VERSET 13
samskara yatravicchinnah
sa dvijo jo jagada yam
ijyadhyayana-danani
vihitani dvijanmanam
janma-karmavadatanam
kriyas casrama-coditah
TRADUCTION
Ceux qui ont été purifiés par la cérémonie du
garbhadhana et par d'autres rites prescrits -accomplis avec des
mantras védiques, sans interruption, et reconnus par Brahma-, on les appelle "deux-fois-nés", ou
dvijas. Ces
brahmanas,
ksatriyas et
vaisyas, purifiés par leurs traditions familiales de même que par leur comportement, doivent adorer le Seigneur, étudier les
Vedas et faire des dons charitables. Ils doivent aussi observer les principes propres aux quatre
asramas (
brahmacarya,
grhastha,
vanaprastha et
sannyasa).
TENEUR ET PORTEE
Après avoir énuméré les trente qualités générales caractérisant le comportement humain, Narada Muni définit maintenant les principes propres aux quatre varnas et aux quatre asramas. Un être humain doit faire l'apprentissage des trente qualités que nous avons déjà mentionnées, sans quoi il ne mérite pas le qualificatif d'homme. Ensuite, l'institution du varnasrama doit être instaurée chez les personnes possédant ces qualités. Selon ce système, le premier rite purificateur est le garbhadhana, qui s'accomplit en récitant des mantras lors de la procréation, afin d'obtenir un enfant de valeur. Celui dont les activités sexuelles n'ont pas pour but de satisfaire ses sens, mais uniquement de procréer des enfants suivant ce rite purificateur, est considéré comme un brahmacari. Il ne faut pas gaspiller sa semence en vue de la jouissance des sens, et ainsi enfreindre les principes d'une existence conforme aux Vedas. Cependant, la continence sexuelle n'est possible que lorsque la population apprend à cultiver les trente qualités précédemment mentionnées; autrement, cela est impossible. Même si quelqu'un est issu d'une famille de ''deux-fois-nés" (dvijas), s'il n'a pas observé les rites purificateurs, il porte le nom de dvija-bandhu, désignant non pas un "deux-fois-né", mais un ami d'un "deux-fois-né". Le but de tout ceci est d'engendrer une population de valeur. Comme l'enseigne la Bhagavad-gita, lorsque les femmes sont souillées, leur progéniture devient indésirable (varna-sankara), et lorsque s'accroît cette population de varna-sankaras, le monde entier devient un enfer. C'est pourquoi toutes les Ecritures védiques nous mettent en garde avec tant de force contre l'engendrement de varna-sankaras. En effet, une telle population ne peut être dirigée comme il se doit en vue de la paix et de la prospérité, quelle que soit l'ampleur des assemblées législatives, des parlements et autres institutions.
VERSET 14
viprasyadhyayanadini
sad-anyasyapratigrahah
rajno vrttih praja-goptur
aviprad va karadibhih
TRADUCTION
Six occupations sont donc prescrites pour le
brahmana. Quant au
ksatriya, s'il ne peut accepter de dons charitables, il peut cependant remplir les cinq autres devoirs des
brahmanas. Il n'est pas permis à un roi ou à un
ksatriya d'assujettir les
brahmanas à des impôts, mais il peut gagner sa vie en percevant des impôts minimes, des taxes douanières et des amendes auprès de ses autres sujets.
TENEUR ET PORTEE
Visvanatha Cakravarti Thakura explique comme suit la position des brahmanas et des ksatriyas. Un brahmana se livre à six occupations, parmi lesquelles trois sont obligatoires -à savoir l'étude des Vedas, l'adoration de la murti et l'offrande de dons charitables. En enseignant, en apprenant aux autres la façon d'adorer la murti et en acceptant des présents, le brahmana reçoit ce dont il a besoin pour vivre. C'est ce que corrobore la Manu-samhita:
sannam tu karmanam asya
trini karmani jivika
yajanadhyapane caiva
visuddhac ca pratigrahah
Parmi les six occupations réservées aux brahmanas, trois sont obligatoires: l'adoration de la murti, l'étude des Vedas et la pratique de la charité. En contrepartie, un brahmana devrait lui-même recevoir des dons, et c'est avec ces dons qu'il doit assurer sa subsistance. Un brahmana ne peut accepter aucune profession rémunérée pour vivre. Les sastras soulignent tout particulièrement que si l'on se dit brahmana, on ne peut être employé au service de personne; sinon, on perd aussitôt sa position pour devenir un sudra. Srila Rupa Gosvami et Sanatana Gosvami appartenaient à une famille très respectable, mais du fait qu'ils s'étaient engagés au service du Nawab Hussain Shah -non pas en tant que simples fonctionnaires, mais en tant que ministres-, ils furent bannis de la communauté brahmanique. En fait, ils devinrent comme des musulmans et changèrent même de noms. A moins d'être très pur, un brahmana ne peut accepter de dons charitables, car ceux-ci doivent être faits aux hommes purs. Même si quelqu'un est né dans une famille de brahmanas, il ne peut accepter de dons s'il agit comme un sudra; cela est strictement interdit. Même les ksatriyas, qui sont presque aussi qualifiés que les brahmanas, ne peuvent accepter la charité. Cette interdiction rigoureuse est soulignée dans ce verset par le mot apratigraha. Que dire, dès lors, de ceux qui appartiennent aux groupes inférieurs de la société, si même les ksatriyas ne doivent pas accepter la charité! Le roi, ou le gouvernement, peut percevoir des taxes auprès des citoyens de diverses manières -par des impots sur le revenu, par des taxes douanières, par des amendes, etc.- à condition qu'il soit à même de parfaitement protéger ses sujets et d'assurer la sécurité de leur vie et de leurs biens. S'il n'est pas à même de pouvoir leur accorder cette protection, il n'a pas le droit de percevoir de taxes. Quoi qu'il en soit, il ne peut percevoir de taxes auprès des brahmanas et des vaisnavas entièrement voués à la conscience de Krsna.
VERSET 15
vaisyas tu varta-vrttih syan
nityam brahma-kulanugah
sudrasya dvija-susrusa
vrttis ca svamino bhavet
TRADUCTION
La communauté marchande doit toujours suivre les directives des
brahmanas et s'employer à des occupations en rapport avec les travaux agricoles, le commerce et la protection des vaches. Quant aux
sudras, leur seul devoir consiste à accepter comme maître un membre d'un groupe social supérieur et à le servir.