SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 1 L'histoire de
Maharaja Priyavrata.
bhagavan api manuna yathavad upakalpitapacitih priyavrata-naradayor
avisamam abhisamiksamanayor atmasam avasthanam avan-manasam ksayam avyavahrtam pravartayann agamat.
Manu était assurément très satisfait de ce que Brahma soit parvenu à persuader son fils Priyavrata d'accepter la responsabilité de gouverner le monde. Quant à Priyavrata et Narada, ils étaient également très satisfaits. En effet, bien que Brahma eût forcé Priyavrata à accepter la direction des affaires du monde, lui faisant ainsi briser son voeu de brahmacarya et de consacrer entièrement au service de dévotion, Narada et Priyavrata n'éprouvaient aucun ressentiment à l'égard de Brahma. Narada n'était nullement désolé d'avoir vu déjouer ses efforts en vue de faire de Priyavrata son disciple. Priyavrata et Narada étaient tous deux de nobles personnages; ils avaient conscience du respect qu'ils devaient à Brahma. Aussi, au lieu de le regarder avec ressentiment, lui présentèrent-ils du fond du coeur tous leurs respects. Brahma retourna ensuite dans sa demeure céleste, connue sous le nom de Satyaloka, et que ce verset déclare être sans imperfection et au-delà de toute description verbale. Ce verset enseigne que Brahma retourna dans sa résidence céleste, qui présente la même importance que sa propre personne. Or, Brahma est le créateur et le personnage le plus élevé de l'univers où nous vivons. La Bhagavad-gita (VIII.17) précise pour nous la durée de son existence: sahasrayuga-paryantam ahar yad brahmano viduh -la durée totale des quatre yugas est de quatre millions trois cent vingt mille (4 320 000) années, et ce nombre multiplié par mille nous donne la valeur de douze heures de la vie de Brahma. Aussi ne pouvons-nous concevoir, ne serait-ce que douze heures de Brahma, et à plus forte raison les cent années que compte sa vie entière. Comment, dès lors, pourrions-nous avoir une idée de sa demeure? Les Textes védiques affirment que sur Satyaloka, il n'y a ni naissance, ni maladie, ni vieillesse, ni mort. En d'autres termes, du fait que Satyaloka se trouve en bordure de Brahmaloka, de la radiance du Brahman, elle est presque identique à Vaikunthaloka, si bien que cette demeure -celle de Brahma- reste quasiment indescriptible pour nous. Elle est donc qualifiée d'avan-manasagocara, ce qui signifie qu'elle dépasse le pouvoir descriptif de nos paroles ainsi que nos facultés d'imagination. Les Ecritures védiques dépeignent comme suit la demeure de Brahma: yad vai parardhyam tad uparamesthyam na yatra soko na jara na mrtyur nartir na codvegah -"Sur Satyaloka, qui se trouve à des millions et même des milliards d'années de nous, n'existent ni l'affliction, ni la vieillesse, ni l'angoisse, ni aucune influence hostile, ni même la mort."
manur api parenaivam pratisandhita-manorathah surarsi-
varanumatenatmajam akhila-dhara-mandala-sthiti-guptaya asthapya svayam ati-visama-visaya-visa-jalasayasaya upararama.
Svayambhuva Manu avait presque perdu tout espoir en voyant un aussi puissant personnage que Narada enseigner à son fils Priyavrata de ne pas opter pour la vie de famille. Aussi fut-il très heureux de voir Brahma intervenir pour inciter son fils à accepter la responsabilité de gouverner le monde. La Bhagavad-gita nous fait savoir que Vaivasvata Manu était le fils du deva du Soleil, et que son propre fils, Maharaja Iksvaku, régna sur notre planète. Cependant, il apparaît que Svayambhuva Manu avait, quant à lui, la responsabilité de l'univers entier, et qu'il confia à son fils, Maharaja Priyavrata, celle du maintien et de la protection de tous les systèmes planétaires. Les mots dhara-mandala signifient "planète", et peuvent, par exemple, désigner la Terre. Toutefois, le mot akhila signifie "tout", ou "universel". Il s'avère donc difficile de comprendre où se situait Maharaja Priyavrata, mais il ressort de ce texte que sa position était certainement supérieure à celle de Vaivasvata Manu, puisqu'il se vit confier la direction de tous les systèmes planétaires de l'univers. Une autre déclaration significative souligne le fait que Svayambhuva Manu éprouva une grande satisfaction à se décharger de ses responsabilités de dirigeant de tous les systèmes planétaires de l'univers. Aujourd'hui, les politiciens se montrent très empressés d'accepter une charge gouvernementale importante, et ils emploient leurs hommes à solliciter des votes de porte en porte de manière à s'assurer un poste de président ou quelque autre responsabilité analogue. Ici, nous constatons au contraire que le roi Priyavrata dut être persuadé par Brahma d'accepter le poste d'empereur de tout l'univers. Et son père lui-même, Svayambhuva Manu, se sentit soulagé de remettre le pouvoir universel entre les mains de Priyavrata. Il est donc évident qu'à l'époque védique, les rois et les chefs de gouvernement n'acceptaient jamais leur position en vue de leur satisfaction personnelle. Ces monarques prestigieux, connus sous le nom de rajarsis, gouvernaient dans le seul dessein de soutenir et de protéger le royaume pour le plus grand bien-être des citoyens. L'histoire de Priyavrata et de Svayambhuva Manu illustre bien comment des monarques exemplaires et conscients de leurs responsabilités s'acquittaient de leurs devoirs royaux avec le plus grand désintéressement, en se préservant sans cesse de la souillure que présente l'attachement matériel. Ce verset compare la vie matérielle à un océan de poison. Cette idée a été reprise par Srila Narottama Dasa Thakura dans l'un de ses chants:
samsara-visanale, diva-nisi hiya jvale,
"Mon coeur brûle sans cesse dans le brasier de l'existence matérielle, et je ne me suis nullement préparé à en sortir."judaite na kainu upaya
Les mots surarsi-vara-anumatena doivent également retenir notre attention. Manu confia le gouvernement à son fils avec la permission du grand saint Narada. Ce fait mérite particulièrement d'être mentionné: en effet, Narada voulait que Priyavrata échappât à toute responsabilité matérielle, mais il fut lui aussi très satisfait lorsqu'il accepta de veiller sur l'univers à la demande de Brahma et de Manu.
iti ha vava sa jagati-patir isvarecchayadhinivesita-karmadhikaro khila-
jagad-bandha-dhvamsana-paranubhavasya bhagavata adi-purusasyanghri- yugalanavarata-dhyananubhavena parirandhita-kasayasayo vadato pi mana-vardhano mahatam mahitalam anusasasa.
Les mots mana-vardhano mahatam ("à seule fin d'honorer ses supérieurs") sont ici très significatifs. Bien que Maharaja Priyavrata fût déjà une âme libérée n'éprouvant pas la moindre attirance pour les choses matérielles, il se consacra pleinement aux tâches gouvernementales à seule fin de témoigner son respect à Brahma. Arjuna agit également de cette manière. Il ne nourrissait en effet aucun désir de participer aux affaires politiques ou à la bataille de Kuruksetra, mais lorsqu'il en reçut l'ordre du Seigneur Suprême, Krsna, il s'acquitta de ses devoirs avec le plus grand soin. Celui qui médite constamment sur les pieds pareils-au-lotus du Seigneur reste sans contredit au-dessus de toute souillure provenant de ce monde matériel. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita (VI.47):
yoginam api sarvesam
De tous les yogis, celui qui, avec une foi totale, demeure toujours en Moi et M'adore en Me servant avec amour, celui-là est le plus grand et M'est le plus intimement lié." Ainsi, Maharaja Priyavrata était une âme libérée, et comptait parmi les plus élevés de tous les yogis; néanmoins, du fait qu'il en avait reçu l'ordre de Brahma, extérieurement, il devint l'empereur de l'univers. Le respect dont il sut ainsi faire preuve envers son supérieur vint s'ajouter à ses autres qualités extraordinaires. Le Srimad-Bhagavatam (6.17.28) précise à ce propos:mad-gatenantaratmana sraddhavan bhajate yo mam sa me yuktatamo matah
atha ca duhitaram prajapater visvakarmana upayeme barhismatim nama
tasyam u ha vava atmajan atma-samana-sila-guna-karma-rupa-viryodaran dasa bhavayam babhuva kanyam ca yaviyasim urjasvatim nama.
Non seulement Maharaja Priyavrata exécuta l'ordre de Brahma en acceptant les responsabilités du gouvernement, mais encore il épousa Barhismati, la fille de Visvakarma, l'un des Prajapatis. Etant donné qu'il était parfaitement instruit dans le savoir spirituel et absolu, Maharaja Priyavrata aurait pu retourner chez lui et s'acquitter de ses fonctions gouvernementales en tant que brahmacari; mais il choisit plutôt de se marier lorsqu'il retourna dans son foyer. La règle veut que lorsqu'on devient grhastha, on vive en parfait accord avec ce statut, ce qui veut dire qu'on doit vivre paisiblement avec une femme et des enfants. Lorsque la première femme de Caitanya Mahaprabhu mourut, sa mère Le pria de se remarier. Il était alors âgé de vingt ans et allait devenir sannyasi à l'âge de vingt-quatre ans; néanmoins, à la requête de Sa mère, Il Se remaria. "Tant que Je vis dans le cercle familial, dit-Il à Sa mère, Je dois avoir une femme, car la vraie vie de famille ne veut pas simplement dire habiter une maison, mais aussi avoir une épouse." Trois mots de ce verset doivent retenir notre attention: u ha vava. Ils servent à exprimer l'étonnement. Priyavrata Maharaja avait en effet prononcé le voeu du renoncement, et le fait de prendre une épouse et d'engendrer des enfants n'a rien à voir avec le renoncement; ces activités s'inscrivent plutôt dans le cadre des plaisirs matériels. Que Priyavrata Maharaja, engagé dans la voie du renoncement, acceptât maintenant celle du plaisir avait donc de quoi surprendre. On nous critique parfois en raison des cérémonies de mariage que nous avons célébrées pour nos disciples, malgré notre statut de sannyasi. Nous devons toutefois expliquer que puisque nous avons fondé une société consciente de Krsna et qu'une société humaine doit, entre autres choses, célébrer des mariages exemplaires, nous devons également nous occuper de marier certains membres de ce Mouvement afin d'établir sur des bases convenables une société idéale, et ce, bien que nous ayons adopté la voie du renoncement. Ceci peut paraître étonnant à ceux qui ne se soucient guère d'instaurer le daiva-varnasrama -l'institution divine des quatre divisions sociales et spirituelles. Néanmoins, Srila Bhaktisiddhanta Sarasvati Thakura souhaitait ardemment rétablir ce daiva-varnasrama. Au sein de cette institution, il ne saurait être question de juger du statut social d'une personne en fonction de sa seule hérédité; la Bhagavad-gita enseigne en effet que les facteurs déterminants sont les gunas et le karma, ou la nature de l'individu et ses activités. C'est ce daiva-varnasrama qui devrait être établi dans le monde entier afin de perpétuer une société parfaitement consciente de Krsna. Ceci peut paraître surprenant à des critiques insensés; mais il s'agit là d'une des fonctions d'une société consciente de Krsna.
agnidhredhmajihva-yajnabahu-mahavira-hiranyareto-
ghrtaprstha-savana-
medhatithi-vitihotra-kavaya iti sarva evagni-namanah.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |