SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 1 L'histoire de
Maharaja Priyavrata.
yarhi vava ha rajan sa raja-putrah priyavratah parama-bhagavato
naradasya caranopasevayanjasavagata-paramartha-satattvo brahma- satrena diksisyamano vani-tala-paripalanayamnata-pravara-guna- ganaikanta-bhajanataya svapitropamantrito bhagavati vasudeva evavyavadhana-samadhi-yogena samavesita-sakala-karaka-kriya-kalapo naivabhyanandad yadyapi tad apratyamnatavyam tad-adhikarana atmano nyasmad asato pi parabhavam anviksamanah.
Srila Narottama Dasa Thakura chante: chadiya vaisnava-seva nistara payeche keba -''A moins d'avoir servi les pieds pareils-au-lotus d'un pur vaisnava, d'un maître spirituel parfait, nul n'a jamais obtenu la libération totale de la servitude de la matière." Or, le prince Priyavrata avait servi de façon assidue les pieds pareils-au-lotus de Narada, ce qui lui avait permis de comprendre les questions spirituelles dans toute leur vérité (sa-tattvah). Ce mot, sa-tattvah, signifie que Priyavrata connaissait tout ce qui concerne l'être vivant, le Seigneur Suprême ainsi que le lien les unissant l'un à l'autre, de même que tout ce qui concerne l'univers matériel et les rapports entre l'âme spirituelle et le Seigneur au sein de ce monde. C'est la raison pour laquelle le prince avait décidé de ne s'employer qu'à servir le Seigneur. Lorsque le père de Priyavrata, Svayambhuva Manu, le pria d'accepter la responsabilité de gouverner le monde, il ne réserva pas un accueil très chaleureux à sa requête -et telle est bien la marque d'un grand bhakta, d'une âme libérée. Bien qu'il prenne part aux activités de ce monde, il n'y prend aucun plaisir, mais demeure plutôt absorbé sans cesse dans le service de dévotion. Servant ainsi le Seigneur, il traite extérieurement des choses temporelles sans pour autant en subir l'influence. A titre d'exemple, bien qu'il n'éprouve point d'attachement pour ses enfants, il veille soigneusement sur eux et les éduque de manière à en faire des bhaktas. De même, il tient à sa femme des propos affectueux, mais sans pour autant s'attacher à elle. Grâce à la pratique du service de dévotion, le bhakta acquiert toutes les qualités du Seigneur Suprême. Sri Krsna avait plus de seize mille épouses, toutes ravissantes, et bien qu'Il Se comportât envers chacune d'elles comme un mari aimant, Il n'éprouvait d'attirance ou d'attachement pour aucune d'entre elles. De la même manière, même si un bhakta s'engage dans la vie de famille et adopte un comportement très affectueux envers sa femme et ses enfants, jamais il ne s'attache à ces activités. Ce verset déclare qu'en servant les pieds pareils-au-lotus de son maître spirituel, le prince Priyavrata parvint rapidement au stade de la perfection dans la conscience de Krsna. En fait, il s'agit là du seul et unique moyen de progresser dans la vie spirituelle. Les Vedas enseignent à ce propos:
atha ha bhagavan adi-deva etasya guna-visargasya paribrmhananudhyana-
vyavasita-sakala-jagad-abhipraya atma-yonir akhila-nigama-nija-gana- parivestitah sva-bhavanad avatatara.
Sri Visnu, l'Ame Suprême (atma), représente la source de tout ce qui est, ainsi que l'explique le Vedanta-sutra: janmady asya yatah. Quant à Brahma, parce qu'il naquit directement de Visnu, on le désigne du nom d'atma-yoni, ou de bhagavan, bien qu'en général ce dernier mot ne s'applique qu'au Seigneur Souverain (Visnu ou Krsna). Toutefois, il arrive -comme ici dans le cas de Brahma, mais aussi des devas comme Narada et Siva- que d'importants personnages ou devas soient désignés par ce même nom, "bhagavan", du fait qu'ils exécutent les desseins de Dieu, la Personne Suprême. Brahma, pour sa part, se voit attribuer ce titre en tant que second créateur de l'univers. Il songe sans répit à la façon d'améliorer la situation des âmes conditionnées venues en ce monde pour y jouir des plaisirs matériels, et dissémine en conséquence le savoir védique dans tout l'univers en vue de guider tous les êtres. Le savoir védique se divise en deux parties, connues sous les noms de pravrtti-marga et nivrtti-marga. Le nivrtti-marga s'identifie à la voie par laquelle on rejette le plaisir des sens, tandis que le pravrtti-marga représente celle qui permet aux êtres de jouir des plaisirs matériels tout en étant dirigés de façon à pouvoir retourner à Dieu, dans leur demeure originelle. Comme la tâche qui consiste à gouverner l'univers est lourde de responsabilités, Brahma doit, à différentes époques, forcer de nombreux Manus à assumer certaines fonctions dans l'univers. Et, sous chaque Manu se trouvent différents monarques qui servent également les fins de Brahma. Certaines explications nous ont déjà permis de comprendre que le roi Uttanapada, père de Dhruva Maharaja, avait régné sur l'univers du fait que son frère aîné, Priyavrata, avait choisi de pratiquer l'austérité depuis le début de son existence. Ainsi, jusqu'aux Pracetas, les rois de l'univers étaient tous des descendants d'Uttanapada Maharaja. Etant donné qu'il n'y avait aucun roi compétent pour succéder aux Pracetas, Svayambhuva Manu se rendit sur le mont Gandhamadana pour en ramener son fils aîné, Priyavrata, qui en avait fait son lieu de méditation. C'est ainsi que Svayambhuva Manu demanda à Priyavrata de gouverner l'univers. Lorsqu'il refusa, Brahma descendit à son tour du système planétaire supérieur connu sous le nom de Satyaloka afin de demander à Priyavrata de se soumettre à l'ordre de son père. Et Brahma ne vint pas seul; il se fit accompagner par d'autres grands sages comme Marici, Atreya et Vasistha. Pour convaincre Priyavrata qu'il devait observer les injonctions védiques et accepter la responsabilité de gouverner le monde, les Vedas personnifiés, qui demeurent toujours avec Brahma, accompagnèrent egalement celui-ci. Arrêtons-nous ici sur les mots sva-bhavanat, indiquant que Brahma descendit de sa propre demeure. Chaque deva possède une demeure qui lui est particulière. Il en est ainsi d'Indra, le souverain des devas, de Candra, le deva-maître de la Lune, et de Surya, le deva-maître du Soleil. Il existe des millions et des millions de devas, dont les étoiles et les planètes représentent les demeures respectives. C'est ce que confirme la Bhagavad-gita: yanti deva-vrata devan -"Ceux qui vouent leur culte aux devas renaîtront sur les planètes des devas." La demeure de Brahma, qui correspond au système planétaire le plus élevé, a pour nom Satyaloka, ou parfois Brahmaloka. Genéralement, on entend par Brahmaloka le monde spirituel. La demeure de Brahma est donc Satyaloka, mais parce qu'il y réside, il arrive parfois qu'on l'appelle également Brahmaloka.
sa tatra tatra gagana-tala udu-patir iva vimanavalibhir anupatham amara-
parivrdhair abhipujyamanah pathi pathi ca varuthasah siddha-gandharva- sadhya-carana-muni-ganair upagiyamano gandha-madana-dronim avabhasayann upasasarpa.
Il ressort de cette description qu'il y a regulièrement des voyages interplanétaires entre les planètes où résident les devas. Un autre point intéressant est qu'il existe une planète couverte en grande partie par d'imposantes montagnes, parmi lesquelles le mont Gandhamadana. Trois grands personnages -Priyavrata, Narada et Svayambhuva Manu- s'y trouvaient. Selon la Brahma-samhita, différents systèmes planétaires emplissent chaque univers, et chacun possède son opulence propre. Sur Siddhaloka par exemple, tous les êtres possèdent des pouvoirs surnaturels très développés; c'est ainsi qu'ils peuvent voler d'une planète à une autre sans vaisseau spatial ni la moindre machine volante. De même, les habitants de Gandharvaloka excellent dans l'art musical, et ceux de Sadhyaloka sont tous de grands saints. Le système d'échanges interplanétaires existe sans aucun doute, et les habitants des diverses planètes sont en mesure de se rendre de l'une à 1'autre. Ici-bas, cependant, malgré une tentative infructueuse en vue d'atteindre directement la Lune, nous ne sommes pas parvenus à inventer une machine capable de voyager d'une planète à une autre.
tatra ha va enam devarsir hamsa-yanena pitaram bhagavantam hiranya-
garbham upalabhamanah sahasaivotthayarhanena saha pita-putrabhyam avahitanjalir upatasthe.
Comme l'indiquait le verset précédent, Brahma était accompagné d'autres devas, mais sa monture personnelle était un cygne majestueux. Par suite dès que Narada Muni aperçut le cygne, il comprit que son père, Brahma -également appelé Hiranyagarbha- arrivait. Il se leva donc sur-le-champ avec Svayambhuva Manu et son fils Priyavrata afin de recevoir Brahma et de lui offrir les témoignages de respect dus à sa personne.
bhagavan api bharata tad-upanitarhanah sukta-vakenatitaram udita-guna-
ganavatara-sujayah priyavratam adi-purusas tam sadaya-hasavaloka iti hovaca.
Le fait que Brahma soit descendu de Satyaloka pour voir Priyavrata dénote le caractère très sérieux de l'affaire. Narada Muni était venu conseiller Priyavrata quant à l'importance de la vie spirituelle, du savoir, du renoncement et de la bhakti, et Brahma connaissait le pouvoir impressionnant des instructions de Narada. Il savait donc qu'à moins qu'il ne se rende personnellement au mont Gandhamadana pour demander au prince Priyavrata de se plier à l'ordre de son père, il n'en ferait rien. Le but de Brahma était donc de briser la détermination de Priyavrata. C'est pourquoi il jeta tout d'abord sur lui un regard de compassion. Son sourire et ses traits compatissants indiquaient en outre que, bien qu'il voulût le voir fonder un foyer, le prince ne perdrait pas pour autant contact avec le service de dévotion. Grâce à la bénédiction d'un vaisnava, tout est possible. Le Bhakti-rasamrta-sindhu explique ceci par les mots krpa-siddhi -ou la perfection atteinte par les bénédictions d'un être supérieur. On parvient d'ordinaire à la libération et à la perfection par l'observance des principes régulateurs énoncés dans les sastras. Néanmoins, nombreux sont ceux qui sont parvenus au même résultat grâce aux seules bénédictions d'un maître spirituel ou d'un supérieur. Priyavrata était le petit-fils de Brahma, et comme cela arrive parfois entre un petit-fils et son grand-père, ils s'opposèrent, par jeu, dans une sorte de joute. Priyavrata était résolu à poursuivre sa méditation, alors que de son côté, Brahma était bien décidé à lui faire gouverner l'univers. C'est pourquoi le sourire et le regard affectueux de Brahma signifiaient: "Mon cher Priyavrata, tu as décidé de ne point accepter la vie de famille, mais j'ai, pour ma part, décidé de te convaincre du contraire." En fait, Brahma était venu louer Priyavrata pour son haut niveau de renoncement, d'austérité et de dévotion, de manière à ce qu'il ne dévie pas du service de dévotion, même s'il acceptait de mener une vie de famille. Retenons dans ce verset les mots importants sukta-vakena, "par des hymnes védiques". On trouve dans les Vedas la prière suivante, adressée à Brahma: hiranyagarbhah samavartatagre bhutasya jatah patir eka asit. Brahma fut accueilli avec les hymnes védiques appropriés, et il était très satisfait d'avoir été reçu conformément à l'étiquette védique.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |