1) Le Saint Nom doit être diffusé à travers le monde.

En plus de chanter de chanter le Saint Nom, le dévot doit aussi l'enseigner à autrui :

[Isvara Puri dit à Chaitanya:] " Mon cher enfant, continue de danser, de chanter et d'accomplir le sankirtana en compagnie des dévots. De plus, va enseigner la valeur du chant du Krishna-nama, car Tu pourras ainsi délivrer toutes les âmes déchues. "

Le maître spirituel aspire non seulement à voir ses disciples chanter, danser et suivre les principes régulateurs, mais aussi à les voir prêcher le mouvement de sankirtana aux autres afin de les délivrer, car le Mouvement pour la Conscience de Krishna se fonde sur le principe suivant : atteindre soi-même la plus haute perfection dans le service de dévotion et prêcher ce culte pour le bien d'autrui. Il existe deux sortes de purs dévots : les gosthy-anandis et les bhajanandis. Bhajanandi désigne celui qui est satisfait de cultiver pour lui-même le service de dévotion, et gosthy-anandi s'applique à celui qui ne comble pas sa seule perfection personnelle, mais qui désire également voir les autres tirer parti du Saint Nom du Seigneur pour progresser dans la vie spirituelle. Prahlada Maharaja constitue à cet égard un exemple éminent pour nous. Lorsque Sri Nrsimhadeva lui offrit une bénédiction de son choix, Prahlada Lui dit :

naivodvije para duratyaya-vaitaranyas
tvad-virya-gayana-mahamrta-magna-cittah
soce tato vimukha-cetasa indriyartha-
maya-sukhaya bharam udvahato vimudhan

" Bien-aimé Seigneur, rien ne me trouble et je n'aspire à nulle grâce de Ta part, car le chant de Ton Saint Nom me comble. Cela me suffit, car chaque fois que je chante, je plonge immédiatement dans un océan de félicité spirituelle. Je me lamente uniquement de voir les autres démunis de Ton amour. Ils croupissent dans les actes matériels visant un bonheur éphémère et gâchent leur vie en peinant jour et nuit pour la seule satisfaction des sens, sans nulle attirance pour l'amour de Dieu. Je me désole uniquement pour eux et je réfléchis à diverses manières de les délivrer de l'emprise de maya. " [S.B. 7.9.43]

Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura explique dans son Anubhasya: " Celui qui a attiré sur lui l'attention du maître spirituel par son service sincère se plaît à danser et à chanter entouré de dévots également évolués dans la conscience de Krishna. Le maître spirituel autorise un tel dévot à délivrer les âmes déchues dans le monde entier. Ceux qui ne sont pas aussi élevés préfèrent chanter le mantra Hare Krishna dans un endroit solitaire. " Ce comportement représente, selon les dires de Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura, une sorte de tromperie, en ce qu'il imite celui de personnages très élevés comme Haridasa Thakura. Il faut se garder d'imiter ces grands dévots du Seigneur. Chacun doit plutôt s'efforcer de prêcher le culte de Sri Chaitanya Mahaprabhu dans toutes les parties du monde et réussir ainsi dans la vie spirituelle. Celui qui n'est pas un prédicateur très expert peut certes chanter dans un lieu retiré, en évitant toute mauvaise compagnie, mais pour un dévot vraiment avancé, le fait de prêcher et de rencontrer des personnes qui ne pratiquent pas le service de dévotion ne constitue pas un désavantage. Le dévot fait bénéficier les abhaktas de sa compagnie, mais sans pour autant être troublé par leur mauvaise conduite. Ainsi, grâce aux activités d'un pur dévot, même ceux qui sont démunis d'amour pour Dieu ont l'occasion de devenir un jour des dévots du Seigneur. (C.C. Adi 7.92)

Ceux qui sont vraiment avancés dans la pratique du chant du Saint Nom incitent autrui à le chanter aussi :

Nombre d'insensés, ne sachant rien de la nature transcendantale du maha-mantra, cherchent parfois à nous empêcher de le chanter à haute voix; quoi qu'il en soit, un dévot réellement avancé dans la pratique du chant du maha-mantra incite les autres à chanter eux aussi. Krishnadasa Kaviraja Goswami explique qu'à moins d'être spécialement mandaté par Dieu, nul ne peut répandre les gloires du maha-mantra (krsna-sakti vina nahi tara pravartana). Grâce aux dévots qui font connaître partout le maha-mantra, les peuples du monde entier ont l'occasion de comprendre combien le Saint Nom est glorieux. (C.C. Adi 7.83)

Après l'initiation, le dévot se consacre avec sérieux au chant et à la diffusion du Saint Nom :

[Narada Muni dit à Srila Vyasadeva:] " Je commençai à répéter le chant des Saints Noms et des Gloires du Seigneur infini, dégagé de toute obligation matérielle. Ainsi absorbé dans le chant et le souvenir des Divertissements sublimes du Seigneur, sources de toutes bénédictions, je voyageai par toute la Terre, comblé à l'extrême, délivré de l'orgueil et de l'envie. "

Narada Muni dépeint ici en bref, à travers son propre exemple, ce qu'est la vie d'un bhakta sincère. Dès qu'il reçoit l'initiation du Seigneur ou de Son représentant qualifié, un tel bhakta se consacre avec sérieux au chant des gloires du Seigneur, et voyage partout à travers le monde, de façon à ce que tous les entendent... Sa seule et unique préoccupation est de chanter et se rappeler les Saints Noms, les Gloires et les Divertissements du Seigneur, et de répandre selon ses propres capacités et sans aucun motif matériel le message divin pour le bien de tous les autres êtres. (S.B. 1.6.26)

Le véritable acarya présente Krishna à tous en diffusant le Saint Nom à travers le monde :

Il ne suffit pas de se livrer à quelque élucubration mentale pour devenir un acarya; le véritable acarya présente Krishna à tous en diffusant le Saint Nom du Seigneur partout à travers le monde. Les âmes conditionnées, ainsi purifiées par le chant du Saint Nom, se voient alors affranchies du brasier de l'existence matérielle. Par ce processus, les bienfaits spirituels croissent jusqu'à atteindre leur plénitude, telle la lune croissant dans le ciel... Parce qu'il est considéré comme le plus accompli des dévots, il est qualifié de paramahamsa-thakura. Thakura est un titre honorifique offert au paramahamsa; par conséquent, celui qui agit comme un acarya, représentant directement Krishna en propageant Son Nom et sa Renommée, doit aussi être qualifié de paramahamsa-thakura. (C.C. Antya 7.12)

Tous les dévots doivent s'unir pour diffuser le maha-mantra à travers le monde :

[Sri Chaitanya dit à Ses dévots:] " Je suis le seul jardinier. Dans combien d'endroits puis-Je Me rendre ? Combien de fruits puis-Je cueillir et distribuer ? Cueillir et distribuer 260 les fruits serait de toute évidence une tâche très laborieuse, et, de plus, il est probable que certains en recevraient et d'autres non. J'ordonne donc à tous les hommes de l'Univers d'adopter ce Mouvement pour la Conscience de Krishna et de le répandre partout. "

Sri Chaitanya Mahaprabhu indique ici que la distribution du maha-mantra doit se faire par un commun effort. Bien qu'Il soit Dieu, la Personne Suprême, Il Se lamente en ces termes : " Comment, seul, puis-Je tout faire? Comment, seul, puis-Je cueillir les fruits et les distribuer dans le monde entier? " Cela signifie que les dévots de toutes catégories doivent s'unir pour diffuser le maha-mantra sans considération de temps, de lieu ou de circonstances. (C.C. Adi 9.34-36)

Même pauvre, on peut œuvrer pour le plus grand bien de l'humanité et plaire à Dieu en enseignant le maha-mantra à chacun :

[Sri Chaitanya dit à Ses dévots:] " Je ne suis qu'un jardinier. Je n'ai ni royaume ni grandes richesses. J'ai simplement des fruits et des fleurs que Je souhaite utiliser pour accéder à la piété dans le cours de Ma vie. "

En accomplissant des activités de bienfaisance pour la société, Sri Chaitanya Se présente comme n'étant pas très riche, indiquant par là qu'on n'a pas besoin d'être riche ou aisé pour servir le bien de l'humanité. Les gens riches sont parfois très fiers de pouvoir aider la société par des œuvres bénéfiques alors que d'autres ne le peuvent pas. Pour citer un exemple pratique, lorsque survient une disette en Inde à cause de pluies insuffisantes, certains hommes parmi les riches distribuent fièrement de la nourriture, lançant des opérations de grande envergure avec l'aide du gouvernement, comme si ces opérations pouvaient à elles seules soulager la population. À supposer qu'il n'y ait pas du tout de céréales, comment les riches feraient-ils pour distribuer de la nourriture? La production des céréales dépend entièrement de Dieu. S'il n'y avait pas de pluies, il n'y aurait pas de céréales, et ces hommes soi-disant riches ne seraient pas en mesure de distribuer des céréales au peuple.

Le véritable but de l'existence est donc de satisfaire Dieu, l'Être Suprême. Srila Rupa Goswami explique dans son Bhakti-rasamrta-sindhu que le service dévotionnel est une activité si élevée qu'elle profite à tous. Sri Chaitanya déclarait également qu'il n'est pas nécessaire d'être très riche pour propager le culte de la bhakti, du service de dévotion, dans la société. N'importe qui peut le faire et apporter la plus haute contribution qui soit à l'humanité s'il en connaît l'art. Sri Chaitanya Mahaprabhu joue le rôle d'un jardinier, car bien qu'un jardinier ne soit naturellement pas très riche, il possède fruits et fleurs. N'importe qui peut recueillir des fruits et des fleurs et satisfaire ainsi le Seigneur Suprême par son service dévotionnel, comme le recommande la Bhagavad-Gita (9.26) :

patram puspam phalam toyam
yo me bhaktya prayacchati
tad aham bhakty-upahrtam
asnami prayatmanah

Nul ne peut satisfaire le Seigneur Souverain par ses richesses ou par sa position prestigieuse, mais n'importe qui peut recueillir quelques fruits ou fleurs et les Lui offrir. Le Seigneur dit que si on Lui apporte une telle offrande avec dévotion, Il l'acceptera et S'en délectera. Par le simple fait de manger, Krishna rassasie le monde entier. Le Mahabharata raconte que Krishna rassasia un jour les soixante mille disciples de Durvasa Muni en prenant Lui-même un peu de nourriture. Il est par conséquent certain que le monde entier connaîtra le bonheur si nous parvenons à satisfaire Dieu par notre vie (pranaih), notre fortune (arthaih), notre intelligence (dhiya) ou nos paroles (vaca). Notre devoir principal consiste donc à satisfaire le Seigneur Suprême avec nos actions, notre argent et nos paroles. Cela est très simple. Même si l'on ne dispose pas d'argent, on peut enseigner le chant du mantra Hare Krishna à tous. On peut aller n'importe où, frapper à chaque porte et demander à tous les gens que l'on rencontre de chanter ce mantra. Ainsi le monde entier deviendra-t-il très heureux et paisible. (C.C. Adi 9.44)

Dans cet âge, les personnes saintes doivent aider les masses non par la politique, mais par le chant du maha-mantra :

Bien que les personnes saintes ne s'intéressent pas à la politique, elles méditent sans cesse sur le bonheur des hommes. En conséquence, il leur faut parfois s'immiscer dans les affaires politiques et ramener à la raison un gouvernement ou un roi fourvoyé. Toutefois, dans le Kali-yuga, les personnes saintes n'ont pas autant de puissance qu'auparavant; en effet, les sages étaient autrefois capables de réduire en cendres un homme coupable de péché par la seule force de leur puissance spirituelle, mais aujourd'hui, sous l'influence de l'âge de Kali, il n'en est plus de même. En fait, les brahmanes n'ont même pas le pouvoir d'accomplir des sacrifices au cours desquels des animaux immolés dans le feu retrouvent une nouvelle vie. Par conséquent, vu les circonstances, au lieu de prendre une part active aux affaires politiques, les hommes pieux doivent adopter le chant du maha-mantra. Par la grâce de Sri Chaitanya, le chant de ce mantra peut à lui seul conférer à la masse des hommes tous les bienfaits désirables sans qu'ils aient pour autant à se mêler de politique. (S.B. 4.14.12)

Distribuer et recevoir le Saint Nom, principe de charité dévotionnelle :

Par le simple chant des Saints Noms du Seigneur, nous pouvons amener de nombreux hommes et femmes, dans le monde entier, à devenir conscients de Krishna. Distribuer ainsi les Saints Noms, voilà un merveilleux exemple du principe traduit par le mot dadati, et qui consiste à offrir des présents à autrui. Mais il nous faut également adhérer au principe du pratigrhnati, lequel consiste à être disposé en vue d'accepter le présent spirituel de la conscience de Krishna. (Upad., pp. 50-51)

Continuons de chanter le maha-mantra et de l'enseigner, tolérant le harcèlement des jaloux et athées :

trnad api sunicena
taror api sahisnuna
amanina manadena
kirtaniyah sada harih
(Siksastaka 3)

Celui qui s'est engagé dans la voie du service de dévotion est fréquemment entouré d'êtres malveillants, et il n'est pas rare que de nombreux ennemis tentent d'entraver ou même d'empêcher son évolution. Ce n'est pas là un phénomène récent propre à notre ère, car même autrefois, Prahlada Maharaja, un serviteur du Seigneur, subissait les persécutions de son père démoniaque, Hiranyakasipu. Les athées sont toujours disposés à persécuter un bhakta; c'est pourquoi Chaitanya Mahaprabhu a préconisé une grande tolérance à l'endroit de ces derniers. Il faut néanmoins continuer de chanter le mantra Hare Krishna et de faire connaître cette pratique, car ces activités constituent la perfection de l'existence. Il faut donc chanter le maha-mantra et prêcher combien il est urgent de rendre sa vie parfaite à tous égards. (S.B. 4.24.67)