SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5
CHAPITRE 4

Les gloires de Rsabhadeva,
manifestation de Dieu,
la Personne Suprême.

VERSET 6

yasya ha pandaveya slokav udaharanti-
ko nu tat karma rajarser
nabher anv acaret puman
apatyatam agad yasya
harih suddhena karmana

TRADUCTION

O Maharaja Pariksit, pour glorifier Maharaja Nabhi, les sages vénérables composèrent deux versets, dont voici le premier:
Qui peut atteindre la même perfection que Maharaja Nabhi? Qui pourrait l'égaler dans ses oeuvres? En raison de son service de dévotion, le Seigneur en personne a accepté de devenir son fils.

TENEUR ET PORTEE

Les mots suddhena karmana doivent retenir notre attention. Tout acte accompli hors du service de dévotion est rendu impur par les influences de la nature matérielle. C'est ce qu'explique la Bhagavad-gita: yajnarthat karmano nyatra loko yam karma-bandhanah. Les activités accomplies pour la seule satisfaction du Seigneur Suprême sont pures et à l'abri de l'influence des gunas. Tout autre mode d'action est corrompu par l'ignorance et la passion, ainsi que par la vertu. Toutes les activités matérielles destinées à la satisfaction des sens sont impures; or, Maharaja Nabhi, lui, ne commettait aucun acte impur. Il ne se livrait qu'à ses activités spirituelles, même lorsqu'il accomplissait des yajnas. C'est ainsi qu'il put obtenir du Seigneur Suprême que Celui-ci devienne son fils.

VERSET 7

brahmanyo nyah kuto nabher
vipra mangala-pujitah
yasya barhisi yajnesam
darsayam asur ojasa

TRADUCTION

[Voici la deuxième prière des sages:]
Qui vénère mieux les authentiques brahmanas que Maharaja Nabhi? Du fait qu'il sut ainsi les combler, ceux-ci, grâce à leur pouvoir brahmanique, lui firent voir le Seigneur Suprême en personne, Narayana.

TENEUR ET PORTEE

Les brahmanas engagés comme prêtres pour la cérémonie sacrificielle n'étaient pas des brahmanas ordinaires. Ils possédaient une puissance telle que par leurs prières ils pouvaient faire venir Dieu. C'est ainsi que Maharaja Nabhi put voir le Seigneur en personne. A moins d'être un vaisnava, nul ne peut faire apparaître le Seigneur Souverain, car Celui-ci n'accepte d'invitation que des vaisnavas. Voilà pourquoi le Padma Purana déclare:

sat-karma-nipuno vipro
mantra-tantra-visaradah
avaisnavo gurur na syad
vaisnavah sva-paco guruh

"Un brahmana érudit, versé dans toutes les branches de la connaissance védique, n'a pas qualité pour devenir un maître spirituel s'il n'est pas un vaisnava; mais quelqu'un issu d'une famille d'un rang social inférieur peu devenir un maître spirituel à condition d'être un vaisnava." Certes, ces brahmanas étaient des maîtres dans l'art de chanter les mantras védiques; ils étaient experts dans la science des rites védiques, et par-dessus tout ils étaient des vaisnavas. En conséquence, grâce à leurs pouvoirs spirituels, ils purent faire venir Dieu, la Personne Suprême, et permettre à leur disciple, le roi Nabhi, de Le rencontrer personnellement. Srila Visvanatha Cakravarti Thakura souligne que le mot ojasa signifie "par la puissance du service de dévotion".

VERSET 8

atha ha bhagavan rsabhadevah sva-varsam karma-ksetram
anumanyamanah pradarsita-gurukula-vaso labdha-varair gurubhir
anujnato grhamedhinam dharman anusiksamano jayantyam indra-dat-
tayam ubhaya-laksanam karma samamnayamnatam abhiyunjann at-
majanam atma-samananam satam janayam asa.

TRADUCTION

Après le départ de Nabhi Maharaja pour Badarikasrama, le Seigneur Souverain, Rsabhadeva, comprit que Son royaume était désormais Son champ d'action. Il fut donc un exemple parfait et enseigna à Son peuple les devoirs d'un chef de famille en Se faisant tout d'abord brahmacari sous la direction de précepteurs spirituels. Il alla même vivre là où ceux-ci habitaient, au gurukula. Son éducation terminée, Il leur remit des présents [guru-daksina], puis fonda une famille. Il épousa une jeune fille du nom de Jayanti, qui Lui fut offerte par Indra, le monarque des cieux; celle-ci Lui donna cent fils qui possédaient autant de puissance et de qualités que Lui. Rsabhadeva et Jayanti s'acquittèrent de leurs devoirs familiaux de façon exemplaire, en respectant les rites prescrits par le sruti et le smrti sastras.

TENEUR ET PORTEE

Puisqu'Il était une manifestation de Dieu, la Personne Suprême, Rsabhadeva n'avait que faire des activités liées à la vie matérielle. Comme l'enseigne la Bhagavad gita (IV.8), paritranaya sadhunam vinasaya ca duskrtam: le but de l'avènement d'un avatara est de libérer Ses dévots et de mettre un terme aux agissements démoniaques des abhaktas. Ce sont là les deux missions du Seigneur Suprême lorsqu'Il vient en ce monde. Sri Caitanya Mahaprabhu disait en outre que pour prêcher, il faut montrer l'exemple et enseigner aux gens comment ils doivent conduire leurs activités. Apani acari bhakti sikhaimu sabare: on ne peut enseigner à moins d'agir soi-même en accord avec ses propres enseignements. Rsabhadeva était un roi modèle, et Il alla même au gurukula pour S'instruire, bien qu'Il n'eût rien à apprendre vu qu'Il était omniscient. Quoi qu'il en soit, Il vécut au gurukulaà seule fin d'enseigner à la masse des hommes qu'il faut être éduqué par des précepteurs védiques, sources d'un savoir authentique. Il connut ensuite la vie de famille et vécut en accord avec les principes de la connaissance védique -la sruti et la smrti. Dans son Bhakti-rasamrta-sindhu (1.2.10), Srila Rupa Gosvami, citant le Skanda Purana, déclare:

sruti-smrti-puranadi-
pancaratra-vidhim vina
aikantiki harer bhaktir
utpatayaiva kalpate

La société doit observer les principes énoncés dans la sruti et la smrti, les Ecrits védiques. Sur le plan pratique, ce savoir consiste à adorer Dieu, la Personne Suprême, suivant la voie du pancaratrika-vidhi. Tout être humain a pour devoir d'évoluer spirituellement pour retourner à Dieu, en sa demeure originelle, à la fin de son existence. Or, Maharaja Rsabhadeva observa strictement tous ces principes; Il demeura un grhastha modèle et enseigna à Ses fils comment parfaire leur vie spirituelle. Ce sont là quelques exemples montrant comment Il régna sur la Terre et accomplit Sa mission d'avatara.

VERSET 9

yesam khalu maha-yogi bharato jyesthah srestha-guna asid yenedam
varsam bharatam iti vyapadisanti.

TRADUCTION

Parmi les cent fils de Rsabhadeva, l'aîné, Bharata, était un très grand bhakta, doté des plus nobles qualités. En son honneur, notre planète est maintenant connue sous le nom de Bharata-varsa.

TENEUR ET PORTEE

Bharata-varsa, notre planète, est aussi connue sous le nom de punyabhumi, ou "terre de piété". A l'heure actuelle, Bharata-bhumi, ou Bharata-varsa est réduite à une simple péninsule s'étendant de l'Himalaya au Cap Comorin; parfois cette péninsule est aussi appelée punya-bhumi. Sri Caitanya Mahaprabhu a attaché une importance toute particulière aux habitants de cette contrée:

bharata-bhumite haila manusya janma yara
janma sarthaka kari kara para-upakara
(C.c., Adi 9.41)

L'être humain qui a vu le jour en Inde (à Bharata-varsa) doit faire de sa vie une réussite et oeuvrer au bien de tous les autres hommes." Les habitants de cette partie du monde sont particulièrement fortunés; ils peuvent en effet purifier leur existence en prenant part au Mouvement pour la Conscience de Krsna et aller prêcher ce culte hors de Bharata-bhumi (l'Inde), pour le bien du monde entier.

VERSET 10

tam anu kusavarta ilavarto brahmavarto malayah ketur bhadrasena
indrasprg vidarbhah kikata iti nava navati pradhanah.

TRADUCTION

Après Bharata, il y eut encore quatre-vingt-dix-neuf fils; les neuf premiers furent Kusavarta, Ilavarta, Brahmavarta, Malaya, Ketu, Bhadrasena, Indraprk, Vidarbha et Kikata.


Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare
Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare