SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 18 Les prières offertes
au Seigneur par les habitants de Jambudvipa.
sri-suka uvaca
tatha ca bhadrasrava nama dharma-sutas tat-kula-patayah purusa bhadrasva-varse saksad bhagavato vasudevasya priyam tanum dharmamayim hayasirsabhidhanam paramena samadhina sannidhapyedam abhigrnanta upadhavanti.
Bhadrasrava, le fils de Dharmaraja, gouverne la région de Bhadrasva-varsa. Tout comme Siva adore Sankarsana à Ilavrta-varsa, Bhadrasrava en compagnie de ses serviteurs intimes et de tous les habitants de la contrée, adore l'émanation plénière de Vasudeva connue sous le nom d'Hayasirsa. Sri Hayasirsa est très cher aux bhaktas, et c'est Lui qui a la charge de tous les principes religieux. Plongés dans le samadhi le plus profond, Bhadrasrava et ses compagnons offrent leur hommage respectueux au Seigneur et en soignant leur prononciation, Lui adressent les prières qui suivent.
bhadrasravasa ucuh
om namo bhagavate dharmayatma-visodhanaya nama iti.
Nous offrons notre hommage respectueux à Dieu, la Personne Suprême, qui est à l'origine de tous les principes religieux et qui purifie le coeur des âmes conditionnées vivant en ce monde. A maintes reprises, nous Lui renouvelons notre hommage respectueux.
Dans leur sottise, les matérialistes ignorent qu'ils sont gouvernés et punis à chaque pas de leur existence par les lois de la nature. Ils se croient en effet très heureux dans leur état conditionné, ne sachant rien de la raison d'être de la naissance, de la maladie, de la vieillesse et de la mort. Dans la Bhagavad-gita (VII.15), Sri Krsna qualifie ces matérialistes de mudhas (vauriens): na mam duskrtino mudhah prapadyante naradhamah. Ces mudhas ignorent que s'ils désirent se purifier, ils doivent adorer Sri Vasudeva (Krsna) en se livrant à des austérités. Cette purification représente le but de la vie humaine, qui n'est pas destinée à une recherche inconsidérée des plaisirs des sens. Ayant obtenu la forme humaine, l'être distinct doit adopter la conscience de Krsna afin de purifier son existence (tapo divyam putraka yena sattvam suddhyet); c'est là l'instruction du roi Rsabhadeva à Ses fils. En tant qu'êtres humains, nous devons nous soumettre à toutes sortes de pratiques austères en vue de purifier notre existence. Yasmad brahma-saukhyam tv anantam: nous cherchons tous le bonheur, mais à cause de notre ignorance et de notre sottise, nous ne pouvons savoir ce qu'est véritablement un bonheur sans nuage, désigné par le mot brahma-saukhya, ou bonheur spirituel. Même s'il nous arrive d'être soi-disant heureux en ce monde, ce n'est toujours qu'un état de satisfaction temporaire. Dans leur sottise, les matérialistes ne peuvent comprendre cette vérité, et c'est pourquoi Prahlada Maharaja fait temarquer: maya-sukhaya bharam udvahato vimudhan -pour un simple bonheur matériel et éphémère, ces vauriens se lancent dans de vastes entreprises, et ils sont ainsi déconcertés vie après vie.
aho vicitram bhagavad-vicestitam
ghnantam jano yam hi misan na pasyati dhyayann asad yarhi vikarma sevitum nirhrtya putram pitaram jijivisati
Le bonheur matériel se rattache à des conditions favorables pour manger, dormir, avoir des relations sexuelles et se défendre. Le matérialiste ne vit ici-bas que pour ces quatre principes du plaisir des sens, ne se souciant pas du danger imminent que représente la mort. Après le décès de son père, un fils cherchera à hériter de son argent afin de l'utiliser pour la satisfaction de ses sens. De la même manière, celui dont le fils meurt cherchera à accaparer ses biens. Il arrive même parfois que le père d'un fils décédé s'approprie sa veuve. C'est ainsi que se comportent les matérialistes, et voilà pourquoi Sukadeva Gosvami dit: "Qu'ils sont extraordinaires tous ces divertissements qui visent au bonheur matériel et qui s'opèrent de par la volonté de Dieu, la Personne Suprême!" En d'autres termes, les matérialistes veulent commettre toutes sortes d'actes pécheurs, mais nul ne peut rien faire sans le consentement du Seigneur Souverain. Pourquoi Dieu permet-Il ainsi les actes répréhensibles? A vrai dire, Il ne désire voir personne agir de façon coupable, et Il implore même chaque être vivant, par l'intermédiaire de sa bonne conscience, de s'abstenir de pécher. Toutefois, lorsque quelqu'un insiste pour mal agir, le Seigneur Suprême lui donne la permission de satisfaire ses désirs à ses risques et périls (mattah smrtir jnanam apohanam ca). Personne ne peut rien faire sans le consentement du Seigneur, mais Celui-ci fait preuve d'une telle bienveillance que lorsque l'âme conditionnée persiste dans son désir, Il lui permet d'agir à ses propres risques. Selon Sri Visvanatha Cakravarti Thakura, les fils ne meurent jamais avant leur père dans les autres systèmes planétaires et dans les autres régions de l'univers, particulièrement sur Svargaloka. Sur terre, cependant, il n'est pas rare qu'un fils meure avant son père, et dans pareil cas un matérialiste sera alors heureux de pouvoir jouir des possessions de son fils. Quoi qu'il en soit, qu'il s'agisse du père ou du fils, ni l'un ni l'autre ne peuvent voir la réalité -celle de la mort, que tous deux devront affronter. Et lorsque celle-ci survient, tous leurs plans de bonheur matériel se trouvent anéantis.
vadanti visvam kavayah sma nasvaram
pasyanti cadhyatmavido vipascitah tathapi muhyanti tavaja mayaya suvismitam krtyam ajam nato smi tam
L'énergie d'illusion du Seigneur Souverain agit non seulement sur les âmes conditionnées ici-bas, mais parfois même sur les plus doctes érudits, qui connaissent parfaitement la nature réelle de l'univers matériel pour l'avoir réalisée eux-mêmes. Dès qu'une personne pense: "Je suis mon corps de matière (aham mameti), et tout ce qui est rattaché à ce corps m'appartient," elle est en proie à l'illusion (moha). Cette illusion causée par l'énergie matérielle agit principalement sur les âmes conditionnées, mais il arrive parfois qu'elle agisse aussi sur les âmes libérées. Une âme libérée est une personne possédant une connaissance suffisante de l'univers matériel pour ne pas s'attacher à la conception corporelle de l'existence. Néanmoins, du fait d'u contact prolongé avec les gunas, même des âmes libérées peuvent devenir prisonnières de l'énergie d'illusion par suite d'inattention sur le plan spirituel. C'est pourquoi Sri Krsna déclare dans la Bhagavad-gita (VII.14): mam eva ye prapadyante mayam etam taranti te -"Seuls ceux qui s'abandonnent à Moi peuvent surmonter l'influence de l'énergie matérielle." En conséquence, nul ne devrait se croire une âme libérée, immunisée contre l'influence de maya Chacun de nous doit accomplir avec beaucoup d'attention le service de dévotion en adhérant rigoureusement aux principes régulateurs. C'est ainsi qu'on pourra demeurer fixé aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur; sinon, la moindre inattention sera désastreuse. Nous en avons d'ailleurs déjà eu l'exemple avec Maharaja Bharata. Celui-ci était certainement un grand bhakta, mais pour avoir légèrement détourné son attention vers un petit faon, il dut endurer deux vies supplémentaires, l'une en tant que cerf et l'autre en tant que le brahmana Jada Bharata; ensuite, il fut libéré et retourna à Dieu, en sa demeure originelle. Le Seigneur Se montre toujours disposé à excuser Ses dévots, mais si jamais l'un d'eux profite de Son indulgence pour commettre délibérément des erreurs répétées, le Seigneur ne manquera pas de le châtier en le laissant tomber dans les rets de l'énergie illusoire. Autrement dit, la connaissance théorique acquise par l'étude des Vedas est insuffisante pour nous protéger de l'emprise de maya. Il nous faut nous attacher fermement aux pieds pareils-au-lotus du Seigneur dans le service de dévotion si nous désirons conserver une position sûre.
visvodbhava-sthana-nirodha-karma te
hy akartur angikrtam apy apavrtah yuktam na citram tvayi karya-karane sarvatmani vyatirikte ca vastutah
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |