SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 19 Description de l'île
de Jambudvipa.
sri-suka uvaca
kimpuruse varse bhagavantam adi-purusam laksmanagrajam sitabhiramam ramam tac-carana-sannikarsabhiratah parama-bhagavato hanuman saha kimpurusair avirata-bhaktir upaste.
O roi, à Kimpurusa-varsa, le grand bhakta Hanuman ainsi que tous les autres habitants de cette contrée servent constamment avec dévotion Sri Ramacandra, le frère aîné de Laksmana et l'époux bien-aimé de Sitadevi.
arstisenena saha gandharvair anugiyamanam parama-kalyanim
bhartr-bhagavat-katham samupasrnoti svayam cedam gayati.
Les Puranas expriment deux opinions différentes à propos de Sri Ramacandra. Ceci est confirmé par le Laghu-bhagavatamrta (5.34-36) lors de la description de l'avatara Manu:
padme tu ramo bhagavan
madhya-desa-sthitayodhya- Le Visnu-dharmottara explique pour sa part que Sri Ramacandra et Ses frères -Laksmana, Bharata et Satrughna- sont respectivement des manifestations de Vasudeva, Sankarsana, Pradyumna et Aniruddha. Cependant, le Padma Purana déclare que Sri Ramacandra est une manifestation de Narayana, et que Ses trois frères sont respectivement des manifestations de Sesa, Cakra et Sankha. En conséquence, Srila Baladeva Vidyabhusana a conclu: tad idam kalpa-bhedenaiva sambhavyam. Autrement dit, ces opinions ne sont pas contradictoires. Au cours de certains yugas, Sri Ramacandra et Ses frères apparaissent comme des manifestations de Vasudeva, Sankarsana, Pradyumna et Aniruddha, tandis qu'en d'autres yugas, ils apparaissent comme des manifestations de Narayana, Sesa, Cakra et Sankha. La ville d'Ayodhya, le lieu de résidence de Sri Ramacandra sur notre planète, existe encore dans le district d'Hyderabad, au nord de l'Uttara Pradesh.
om namo bhagavate uttamaslokaya nama arya-laksana-sila-vrataya
nama upasiksitatmana upasita-lokaya namah sadhu-vada-nikasanaya namo brahmanya-devaya maha-purusaya maha-rajaya nama iti.
yat tad visuddhanubhava-matram ekam
sva-tejasa dhvasta-guna-vyavastham pratyak prasantam sudhiyopalambhanam hy anama-rupam niraham prapadye
Comme l'explique la Brahma-samhita (5.39), le Seigneur Souverain, Sri Krsna Se manifeste en tant que différentes émanations de Sa Personne:
"Jadore Govinda, le Seigneur originel, qui descend Lui-même en ce monde dans Sa Forme originelle de Krsna et qui Se manifeste toujours en tant que Rama, Nrsimha et nombre d'autres avataras secondaires." Krsna, qui est visnu-tattva, S'est multiplié en de nombreuses autres Formes de Visnu, parmi lesquelles celle de Sri Ramacandra. Nous savons que le visnu-tattva est porté par l'oiseau spirituel appelé Garuda, et qu'Il tient différentes armes dans Ses quatre mains. Nous pouvons donc nous demander si Sri Ramacandra appartient bien à la même catégorie, puisqu'Il est porté par Hanuman, et non par Garuda, et qu'Il n'a ni quatre mains, ni les quatre symboles de Visnu (sankha, cakra, gada et padma). Voilà pourquoi ce verset précise que Ramacandra est du même niveau que Krsna (ramadi-murtisu kala). Bien que Krsna soit la Forme originelle de Dieu, la Personne Suprême, Ramacandra ne diffère pas de Lui; les gunas n'exercent aucune influence sur Lui, et Il n'est donc jamais troublé par eux (prasanta). A moins de déborder d'amour pour Dieu, nul ne peut apprécier la grandeur spirituelle de Sri Ramacandra; on ne peut Le voir au moyen des yeux matériels. Du fait que des êtres démoniaques comme Ravana n'ont aucune vision spirituelle, ils considèrent Ramacandra comme un roi ksatriya ordinaire. C'est la raison pour laquelle Ravana tenta d'enlever Sitadevi, la compagne éternelle de Ramacandra. Cependant, Ravana ne put enlever la véritable Sitadevi; sitôt que Ravana posa la main sur elle, elle lui livra une forme matérielle identique à la sienne tout en demeurant, sous sa forme originelle, au-delà de sa vision. Ainsi les mots pratyak prasantam utilisés dans ce verset indiquent-ils que Sri Ramacandra et Sa puissance personnelle, la déesse Sita, se maintiennent à l'abri de l'influence de l'énergie matérielle. Les Upanisads enseignent: yam evaisa vrnute tena labhyah -Dieu, le Paramatma, ne peut être vu ou perçu que par les êtres absorbés dans le service de dévotion. Pour reprendre un verset de la Brahma-samhita (5.38):
"J'adore Govinda, le Seigneur originel, qu'on nomme Syamasundara. Il est Krsna Lui-même, et Ses innombrables attributs restent inconcevables; c'est Lui que voient au fond de leur coeur les purs bhaktas dont les yeux sont oints du baume de l'amour et de la dévotion." Selon le même ordre d'idée, la Chandogya Upanisad stipule: etas tisro devata anena jivena -le mot anena est ici utilisé pour distinguer l'atma du Paramatma, et les mots tisro devata indiquent que le corps de l'être conditionné est constitué de trois éléments matériels (le feu, l'air et l'eau). Bien que le Paramatma pénètre dans le coeur du jivatma, qui est influencé par un corps matériel particulier auquel il s'identifie, Il n'a aucun lien avec le corps de ce dernier. Du fait que le Paramatma n'a aucun lien avec la matière, Il est qualifié ici d'anama-rupam niraham. Contrairement au jivatma, le Paramatma n'a pas d'identité matérielle. Le jtvatma peut se présenter comme un Indien, un Américain, un allemand, etc., mais aucune désignation matérielle similaire ne s'attache au Paramatma; on ne peut donc Lui attribuer aucun nom matériel. Le jivatma diffère de son nom, mais il n'en est pas de même du Paramatma, dont le nom et la personne ne sont qu'une seule et même chose. Tel est le sens du mot niraham, signifiant "dénué de toute désignation matérielle". Ce mot ne saurait être abusivement interprété pour signifier que le Paramatma n'a pas d'ahankara, ou d'identité propre, de "moi". Il possède Sa propre identité spirituelle et absolue en tant que l'Etre Suprême. Voilà l'explication que donne Srila Jiva Gosvami. Selon une autre interprétation, donnée celle-la par Visvanatha Cakravarti Thakura, le mot niraham signifierait nirniscayena aham. Autrement dit, niraham n'indique nullement que le Seigneur Suprême ne possède pas d'identité propre; bien au contraire, l'accent que confère le mot aham prouve avec force qu'Il possède bien Sa propre identité personnelle, car nir n'a pas seulement le sens de "négatif", mais aussi celui de " certitude ferme".
martyavataras tv iha martya-siksanam
rakso-vadhayaiva na kevalam vibhoh kuto nyatha syad ramatah sva atmanah sita-krtani vyasananisvarasya
Lorsque le Seigneur paraît dans notre univers sous les traits d'un être humain, Il poursuit, ainsi que l'établit la Bhagavad-gita (IV.9), un double dessein: détruire les asuras et protéger les bhaktas (paritranaya sadhunam vinasaya ca duskrtam). Pour protéger Ses dévots, le Seigneur ne Se contente pas de les combler par Sa présence personnelle; Il les instruit en outre de manière à ce qu'ils ne s'écartent pas de la voie du service de dévotion. Par Son propre exemple, Sri Ramacandra enseigna ainsi à Ses dévots qu'il vaut mieux ne pas faire l'expérience de la vie de famille, qui s'accompagne à coup sûr de nombreuses tribulations. C'est ce que corrobore le Srimad-Bhagavatam (7.9.45):
Les krpanas, ceux dont le savoir spirituel est réduit et qui s'opposent en cela aux brahmanas, optent généralement pour la vie de famille, qui n'est qu'une concession à la vie sexuelle. Ils se livrent ainsi de façon répétée aux plaisirs de la chair, bien que ceux-ci soient suivis de nombreux problèmes et tourments. Il s'agit là d'une mise en garde pour les bhaktas. Pour enseigner cette leçon à Ses dévots comme au reste de la société, Sri Ramacandra, bien qu'Il fût le Seigneur Suprême en personne, s'exposa Lui-même à toutes sortes de malheurs du fait qu'Il choisit de vivre auprès d'une épouse, en l'occurrence mère Sita. Bien entendu, c'est à seule fin de nous instruire qu'Il Se soumit à ces austérités, car en vérité, Il n'a jamais de motif de s'affliger. Autre aspect de l'enseignement du Seigneur: l'homme qui vit avec une femme doit se montrer un mari fidèle et lui accorder entière protection. Les hommes civilisés se divisent en deux groupes: ceux qui adhèrent strictement aux principes religieux et les bhaktas. Par Son exemple personnel, Sri Ramacandra voulait instruire aussi bien les uns que les autres, en leur montrant comment se soumettre entièrement à la discipline imposée par la religion et se montrer un mari aimant conscient de ses responsabilités. Sinon, Il n'avait aucune raison d'accepter autant de "mésaventures". Une personne se conformant rigoureusement aux principes de la religion ne doit pas manquer de pourvoir à tous les besoins de sa femme afin d'assurer son entière protection. Ceci peut entrainer quelques souffrances, mais un époux fidèle a pour devoir de supporter ces tourments. C'est d'ailleurs l'exemple que nous fournit Sri Ramacandra Lui-même. Il aurait pu créer des centaines et des milliers de Sita de par Son énergie de plaisir, mais à seule fin de montrer la responsabilité d'un mari loyal, non seulement Il sauva Sita des mains de Ravana, mais Il fit également périr ce dernier avec tous les membres de sa famille. Un autre aspect des enseignements de Sri Ramacandra touche au fait que même si Visnu, la Personne Souveraine, et Ses dévots semblent parfois exposés à de rudes difficultés matérielles, ils demeurent totalement au-delà de celles-ci. Ils restent des mukta-purusas, des êtres libérés en toutes circonstances. D'où ce verset du Caitanya-bhagavata:
Le vaisnava est toujours fermement établi dans la félicité spirituelle du fait qu'il se voue au service du Seigneur. Même s'il semble endurer des souffrances matérielles, sa condition est décrite comme celle de la félicité spirituelle dans la séparation (viraha). Les sentiments qu'éprouvent un amant et sa bien-aimée lorsqu'ils sont séparés l'un de l'autre sont en fait très joyeux, même si, extérieurement, ils semblent douloureux. En conséquence, la séparation de Sri Ramacandra et de Sitadevi, de même que les mésaventures qu'elle entraîna pour chacun d'eux, n'était qu'une autre manifestation de félicité transcendante. C'est là ce que pense Srila Visvanatha Cakravarti Thakura.
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