SRIMAD-BHAGAVATAM
CHANT 6 CHAPITRE 1 La vie d'Ajamila.
adhuneha maha-bhaga
yathaiva narakan narah nanogra-yatanan neyat tan me vyakhyatum arhasi
Dans le vingt-sixième chapitre du cinquième Chant, Sukadeva Gosvami a expliqué que les pécheurs sont contraints de se rendre sur les planètes infernales pour y souffrir. Maharaja Pariksit, étant un bhakta, se demande maintenant comment on peut empêcher ceci. Le vaisnava est en effet para-duhkha-duhkhi; autrement dit, il n'a aucun souci personnel, mais de voir les autres dans l'affliction le rend très malheureux. Prahlada Maharaja dit: "Mon Seigneur, je n'ai personnellement aucun problème, car j'ai appris à glorifier Tes Attributs divins, ce qui me procure une profonde extase. Toutefois, quelque chose me donne bien du tracas: je songe constamment à ces fourbes insensés qui se préoccupent de maya-sukha, du bonheur éphémère, sans connaissance aucune du service de dévotion offert à Ta Personne." Telle est la préoccupation du vaisnava; parce qu'il trouve entièrement refuge dans le Seigneur Suprême, il n'a quant à lui aucun problème, mais du fait qu'Il éprouve de la compassion pour les âmes conditionnées et déchues, il fait constamment des plans pour les sauver de leur existence infernale, dans leur corps présent comme dans le suivant. C'est donc d'un désir ardent que Pariksit Maharaja demande à Sukadeva Gosvami de l'éclairer sur la façon dont l'humanité peut éviter de choir en enfer. Ayant déjà expliqué comment les gens se condamnent à une existence infernale, Sukadeva Gosvami était certainement en mesure d'expliquer comment ils peuvent en être sauvés; les hommes intelligents doivent tirer parti de ses enseignements. Malheureusement, le monde entier manque de conscience de Krsna, de telle sorte que les gens souffrent de l'ignorance la plus grossière, au point même de refuser de croire qu'il existe une autre vie après celle-ci. Il s'avère extrêmement difficile de les convaincre de l'existence d'une vie future, car ils deviennent quasiment fous dans leur poursuite des plaisirs matériels. Néanmoins, notre devoir, qui est en fait celui de tout homme sain d'esprit, consiste à les sauver. Or, Maharaja Pariksit est l'exemple parfait de celui qui peut le faire.
sri-suka uvaca
na ced ihaivapacitim yathamhasah krtasya kuryan mana-ukta-panibhih dhruvam sa vai pretya narakan upaiti ye kirtita me bhavatas tigma-yatanah
O roi, si tous les actes impies que l'on a pu commettre au cours de cette vie, que ce soit en pensées, en paroles ou en actions, ne sont pas rachetés avant la mort, selon les méthodes prescrites par la Manu-samhita et d'autres dharma-sastras, on devra à coup sûr se rendre sur les planètes infernales afin d'y connaître d'atroces souffrances, celles-là mêmes que je t'ai déjà décrites.
Srila Visvanatha Cakravarti Thakura mentionne que Sukadeva Gosvami n'a pas immédiatement parlé de la puissance du service de dévotion à Maharaja Pariksit, bien que celui-ci fut un pur bhakta. Ainsi que le déclare la Bhagavad-gita (XIV.26):
tasmat puraivasv iha papa-niskrtau
yateta mrtyor avipadyatatmana dosasya drstva guru-laghavam yatha bhisak cikitseta rujam nidanavit
Les dharma-sastras, parmi lesquels la Manu-samhita, déclarent qu'un homme ayant commis un meurtre doit être pendu, et que sa propre vie doit ainsi être sacrifiée en guise d'expiation. Autrefois, ce système était en vigueur partout dans le monde, mais avec l'avènement de l'athéisme, les peuples suppriment la peine capitale. Ce n'est pas là faire preuve de sagesse. Notre verset explique qu'un médecin qui sait diagnostiquer une maladie prescrit un médicament approprié; s'il s'agit d'une maladie grave, le médicament devra être puissant. De même, la faute d'un meurtrier pèse très lourd, et c'est pourquoi, selon la Manu-samhita, celui-ci doit être tué. En mettant à mort un meurtrier, le gouvernement fait preuve de miséricorde à son égard, car si l'assassin n'est pas lui-même tué dans cette vie, il devra l'être au cours de vies futures, et souffrir ainsi bien des fois au lieu d'une seule. Comme les gens ne savent pas qu'il existe une vie future et ne connaissent pas davantage les rouages complexes de la nature, ils inventent leurs propres lois; mais ils devraient dûment consulter les prescriptions déjà établies dans les sastras et agir en accord avec elles. En Inde, de nos jours encore, les membres de la communauté hindoue prennent souvent conseil auprès d'érudits qui savent comment neutraliser telle ou telle faute commise. Le christianisme, également, préconise la confession et la pénitence pour les péchés. Cette expiation est donc nécessaire, et elle doit correspondre à la gravité des péchés commis.
sri-rajovaca
drsta-srutabhyam yat papam janann apy atmano hitam karoti bhuyo vivasah prayascittam atho katham
On peut savoir que le péché est néfaste en voyant des criminels punis par le gouvernement et rejetés par le peuple, mais aussi en apprenant des Ecritures et des doctes érudits que quiconque se rend coupable de péchés est jeté en enfer lors de sa prochaine vie. Néanmoins, en dépit d'un tel savoir, l'homme se voit contraint de retomber constamment dans la même erreur, même après avoir racheté ses fautes passées. Quelle est donc la valeur d'une pareille expiation?
Au sein de certains groupes religieux, le pécheur va trouver un prêtre pour lui confesser ses fautes et obtenir de lui une pénitence, mais il commet ensuite à nouveau les mêmes fautes, et retourne une fois de plus se confesser; ce sont là les agissements d'un pécheur professionnel. Les observations de Pariksit Maharaja révèlent qu'il y a cinq mille ans déjà, les malfaiteurs avaient coutume d'expier leurs fautes et de commettre ensuite les mêmes péchés comme s'ils y avaient été forcés. C'est pourquoi, se fondant sur son expérience, Pariksit Maharaja en conclut qu'il ne sert à rien de racheter ainsi ses fautes si c'est pour ensuite pécher à nouveau, et ce de façon répétée. Quel que soit le nombre de fois où il sera puni, l'homme attaché à la satisfaction des sens recommencera à pécher, jusqu'à ce qu'il apprenne à maîtriser ses sens. Notre verset utilise le mot vivasa pour indiquer que même celui qui ne le désire pas se voit contraint de pécher, par habitude. C'est pourquoi Pariksit Maharaja accorde bien peu de valeur à la méthode de l'expiation pour délivrer l'homme du péché. Dans le verset qui suit, il explique de façon plus approfondie la raison pour laquelle il rejette cette méthode.
kvacin nivartate bhadrat
kvacic carati tat punah prayascittam atho partham manye kunjara-saucavat
Lorsque Pariksit Maharaja demanda comment un être humain peut se délivrer du péché de manière à ne pas avoir à se rendre sur les systèmes planétaires infernaux après sa mort, Sukadeva Gosvami lui répondit qu'il faut pour cela expier ses fautes. Il voulait ainsi tester l'intelligence de Maharaja Pariksit, lequel triompha de l'épreuve en refusant d'accepter cette méthode qui, selon lui, ne convenait pas. Le disciple attend maintenant une autre réponse de son maître spirituel, Sukadeva Gosvami.
Hare Krishna Hare Krishna Krishna Krishna Hare Hare Hare Rama Hare Rama Rama Rama Hare Hare |