SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 10 Dialogue entre Jada Bharata
et Maharaja Rahugana.
kas tvam nigudhas carasi dvijanam
bibharsi sutram katamo vadhutah kasyasi kutratya ihapi kasmat ksemaya nas ced asi nota suklah
O brahmana, tu évolues en ce monde sous des apparences trompeuses, inconnu de tous. Qui es-tu donc? Serais-tu un docte brahmana, un saint personnage, car je vois que tu portes le cordon sacré? Ou comptes-tu parmi les grands sages libérés, comme Dattatreya et d'autres érudits très avancés? Puis-je te demander de qui tu es le disciple? Où vis-tu, et pourquoi es-tu venu en ce lieu? Serais-tu là pour nous bénir de ta présence? Révèle-moi, je te prie, ton identité.
Maharaja Rahugana éprouvait un profond désir de recevoir plus de lumières en matière de savoir védique, car il voyait bien que Jada Bharata appartenait à une famille de brahmanas, soit en vertu d'une lignée de maître à disciple, soit de par sa naissance. Les Vedas déclarent: tad vijnanartham sa gurum evabhigacchet. Rahugana considérait Jada Bharata comme un guru. Cependant, un guru ne doit pas justifier de sa position simplement en portant un cordon sacré; il doit aussi maîtriser le savoir qui permet d'évoluer dans la vie spirituelle. Il est également intéressant de noter la question de Rahugana à propos des origines familiales de Jada Bharata. Il existe en effet deux types de familles, l'une qui relève de la généalogie et l'autre de la filiation spirituelle. Dans l'une comme dans l'autre, on peut être spirituellement éclairé. Le mot suklah désigne une personne gouvernée par la vertu. Si l'on désire recevoir la connaissance spirituelle, on doit approcher un guru brahmana authentique, appartenant soit à la filiation de maîtres spirituels, soit à une famille de brahmanas érudits.
naham visanke sura-raja-vajran
na tryaksa-sulan na yamasya dandat nagny-arka-somanila-vittapastrac chanke bhrsam brahma-kulavamanat
Tandis qu'il instruisait Rupa Gosvami au Dasasvamedha-ghata de Prayaga, Sri Caitanya Mahaprabhu souligna très clairement la gravité d'une offense faite à un vaisnava. Il compara alors le vaisnava-aparadha à un éléphant furieux (hati mata). Si cet animal fait irruption dans un jardin, il en détruit tous les fruits et les fleurs. De même, celui qui offense un vaisnava réduit à néant tous ses atouts spirituels. Il est très dangereux d'offenser un brahmana, et Maharaja Rahugana le savait fort bien; c'est pourquoi il reconnut franchement sa faute. Le danger peut apparaître sous diverses formes -la foudre, le feu, le châtiment de Yamaraja, le trident de Siva, etc.-, mais rien n'est plus dangereux que l'offense faite à un brahmana comme Jada Bharata. C'est pourquoi Maharaja Rahugana descendit immédiatement de son palanquin et se prosterna à plat ventre devant les pieds pareils-au-lotus du brahmana Jada Bharata, dans l'espoir d'obtenir son pardon.
tad bruhy asango jadavan nigudha-
vijnana-viryo vicarasy aparah vacamsi yoga-grathitani sadho na nah ksamante manasapi bhettum
Les saints hommes comme Jada Bharata ne tiennent pas des propos ordinaires ; tout ce qu'ils disent est approuvé par les grands yogis et par les êtres parvenus à un niveau spirituel élevé. Voilà ce qui distingue l'homme saint de l'homme ordinaire. Quant à celui qui écoute les enseignements d'êtres aussi évolués spirituellement que Jada Bharata, il doit également être évolué afin de pouvoir en saisir le sens. C'est à Arjuna, et à personne d'autre, que fut énoncée la Bhagavad-gita. Sri Krsna l'avait tout spécialement choisi pour être instruit dans le savoir spirituel parce que c'était un grand bhakta et, en même temps, Son ami intime. De même, les grands personnages s'adressent aux hommes évolués, et non pas aux sudras, aux vaisyas, aux femmes ou aux êtres sans intelligence. Il est même parfois très risqué de révéler des enseignements philosophiques profonds à des gens ordinaires, mais pour le bien des âmes déchues du kali-yuga, Sri Caitanya Mahaprabhu a donné à tous un instrument des plus merveilleux: le chant du mantra Hare Krsna. Le commun des hommes, bien que composé de sudras ou même d'individus encore plus frustres, peut être purifié par le chant de ce mantra, et ensuite saisir les profonds enseignements philosophiques de la Bhagavad-gita et du Srimad-Bhagavatam. C'est pourquoi notre Mouvement pour la Conscience de Krsna prône le chant du maha-mantra Hare Krsna pour la masse des gens; et lorsque, peu à peu, ils se purifient, les leçons de la Bhagavad-gita et du Srimad-Bhagavatam peuvent leur être enseignées. Les matérialistes -plus particulièrement les femmes, les sudras et les dvija-bandhus- ne peuvent comprendre les propos relatifs au progrès spirituel, mais tous peuvent trouver refuge auprès d'un vaisnava, car celui-ci connaît l'art d'éclairer même les sudras sur les sujets très profonds traités dans la Bhagavad-gita et le Srimad-Bhagavatam.
aham ca yogesvaram atma-tattva-
vidam muninam paramam gurum vai prastum pravrttah kim iharanam tat saksad dharim jnana-kalavatirnam
Ainsi que Krsna le déclare dans la Bhagavad-gita (VI.47):
De tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et M'adore en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand et M'est le plus intimement lié." Jada Bharata était un parfait yogi. Auparavant, il avait été l'empereur Bharata Maharaja, et il était maintenant devenu le personnage le plus prestigieux d'entre tous les sages, ainsi que le maître de tous les pouvoirs surnaturels. Bien qu'il fût un simple être distinct, il avait hérité de tout le savoir donné par le Seigneur Suprême, Kapiladeva. Il pouvait dès lors être considéré comme n'étant pas différent de Dieu, la Personne Souveraine. Ainsi que le confirme Srila Visvanatha Cakravarti Thakura dans les stances qu'il adresse au maître spirituel (saksad-dharitvena samasta-sastraih), un personnage aussi éminent que Jada Bharata peut être placé sur le même plan que le Seigneur Suprême, car il Le représente pleinement en transmettant le savoir à autrui. Ainsi Jada Bharata est-il reconnu comme représentant directement Dieu du fait qu'il transmet le savoir spirituel en Son Nom. Maharaja Rahugana en conclut donc qu'il convenait tout à fait de l'interroger sur l'atma-tattva, la science spirituelle. Tad-vijnanartham sa gurum evabhigacchet. Cette règle védique se trouve également confirmée ici: quiconque désire accéder à la science spirituelle (brahma-jijnasa) doit s'adresser à un guru comme Jada Bharata.
sa vai bhaval loka-niriksanartham
avyakta-lingo vicaraty api svit yogesvaranam gatim andha-buddhih katham vicaksita grhanubandhah
Bien que Maharaja Rahugana occupât une position royale, Jada Bharata l'avait informé de ce qu'en réalité il n'était pas roi, ni lui-même sourd-muet ; il ne s'agissait que de désignations recouvrant l'âme spirituelle. Tout le monde doit parvenir à cette connaissance. Selon les termes de la Bhagavad-gita (II.13): dehino smin yatha dehe -chaque être se trouve emprisonné dans un corps. Or, comme le corps n'est d'aucune façon identique à l'âme, les activités matérielles relèvent tout simplement de l'illusion. Au contact d'un sadhu comme Jada Bharata, Maharaja Rahugana devint conscient que toutes ses activités de roi n'étaient qu'un phénomène d'illusion. C'est pourquoi il accepta de recevoir la connaissance des lèvres de Jada Bharata, et entra ainsi dans la voie de la perfection. Tad-vijnanartham sa gurum evabhigacchet: un homme comme Maharaja Rahugana, profondément désireux de connaître le sens de la vie ainsi que la science spirituelle, doit s'adresser à un maître comme Jada Bharata. Tasmad gurum prapadyeta jijnasuh sreya uttamam: il faut rencontrer un guru comme Jada Bharata, représentant Dieu, la Personne Suprême, pour s'enquérir auprès de lui du but de la vie humaine. (S.B.,11.3.21)
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