SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 14 La forêt de plaisirs
de l'univers matériel.
tatra ca kvacid atapodaka-nibhan visayan upadhavati pana-bhojana-
vyavayadi-vyasana-lolupah.
Il existe deux mondes, l'un spirituel et l'autre matériel, ce dernier n'ayant pas plus de réalité qu'un mirage dans le désert. Les animaux croient parfois voir de l'eau dans le désert, alors qu'en vérité il n'y en a pas. De la même façon, les hommes à l'esprit animal cherchent la paix dans le désert de la vie matérielle. Différents sastras répètent pourtant bien qu'on ne trouve aucun plaisir véritable ici-bas. De plus, même si nous acceptons de vivre en ce monde sans y connaître de plaisir, nous n'avons pas le loisir de le faire. Sri Krsna déclare en effet dans la Bhagavad-gita que l'univers matériel n'est pas seulement plein de souffrance (duhkhalayam), mais qu'il est aussi éphémère (asasvatam). Même si nous sommes prêts à endurer toutes les vicissitudes de ce monde, la nature matérielle ne nous permettra pas de le faire; elle nous obligera à changer de corps et à intégrer un nouvel environnement également misérable.
kvacic casesa-dosa-nisadanam purisa-visesam tad-varna-guna-nirmita-
matih suvarnam upaditsaty agni-kama-katara ivolmuka-pisacam.
Pariksit Maharaja somma le kali-yuga de quitter sur-le-champ son royaume en lui attribuant quatre lieux de résidence: les maisons de prostitution, les débits de boissons alcoolisées, les abattoirs et les établissements de jeux. Cependant, le kali-yuga le pria de lui indiquer un lieu où se trouvaient réunis ces quatre foyers de péchés, et Pariksit Maharaja lui permit alors de rester la où on accumule de l'or. L'or renferme en effet les quatre principes du péché, et c'est pourquoi, dans la vie spirituelle il faut autant que possible s'en tenir à l'écart. Là où il y a de l'or, on trouve inévitablement les activités sexuelles illicites, la consommation de viande, le jeu et l'ivresse sous ses diverses formes; et parce que les gens vivant en Occident ont beaucoup d'or, ils sont victimes de ces quatre formes de vices. L'or est d'un jaune très brillant, et les matérialistes se sentent fortement attirés par sa couleur. Néanmoins, cet or est en fait une sorte d'excrément, de la même couleur que les excréments d'une personne malade du foie. Et la couleur de cet excrément attire les matérialistes de la même façon qu'un feu follet attire l'homme à la recherche de chaleur.
atha kadacin nivasa-paniya-dravinady-anekatmopajivanabhinivesa
etasyam samsaratavyam itas tatah paridhavati.
Ainsi que nous l'avons mentionné au début de ce chapitre, un pauvre représentant de la communauté mercantile se rend parfois dans la forêt pour y recueillir à bon compte certains produits qu'il ramènera à la ville pour les vendre avec profit. Le souci de pourvoir à tous ses besoins le préoccupe à tel point qu'il en oublie sa relation originelle avec Krsna et ne recherche plus que le bien-être physique. Les activités matérielles deviennent ainsi la seule et unique occupation de l'âme conditionnée. Ignorant tout du but de l'existence, le matérialiste erre perpétuellement dans la forêt de l'existence matérielle, luttant pour subvenir à ses besoins vitaux. Néanmoins, parce qu'il n'entend rien au but de la vie, même s'il réussit à obtenir ce qui lui est vraiment nécessaire, il se crée des besoins artificiels et se fait ainsi prendre dans un engrenage. Il se forge en son mental une illusion selon laquelle il requiert de plus en plus de facilités matérielles. Le matérialiste ne connaît vraiment pas le secret des voies de la nature. A cet égard, la Bhagavad-gita (III.27)précise:
"Sous l'influence des trois gunas, l'âme égarée par le faux ego croit être l'auteur de ses actes, alors qu'en réalité, ils sont accomplis par la nature." Par concupiscence, l'être distinct se plonge dans une certaine condition mentale afin de jouir de la vie en ce monde matériel. C'est ainsi qu'il tombe dans un engrenage, revêtant divers corps dans lesquels il doit souffrir.
kvacic ca vatyaupamyaya pramadayaroham aropitas tat-kala-rajasa
rajani-bhuta ivasadhu-maryado rajas-valakso pi dig-devata atirajas- vala-matir na vijanati.
La Bhagavad-gita (VII.11) enseigne que l'union charnelle est permise à seule fin d'engendrer des enfants, et non pas en vue du plaisir (dharma- viruddho bhutesu kamo smi bharatarsabha). On peut s'unir à une femme pour concevoir un enfant de qualité qui servira le bien de la famille, de la société et du monde entier; autrement, les plaisirs de la chair s'opposent aux principes de la vie spirituelle. Le matérialiste ne croit pas que tout soit planifié et supervisé dans la nature, et il ignore que s'il fait quelque chose de mal, différents devas en sont témoins. Il jouit de plaisirs sexuels illicites, et aveuglé par le désir il croit que personne ne l'observe; pourtant, les agents du Seigneur Suprême notent soigneusement les actes coupables, et par conséquent, il sera puni d'autant de façons. A l'heure actuelle, dans le kali-yuga, de nombreuses grossesses sont dues à des rapports sexuels illicites et il arrive qu'elles soient délibérément interrompues par un avortement. Les agents du Seigneur Suprême sont témoins de ces actes pécheurs, et l'homme et la femme, responsables, sont plus tard punis par les lois rigoureuses de la nature matérielle (daivi hy esa gunamayi mama maya duratyaya). Les activités sexuelles illicites ne sont jamais excusées, et ceux qui s'y livrent sont punis vie après vie. Ainsi que le confirme la Bhagavad-gita (XVI.20):
"Ceux-là, renaissant vie après vie au sein des espèces démoniaques, jamais ne peuvent M'approcher, ô fils de Kunti. Peu à peu, ils sombrent dans la condition d'existence la plus sinistre." Dieu, la Personne Souveraine, ne permet à personne d'enfreindre les lois rigoureuses de la nature matérielle; c'est pourquoi la vie sexuelle illicite est punie vie après vie. En effet, les grossesses qui s'ensuivent alors ne sont pas désirées et conduisent à des avortements. L'homme et la femme impliqués dans ces péchés en deviennent responsables, si bien qu'ils doivent subir le même sort dans la prochaine vie: ils devront, eux aussi, entrer dans le sein d'une mère et être tués de la même façon. Tout cela peut cependant être évité si l'on demeure sur le plan spirituel de la Conscience de Krsna; de cette façon, aucune faute n'est plus commise. Notons enfin que la vie sexuelle illicite représente la plus importante des fautes causées par la concupiscence. Quiconque se place sous l'influence de la passion est condamné à souffrir vie après vie.
kvacit sakrd avagata-visaya-vaitathyah svayam paradbhidhyanena
vibhramsita-smrtis tayaiva marici-toya-prayams tan evabhidhavati.
La conception corporelle de l'existence représente la principale maladie matérielle. Frustrée de façon répétée dans ses entreprises matérielles, l'âme conditionnée en vient parfois à considérer pendant un moment la vanité de la jouissance matérielle, mais elle reprend ensuite le même chemin. Au contact des bhaktas, il se peut qu'une personne devienne convaincue de la futilité de la vie matérielle, mais sans pouvoir pour autant y renoncer, en dépit de son désir intense de retourner à Dieu, en sa demeure première. Dans ces circonstance, le Seigneur Suprême, sis dans le coeur de chaque être, témoigne de la compassion envers Son dévot en le dépouillant de toutes ses possessions matérielles. Selon les termes du Srimad-Bhagavatam (10.88.8), Krsna enlève tout au bhakta qu'Il favorise particulièrement lorsque celui-ci se montre trop attaché à ses possessions matérielles (yasyaham anugrhnami harisye taddhanam sanaih). Lorsque tout lui est enlevé, le bhakta se sent impuissant et déçu par la société, l'amitié et l'amour matériels; il éprouve le sentiment que sa famille ne lui accorde plus guère d'attention, et il s'abandonne alors complètement aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur Suprême. Il s'agit là d'une faveur spéciale que le Seigneur accorde au bhakta incapable de s'abandonner pleinement à Lui du fait d'une conception corporelle profondément enracinée en lui. Le Caitanya-caritamrta (Madhya 22.39) explique que le Seigneur comprend le bhakta qui hésite à se vouer à Son service, ne sachant pas trop s'il devrait ou non reprendre sa vie matérielle -(ami-vijna, ei murkhe 'visaya' kene diba). Après une succession de tentatives infructueuses, il finit par s'abandonner pleinement aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur, qui lui donne alors Ses directives; trouvant ainsi le bonheur, il oublie tout de ses occupations matérielles.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |