SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 24

Les planètes édéniques
situées en dessous de la
Terre.

VERSET 16

athatale maya-putro suro balo nivasati yena ha va iha srstah san-
navatir mayah kascanadyapi mayavino dharayanti yasya ca
jrmbhamanasya mukhatas trayah stri-gana udapadyanta svairinyah
kaminyah pumscalya iti ya vai bilayanam pravistam purusam rasena
hatakakhyena sadhayitva sva-vilasavalokananuraga-smita-
samlapopaguhanadibhih svairam kila ramayanti yasminn upayukte
purusa isvaro ham siddho ham ity ayuta-maha-gaja-balam atmanam
abhimanyamanah katthate madandha iva.

TRADUCTION

O roi, je vais maintenant te décrire l'un après l'autre les différents systèmes planétaires inférieurs, en commençant par Atala. Sur celui-ci se trouve un asura du nom de Bala, fils de Maya Danava, qui a créé quatre-vingt-seize variétés de pouvoirs surnaturels, dont certains sont encore utilisés par de prétendus yogis et svamis afin de tromper la masse des gens. Rien qu'en bâillant, le démon Bala engendra trois sortes de femmes, dites svairini, kamini et pumscali; les svairinis aiment à épouser des hommes appartenant au même groupe social qu'elles, les kaminis épousent des hommes de n'importe quel rang, et les pumscalis passent d'un mari à l'autre. Si un homme se rend sur la planète Atala, ces femmes s'emparent immédiatement de lui pour lui faire ingurgiter une boisson préparée avec une drogue connue sous le nom d'hataka (cannabis indica). Cette boisson enivrante lui confère une grande vigueur sexuelle, que les femmes exploitent pour leur plaisir. L'une d'elles le charme alors par des regards doucereux, des paroles enjôleuses, des sourires amoureux, puis par des étreintes; elle l'amène ainsi à jouir avec elle des plaisirs de la chair jusqu'à ce qu'elle soit entièrement satisfaite. Du fait de l'accroissement de sa puissance sexuelle, l'homme se croit plus fort que dix mille éléphants et pense avoir atteint la perfection; plein d'illusion et ivre d'orgueil, il se prend pour Dieu, ignorant la mort qui le guette.

VERSET 17

tato dhastad vitale haro bhagavan hatakesvarah sva-parsada-bhuta-
ganavrtah prajapati-sargopabrmhanaya bhavo bhavanya saha mithuni-
bhuta aste yatah pravrtta sarit-pravara hataki nama bhavayor viryena
yatra citrabhanur matarisvana samidhyamana ojasa pibati tan nisthyutam
hatakakhyam suvarnam bhusanenasurendravarodhesu purusah saha
purusibhir dharayanti.

TRADUCTION

En dessous d'Atala vient ensuite Vitala, où Siva, connu comme le maître des mines d'or, vit avec ses compagnons, les spectres et autres êtres fantomatiques. Siva, en tant que père de la population universelle, s'unit à Bhavani, la mère, pour engendrer les êtres vivants, et le mélange de leurs sécrétions sexuelles donne naissance à la rivière Hataki. Lorsque le feu, attisé par le vent, boit l'eau de cette rivière, il grésille et rejette le liquide en sifflant, produisant ainsi de l'or appelé Hataka. Les asuras qui vivent sur cette planète avec leurs femmes se parent de divers ornements fabriqués avec cet or, et tous vivent ainsi très heureux.

TENEUR ET PORTEE

Il apparaît ici que lorsque Bhava et Bhavani, Siva et son épouse, s'unissent sexuellement, le mélange de leurs secrétions produit une substance qui, chauffée par le feu, devient de l'or. On dit que les alchimistes du moyen âge essayaient de fabriquer de l'or à partir d'un métal vil. Srila Sanatana Gosvami confirme qu'en traitant du bronze de cloche avec du mercure, on peut obtenir de l'or; il mentionne ceci en disant que, grâce à l'initiation spirituelle, les plus vils des hommes peuvent être transformés en brahmanas:

yatha kancanatam yati
kamsyam rasa-vidhanatah
tatha diksa-vidhanena
dvijatvam jayate nrnam

De même que l'on peut transformer de l'airain (kamsa) en or en le traitant avec du mercure, on peut transformer un homme de basse naissance en brahmana si on l'initie dans les règles aux pratiques vaisnavas." L'Association Internationale pour la Conscience de Krsna s'efforce de changer des mlecchas et des yavanas en de véritables brahmanas, en les initiant comme il se doit et en leur demandant d'arrêter la consommation de chair animale et de substances enivrantes, ainsi que les activités sexuelles illicites et les jeux de hasard. Quiconque met un terme à ces quatre formes fondamentales du péché et chante le maha-mantra Hare Krsna peut à coup sûr devenir un pur brahmana par la voie de l'initiation authentique, comme le suggère Srila Sanatana Gosvami.

Indépendamment de tout ceci, si l'on profite de l'indication contenue dans ce verset pour apprendre à mélanger de la bonne manière le mercure et le métal de cloche en les chauffant et en les faisant fondre, on peut obtenir de l'or à très bon compte. Les alchimistes du moyen âge ont essayé de fabriquer de l'or, mais sans succès -peut-être parce qu'ils n'ont pas suivi les instructions qui convenaient.

VERSET 18

tato dhastat sutale udara-sravah punya-sloko virocanatmajo balir
bhagavata mahendrasya priyam cikirsamanenaditer labdha-kayo bhutva
vatu-vamana-rupena paraksipta-loka-trayo bhagavad-anukampayaiva
punah pravesita indradisv avidyamanaya susamrddhaya sriyabhijustah sva-
dharmenaradhayams tam eva bhagavantam aradhaniyam apagata-sadhvasa
aste dhunapi.

TRADUCTION

En dessous de Vitala se trouve une autre planète, Sutala, où vit encore l'illustre fils de Maharaja Virocana, Bali Maharaja, renommé comme le plus vertueux de tous les rois. Pour le bien d'Indra, le roi des cieux, Visnu apparut sous la forme d'un brahmacari nain, fils d'Aditi; Il mystifia Bali Maharaja en ne lui demandant que trois enjambées de terrain, et S'empara en fait des trois mondes. Très satisfait de ce que Bali Maharaja Lui ait ainsi cédé tous ses biens, le Seigneur lui restitua son royaume et le rendit plus riche encore que le roi Indra. Aujourd'hui encore, Bali Maharaja continue d'adorer et de servir avec dévotion le Seigneur Souverain sur la planète Sutala.

TENEUR ET PORTEE

On appelle le Seigneur Suprême Uttamasloka, ou "Celui qu'on vénère au moyen des meilleurs des versets sanskrits choisis"; de même, Ses dévots, comme Bali Maharaja, sont également honorés par des versets qui ont pour effet d'accroître la piété (punya-slokas). Bali Maharaja offrit tout au Seigneur -ses richesses, son royaume, et même son propre corps (sarvatmanivedane balih). Le Seigneur lui était apparu sous les traits d'un brahmana mendiant, et Bali Maharaja Lui donna tout ce qu'il avait. Cependant, il ne devint pas pauvre pour autant; en faisant don de toutes ses possessions à Dieu, la Personne Suprême, il devint un bhakta accompli et le Seigneur lui rendit tous ses biens avec Sa bénédiction. De même, ceux qui, par leurs contributions, permettent au Mouvement pour la Conscience de Krsna de se développer et d'atteindre ses objectifs, ne seront jamais perdants; Krsna leur rendra toutes leurs richesses avec Sa bénédiction. D'un autre côté, ceux qui recueillent des contributions au nom de l'Association Internationale pour la Conscience de Krsna doivent faire très attention de ne pas dépenser un centime de leur collecte à quelque fin autre que le service d'amour absolu du Seigneur.

VERSET 19

no evaitat saksatkaro bhumi-danasya yat tad bhagavaty asesa-jiva-
nikayanam jiva-bhutatma-bhute paramatmani vasudeve tirthatame
patra upapanne paraya sraddhaya paramadara-samahita-manasa
sampratipaditasya saksad apavarga-dvarasya yad bila-nilayaisvaryam.

TRADUCTION

O roi, Bali Maharaja fit don de toutes ses possessions au Seigneur Suprême, Vamanadeva, mais il ne faudrait surtout pas en conclure que les richesses matérielles dont il jouit à bila-svarga sont le fruit de sa nature Charitable. Dieu, la Personne Souveraine, source de vie pour tous les êtres, habite le coeur de chacun en tant que l'Ame Suprême, son ami, et c'est suivant Ses directives que l'être distinct connaît plaisirs et souffrances dans l'univers matériel. Appréciant grandement les qualités divines du Seigneur, Bali Maharaja offrit tout ce qu'il possédait à Ses pieds pareils-au-lotus; cependant, son but n'était pas d'en tirer le moindre profit matériel, mais bien de devenir un pur bhakta. La porte de la libération s'ouvre automatiquement pour un pur dévot du Seigneur. Il ne faut donc pas croire que Bali Maharaja obtint tant de richesses matérielles du fait de son esprit charitable. En effet, quiconque devient un pur bhakta et développe son amour pour Dieu peut, par la volonté du Seigneur Suprême, jouir d'une condition matérielle appréciable. Néanmoins, il ne faut pas commettre l'erreur de penser que le service de dévotion aboutit à l'opulence matérielle; son véritable fruit consiste dans l'éveil et le développement du pur amour pour Dieu, amour qui persiste en toutes circonstances.

VERSET 20

yasya ha vava ksuta-patana-prakhalanadisu vivasah sakrn namabhigrnan
purusah karma-bandhanam anjasa vidhunoti yasya haiva pratibadhanam
mumuksavo nyathaivopalabhante.

TRADUCTION

Si une personne qui est tourmentée par la faim, qui tombe ou qui trébuche, chante, délibérément ou non, le Saint Nom du Seigneur, ne serait-ce qu'une seule fois, elle se trouve aussitôt libérée des suites de ses actes passés. Les karmis, assujettis à leurs actes matériels, doivent au contraire affronter de nombreuses difficultés sur la voie de l'astanga-yoga et dans d'autres pratiques visant à ce même résultat.

TENEUR ET PORTEE

Il est faux de dire qu'on doit offrir toutes ses possessions au Seigneur Souverain et être libéré avant de pouvoir pratiquer le service de dévotion. Le bhakta atteint automatiquement la libération, sans autres efforts. Ce n'est pas uniquement à cause de l'esprit charitable dont il avait fait preuve à l'égard du Seigneur que Bali Maharaja retrouva toutes ses possessions matérielles. Quiconque devient un bhakta, exempt de tout désir et motivations d'ordre matériel, considère toute circonstance, qu'elle soit matérielle ou spirituelle, comme une bénédiction du Seigneur; c'est ainsi que le service qu'il Lui offre n'est jamais entravé. La bhukti, ou la jouissance matérielle, et la mukti, la libération, ne sont que des fruits subsidiaires du service de dévotion. En ce qui concerne la mukti, le bhakta n'a pas à entreprendre d'efforts étrangers au service de dévotion pour l'atteindre. Srila Bilvamangala Thakura dit à ce propos: muktih svayam mukulitanjalih sevate sman- un pur dévot du Seigneur n'a pas à faire d'effort particulier pour parvenir à la mukti, car celle-ci est toujours prête à le servir.

A cet égard, le Caitanya-caritamrta (Antya 3.177-188) relate les paroles d'Haridasa Thakura, à propos des effets du chant des Saints Noms du Seigneur:

keha bale- 'nama haite haya papa-ksaya'
keha bale- 'nama haite jivera moksa haya'

Certains disent que de chanter les Saints Noms du Seigneur permet de s'affranchir de toutes les suites de ses fautes, d'autres que cela donne d'être délivré des chaînes de la matière.

haridasa kahena,- ''namera ei dui phala naya
namera phale krsna-pade prema upajaya

Haridasa Thakura déclare cependant que le fruit attendu du chant des Saints Noms du Seigneur n'est pas la libération ou la rémission des suites de nos fautes. Le véritable résultat du chant des Saints Noms du Seigneur consiste en l'éveil de notre conscience de Krsna assoupie; l'être se voue alors au service d'amour du Seigneur.

anusangika phala namera- 'mukti', 'papa-nasa'
tahara drstanta yaiche suryera prakasa

Haridasa Thakura poursuit en disant que la libération et la rémission des suites de nos fautes ne sont que des fruits subsidiaires du chant des Saints Noms du Seigneur. Si l'on chante purement Ses Saints Noms, on accède au niveau du service d'amour offert à Dieu, la Personne Suprême. En guise d'exemple, Haridasa Thakura compare la puissance du Saint Nom au rayonnement du Soleil:

ei slokera artha kara panditera gana''
sabe kahe,- 'tumi kaha artha-vivarana'

Il soumit ce verset à une assemblée de doctes érudits, qui lui demandèrent alors de l'expliquer.

haridasa kahena,- ''yaiche suryera udaya
udaya na haite arambhe tamera haya ksaya

Haridasa Thakura répondit que lorsque l'aube se lève, le Soleil dissipe les ténèbres de la nuit, avant même qu'il ne soit lui-même visible.

caura preta-raksasadira bhaya haya nasa
udaya haile dharma-karma-adi parakasa

Avant même que ne se lève le Soleil, les lueurs de l'aube dissipent la peur des dangers de la nuit, tels que les attaques des voleurs, des fantômes ou des Raksasas; et lorsque le Soleil lui-même apparaît, chacun reprend alors ses ativités.

aiche namodayarambhe papa-adira ksaya
udaya kaile krsna-pade haya premodaya

De même, avant même que notre chant des Saints Noms ne devienne pur, nous sommes libérés de toutes les suites de nos fautes; et lorsque nous chantons dans un état d'esprit pur, notre amour pour Krsna devient alors manifeste.

'mukti' tuccha-phala haya namabhasa haite
ye mukti bhakta na laya, se krsna cahe dite''

Le bhakta n'accepte jamais la mukti, même si Krsna la lui offre. On obtient en effet la mukti, la rémission des suites de toutes fautes, grâce au simple namabhasa, qui correspond aux premières lueurs projetées par le Saint Nom avant qu'il n'apparaisse dans toute sa lumière.

Le stade du namabhasa se situe entre celui où l'on chante les Saints Noms tout en commettant des offenses (nama-aparadha), et celui où on les chante en toute pureté. Le chant des Saints Noms du Seigneur se répartit ainsi sur trois niveaux. Au début, on commet dix sortes d'offenses; à l'étape suivante, celle du namabhasa, les offenses ont presque disparu, et l'on approche du niveau du chant pur; au troisième degré, lorsqu'on chante le mantra Hare Krsna sans commettre la moindre offense, l'amour latent pour Krsna s'éveille aussitôt. C'est là que réside la perfection.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare