SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 2 L'histoire de
Maharaja Agnidhra.
kim sambhrtam rucirayor dvija srngayos te
madhye krso vahasi yatra drsih srita me panko runah surabhir atma-visana idrg yenasramam subhaga me surabhi-karosi
Mon cher brahmana, ta taille est fort mince, et c'est à grand-peine que tu portes avec soin deux cornes auxquelles mes yeux s'attachent. Qu'y a-t-il à l'intérieur de ces deux magnifiques cornes? Il semble que tu les aies enduites d'une poudre écarlate ressemblant au soleil levant et parfumant l'atmosphère. O toi qui es si fortuné, je te prie de me dire où tu as obtenu cette poudre odorante qui embaume mon asrama.
Agnidhra apprécia la poitrine altière de Purvacitti. Après avoir vu les seins de la jeune fille, il devint comme fou. Néanmoins, il ne pouvait toujours pas déterminer si Purvacitti était un garçon ou une fille, car du fait de ses austérités, il ne savait plus distinguer entre les deux. D'où le mot dvija -ô brahmana- qu'il utilise pour s'adresser à elle. Mais pourquoi un dvija, un jeune brahmana, aurait-il eu des cornes sur la poitrine? Puisque le personnage se tenant devant lui avait la taille fine, Agnidhra se disait que ce devait être avec grande difficulté qu'il portait ces cornes, et qu'elles devaient donc contenir une substance précieuse. En effet, s'il n'en avait pas été ainsi, pourquoi les aurait-il portées? Lorsqu'une femme a la taille mince et une belle poitrine, elle devient très attrayante. Agnidhra, les yeux énamourés, contemplait donc la lourde poitrine posée sur ce corps gracile et imaginait le travail auquel elle astreignait son dos. Agnidhra croyait que ses seins relevés étaient deux cornes qu'elle avait recouvertes de tissu pour que personne n'en voie le riche contenu. Cependant, lui-même désirait ardemment les voir, de plus près, et il chercha à la convaincre: "Veuille découvrir tes cornes afin que je vois ce qu'elles contiennent. Sois assuré que je ne m'emparerai pas de leur contenu. Si tu éprouves quelque difficulté à retirer le voile qui les recouvre, sache que je peux t'aider; je suis même disposé à les découvrir moi-même pour contempler les biens précieux qu'elles contiennent." Il se montra également surpris à la vue de la poudre rouge de kunkuma parfumée répandue sur ses seins. Toutefois, prenant toujours Purvacitti pour un garçon, Agnidhra s'adressa à elle en utilisant le mot subhaga, signifiant "le plus fortuné des munis". Ce garçon devait en effet être béni par le destin, sinon comment aurait-il pu, simplement en se tenant là, embaumer tout l'asrama d'Agnidhra?
lokam pradarsaya suhrttama tavakam me
yatratya ittham urasavayavav apurvau asmad-vidhasya mana-unnayanau bibharti bahv adbhutam sarasa-rasa-sudhadi vaktre
Encore dans la confusion, Agnidhra souhaitait connaître le pays d'où venait le jeune brahmana, ce pays où les hommes ont la poitrine si développée. Pour bénéficier d'une apparence aussi attrayante, pensait-il, les habitants de cette contrée devaient se livrer à de biens rudes austérités. En outre, Agnidhra s'adressa à la jeune fille en utilisant le mot suhrttama, "O toi le meilleur des amis", afin qu'elle ne refuse pas de l'emmener dans son pays. Non seulement il était sous le charme de l'opulente poitrine de la courtisane, mais le doux langage de celle-ci l'ensorcelait également. Du nectar semblait en effet couler de ses lèvres, si bien que son étonnement ne cessait de croître.
ka vatma-vrttir adanad dhavir anga vati
visnoh kalasy animisonmakarau ca karnau udvigna-mina-yugalam dvija-pankti-socir asanna-bhrnga-nikaram sara in mukham te
Les dévots de Visnu sont aussi des émanations de Sa Personne, dite vibhinnamsa. Toutes sortes d'ingrédients sacrificiels sont offerts à Sri Visnu, et du fait que Ses dévots partagent toujours Son prasada -les restes de Sa nourriture-, le parfum des offrandes n'émane pas seulement de Visnu mais également des bhaktas qui mangent les restes de Sa nourriture ou de celle de Ses dévots. Agnidhra considérait Purvacitti comme une émanation de Visnu en raison de l'agréable senteur qui se dégageait de son corps. En outre, du fait de ses pendants d'oreilles en forme de requins et incrustés de joyaux, de sa chevelure éparse ressemblant à un essaim d'abeilles enivrées par le parfum de son corps, ainsi que des rangées de dents blanches qui ornaient sa bouche comme autant de cygnes, Agnidhra compara le visage de Purvacitti à un lac superbe, agrémenté de lotus, de poissons, de cygnes et d'abeilles.
yo sau tvaya kara-saroja-hatah patango
diksu bhraman bhramata ejayate ksini me muktam na te smarasi vakra-jata-varutham kasto nilo harati lampata esa nivim
La belle Purvacitti jouait avec un ballon, et celui-ci ressemblait tout à fait à une autre fleur de lotus dans le lotus de ses mains. A cause de ses mouvements, sa chevelure se défaisait et la ceinture qui retenait son vêtement se relâchait, comme si le vent rusé cherchait à la dévêtir. Cependant, elle ne faisait attention ni à sa chevelure ni à son vêtement. Quant à Agnidhra comme il essayait de voir la jeune fille dans toute la beauté de sa nudité, chacun de ses mouvements faisait naître en lui un trouble profond.
rupam tapodhana tapas caratam tapoghnam
hy etat tu kena tapasa bhavatopalabdham cartum tapo rhasi maya saha mitra mahyam kim va prasidati sa vai bhava-bhavano me
Agnidhra appréciait la beauté fascinante de Purvacitti. En fait, il était étonné de voir une beauté aussi exceptionnelle, qui était sans doute le résultat d'austérités et de pénitences passées. Il demanda donc à la jeune fille si elle avait obtenu une telle beauté à seule fin d'interrompre les ascèses d'autrui. Il songea que Brahma, le créateur de l'univers, satisfait de lui, lui avait peut-être envoyé cette ravissante jeune fille pour qu'elle devienne son épouse. C'est ainsi qu'il pria Purvacitti de devenir sa compagne afin qu'ils puissent ensemble faire pénitence dans le cadre de la vie de famille. En d'autres termes, une bonne épouse doit aider son mari à pratiquer l'austérité et la pénitence dans la vie familiale, ce qui est possible si l'un et l'autre se trouvent tous deux à un niveau élevé de compréhension spirituelle; en effet, sans connaissance spirituelle, mari et femme ne peuvent être au même niveau. Brahma, le créateur de l'univers, se préoccupe de la qualité des êtres destinés à naître dans cet univers; aussi, à moins de le satisfaire, nul ne peut obtenir une digne épouse qui lui convienne. Un culte est d'ailleurs rendu à Brahma au cours des cérémonies de mariage, et en Inde, même de nos jours, les invitations de noces sont imprimées à son effigie.
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