SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 12

Dialogue entre Maharaja
Rahugana et Jada Bharata.

RÉSUMÉ DU CHAPITRE

Du fait que Maharaja Rahugana n'était pas encore certain d'avoir assimilé les instructions du brahmana Jada Bharata, il demanda à ce dernier de les lui répéter et de clarifier les idées qu'il n'avait pas comprises. Dans le présent chapitre, Maharaja Rahugana offre son hommage respectueux à Jada Bharata, qui cachait sa véritable position. De par ses enseignements, le roi pouvait comprendre qu'il s'agissait en fait d'un personnage exceptionnel qui avait atteint un haut degré de savoir spirituel, et il regrettait profondément l'offense qu'il avait commise envers lui. Maharaja Rahugana avait été mordu par le serpent de l'ignorance, mais de par l'ambroisie de ses paroles Jada Bharata l'avait guéri. Plus tard comme il avait des doutes à propos de certains sujets discutés, il posa de nouvelles questions, les unes après les autres. Il voulait avant tout que l'offense qu'il avait commise aux pieds pareils-au-lotus de Jada Bharata lui soit pardonnée.

Maharaja Rahugana se sentait quelque peu triste de ne pouvoir comprendre les instructions de Jada Bharata, dont le sens profond ne pouvait être saisi par un matérialiste. Aussi Jada Bharata répéta-t-il son enseignement avec plus de clarté. Il dit qu'à la surface du globe, tous les êtres, mobiles et immobiles, ne sont que diverses transformations de l'élément terre; Maharaja Rahugana était très fier de son corps de roi, mais ce corps n'était tout simplement qu'une autre transformation de cet élément. A cause de son orgueil, le roi s'était mal comporté envers le porteur de son palanquin; en tant que maître, il n'avait pas bien agi envers son serviteur, et il faisait également preuve d'une grande malveillance à l'égard des autres êtres. Par conséquence, le roi Rahugana n'était pas apte à protéger ses sujets, et vu son ignorance il ne méritait pas davantage d'être compté parmi les philosophes émérites. Tout ce qui existe dans le monde matériel n'est donc qu'une transformation de la terre, bien que les objets portent des noms différents selon leurs formes. En fait,la multiplicité des choses est d'essence unique, et les objets les plus variés finissent par se réduire à des atomes. Rien n'est permanent en ce monde; la multiplicité des objets et ce qui les distingue sont de pures créations du mental. La Vérité Absolue se situe par delà l'illusion, et elle existe sous trois aspects -le Brahman impersonnel, le Paramatma "localisé" et la Personne Souveraine. C'est à ce dernier aspect que correspond la réalisation ultime de l'Absolu, appelé Vasudeva par Ses dévots. Or, à moins d'avoir eu la bénédiction de recevoir sur la tête la poussière des pieds d'un pur bhakta, nul ne peut devenir un dévot de Dieu, la Personne Suprême.

Jada Bharata parla également au roi de sa vie antérieure, en lui expliquant que par la grâce du Seigneur il pouvait tout se rappeler ce qui s'était passé. Et c'était précisément à cause des événements qui avait marqués ses vies antérieures que Jada Bharata se montrait infiniment prudent et se faisait passer pour sourd-muet, afin de ne pas avoir à côtoyer le monde. L'influence qu'exercent les gunas sur les êtres est en effet très puissante. Or on ne peut éviter la mauvaise compagnie des matérialistes qu'en fréquentant des bhaktas; c'est en vivant auprès d'eux que l'on gagne de pouvoir pratiquer le service de dévotion de neuf façons différentes -sravanam kirtanam visnoh smaranam pada-sevanam arcanam vandanam dasyam sakhyam atma-nivedanam. Ainsi au contact des bhaktas, on peut mettre un terme aux rapports matériels avec autrui, traverser l'océan de l'ignorance et retourner à Dieu, en sa demeure originelle.