SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 13 Suite du dialogue
entre le roi Rahugana et Jada Bharata.
prasajjati kvapi lata-bhujasrayas
tad-asrayavyakta-pada-dvija-sprhah kvacit kadacid dhari-cakratas trasan sakhyam vidhatte baka-kanka-grdhraih
De nombreux oiseaux et autres bêtes, ainsi que toutes sortes d'arbres, de plantes grimpantes et de lianes peuplent la jungle du monde matériel. L'être vivant aspire parfois au refuge que lui offrent ces lianes, ce qui revient à dire qu'il souhaite trouver le bonheur dans les bras de sa femme, dont l'étreinte est comparable à celle des plantes grimpantes. Dans le feuillage de ces lianes chantent de nombreux oiseaux, et son désir de les entendre signifie qu'il se plait à écouter la douce voix de sa femme. Cependant, quand vient la vieillesse, il lui arrive de se sentir effrayé à la pensée de la mort imminente, qui est comparée au rugissement du lion; et pour échapper au fauve, il cherche refuge auprès de quelque svami, yogi, ou incarnation de pacotille -en fait tous des simulateurs et des escrocs. Ainsi égaré par l'énergie d'illusion, il ruine son existence. Les Ecritures enseignent: harim vina mrtim na taranti. Nul ne peut échapper au danger imminent de la mort à moins de trouver refuge en Dieu, la Personne Suprême. Le mot hari désigne aussi bien le lion que le Seigneur Suprême, et pour échapper à hari, le lion de la mort, il faut chercher refuge en Hari, le Seigneur Suprême. Mais les hommes peu versés dans la connaissance s'en remettent à des abhaktas, lesquels ne sont que des escrocs et des charlatans, afin d'être arrachés aux griffes de la mort. Dans la jungle matérielle, l'être conditionné aspire tout d'abord au plaisir d'être enlacé par les bras de sa femme -semblables à des lianes- et d'entendre sa douce voix. Ensuite, il lui arrive de chercher refuge auprès de prétendus gurus et sadhus, lesquels peuvent être comparés à des grues, des hérons et des vautours. Ainsi, parce qu'il ne se réfugie pas auprès du Seigneur Suprême, il se retrouve doublement trompé.
tair vancito hamsa-kulam samavisann
arocayan silam upaiti vanaran taj-jati-rasena sunirvrtendriyah parasparodviksana-vismrtavadhih
Il arrive qu'un être peu intelligent se dégoûte de ses mauvaises fréquentations pour venir vivre avec des bhaktas et des brahmanas, et recevoir finalement l'initiation d'un maître spirituel. Ainsi que le lui recommande son maître spirituel, il s'efforce d'observer les principes régulateurs, mais il s'en montre malheureusement incapable. Il renonce alors à la compagnie des bhaktas pour s'associer à nouveau à des êtres simiesques qui ne s'intéressent qu'aux plaisirs charnels et à l'ivresse. Les soi-disant spiritualistes sont en effet comparés à des singes. Extérieurement, ces derniers ressemblent parfois à des sadhus, car ils vivent nus dans la forêt en cueillant des fruits; mais leur seul désir est de s'entourer de nombreuses femelles pour éprouver des jouissances sexuelles. De prétendus aspirants à la vie spirituelle se lient parfois avec des bhaktas conscients de Krsna, mais ils se montrent incapables de respecter les principes régulateurs ou de suivre la voie spirituelle. Par conséquent, ils quittent la compagnie des bhaktas pour rejoindre les rangs des viveurs, lesquels sont comparables à des singes. Ils ravivent ainsi leurs désirs d'ivresse et de volupté, et se sentent satisfaits lorsqu'ils regardent le visage de ceux qui les entourent. C'est ainsi qu'ils passent le reste de leurs jours, jusqu'à ce que survienne la mort.
drumesu ramsyan suta-dara-vatsalo
vyavaya-dino vivasah sva-bandhane kvacit pramadad giri-kandare patan vallim grhitva gaja-bhita asthitah
Ce verset décrit la condition précaire d'un homme marié. La vie familiale abonde en effet en problèmes et en souffrances, et son seul attrait réside dans les rapports sexuels. Mais l'homme se fait alors repousser par sa femme, tout comme l'âne essuie les ruades que lui décoche sa femelle. Du fait de rapports sexuels très fréquents, il devient la proie de nombreux maux incurables. A ce moment-là, effrayé par la mort que l'on compare à un éléphant, il reste pendu aux branches et aux rameaux de son arbre, tout comme un singe.
atah kathancit sa vimukta apadah
punas ca sartham pravisaty arindama adhvany amusminn ajaya nivesito bhraman jano dyapi na veda kascana
Telle est l'existence matérielle. Une fois prisonnier de l'instinct sexuel, on s'enchaîne de tant de manières qu'on devient incapable de saisir le but véritable de l'existence. C'est pourquoi le Srimad-Bhagavatam (7.5.31) enseigne: na te viduh svartha-gatim hi visnum -la plupart du temps, les gens ne comprennent pas le but ultime de la vie. Comme l'expliquent les Vedas: om tad visnoh paramam padam sada pasyanti surayah -les êtres spirituellement évolués ne s'attachent qu'aux pieds pareils-au-lotus de Visnu. Toutefois, l'âme conditionnée n'étant pas soucieuse de raviver sa relation avec Visnu, elle se laisse ensorceler par les activités d'ordre matériel et s'assujettit par là à un esclavage perpétuel, trompée qu'elle est par de prétendus dirigeants.
rahugana tvam api hy adhvano sya
sannyasta-dandah krta-bhuta-maitrah asaj-jitatma hari-sevaya sitam jnanasim adaya tarati-param
Dans la Bhagavad-gita (XV.3-4), Sri Krsna compare l'univers matériel à un arbre d'illusion dont on doit se détacher:
tatah padam tat parimargitavyam "De cet arbre, nul ne peut, en ce monde, percevoir la forme exacte. Nul n'en peut voir la fin, le commencement ni la base. Mais il faut, avec détermination, trancher du glaive du détachement ce banian aux puissantes racines, chercher le lieu d'où, une fois qu'on l'atteint, il n'est pas de retour; puis là, s'abandonner à la Personne Suprême, Dieu, de qui tout a commencé et en qui tout demeure depuis des temps immémoriaux."
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