissement des désirs matériels (ksanti), dans l'utilisation de chaque instant pour le service d'amour sublime offert au Seigneur (avyartha-kalatvam), dans l'ardent désir de louer constamment le Seigneur (nama-gane sada ruci), dans l'attrait pour vivre là où le Seigneur a vécu (pritis tad-vasati sthale), dans le renoncement total aux joies matérielles (virakti) et dans l'humilité (mana-sunyata). Celui qui a développé toutes ces qualités spirituelles se situe véritablement au niveau du bhava, contrairement aux simulateurs au cœur de pierre, ou bhaktas matérialistes.

Le processus entier peut se résumer ainsi: à un stade avancé, le bhakta qui chante le Saint Nom du Seigneur sans commettre la moindre offense et qui se montre l'ami de tous goûte véritablement au plaisir spirituel de louer le Seigneur. Les fruits d'une telle réalisation paraissent alors à travers l'anéantissement total des désirs matériels et le développement des autres qualités spirituelles mentionnées ci-dessus. Les néophytes, parce qu'ils se situent au plus bas niveau du service de dévotion, sont invariablement marqués par l'envie, tant et si bien qu'ils créent de toutes pièces leurs propres règles dévotionnelles et négligent la voie tracée par les acaryas. Feraient-ils mine de chanter constamment le Saint Nom du Seigneur, sa saveur toute spirituelle leur reste inconnue. (S.B. 2.3.24)

Quiconque chante sans offense le Saint Nom développe les symptômes de l'extase et devient digne d'entrer dans le royaume de Dieu :

[Brahma dit aux devas:] " Ceux dont les traits corporels se transforment sous l'effet de l'extase et qui, à entendre les gloires du Seigneur, respirent lourdement et se couvrent de sueur, ceux-là gagnent le royaume de Dieu, même s'ils négligent la méditation et les autres austérités. Le royaume de Dieu se trouve au-delà de tous les univers matériels et fait l'objet du désir de Brahma, comme des autres devas. "

Lorsqu'on est affranchi des dix offenses en chantant le Saint Nom de Dieu, on voit alors apparaître dans le corps différentes manifestations d'extase, regroupées sous le nom de pulakasru. Pulaka signifie " signes de bonheur " et asru " larmes ". Une personne qui a chanté les Saints Noms sans offense doit donc manifester les symptômes du bonheur et des larmes doivent emplir ses yeux. Notre verset veut ainsi établir que ceux qui manifestent ces signes de bonheur et dont les yeux s'emplissent de larmes au chant des gloires du Seigneur ont qualité pour entrer dans le royaume de Dieu. (S.B. 3.15.25)

Quiconque chante sincèrement le Saint Nom sans commettre d'offenses est déjà plus qu'un brahmane :

Sri Chaitanya Mahaprabhu porta alors sur le gouverneur musulman un regard de miséricorde. Le tranquillisant, Il lui demanda de prononcer les Saints Noms de Krishna et de Hari.

Sri Chaitanya Mahaprabhu manifeste Sa miséricorde en conseillant à tous - même aux candalas, mlecchas et yavanas - de chanter le Saint Nom du Seigneur... Quiconque suit les instructions de Sri Chaitanya Mahaprabhu sera purifié et quiconque chante sincèrement le Saint Nom sans commettre d'offenses est déjà plus qu'un brahmane. (C.C. Madhya 16.187)

Même le chant involontaire du Saint Nom peut être sans offense s'il n'est pas accompli en vue de neutraliser ses fautes :

[Les Vishnoudutas dirent aux Yamadutas:] Ajamila a déjà expié toutes ses fautes. En fait, il a racheté non seulement les péchés commis au cours d'une vie, mais également ceux de millions d'existences, car il a prononcé dans un sentiment d'impuissance le Saint Nom de Narayana. Même s'il ne l'a pas fait dans une intention pure, il n'a pas commis d'offense en le prononçant, de telle sorte qu'il est maintenant purifié et digne d'être libéré. Même avant sa mort, quand il mangeait, ou à d'autres moments, cet homme appelait son fils en disant: " Cher Narayana, viens ici, je t'en prie. " Bien que ce fût son fils qu'il appelait ainsi, il n'en prononçait pas moins les quatre syllabes na-ra-ya-na; et en répétant ainsi le Nom du Seigneur, il a amplement expié les fautes qu'il a pu commettre au cours de millions de vies antérieures.

Tandis qu'il se livrait à toutes sortes d'activités répréhensibles en vue de subvenir aux besoins de sa famille, Ajamila prononçait le Nom de Narayana sans commettre d'offense. Le fait de chanter le Saint Nom du Seigneur à seule fin de neutraliser ses fautes, ou le fait de pécher en comptant sur la puissance du Saint Nom pour être absous, constitue une offense (namno balad yasya hi papa-buddhih). Mais bien qu'Ajamila se livrât à des actes répréhensibles, il ne prononça jamais le Saint Nom de Narayana en vue de neutraliser ses péchés, mais seulement pour appeler son fils. C'est ainsi que ce chant porta ses fruits. Du fait qu'il prononçait le Saint Nom de Narayana de cette façon, il anéantit du même coup les conséquences des fautes commises au cours de très nombreuses existences. Au commencement de sa vie, il était pur, mais bien qu'il se fût rendu coupable de nombreuses fautes par la suite, il ne commit aucune offense, car il ne prononçait pas le Saint Nom de Narayana en vue de neutraliser ses péchés. Celui qui chante constamment le Saint Nom du Seigneur sans commettre d'offense reste toujours pur. Ainsi que le confirme ce verset, Ajamila était déjà affranchi de toute faute, et parce qu'il prononça le Nom de Narayana, il demeura sans faute. Peu importe que ses appels s'adressaient à son fils; le Nom lui-même produisit ses effets. (S.B. 6.2.7-8)

Malgré ses péchés, le chant d'Ajamila était dénué d'offenses car non accompli en vue de neutraliser ses fautes :

Le commentaire de Srila Visvanatha Cakravarti Thakura sur les versets neuf et dix du présent chapitre se présente sous la forme d'un dialogue touchant à la manière dont on peut s'affranchir des conséquences de toutes ses fautes, par le simple fait de chanter les Saints Noms du Seigneur... Ajamila avait nommé son fils Narayana, et parce qu'il l'aimait beaucoup, il ne cessait de l'appeler par son nom. Bien que ce fût à son fils qu'il s'adressait, ce nom gardait toute sa puissance, car le Nom de Narayana ne diffère en rien de la Personne même de Narayana, le Seigneur Suprême. Donc, lorsque Ajamila nomma son fils Narayana, toutes les conséquences de sa vie pécheresse s'en trouvèrent neutralisées, et comme il continuait à appeler son fils, prononçant ainsi des milliers de fois le Saint Nom de Narayana, il progressait sans le savoir dans la conscience de Krishna.

On peut objecter: " Puisqu'il prononçait constamment le Nom de Narayana, comment lui était-il possible de vivre avec une prostituée et de songer à boire du vin? " Par ces actes répréhensibles, il s'exposait certes à des souffrances répétées, et l'on peut affirmer qu'il fut libéré pour avoir prononcé au dernier moment de sa vie le Nom de Narayana. Cependant, il aurait alors commis un nama-aparadha. Namno balad yasya hi papa-buddhih: celui qui continue à pécher en s'efforçant de neutraliser ses fautes par le chant des Saints Noms du Seigneur est un nama-aparadhi, une personne qui offense le Saint Nom.

En réponse à ceci, on peut dire que l'invocation d'Ajamila était dénuée d'offenses du fait qu'il n'avait pas prononcé le Nom de Narayana dans le dessein de neutraliser ses fautes. Il ne se rendait pas compte de son attachement à des actes répréhensibles et ne savait pas davantage que le fait de prononcer le Nom de Narayana neutralisait ceux-ci. Il ne commit donc pas de nama-aparadha, et son invocation répétée du Saint Nom de Narayana alors qu'il appelait son fils peut être considérée comme pure. De ce fait, Ajamila récolta sans le savoir les fruits de la bhakti. En vérité, la première fois où il prononça le Saint Nom suffit déjà à neutraliser toutes les fautes de sa vie. Prenons un exemple logique: un figuier ne donne pas immédiatement de fruits, mais le moment venu ceux-ci apparaissent. De même, le service de dévotion qu'Ajamila effectuait grandit peu à peu, si bien qu'il ne fut pas atteint par les conséquences de ses agissements. Les sastras enseignent encore que si une personne chante le Saint Nom du Seigneur ne serait-ce qu'une fois, les suites de ses fautes passées, présentes et futures ne peuvent plus l'atteindre. Prenons un autre exemple: si l'on arrache à un serpent ses crocs à venin, cela épargne aux futures victimes de cet animal les effets mortels de son venim, même s'ils se font mordre de façon répétée. De même, si un bhakta chante le Saint Nom ne serait-ce qu'une fois sans commettre d'offense, ceci a pour effet de le protéger à tout jamais. Il n'a plus qu'à attendre que les fruits du chant des Saints Noms parviennent à maturité. (S.B. 6.2. " Note supplémentaire ")