SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 16

Description de Jambudvipa.

VERSET 16

mandarotsanga ekadasa-sata-yojanottunga-devacuta-siraso giri-sikhara-
sthulani phalany amrta-kalpani patanti.

TRADUCTION

Sur les contreforts du mont Mandara se trouve un manguier appelé Devacuta. Il s'élève à une hauteur de onze cents yojanas, et des mangues aussi grosses que des pics de montagnes et aussi savoureuses que l'ambroisie tombent de la cime de cet arbre pour le plaisir des habitants des cieux.

TENEUR ET PORTEE

Dans le Vayu Purana, de grands sages érudits font également mention de cet arbre:

aratninam satany astav
eka-sasty-adhikani ca
phala pramanam akhyatam
rsibhis tattva-darsibhir

VERSET 17

tesam visiryamananam ati-madhura-surabhi-sugandhi-bahularuna-
rasodenarunoda nama nadi mandara-giri-sikharan nipatanti pur-venelavrtam
upaplavayati.

TRADUCTION

Lorsque tous ces fruits fermes tombent d'une telle hauteur, ils se brisent et laissent s'échapper un jus doux et odorant qui devient de plus en plus parfumé lorsqu'il se mêle aux autres arômes en suspension dans l'air. Ce jus tombe en cascade de la montagne et devient une rivière nommée Arunoda, qui coule agréablement à travers la partie orientale d'Ilavrta.

VERSET 18

yad-upajosanad bhavanya anucarinam punya-jana-vadhunam avayava-
sparsa-sugandha-vato dasa-yojanam samantad anuvasayati.

TRADUCTION

Les vertueuses femmes des Yaksas, qui forment la suite personnelle de Bhavani, l'épouse de Siva, aiment à boire l'eau de la rivière Arunoda; emporté par la brise, le parfum qui émane alors de leur corps embaume toute l'atmosphère sur une distance de cent trente kilomètres à la ronde.

VERSET 19

evam jambu-phalanam atyucca-nipata-visirnanam anasthi-prayanam ibha-
kaya-nibhanam rasena jambu nama nadi meru-mandara-sikharad ayuta-
yojanad avani-tale nipatanti daksinenatmanam yavad ilavrtam
upasyandayati.

TRADUCTION

Pareillement, les fruits du jambosier, bien charnus et n'ayant que de très petits noyaux, tombent d'une grande hauteur et se brisent au sol. Ces fruits sont de la taille d'un éléphant, et le jus qui s'en échappe forme une rivière nommée Jambunadi, qui coule en cascade depuis le sommet de Merumandara en direction du sud, sur une distance de dix mille yojanas, arrosant tout le territoire d'Ilavrta.

TENEUR ET PORTEE

Nous ne pouvons qu'imaginer combien de jus doit contenir un fruit de la taille d'un éléphant et n'ayant qu'un très petit noyau. Tout naturellement, le jus qui s'écoule des fruits brisés du jambosier forme des cascades et inonde le territoire d'Ilavrta sur toute son étendue. En outre, ainsi que l'expliquent les versets qui suivent, ce jus produit une immense quantité d'or.

VERSET 20-21

tavad ubhayor api rodhasor ya mrttika tad-rasenanuvidhyamana vayv-arka-
samyoga-vipakena sadamara-lokabharanam jambu-nadam nama suvarnam
bhavati. yad u ha vava vibudhadayah saha yuvatibhir mukuta-kataka-kati-
sutrady-abharana-rupena khalu dharayanti.

TRADUCTION

Le jus qui s'écoule ainsi baigne les rives de la Jambunadi, et la boue qui se forme, lorsqu'elle est séchée par l'air et le soleil, produit d'énormes quantités d'or, appelé Jambunada. Les habitants des cieux utilisent cet or pour la fabrication de divers ornements. Ils peuvent tous se parer ainsi somptueusement, comme leurs jeunes épouses, de toutes sortes de bijoux -couronnes, bracelets, ceintures, etc.; voilà comment ils jouissent de la vie.

TENEUR ET PORTEE

Suivant le plan de Dieu, la Personne Suprême, les rivières coulant sur certaines planètes produisent de l'or sur leurs rives. Les pauvres habitants de cette Terre, du fait de leurs connaissances insuffisantes, se laissent séduire par un soi-disant bhagavan capable de produire une petite quantité d'or. Cependant, nous apprenons de ces versets que sur un système planétaire supérieur de ce monde matériel, la boue qui forme les rives de la Jambunadi s'imbibe du jus des fruits du jambosier; puis, réagissant au contact du soleil et de l'air, elle produit automatiquement d'énormes quantités d'or. Aussi, les hommes et les femmes qui parcourent ces lieux se parent-ils de divers ornements d'or qui leur confèrent une très belle apparence. Malheureusement, il règne aujourd'hui sur terre une telle pénurie d'or que les gouvernements du monde entier s'efforcent de le garder en réserve et impriment du papier-monnaie pour le remplacer. Néanmoins, cette monnaie fictive n'a pas sa valeur correspondante en or, et le papier qui circule sous ce nom ne vaut rien; toutefois, les habitants de la Terre continuent de s'enorgueillir de leurs progrès matériels. De nos jours, les jeunes filles et les femmes portent des ornements en plastique plutôt qu'en or, et on utilise également des ustensiles en plastique plutôt qu'en or; pourtant, les gens de cet âge de Kali ne s'en montrent pas moins très fiers de leurs richesses matérielles. C'est pourquoi le Srimad-Bhagavatam (1.1.10) dit qu'ils sont dépourvus de qualités et lents à prendre conscience de l'opulence du Seigneur Souverain (mandah samanda-matayo manda-bhagya hy upadrutah). On les qualifie de sumanda-matayah parce qu'ils sont si dégénérés qu'ils acceptent comme Dieu Lui-même n'importe quel charlatan capable de produire un peu d'or. Et parce qu'eux-mêmes ne possèdent pas d'or, ils sont dans la misère, et de ce fait, on les considère comme infortunés.

Il arrive parfois que ces malheureux désirent s'élever jusqu'aux planètes édéniques pour y jouir de conditions avantageuses comme celles que décrit ce verset; mais les purs dévots du Seigneur n'éprouvent aucune attirance pour ce genre d'opulence. En fait, ils comparent même parfois la couleur de l'or à la teinte dorée de certains excréments. Sri Caitanya Mahaprabhu a recommandé aux bhaktas de ne pas se laisser envoûter par les ornements d'or et les femmes joliment parées. Na dhanam na janam na sundarim: le bhakta ne doit pas se laisser séduire par l'or, les jolies femmes ou le prestige que confère un grand nombre de disciples. C'est pourquoi Sri Caitanya Mahaprabhu priait en Son for intérieur: mama janmani janmanisvare bhavatad bhaktir ahaituki tvayi -"Mon Seigneur! Bénis-moi en m'accordant de Te servir avec amour et dévotion. Je ne désire rien d'autre." Un bhakta peut en effet prier en vue d'être libéré de l'univers matériel; c'est là sa seule aspiration.

ayi nanda-tanuja kinkaram
patitam mam visame bhavambudhau
krpaya tava pada-pankaja-
sthita-dhuli-sadrsam vicintaya

L'humble bhakta prie simplement le Seigneur en ces termes: "Veuille me délivrer de ce monde, avec toutes ses prospérités matérielles, et accorde-moi l'abri de Tes pieds pareils-au-lotus." Srila Narottama Dasa Thakura prie ainsi:

ha ha prabhu nanda-suta, vrsabhanu-suta-yuta,
karuna karaha ei-bara
narottama-dasa kaya, na theliha ranga-paya,
toma vine ke ache amara

"O Seigneur, ô fils de Nanda Maharaja, voilà que Tu Te tiens devant moi avec Ta compagne, Srimati Radharani, la fille de Vrsabhanu. Veuille accepter que je devienne comme la poussière sous Tes pieds pareils-au-lotus; ne me rejette pas, je T'en prie, car je n'ai aucun autre refuge." Dans le même ordre d'idée, Prabodhananda Sarasvati souligne que la condition des deva, qui sont parés de couronnes d'or et de divers autres ornements, relève de la fantasmagorie (tri-dasa-pur akasa-puspayate.) Un bhakta ne se laisse jamais séduire par ce genre d'opulence; il aspire simplement à devenir un grain de poussière sous les pieds pareils-au-lotus du Seigneur.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare