SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 5 CHAPITRE 9 L'histoire de Jada Bharata.
yada tu parata aharam karma-vetanata ihamanah sva-bhratrbhir api kedara-
karmani nirupitas tad api karoti kintu na samam visamam nyunam adhikam iti veda kana-pinyaka-phali-karana-kulmasa-sthalipurisadiny apy amrtavad abhyavaharati.
La Bhagavad-gita (II.15) nous éclaire sur la situation spirituelle du paramahamsa, sama-duhkha-sukham dhiram so mrtatvaya kalpate: "Celui que la dualité laisse indifférent, que n'affectent ni les joies ni les peines de ce monde, se rend digne de l'amrtatva, la vie éternelle." Bharata Maharaja avait résolu d'en finir avec toute préoccupation matérielle, et il ne se souciait plus de ce monde où règne la dualité. Il était parfaitement accompli dans la conscience de Krsna, et ne se souciait aucunement du bien ou du mal, du bonheur ou du malheur. Comme le dit le Caitanya-caritamrta (Antya,4.176):
''Dans l'univers matériel, les idées de "bien" et de "mal" ne sont que des créations du mental; en conséquence, il est faux de dire ceci est bon ou ceci est mauvais." Il faut bien comprendre qu'en ce monde de dualité, le fait de croire qu'une chose est bonne ou mauvaise ne relève que de l'imagination. Cependant, il ne s'agit pas d'imiter celui dont la conscience se trouve au-delà de toute dualité; il faut soi-même se situer réellement sur un plan spirituel pour acquérir cette neutralité.
atha kadacit kascid vrsala-patir bhadra-kalyai purusa-pasum
alabhatapatya-kamah.
Certains hommes de basse condition -des sudras par exemple- adorent des devas comme la déesse Kali, ou Bhadra Kali, pour que soient exaucés leurs désirs matériels. Et pour s'attirer ses faveurs, il arrive qu'ils sacrifient un être humain à cette divinité; en pareil cas, ils choisissent généralement un être presque dépourvu d'intelligence -en d'autres termes, un animal se présentant sous une forme humaine.
tasya ha daiva-muktasya pasoh padavim tad-anucarah paridhavanto nisi
nisitha-samaye tamasavrtayam anadhigate-pasava akasmikena vidhina kedaran virasanena mrga-varahadibhyah samraksamanam angirah-pravara- sutam apasyan.
atha ta enam anavadya-laksanam avamrsya bhartr-karma-nispattim
manyamana baddhva rasanaya candika-grham upaninyur muda vikasita- vadanah.
De nos jours, dans certaines régions de l'Inde, on sacrifie encore à la déesse Kali des hommes avilis au rang de l'animal. Cependant, seuls des sudras et des brigands accomplissent des sacrifices de ce genre. Leur unique préoccupation est de dépouiller les riches, et c'est afin de réussir leurs expéditions qu'ils font de telles offrandes à la déesse Kali. Il convient de remarquer qu'ils n'offrent jamais en sacrifice un homme qui jouit de toutes ses facultés. Dans son corps de brahmana, Bharata Maharaja semblait sourd et muet, bien qu'il fût l'homme le plus intelligent du monde. Quoi qu'il en soit du fait qu'il était totalement soumis à Dieu, la Personne Suprême, il ne changea pas son attitude et ne protesta nullement lorsqu'on l'amena devant la divinité afin de le sacrifier. Comme nous l'avons vu dans les versets précédents, Jada Bharata était très vigoureux et il aurait aisément pu empêcher les brigands de le ligoter, mais il n'en fit rien; il s'en remit simplement au Seigneur Souverain pour sa protection. Srila Bhaktivinoda Thakura décrit l'abandon au Seigneur Suprême en ces termes:
"Mon Seigneur, maintenant je m'abandonne à Toi; je suis Ton serviteur éternel, et si Tu le désires, Tu peux me tuer ou me protéger, comme il Te plaira. Quoi qu'il arrive, je Te reste pleinement soumis."
atha panayas tam sva-vidhinabhisicyahatena vasasacchadya bhusanalepa-
srak-tilakadibhir upaskrtam bhuktavantam dhupa-dipa-malya-laja- kisalayankura-phalopaharopetaya vaisasa-samsthaya mahata gita-stuti- mrdanga-panava-ghosena ca purusa-pasum bhadra-kalyah purata upavesayam asuh.
Dans ce verset, les mots sva-vidhina ("selon un rituel de leur invention") sont lourds de sens. Les sastras védiques disent bien que toute action doit être accomplie selon des principes régulateurs, mais ici ce verset nous apprend que les brigands avaient conçu leur propre méthode pour sacrifier un homme qui était proche de l'animal. Les sastras "tamasiques" donnent des instructions concernant les sacrifices d'animaux, comme la chèvre ou le buffle, devant la déesse Kali, mais nulle part il n'est mentionné qu'on peut immoler un homme, si stupide soit-il. C'étaient les brigands eux-mêmes qui avaient inventé cette forme de sacrifice, d'où l'emploi des mots sva-vidhina dans notre verset. De nos jours encore, de nombreux sacrifices sont accomplis sans tenir compte des Ecritures védiques. A Calcutta, par exemple, on faisait récemment de la publicité pour un abattoir en disant que c'était un temple de la déesse Kali. Dans leur stupidité, ceux qui mangent de la viande achètent leur nourriture dans ce genre de boutiques, pensant qu'il s'agit du prasada de la déesse Kali et que cette nourriture diffère ainsi de la viande ordinaire. Certes, les sastras font mention d'un sacrifice où l'on immole une chèvre ou un animal du même genre devant la déesse Kali, mais c'est à seule fin d'empêcher les gens de manger de la viande de boucherie et de devenir ainsi responsables de la mise à mort de l'animal dont ils vont consommer la chair. L'âme conditionnée a une propension pour les plaisirs charnels et la consommation de chair animale; aussi les sastras accordent-ils certaines concessions. En réalité, les sastras ne visent qu'à mettre un terme à toutes ces activités exécrables; mais pour réformer graduellement les mangeurs de viande et les coureurs de jupons ils soumettent leurs pratiques à certains principes régulateurs.
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